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des bourgognes anciens de grand intérêt dont un Corton du Roy 1947

  • François Audouze
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Un ami de mon fils souhaitait partager avec moi une belle bouteille. Nous prenons date. Je pense à apporter aussi une bouteille. En la choisissant, je décide d’inviter d’autres amis pour avoir un éventail de vins plus large.
Nous allons déjeuner au restaurant (lieu non cité), et j’ai fait ouvrir les bouteilles à l’avance par (non cité). Nous sommes cinq à table, et nous commençons par une demi-bouteille de Chassagne Montrachet rouge Charles Viénot 1947. Le nez est extrêmement bourguignon, viril, tendance animale. On peut avoir deux approches : on décide que ce vin est passé, et on l’oublie. Ou l’on a la tolérance d’accepter une légère acidité (qui va d’ailleurs disparaître), et on a un bourgogne viril, râpeux, terriblement bourguignon.
Sur un foie gras poêlé absolument délicieux, le Corton Jacques Bouchard 1957 me surprend par sa jeunesse folle. Et le Viénot 1947 sert de faire-valoir à ce beau bourgogne au message clair, qui laisse le négociant en vins de notre table (l’ami de mon fils) quasiment pantois : comment trouver dans un tel vin une grille d’analyse qui s’inspire de la grille d’analyse des vins qu’il juge au quotidien. Ce que relève mon ami, c’est surtout la jeunesse de ce vin, qui le trouble. De mon côté, je suis très surpris qu’un 1957, d’une année ingrate, puisse atteindre ce niveau là.
Les pieds de porc sont le plat le plus confortable qui soit. Sa sécurité gustative autoriserait toutes les audaces avec les vins (un blanc serait très tentant).
Le Corton du Roy Faiveley probable 1947 (car il a perdu sa collerette d’année) a un nez resplendissant. C’est la pourpre cardinalice. En bouche le premier contact est tellement chaleureux que je me mets à penser à 1929. Un tel charme ne peut appartenir qu’à 1929. Mais dans le merveilleux jardin du restaurant (lieu non cité) dont nous profitons pour une des dernières fois de l’année, la température relativement fraîche va limiter l’ardeur de ce Corton qui redevient plus probablement un 1947, mais le doute subsiste, car la chaleur gustative de ce vin est du calibre de 1929. Lorsque je ferai en fin de repas une nouvelle analyse de tous les vins que nous avons bus, c’est la générosité, la spontanéité de ce Corton du Roy qui le placera nettement au dessus des autres vins. On sent des fruits rouges, du jus chaud et vivifiant dans ce vin chaleureux à la longueur très remarquable pour un vin de plus de cinquante ans.
L’apport de l’ami de mon fils, La Romanée, du Château de Vosne Romanée 1966 a une couleur très troublée qui résulte sans doute du voyage depuis Bordeaux. Le nez est un peu acide. En bouche c’est assez joli, mais très « en dedans ». On peut penser qu’avec quelques heures de plus d’ouverture, ce vin aurait développé son message. Ici il se contente d’un texte simplifié, annonciateur quand même du potentiel qu’il aurait pu exprimer.
Dans un repas aussi amical et enjoué, je peux prendre des risques plus grands pour le choix des vins. Sur un saint-nectaire, la demi-bouteille de Pontet Canet 1924 est morte, sans qu’il soit envisageable de lui trouver le moindre rayon de soleil. En revanche, la demi-bouteille de Gruaud Larose 1922, même si elle ne fait plus partie des vins acceptables, indique, sous ses blessures, qu’il aurait été un jour un vin de grande valeur. Nous avons bu non pas son vin, mais son témoignage.
Pour nous consoler de ces deux bouteilles qui ont dépassé depuis longtemps la validité de leur ticket, le Château Salins, Rions 1ères Côtes de Bordeaux 1941 séduit toute la table sur un soufflé aux pêches. Sa couleur est d’un or joyeux, son nez est discret, mais élégant. Il évoque le coing. En bouche, c’est délicatement liquoreux, avec des évocations de pêche, de fruits blancs, d’agrumes légers. Il est presque sec dans son doucereux. Sa longueur est prudente, mais son plaisir est immense. Dénicher des vins inconnus qui se montrent sous un tel jour est un plaisir certain.
Ce repas m’a donné l’envie de faire ainsi de temps à autre une table amicale où l’on ouvrirait des bouteilles présentant plus de risques, soit pour ne plus prolonger une inutile agonie, soit pour leur permettre de déployer leurs ailes d’anges.


Cordialement,
François Audouze
23 Sep 2006 16:31 #1

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la demi-bouteille de Pontet Canet 1924 est morte

C'est bien de le dire aussi clairement !

Quant au Gruaud 1922, peu de personnes parviennent à s'intéresser ainsi au témoignage du vin. Quand le vin n'est plus acceptable, souvent nous nous limitons à ses défauts.

C'est une démarche humaine un peu trop fréquente qui ne s'applique pas qu'aux vins : ne considérer que ce qui nous déplait ou nous dérange, en refusant d'aller à la rencontre de la part de lumière et d'en accepter les qualités singulières.

Dans les vins anciens, souvent l'acidité (je me souviens du Mission Haut-Brion 1926) peut perturber l'accès et le plaisir car elle arrive en finale. Il faut ton expérience pour déchiffrer l'ensemble du message.

Jean-Philippe Durand

"La cuisine n'est que passion et partage" - Marc Meneau
23 Sep 2006 17:55 #2

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Pourquoi devrait-on davantage accepter les défauts dans les vieux vins que dans les jeunes ? Un défaut majeur, pour moi, c'est ce qui gâche mon plaisir. Que le vin soit jeune ou vieux ne change rien à l'affaire. Je ne demande pas à un vin de me livrer un témoignage, je lui demande de me donner du plaisir.

Luc
23 Sep 2006 18:03 #3

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Je ne demande pas à un vin de me livrer un témoignage, je lui demande de me donner du plaisir.

Luc,

Rien de surprenant à tes propos. Depuis une fameuse (et assez ancienne) discussion, tout le monde sait que tu es un irréductible hédoniste :D

Eric

Eric
Mon blog
23 Sep 2006 18:48 #4

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Luc,
Evelyne, la femme d'Alain, a, dans un touchant témoignage, raconté qu'elle associait l'histoire à la dégustation du Latour Milon 1926 qui lui n'avait pas le moindre défaut.

On est bien d'accord que le vin doit être d'abord plaisir. Mais quand on est devant un vin, comme le Chassagne-Montrachet 1947, comme je le dis plus haut, il y a deux attitudes. Soit : "circulez y a rien à voir", soit attendre un peu et se rendre compte que le vin a beaucoup de choses à dire.

Il y a des renversements de situation tellement étonnants que je me garde bien de condamner trop vite. Je viens de condamner trop vite un Lafon Haut-Sauternes 1867. Dans mon verre la transformation invraisemblable en quelques minutes en a fait un très bon vin.

Mais je suis d'accord, plaisir d'abord, si l'on sait éviter le contresens d'un jugement hâtif.


Cordialement,
François Audouze
23 Sep 2006 19:46 #5

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Nous sommes d'accord, j'en ai fait l'expérience récente avec un Clos de Tart 1986 amené par DidierD qui ne s'est livré que deux heures après l'ouverture et que nous avons failli condamner trop vite.

Luc
23 Sep 2006 19:57 #6

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Pourquoi devrait-on davantage accepter les défauts dans les vieux vins que dans les jeunes ?

Il ne s'agit pas d'accepter mais de savoir dépasser certains défauts, de ne pas s'y arrêter.

Jean-Philippe Durand

"La cuisine n'est que passion et partage" - Marc Meneau
24 Sep 2006 01:32 #7

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Un vin jeune avec un défaut : on traduit cela comme un défaut technique dans la conception de ce vin.

Un vin très vieux avec un défaut : on traduit cela comme un défaut légitime dû au temps qui passe.

Dans le premier cas, le responsable est l'humain, dans l'autre le responsable est la nature dans une de ces notions fondamentale qui nous dépasse tous.

On accepte plus de ce que l'on ne peut pas maîtriser que de ce que l'on peut maîtriser.

Je comprends donc que l'on cherche à dépasser certains ( pas tous ) défauts rencontrés dans les vins vieux à condition que ce qui reste de valable soit vraiment rare. Est-ce souvent le cas ? Je n'en sais rien.

Jmm
24 Sep 2006 10:38 #8

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A moins qu'un très vieux vin avec un défaut soit un ancien vin jeune avec un défaut qu'on aurait condamné dans sa jeunesse et qu'on pardonne aujourd'hui vu son grand âge... Il n'y a pourtant à mon sens pas plus de raisons d'accepter l'un que l'autre.

Luc
24 Sep 2006 11:04 #9

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Luc, vous avez vraiment des difficultés de lecture !

J'écris DEPASSER, pas ACCEPTER, certains défauts.

Jean-Philippe Durand

"La cuisine n'est que passion et partage" - Marc Meneau
24 Sep 2006 11:32 #10

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Soit, c'est jouer sur mots, mais enfin...
Je reformule ma question : pourquoi devrait-on plus facilement dépasser certains défauts sur des très vieux vins alors qu'on ne le ferait pas sur les vins jeunes ?
C'est mieux comme ça ?

Luc
24 Sep 2006 11:52 #11

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Au plan théorique, Luc a raison.
Mais il y a aussi la pratique.
Ayant bu récemment Salon 1988, je l'ai trouvé nettement moins bon que ceux que je bois d'habitude. Ayant un repère clair, je sais dire que ce champagne ne correspond pas à mon souvenir.

Supposons que j'ouvre Salon 1943. Là, le nombre de mes repères est beaucoup plus faible. Donc je vais analyser le discours du vin, en écoutant tout ce qu'il dit. Et si au bout du compte, je trouve ça très beau, je saurai faire la part des choses de petits défauts qui me seraient immédiatement apparus si j'avais plus de repères.

Dans ce message, j'ai dit lorsqu'un vin est mort, sans rémission, lorsqu'un vin est inacceptable, mais qu'on boit comme une sorte de souvenir (et je ne défends pas le vin), quand un vin est au delà de toute date normale de consommation, etc..

Avec l'habitude, on peut "dépasser" comme dit Jean-Philippe quelques petits défauts, exactement comme on admet la photographie de ses grands parents, en oubliant le léger pâlissement de la photo, ou un très beau vieux livre, en acceptant la petite poussière qui ne gêne pas l'émotion.

Et puis il y a des vins comme le Clos Fourtet 1934 et le Haut-Brion 1918 que j'ai bu jeudi qui sont tellement irréellement parfaits que là, l'extase est au rendez-vous.

L'approche des vins anciens demande une tolérance beaucoup plus grande, car le nombre de vins 100% parfaits comme le Clos Fourtet 1934 et le Haut-Brion 1918 est évidemment beaucoup plus faible que pour les vins récents.
J'ai bu la Mouline 1989 : là, pas de question, c'est tellement extraordinaire qu'on est au paradis.

La non-acceptation des défauts est la raison pure. Leur dépassement est la pratique de ceux qui boivent des vins anciens. Et puis, c'est aussi un choix personnel de ceux qui veulent "apprendre" les vins anciens, en ne s'arrêtant pas à une analyse qui apparaîtrait erronée après quelques gorgées. Les transformations dans le verre sont parfois tellement hallucinantes que le premier jugement n'est pas toujours le bon. Alors, on ne juge pas.

Un seul point est sûr : quand on n'aime pas, on n'aime pas.


Cordialement,
François Audouze
24 Sep 2006 16:02 #12

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N'oublions pas que beaucoup achètent du vin pour une naissance ou un mariage, en espèrant commémorer ces evènements heureux 15,20,ou 30 ans après.

Le vin représente dans ce cas bien autre chose que simplement ce qu'il y a dans le verre.
24 Sep 2006 16:20 #13

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Luc, François et les autres.

Je reviens à une idée qui m'est devenue chère et que j'ai découverte lors du dîner LPV organisé par François avec l'excellente complicité (très) active de Jean-Philippe. Moi qui connait bien les engins mécaniques roulants (surtout à deux-roues…) j'ai trouvé très convainquante l'idée de comparer la dégustation de vieux millésimes avec la conduite de vieilles motos. Evidemment qu'une 750 Honda Four de 1969 est moins puissante et freine moins bien que ma Honda 800 VFR d'aujourd'hui. Mais c'est idiot de les comparer sur ces critères. J'ai pris beaucoup de plaisir à faire une balade au guidon de l'ancêtre il y a quelques mois. J'en prends aussi beaucoup au guidon de ma moto de tous les jours d'aujourd'hui. Personnellement j'ai ressenti la même chose en dégustant des vins anciens. Il est illusoire et un peu vain de vouloir retrouver le même type de plaisir dans un Château Margaux de 1990 que dans sa version de 1928. Le plaisir est différent mais il existe dans les deux cas (à condition que le bouteille ne soit ni défectueuse ni morte, évidemment !). Ça me paraît tellement évient que je ne comprends pas vraiment la discussion ci-dessus. Evidement, si non veut retrouver dans un vin de 90 ans d'âge la même fraîcheur de fruit que dans un millésime récent, on ne pourra jamais accepter les enthousiasmes de François…

Philippe

Philippe
24 Sep 2006 17:46 #14

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Philippe,

Où ai-je écrit que je voulais retrouver le même type de plaisirs que dans un vin jeune ? Je ne suis tout de même pas obtus à ce point...
Ce que je veux dire, c'est que nous sommes sans doute bien plus sévères avec des vins jeunes auxquels on ne pardonne pas grand chose ou presque qu'avec des ancêtres pour lesquels nous avons sans doute plus de complaisance. En lisant les CR de François ou d'autres quand ils parlent de vins plus âgés, c'est vraiment l'impression que j'ai.
Cela donne à mon sens la "fausse" impression finale que les vins vieux sont en moyenne meilleurs que les vins jeunes, ce dont je ne suis personnellement pas certain du tout, loin de là.
Un mauvais vin jeune donnera plus que probablement un mauvais vin vieux, le fait qu'il soit devenu un ancêtre ne doit pas nous inciter à la complaisance.

Luc
24 Sep 2006 18:20 #15

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Je vois ce que tu veux dire, mais, pour prendre tes pas dans ton argumentation, je n'ai jamais dit que les vins anciens étaient meilleurs que les vins plus jeunes. Ils procurent simplement des plaisirs différents et incomparables avec ceux procurés par des vins plus jeunes. Et je n'arrive pas vraiment à mettre une échelle de valeur entre ces deux plaisirs, même si je suis assez d'accord pour dire que les vins plus jeunes procurent plus facilement du plaisir que les vins anciens (car ils joeunt sur des gamems plus “faciles”).

Philippe

Philippe
24 Sep 2006 18:38 #16

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Les vins anciens ne sont en aucun cas "en moyenne" meilleurs que les vins jeunes. Là dessus, on peut être totalement d'accord.
Si j'ai un taux de vins buvables qui est très bon, c'est que je les choisis, sauf comme ici où c'est exprès que pour des amis, j'ai sorti des bouteilles à risque.
Si je sortais des vins anciens complètement au hasard, le taux de bonnes bouteilles serait nettement moins bon. Car comme je lai déjà dit, la mortalité est dans ma cave, car j'évite d'ouvrir les moribondes.

La où "des" vins anciens sont complètement transcendantaux, ce sont ces fameuses exceptions qui justifient qu'on les collectionne. Et, j'en ai fait maintes fois la démonstration, il y a des vins dont je ne connais même pas le nom, des obscurs, des sans grade, qui sont brillants à un point insoupçonnable.

Mais en fait je n'oppose pas les jeunes et les vieux. Une Mouline 1991 ou un Beaucastel 1990, c'est un plaisir incomparable. Et si je voulais être sûr de ne pas me tromper, je prendrais un vin jeune. C'est parce qu'il y a des saveurs inégalées dans les exceptions de vins vieux que ça justifie qu'on s'y intéresse, si on en a envie ou si on le peut. Mais si on en a envie, on peut à budget modéré.

Exemple : hier soir, invité chez des amis, je viens avec deux vins :
Un Chateauneuf-du-Pape blanc de E. Malbec qui a reçu une médaille d’or à la foire d’Orange 1971 et une médaille d’or au concours agricole à Paris, en 1971. On peut supposer que c’est un 1969, à une année près.
Chateauneuf-du-Pape de Jean et Jean-Paul Versino 1989.
Dans les deux cas, je ne connais pas le viticulteur. Prix de revient des deux bouteilles achetées en 2006, environ 8 € par bouteille. On peut estimer que c'est cher pour ces vins, mais c'est abordable.
Mes amis ont été bluffés par la qualité du blanc, d’une gaieté incroyable et d’une longueur ravissante. Ils ont adoré le CdP rouge, d’une orthodoxie parfaite. un vrai beau CdP.

Tout ça pour dire qu'on a intérêt à prendre des risques (là, ce n'est pas très vieux), quand de telles bouteilles passent à sa portée. Si j'avais apporté Margaux 1990, je ne pense pas que mes amis auraient été plus émerveillés.


Cordialement,
François Audouze
24 Sep 2006 20:20 #17

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François,

Peut-on estimer le pourcentage de chances que l'on a, en achetant un vin inconnu de 35 ans, que ce vin se révèle finalement excellent ? Car vu comme cela, c'est effectivement une très bonne affaire d'acheter un vin ancien 8 € et de le trouver remarquable. As-tu eu l'occasion de le déguster avant de l'acheter où doit-on considérer cet achat comme une bonne pioche parmi de nombreux autres peut-être moins chanceux ? Car s'il faut acheter 5, 10, 20 ou 30 bouteilles pour avoir la chance de tomber sur une excellente, le prix de revient est bien plus élevé que 8 €. Quand le vin est inconnu, quels sont les indices qui permettent de limiter les risques ?

Luc
24 Sep 2006 20:32 #18

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C'est un sujet extrêmement difficile.
J'ai commencé à acheter des vins anciens en étant aidé par un ami expert qui me disait : vas-y ou n'y va pas. Il m'a donc évité des erreurs, mais je n'étais pas capable de savoir pourquoi il suggérait ou déconseillait.
Ceci remonte à plus de 25 ans.
Puis, je me suis mis à acheter tout seul, en soumettant mes achats, mais après coup, à son examen. Et, au fil des années, je trouvais que je ne m'y prenais pas trop mal.
Puis, je me suis lancé tout seul.
Et j'avoue avoir un processus d'achat assez irrationnel. C'est vraiment au coup de coeur.
Une de mes caractéristiques est de m'intéresser aux lots disparates (entre autres). Et je trouve que je fais généralement de bonnes pioches.
L'idée, c'est de trouver des ventes non médiatisées. Ou, dans des ventes surmédiatisées, de repérer les lots qui n'intéresseront personne.
Et là, le plus souvent, j'ai de bonnes pioches.
J'ai ouvert un champagne Richeroy demi-sec, années 40. Achat pour une poignée d'euros (personne ne veut prendre ce risque), et je ne connais même pas le propriétaire. Et ce champagne a emballé tout ceux qui l'ont partagé.
Le plus fou de mes vins inconnus : Alrokan grand vin moelleux, Bordeaux 1964, de Mr Bossetti à La Rochelle. Je l'ai bu avec Jean Philippe Durand. Qu'est-ce que ça peut être ? Sans doute un vin dans l'esprit des premières Côtes de Bordeaux, mais qui n'a pas droit à l'appellation. C'était vers années 50 / 60. C'était bon. Là aussi, une petite poignée d'euros.

Il y a eu il y a quelques années une vente de la cave de Maxim's où une caisse de Mouton 45 a atteint 500.000 F. Tout le monde a dit que c'était fou. La vente se faisait en duplex entre Paris New York et Tokyo. Donc totalement inaccessible. J'ai réussi à acheter une caisse de 12 Chambertin Charles Viénot 1934. A ce jour j'en ai bu 5, tous bons, et même sacrément bons. Et j'ai payé de l'ordre de 120 € la bouteille (800 F), ce qui, au vu de la frénésie de la vente, montre que je suis passé entre les gouttes.

Il faut penser que l'achat en salles de ventes, ça prend du temps. C'est un peu comme les achats sur ebay qui demandent un vrai soin. Donc, ce n'est pas en y allant de façon erratique qu'on fera de bons achats. Il faut s'astreindre à se former à ces achats.
Les bonnes pioches deviennent de plus en plus rares. Il faut donc une vraie motivation pour arriver à bien acheter.
Comme je l'ai déjà dit, étant un acheteur impulsif, il y a des fois où j'achète bien, et des fois où j'achète mal.
Bien, c'est toute la collection de vins de Chypre de 1845 et 1841, que j'ai eue par un coup de chance inouï, en prenant mon risque, que d'autres ne voulaient pas prendre.
Mal, c'est tous les vins surmédiatisés que j'ai achetés au prix, voire plus.
Mais je suis persuadé qu'en prenant suffisamment de temps, beaucoup d'amateurs pourraient faire de bons achats. Même quand c'est "chat en poche", parce qu'on ne connait ni le vin ni le vigneron.

Dernière remarque : pour faire des achats de lots divers, il faut la place pour les stocker, ce qui limite aussi fortement la portée de cet exercice.

Pour répondre précisément sur le pourcentage, ça dépend de sa façon d'acheter (ce que j'achète est généralement sain) et surtout de la façon d'ouvrir, sujet sur lequel je me suis déjà exprimé, car condamner un vin qui est bon, par erreur de diagnostic, fera baisser le pourcentage.


Cordialement,
François Audouze
24 Sep 2006 22:29 #19

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Luc Javaux a écrit:
> François,

> Quand le vin est inconnu, quels sont les indices qui permettent de
> limiter les risques ?
>

L'étiquette ? B)

Pas si fort, ça va je sors ...

Olivier
24 Sep 2006 22:36 #20

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Vieux Mottard que jamais.

(je suppose que je suis le 563.786ème à la faire. C'est comme "autreize", ça me plait chaque fois).


Cordialement,
François Audouze
24 Sep 2006 23:40 #21

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Ben, justement non, la dernière fois, c'était dans la cour de récré il y a 34 ans ! ;)

Mais on peut rester un grand enfant :D

Très Cordialement,

Olivier
24 Sep 2006 23:44 #22

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