Chers amis,
Pensez « macération carbonique » un beau jour de la fin du mois de novembre et vous voilà immergés dans cette moitié du Beaujolais qui fait le vin convivial.
Ce 22 novembre, avec les membres de l'Ameprodo, nous nous sommes intéressés à cette autre moitié, renaissante depuis une bonne quinzaine d'années, bien plus enracinée dans son terroir, consciente de son antériorité. Nous avons enfilé les perles que sont Fleurie, Chenas , Morgon et Moulin à vent avec le concours de Christian Pion qui nous aura permis de parcourir et de goûter les fleurons de notre petite Toscane.
Ces notes sont personnelles et n'engagent que moi.
1-JADOT. CHATEAU DES JACQUES. « Grand Clos de la Loyse »1998:la robe reste jeune dans ce millésime moyen dans l'appellation (Moulin à vent), le nez très ouvert sur les fruits blancs avec le support fumé de la roche. La bouche dotée d'une acidité mûre, sur une dominante minérale. Le vin qui est d'une belle tenue est à boire. 14/20.
2-Domaine de VISSOUX . « Les Griottes »2005: la robe est transparente, cristalline avec des reflets violets dans un registre complexe où se mêlent le fruit, la fleur et l'encens. La bouche est tendue par une acidité conférant au vin une dimension rafraichissante et croquante. Un faux maigre qui demande que la bouche s'accommode et qui fera de cette cuvée un compagnon de pêche jamais lassant. 14/20.
3-Domaine de VISSOUX Fleurie. « Poncié »2005: la robe est d'un grenat soutenu transparent. Le nez sur les petites baies (groseille). L'attaque est franche sur une acidité un brin iodée et surtout un toucher de tannins d'emblée présent et toujours dans le registre de la finesse y compris sur la fin de la finale. Déjà beau aujourd'hui, il devrait se révéler dans deux ou trois années. 16,5/20.
4-Domaine de la MADONNE. Fleurie 2003: la robe est claire. Le nez tout en rondeur mais peu expressif. La bouche non coordonnée marquée par une acidité disgracieuse, confinant à l'agressif. Sans doute des vignes un peu jeunes auront elles eu du mal à encaisser les ardeurs du millésime. N'ayant jamais goûté un vin du domaine, je me suis abstenu de noter.
5-Domaine de la MADONNE Fleurie. « Vieilles Vignes »2005: toujours un nez dans une belle maturité de fruits associée aux plantes aromatiques et presque une dimension rhodanienne avec cette touche de thym. Cette fois la bouche prolonge harmonieusement le nez, le volume étant généreux, l'équilibre en place sur des tannins distingués et tout en finesse. Assurément, l'âge des vignes ainsi que le millésime ont quelque chose à voir avec le rendu dans nos verres! 16/20.
6- Domaine de BEAUREGARD.Fleurie. « Les Colonies de Rochegrés »2001: Légère évolution de la robe moyennement soutenue et transparente. Le nez est sur le grillé, le torréfié et le cuir. La bouche peu manquant un peu de complexité. Une pointe d'amertume sur la finale avec un léger déboire. 13/20.
7- Domaine PIRON et LAFOND.Chenas. « Les Quartz » 2003: La robe est soutenue à la limite de l'opaque. Le nez de violette. La bouche est plutôt moderne avec pas mal d'extraction, l'élevage étant encore nettement perceptible et un peu de sécheresse . Malgré tout du plaisir sur un beau volume sur ce millésime fâché avec l'harmonie des phénols. J'imagine cette cuvée tout à son aise en 2005. 14/20.
8-Marcel LAPIERRE.Morgon. 2005: La robe est claire et transparente. Le nez avenant sur les fruits . La bouche à peine marquée par un discret résidu de sucre. Après cette annonce plutôt gourmande que nous offre le fruit se révèle petit à petit la dimension du terroir qui, toujours dans l'harmonie, accompagne la bouche sur une belle longueur tout en fraîcheur et en finesse. 16,5/20.
9-Domaine PIRON.Morgon. « Côte de Py »2003: La robe est soutenue, un peu floue. Le nez sur le cassis.L'attaque est grasse et soyeuse, la texture irrésistible. Les grincheux trouveront le vin un tantinet fabriqué avec des extractions poussées mais sur une matière première irréprochable sur le plan des maturités. Nous nous sommes régalés. 16/20.
10- Domaine de VISSOUX. Moulin à vent« Les Deux Roches »2005: La robe de couleur soutenue. Le nez associant le fruit et le grillé. La bouche dominée par son équilibre et son naturel qui en font un vin que l'on déguste sans trop se prendre la tête avec le pourquoi du comment. Malgré tout, l'association de la finesse et de la puissance qui font les grande cuvées ne nous a pas échappé. Sans doute le sommet de cette soirée 17/20.
11-Domaine de BEAUREGARD.Moulin à vent. « La Salomine » 2002: la robe plutôt légère qui reste jeune. Le nez présent mais difficile à verbaliser. Un peu de rusticité en attaque peut être à mettre sur le compte de la température de service un peu fraîche, le vin retrouvant ses marques dans le verre. A ce moment de la dégustation mon attention a quelque peu fléchi, si bien que je me garderai bien de juger cette cuvée. Sans doute un vin pour amateur averti (et résistant!)
12-JADOT.Moulin à vent. CHATEAU DES JACQUES. « La Roche » 2000: la robe est de couleur soutenue.Le nez intense sur les fruits rouges, le caramel au lait. Tendu en bouche avec une finale filiforme, comme sur la roche. Personnellement et à ce moment de la dégustation, j'aurais aimé un petit peu plus de chair pour combler la trame. Sans doute le grand classicisme qui en gastronomie devrait convaincre. 16,5/20.
13-JADOT.CHATEAU DES JACQUES .Moulin à vent. « Clos du Grand Carquelin »2002: belle robe soutenue, le nez ainsi que la bouche étant retenus, le vin en phase de fermeture ramassé sur lui même mais doté d'un beau potentiel dans un registre classique à la trame assez serrée. 16,5/20 pot.
14-JADOT.CHATEAU DES JACQUES.Moulin à vent « Clos du Grand Carquelin »1997:la robe est peu évoluée, le nez bien plus riche et plus complexe que son cadet sur les épices douces. Une bouche classique sans génie mais bien en place avec toutefois une petite verdeur en finale. En tout cas une brillante démonstration de la capacité qu'ont ces terroirs à nous délivrer des vins capables de vieillir.
Christian nous avait prévenu des vertus hilarantes de ces beaux vins du Beaujolais, démonstration étant faite passés les premiers vins. Je vous fais grâce de certains aphorismes, notamment sur la Côte de Py.
Plus sérieusement, nous redoutions de nous trouver sous la coupe du Gamay, et se sont les terroirs que nous avons trouvés. Les vins sur Fleurie du domaine de Vissoux m'ont touché par leur dimension gracile et aérée, Lapierre sur Morgon n'étant pas en reste. 2005 s'annonce grand, tout ce que nous avons goûté ce soir là dans le millésime emportant l'adhésion de tous les dégustateurs. Sûrement suis je passé à côté des vins du château des Jacques placés en fin de dégustation et qui mériteraient sans doute un complément de commentaire. Je vous laisse la place pour cela.
Bien à vous tous,
Lionel.