Et voilà , les rencontres flamandes ont eu lieu, et elles resteront pour moi un souvenir inoubliable. Il y a bien sûr le fait que je n'aie jamais auparavant dégusté autant de grands vins sur un seul week-end, mais ce n'est pas le plus important. Le plus important était la rencontre, rencontre avec Sophie et Thierry, nos hôtes, deux des personnes les plus charmantes et accueillantes qu'il m'ait été donné de rencontrer jusqu'à présent. Sophie est une femme aussi belle que brillante, qui sait de maîtresse façon concilier un travail difficile et très prenant avec une vie de famille bien remplie, tout en restant conciliante avec les facéties oenologiques et informatiques de son mari. Thierry est tel que je l'imaginais, d'une extrême gentillesse et courtoisie, d'une générosité rare, toujours à l'affût du moindre désir de ses invités. Sa connaissance du vin n'est plus à démontrer, sa modestie et sa capacité d'écoute sont des qualités qu'on rencontre plus rarement. Une première rencontre qui, je l'espère, en amènera d'autres. Première rencontre également avec certains autres invités, Didier (alias Didier les bons tuyaux...(bbb)), d'une sympathie débordante et très grand connaisseur de surcroît, le superbe compte-rendu qu'il a laissé (de mémoire, sans aucune note… !) ne faisant que le confirmer. Et bien sûr Olivier, qui existe bel et bien contrairement aux rumeurs qui prétendent le contraire, mais dont les connaissances oenologiques sont finalement assez éloignées de celles que j'imaginais en lisant les messages d'Eliane, qui ne cesse de nous vanter ses mérites sur ce point depuis de nombreux mois. Pour tout dire, elles sont en fait beaucoup plus importantes encore, à tel point que cela aurait pu être agaçant s'il n'avait en plus la soif de faire partager aux autres son grand savoir.
Retrouvailles enfin avec Eliane, Sébastien, Herbert et Sandrine, que je rencontrais déjà pour la troisième fois et qui sont toujours d'aussi agréable compagnie. On se retrouvera bientôt aux 3e dîner des Belges…
Que dire sur les vins servis par Thierry le samedi midi ? Pas grand chose de plus que ce qu'en a dit Didier, à savoir que nous avons eu droit à une série impressionnante de vins, tous plus grands les uns que les autres. Les blancs de l'apéritif étaient extraordinaires, avec comme Didier une préférence pour le CNP Vieilles Vignes de Beaucastel 1992, qui démontre que même en millésime moyen, il y a moyen de faire de grandes choses.
La série des 1982 était exceptionnelle à plus d'un titre, tant il est rare de pouvoir déguster en même temps 5 grands vins d'un millésime de légende à parfaite maturité. Grand-Puy Lacoste a eu ma préférence, tant pour sa droiture et la pureté de ses arômes que pour son potentiel encore non négligeable.
Ensuite, encore une première pour moi, nous dégustons deux grands liquoreux suisses (et là je constate que Didier commence à avoir des trous de mémoire…mais j'ai triché, j'ai gardé les bouchons(aaa)), tout d'abord Mitis 1999, ensuite Ambre 1997. Mitis fût pour moi une révélation, tant par son équilibre magistral que par l'originalité de ses arômes épicés de grande classe. Ambre, qui porte très bien son nom, montrait quelques ressemblances avec la cuvée Mathilde de Mark Angeli et par rapport à Mitis, présentait un très léger déficit en acidité qui me fait penser qu'il mérite d'être bu rapidement (d'ailleurs on l'a bu…(aaa))
C'est donc avec 10 vins déjà dégustés que nous nous rendons à l'Auberge de la Fôret où une autre série de 11 vins nous attend ! Quelle santé ! (hhh)
Le troisième blanc était un Meursault « sous le velle » 1999 dont j'avoue avoir oublié le nom du producteur…
Dans la série des rouges, deux coups de cÅ“ur pour moi, la Côte-Rôtie de Jamet 1991, à pleine maturité et d'une élégance remarquable et le Léoville Barton 1989 à la hauteur de la réputation du domaine, effectivement largement supérieur au 1990. J'avoue avoir été impressionné par la puissance de l'Ornellaia 1998, mais je lui ai néanmoins préféré la finesse du Barton 1989. Il est vrai qu'après autant de bons vins, on se montre de plus en plus difficile…
Après une bonne nuit de repos, les survivants ont eu droit le dimanche midi à une nouvelle dégustation chez Thierry, en accompagnement d'un très bon barbecue. Tout d'abord, pour se mettre les papilles en appétit, une Coulée de Serrant 1998… J'ai donc eu le plaisir de déguster ma première grande Coulée, sans aucune trace d'oxydation, au contraire de mes quelques expériences malheureuses avec ce cru. Un nez de moelleux, un équilibre magnifique entre gras et acidité minérale, une très grande longueur, magnifique vin qui me réconcilie avec ce cru. Dommage qu'il y ait tant de disparité entre les bouteilles dans certains millésimes.
Ensuite, sagement, nous nous contentons de 3 bouteilles de rouge avant de reprendre la route (quelle abnégation… !(aaa)), à savoir Château La Grave Trigant de Boisset 1990 (actuellement nommé Château La Grave à Pomerol), Château Chasse-Spleen 1986 et enfin Château Haut-Bailly 1990, excusez du peu !
Le Pomerol, qui fait partie de l'écurie Moueix, s'est montré sensationnel, nettement supérieur à mon sens au Vieux Certan 1989 de la veille qui était déjà pourtant excellent. Robe évoluée mais pas fanée, nez envoûtant sur les fruits noirs, le cuir, le sous-bois, les champignons, la réglisse, bouche voluptueuse, d'un grand équilibre et d'une longueur exemplaire.
Le Chasse-Spleen 1986 se montrait nettement plus tannique, un peu réservé au départ, s'ouvrant très bien ensuite sur des arômes nettement marqués par le cabernet-sauvignon. Une bouteille qui a encore du potentiel…
Pour terminer, que dire du Haut-Bailly 1990 à part qu'il s'agit d'un grand vin qui arrive à maturité, avec encore un très beau potentiel également. La sensation qui se dégage de ce vin est un magnifique fondu tant au nez (qui présente les magnifiques arômes fumés propres à l'appellation) qu'en bouche, qui ne montre aucune aspérité.
Le week-end se termine donc comme il avait commencé, 100 % bonheur pur, et nous quittons avec regret nos hôtes et leur splendide demeure (et je ne parle même pas du magnifique jardin où la collection de roses de Thierry est époustouflante…).
Je crois que j'ai encore fait un peu long..., mais cette rencontre méritait qu'on s'y attarde un peu. Merci encore à Sophie et Thierry pour ces magnifiques moments passés en leur compagnie.
Luc
Message edité (16-06-2003 15:32)