Avec un superbe week-end de Toussaint qui s'annonçait, ce long week-end ensoleillé était idéal pour un petit voyage dépaysant en famille, direction le Val de Loire, ses châteaux, ses habitations troglodytiques et, bien évidemment, ses vins !

Les journées sont agréables et ponctuées des classiques visites de châteaux (Blois, Amboise, Loches), champignonnière, anciennes fermes troglodytiques ... mais cette partie n'est pas celle qui nous intéresse ici, passons aux vins et visites de domaines.
Je vous mets quand même une petite photo de Chenonceau se reflétant dans les eaux calmes du Cher, tout un spectacle avec les couleurs d'automne.



Ce beau week-end se déroulant en famille avec les enfants, il ne fallait pas aligner trop de domaines, nous avons donc fait 3 visites sur les 4 jours :

* Jacky Blot, que nous avions découvert via le salon de la RVF à Paris et Bruxelles et dont nous avions déjà quelques flacons en cave
* et ensuite, 2 domaines choisis sur base du rapport qualité-côte / prix dans le guide B&D :
- le domaine des Corbillières à Oisly
- et le domaine Pierre et Bertrand Couly à Chinon.

Domaine des Corbillières, V. et D. Barbou

Domaine de 26 ha sur Oisly, majoritairement consacré au Sauvignon (16 ha), avec une part de cépages rouges (8 ha) (Cabernet franc, Pinot noir, Côt, Gamay) et un peu de Pineau d'Aunis pour le rosé et de Chardonnay pour le crémant.

3 cuvées dégustées en blanc :

- Touraine Sauvignon 2010, cuvée de base : un très beau Sauvignon mûr (aucune note végétale ou pipi de chat), très expressif sur les fruits exotiques, à l'attaque très franche et tendue, finale courte, mais à 5 €, c'est un vrai beau Sauvignon de base.
- Touraine Sauvignon Justine Barbou 2010 : vieilles vignes (35 ans), élevage plus long sur lies, nez un peu moins expressif que le précédent, quelques notes de silex se manifestent en plus, bouche plus grasse, précise, belle longueur, un beau Sauvignon de table à 7 €, hop dans le coffre.
- Touraine Sauvignon Farbel Barbou 2009 : même principe que le précédent, avec un élevage en barriques, 1/5 neuves, 1/5 d'un vin, 1/5 de 2 vins et ainsi de suite (le domaine cycle ses fûts sur 5 ans), le nez est plus complexe avec des notes de fruits exotiques plus confits et le boisé présent mais déjà bien intégré au vu du millésime récent (2009 si j'ai bon souvenir). La bouche est de belle dimension, ample, mais toujours tendue. Déjà très bon, certainement merveilleux d'ici 2-3 ans lorsque l'élevage sera bien fondu, à 9 €, ça va aussi dans le coffre.

4 cuvées dégustées en rouge :

- Touraine Gamay 2010 : le vrai vin de soif au fruité net et éclatant, à la bouche gouleyante, facile, bien fait mais très court et fluide, trop à mon goût, mais très beau vin de soif
- Touraine les Demoiselles 2010 : assemblage Cabernet franc, Côt et Pinot Noir à parts égales, bien plus foncé que le précédent, nez plus épicé, aux fruits plus puissants, bouche de belle tenue aux tanins présents mais nullement accrocheurs, beau vin de tous les jours à 5 €, hop, dans le coffre
- Touraine cuvée des Dames Pinot Noir : notes très brèves : bien fait, fin, mais pas mon style.
- Touraine Angeline : même principe que le précédent, avec un élevage en barriques, commentaire idem que le précédent.

En conclusion, je partage l'avis de B&D, un domaine bien sympathique, où toutes les cuvées sont très bien vinifiées, avec des rapports Q/P ++.

Domaine Pierre et Bertrand Couly

Domaine né en 2004 de la séparation avec la maison Couly-Dutheil.

Accueil très sympathique dans des installations récentes par la femme de Mr Couly. Tous les vins sont vinifiés en cuve, pas de bois, priorité au terroir.

Nous commençons la dégustation par un rare Chinon blanc, 100 % Chenin donc, techniquement bien fait, une bouche d'ampleur moyenne avec une jolie tension, bien pour ouvrir le bal et passer aux rouges.

En rouge, nous dégustons :

- Chinon 2010, tout en subtilité, tanins très fins, grande élégance et pureté dans le fruit, finale fraiche, un superbe Chinon d'entrée de gamme, gourmand et complexe.
- Chinon le V 2010, on retrouve la patte de vinification au niveau du toucher de bouche et de l'élégance par rapport au Chinon classique, avec plus de profondeur et une finale sur des amers un peu plus prononcés.
- Chinon La Haute Olive 2010, la robe est d'entrée de jeu plus foncée, la matière est plus puissante, profonde, mais à nouveau il y a beaucoup d'élégance, les tanins sont serrés, plus fermes, mais fins, on sent tout le potentiel de cette cuvée qui est néanmoins déjà accessible.
- nous goutons aussi Chinon le V en 2009 et 2008 pour voir que ces Chinon évoluent remarquablement bien.

En conclusion, des Chinon empreints de beaucoup de finesse, subtils au très beau toucher de bouche et à des tarifs abordables (7,60 €, 8,80 € et 10 € de mémoire), une belle adresse. Les cuvées jouent chacune dans leur registre, avec le V qui se positionne bien au milieu de la Haute Olive et du Chinon classique, nous optons donc pour les deux "extrêmes" et repartons avec du Chinon 2010 et de la Haute Olive 2010.

Jacky Blot - Domaine de la Taille aux Loups et domaine de la Butte

Wow, quel accueil et quelle dégustation. Nous avions pris le soin de prendre RDV bien à l'avance. Nous sommes accueilli dans une superbe maison tourangelle, tuffeau, charpente apparente, parquet, superbe coin dégustation cosy dans une grande pièce donnant sur le jardin (voir photo ci-dessous).



Nous sommes accueilli par Jacky Blot et son épouse avec qui nous partagerons une superbe dégustation pendant près 2 heures avec un autre couple qui s'est joint à nous en début de dégustation. Le genre de dégustation où le temps s'arrête, où on profite et ... on en oublie les notes. Jacky Blot est vraiment un personnage, passionné, par son métier, par ses vignes, par le vin en général (il a lui même une cave de folie). Toutes nos questions ont eu droit à des réponses précises, illustrées (notamment avec plan cadastral des diverses parcelles). Le bonheur. Et les vins, aaah, ben là, au même niveau que l'accueil, grandioses.
A noter que le domaine s'agrandit en blanc, achat récent de 12 ha sur le clos de Mony. Le domaine passe donc à un peu plus de 50 ha en blanc et environ 15 en rouge.

Beaucoup de cuvées sont déjà épuisées, d'autres sont encore en élevage, voici ce que nous avons dégusté (sorry pour les notes brèves, voir raison ci-dessus) (pour des infos précises sur chacune des cuvées, allez faire un tour sur le site web, fiches techniques complètes dispo) :

- Triple zéro : 0 chaptalisation, 0 liqueur de dosage, 0 liqueur d'expédition, du sec sec quoi, c'est net, pur, précis, à l'effervescence assez douce, j'aime beaucoup, mais c'est moins au goût de madame qui préfère un peu plus de rondeur.
- Brut tradition : bulle plus vive, plus de rondeur, très bel équilibre, bouche assez ample et finale tendue, madame aime, et moi, aussi, hop, dans le coffre.
- Vouvray sec Les Caburoches 2010 : la cuvée était normalement épuisée, mais une commande à l'export a été annulée, ce qui nous permet d'en avoir ... raisins du premier passage sur le Clos de Venise et le Clos de la Bretonnière, une superbe entrée en matière dans les cuvées du domaine, on y retrouve déjà toute la tension des cuvées de sec du domaine, le nez est précis, agrumes, fleurs blanches, fines notes beurrées, la bouche est tendue, ciselée sur un beau fruit, une cuvée qui présente déjà un beau volume.
- Vouvray sec Clos de la Bretonnière 2010 : on monte d'un cran, plus d'ampleur, de profondeur finale plus salivante.
- Montlouis sec Rémus 2010, la cuvée que j'avais préférée en 2008, superbe à nouveau en 2010, un nez envoutant, profond, précis, une bouche ample et grasse mais ciselée, extrêmement tendue, à la finale très salivante. Vin de table au superbe équilibre, on en reprend.
- Montlouis sec Clos Michet 2010, nouvelle cuvée parcellaire qui entrait précédemment dans l'assemblage Rémus, tirée sur cuve la veille (pour une sélection de flacons à envoyer à la RVF), encore en cuve pour un mois. Du Rémus avec une dimension encore supérieure, dommage que ce ne soit pas encore en bouteille.
- Montlouis Rémus plus 2009 : épuisé, mais Jacky Blot veut bien nous le faire déguster, à condition qu'on signe une décharge de ne pas insister pour en avoir . L'élevage est encore très marqué en bouche, c'est beaucoup plus gras, toujours tendu et équilibré, mais un peu too much pour moi, je préfère l'équilibre actuel de Rémus, mais je ne doute pas que ce sera une quille magique après 5 ans de garde.
- Nous goûtons ensuite encore une cuvée en sec, 2008 pour voir un peu l'évolution d'un millésime antérieur, mais je ne me souviens plus de quelle cuvée il s'agissait.
- Nous passons ensuite au rouge, une seule cuvée dispo, Bourgeuil Haut de la Butte 2010, un vin très jeune mais déjà étonnamment accessible, un nez de cabernet bien mûr, une bouche riche, aux tanins déjà superbement polis et à la finale fraiche, épicée, un délice, direction le coffre aussi.
- Nous passons ensuite au demi-sec, qui, au final, a plus un équilibre de sec avec une pointe de rondeur en plus en finale, beaucoup de domaines qualifieraient certainement ce vin de sec.
- Viennent ensuite les moelleux et liquoreux, cuvée des Loups, Romulus, ... tous un très bel équilibre, même lorsqu'on monte en liqueur et que la bouche se fait plus onctueuse, l'équilibre est toujours présent, la finale fraiche, de très beaux liquoreux ... mais j'en ai assez en cave, on venait principalement pour les secs
- Nous terminons sur un vin de voile 1992, un Chenin façon vin jaune, élevé pendant 10 ans, un essai unique (non renouvelé donc), on retrouve bien évidemment les notes oxydatives et des points commun avec le vin jaune, mais avec le chenin qui se marque, original, super pour un pirate.

Et pour finir, Un classique au resto

A Chinon, au café des arts (jolie surprise dans ce petit resto cosy à l'arrière du café) :, P. Foreau - Clos Naudin sec 2006 (à 32 € à la carte, ça me semblait honnête, et on a que le bien qu'on se fait ). La bouteille est servie un peu fraîche, le premier nez est essentiellement sur le citron confit, les zestes de citron et un côté un peu fumé. Ensuite en se réchauffant, des notes miellées, fruits confits apparaissent.
La bouche est dans ce registre, large, miellée, sur les fruits confits mais termine tendue. Le vin a une attaque de demi-sec mais une finale sèche, tendue, un peu exotique.
Un peu surprenant, peut être l'effet millésime 2006, j'ai du mal de juger vu que c'est mon premier Foreau, le vin a bien accompagné St Jacques et Gambas en entrée et côte de veau aux cèpes en plat, mais l'accord aurait certainement été meilleur avec un vin plus tendu, minéral et salivant dans le style des vins de Jacky Blot.

Très belles visites, ça me donne envie de planifier un petit tour chez Jacky Blot ton récit.