Encore!

A l'initiative de Vincent, promu Gentil Organisateur, un charter LPV a pris la direction de l'Alsace pour effectuer un survol du vignoble, avec parachutage à  Husseren-les-Châteaux, QG officiel du Week-end.

Première étape du périple: Bergheim, au domaine Marcel Deiss, la triple star du guide vert, pas le Michelin, l'autre!

Olif

Un domaine qu'on ne présente plus, le lieu de rendez-vous matinal de la rencontre internationale organisée par Vincent, là  où les forces vives belgo-jurassiennes ont rejoint les troupes helvético-belgo-parisiennes aux traits tirés, et qui ont eu du mal à  respecter l'horaire convenu.
On attaque néanmoins les hostilités par le premier vin à  la carte, avec pour objectif l'intégrale (ou presque), même si le temps qui nous est imparti est légèrement restreint!

Burlenberg 1999
Deuxième rencontre avec ce vin en peu de temps, et pas tout à  fait la même impression, probablement parce que la bouteille est ouverte depuis plus longtemps. Plus fondu et ouvert, fruité, floral, avec une petite touche chocolatée, les tanins me semblent relativement souples. Plutôt très plaisant!

Pinot blanc Bergheim 2002
Après un premier nez sur les agrumes, on se retrouve au tableau noir, dans de la poussière de craie, qui accentue la mollesse, sensation procurée par son côté très mûr. Un équilibre précaire, pour ne pas dire incertain!

Riesling Saint-Hippolyte 2002
Un riesling d'entrée de gamme qui place déjà  la barre bien haut! Minéral, avec une sensation légèrement pétrolée, mais interprétée diversement. J'aime son caractère tranchant, incisif, acéré, citronné, ou perce néanmoins la minéralité. D'ailleurs, j'en ai acheté quelques bouteilles.

Muscat 2003
Reflet de ce millésime 2003, son côté muscaté, raisin croquant, est submergé par une sensation de douceur et de sucrosité qui ne lui sied qu'à  moitié. Un peu mou, limite alangui, il a tendance à  s'étioler au fur et à  mesure de la dégustation.

Pinot gris Bergheim 2000
Un client un peu plus sérieux, pas le même millésime non plus! Très mûr et jouant même dans un registre oxydatif, avec ses notes d'agrumes confits, de miel et d'encaustique. La robe est dorée, presque ambrée, le nez puissant, et la belle acidité contribue à  allonger le vin en masquant et équilibrant le sucre résiduel bel et bien présent. Très beau!

Gewurtztraminer 2001
Aromatique typique et assez relevée de gewurtz, sur le litchi et la pétale de rose, pas trop pommadé néanmoins, car la structure suit! Un équilibre très satisfaisant!

Riesling Altenberg de Bergheim 1999
Une grande bouteille, complexe, élégante et raffinée. Mature, avec ses notes de fruits mûrs, se canalisant vers l'ananas en finale, et minérale, avec sa touche légèrement pétrolée, dans le sens noble du terme, il se prolonge interminablement. Beau vin!

Gewurtztraminer Altenberg de Bergheim 1998
Second moment d'émerveillement que ce Gewurtz au nez intense, confit, miellé, jouant sur l'oxydation. Cela ne sent pas le cépage, en fait! Les épices et la tarte tatin caramélisée, sans Chantilly toutefois, viennent finir de compléter le tableau. Un vin de gourmand, en fin de compte! Magnifique!

Engelgarten 2000
Et c'est reparti pour une petite dégustation des vins de terroir, tout juste un mois après la précédente! Très citronné, vif, minéral, légèrement pétrolant, c'est très certainement le plus sec de tous.

Rotenberg 2001
Nez très fin ,citronné légèrement, minéral, évoluant sur les agrumes confits en milieu de bouche, pour mieux asseoir sa richesse, puis retour sur une finale citronnée, acidulée. Beaucoup de classe!

Grasberg 2001
Très mûr, agrumes, caramel, tarte tatin, mais de l'acidité et de la vivacité à  revendre.

Burg 2000
Une minéralité très fine qui s'affirme en bouche, avec une fraîcheur préservée par un petit côté acidulé. Follement élégant!

Gruenspiel 2000
Un vin ample et rond, qui manque peut-être un peu de tranchant. Côté oxydatif prédominant qui se retrouve dans une large finale.

Schoenenbourg 2001
Non prévu d'une manière générale à  la dégustation, il y a justement une bouteille ouverte! Un vin superlatif qui commence par de la retenue. Et puis une grande maturité, une grande minéralité, une grande longueur,…. Je craque!

Altenberg 2001
Issu des vignes en complantation, il séduit par son caractère très mûr et son équilibre plutôt demi-sec. Une petite goutte de pétrole, également! Pas autant de séduction folle que le Schoenenbourg, pourtant!

Une dégustation tout à  fait conforme à  mes attentes, mais qui a été diversement appréciée pourtant. Un classicisme débridé, qui met parfaitement en valeur les différents terroirs, et un vigneron en quête d'harmonie. Harmonie entre les cépages et le terroir, entre lui-même et ses vins, avec le millésime en filigrane. Pour ma part, je suis largement convaincu, même si les autres facettes de l'Alsace, que nous découvrirons plus tard, sont tout aussi intéressantes, voire plus.

Olif

"diversement appréciée pourtant"

c'est l'effet "star"… on attend toujours énormément des stars et on les attend toujours un peu au tournant. Si j'avais dit à  tout le monde "je vous emmène voir un jeune vignerons qui débute" et qu'en goutant les vins de cet inconnu ils avaient dégusté ces vins sus-décrits… tout le monde aurait été emballé.

Tous les vignerons visités et les vins dégustés avaient à  mon sens beaucoup d'attraits et d'intérêt et surtout représentaient des options et des interprétations différentes de la grandeur des vins d'Alsace (et en particulier du riesling qui était à  l'honneur ce week-end…!!); Jean Boxler était un peu desservi (et très modeste et lucide) avec les vins du millésime 2003 qui a été particulièrement difficile sur ce terroir du Sommerberg -côteau granitique très escarpé, exposé aux brulures du soleil et très drainant- !

Rendez-vous pour un nouveau week-end car nous n'avons pas pu rencontrer PAtrick et apprécier le paysage et les vins d'Andlau !!

"Rendez-vous pour un nouveau week-end car nous n'avons pas pu rencontrer PAtrick et apprécier le paysage et les vins d'Andlau !"

Je suis d'ores et déjà  partant, Vincent!

Les vins de Deiss, même les plus grands, n'étaient pas à  proprement parler une découverte pour moi (merci Luc!) mais ils sont loin de m'avoir déçu.

Quant à  Jean Boxler, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est lui-même pas convaincu de ses 2003 et qu'il a la grande honnêteté de le reconnaître. Compte-rendu à  suivre.

Olif

Merci Olif pour ce compte-rendu qui correspond bien, à  quelques détails près, aux impressions que j'ai moi-même ressenti. Je ne reprendrai donc pas l'ensemble des vins pour éviter la redondance...

En ce qui concerne le Burlenberg 1999, il est normal que tu n'aies pas ressenti la même impression que sur la bouteille dégustée chez moi, puisqu'il ne s'agit en fait pas de la même cuvée...
Jusqu'en 1999, le domaine produisait deux cuvées en rouge, celle que nous avons goûté samedi, et une cuvée Vieilles Vignes, réservée à  la vente primeur qui, comme son nom l'indique, était une sélection des vignes les plus âgées, qui est celle que nous avons dégusté le mois dernier. Depuis le millésime 2000, il n'y a plus qu'une seule cuvée produite, le domaine estimant que l'âge atteint par les "jeunes" vignes ne nécessitait plus de les vinifier à  part. Les Vieilles Vignes ont néanmoins donné en 1999 un vin à  mon sens nettement supérieur à  la cuvée "de base", mais aussi plus tannique et plus difficile d'accès à  ce stade, demandant une longue aération pour s'exprimer. Le point commun à  ces deux cuvées me semble être un caractère fumé prononcé, sans doute apporté par le terroir d'origine volcanique.

Comme toi, j'ai beaucoup aimé le Riesling Saint-Hippolyte 2002, sur le citron confit, le gingembre, de belle notes minérales (si tu préfères les appeler pétrolées, c'est comme tu veux...(bbb)), une acidité tranchante et une longueur de beau calibre, sans être exceptionnelle pour autant. Contrairement à  toi, je n'en ai pas acheté car pour 15 €, il me semble qu'on a goûté beaucoup mieux lors de ce week-end.

Coup de coeur par contre pour le Riesling Altenberg 1999, clairement au niveau de maturité d'une vendange tardive, d'un équilibre magnifique et d'une longueur qui l'est tout autant. Il est également très mûr au nez, plutôt sur l'ananas et l'écorce d'orange que sur le citron confit, avec une minéralité affirmée, comme je les aime dans les riesling bien nés. Superbe et mérite bien à  mon sens les 30 € qu'il m'a coûté !

En ce qui concerne le Gewurztraminer Altenberg 1998, si j'ai été emballé par sa longueur majestueuse et sa grande richesse justement équilibrée, son caractère légèrement oxydatif a joué un peu en sa défaveur en ce qui me concerne, mais il s'agit ici d'une question de goût personnel et je comprends bien que tu l'aies particulièrement apprécié pour exactement la même raison...

Dans la série des vins de terroirs, je ne reviendrai pas sur les 2000 que nous avons déjà  commentés, mais sur le Rotenberg 2001 qui a obtenu mes faveurs pour sa pureté minérale, son acidité et sa longueur, toutes deux remarquables. Le Grasberg 2001, plus exotique et légèrement oxydatif, m'a semblé un ton en dessous.

Enfin, comment ne pas tomber sous le charme du Schoenenbourg 2001 qui, malgré son caractère très réservé au nez sur un fruité exotique et une minéralité qu'on sent encore dans les limbes, se révèle en bouche par sa richesse, son équilibre parfait et son immense longueur. Assurément un grand vin en devenir ! L'Altenberg 2001 m'a semblé à  ce stade un très léger ton en dessous, question de goût personnel sans doute, malgré le fait qu'il m'est apparu plus ouvert que son compagnon d'écurie.

Au final, une très belle dégustation où la qualité globale des vins présentés ne me semble pas souffrir de discussion, même si on peut certainement objecter le rapport qualité prix parfois un peu limite de certaines cuvées (et paradoxalement, pas forcément des plus chères).

Luc

Les amis,

Merci pour ces informations!

Vivement la retraite: il me sera alors possible de ne manquer aucun rendez-vous(aaa)

amitiés,
Thierry

Et moi non plus.(aaa)

Rendez-vous pour un nouveau week-end car nous n'avons pas pu rencontrer PAtrick et apprécier le paysage et les vins d'Andlau

Avec le plus grand plaisir....

Je reviens sur le Gewurztraminer Altenberg 1998, dont j'ai ramené une bouteille. Ouverte hier, j'étais surpris de lui trouver ce dont l'absence nous avait marqué lors de la dégustation : un nez de litchee et poire williams. Marqué mais sans aucune lourdeur. Aucun caractère oxydatif cependant. En bouche, l'équilibre parfait entre gras et minéralité était, lui, bien là . J'ai d'abord associé cette différence au type de verre. (pas de verres alsace chez moi hélas donc expert de Spiegelau). Ce midi, la bouteille était beaucoup plus conforme à  la dégustation chez Deiss, somewhat plus oxydatif. Mes invités n'ont pas regretté que la bouteille fût déjà  ouverte. Mais, certes, ca dépend des goûts.
Je ne me rappelle pas si la bouteille était ouverte à  l'avance ou non lors de la dégustation chez Deiss.

Benji,

Difficile de dire si les bouteilles ont été ouvertes d'avance! Je pense que oui pour la plupart, car elles étaient toutes plus ou moins entamées. Depuis combien de temps? Ce qui peut expliquer l'évolution à  l'aération.

Olif

Je replace ici un copié-collé d'un message d'Hamitan posté sous la rubrique rencontres entre passionnés, afin de poursuivre la discussion au bon endroit.

Auteur: Hamitan
Date: 14-11-2004 01:38

Le lendemain matin, pas même le temps d'aller se (micro)oxygéner, déjeuner sympa (miam les confitures) et, de retard en retard, après un détour agréable par la colline, nous arrivons chez M Deiss en fin de matinée. Avec les apports de nos deux rapporteurs Luc et Olivier.
Je fais court : tous les vins sont bons mais le bas de gamme n'a pas d'intérêt. Et ca fait cher le haut de gamme. Sur quelques vins j'ai l'impression d'un coté dissocié avec à  la fois des pointes d'acidité et de sucré sans véritable sensation d'équilibre. Pas sur Riesling Altenberg et Schoenenbourg néanmoins. J'ai le sentiment de ne pas être le seul à  avoir le même constat.
Le Schoenenbourg 2001 n'est pas prêt mais on s'attend à  ce que cela devienne élégant et très classe. Majoritaire Riesling et donc minoritaire autre chose. Par suite c'est "singulier" et je vais lacher le gros mot : atypique en quelque sorte. Comme quoi il y aurait des atypiques louables et d'autres pas...
Biensûr biensûr Monsieur Terroir mettra les choses à  plat, non ? Mais alors pourquoi plusieurs cépages en très faibles proportions ?
Je m'attendais à  plus grand pour 51 euros...
J'ai été plus immédiatement convaincu par l'Altenberg 99.
Le 2001 aussi. Mais je n'avais pas encore les 2001 de B Schueller sur les papilles.
Je repars les mains vides, déçu malgré le haut niveau de certains des vins.

Hamitan,

Je te trouve tout de même un peu sévère avec les vins de Deiss. Certes, je suis d'accord avec toi, le bas de gamme peut difficilement être considéré comme étant d'un bon rapport qualité prix ; en effet, le Riesling Saint-Hippolyte 2002 (qui est tout de même loin d'être sans intérêt, il est même à  mon avis très bon) se vend au même prix que les Sommerberg de Boxler, bien plus intéressants à  tout point de vue. Cependant, même si ce n'est pas une excuse, il en va souvent de même dans tous les domaines "starisés" par la critique, en Alsace ou ailleurs (un bourgogne générique de Dugat-Py vaut-il le prix demandé ?).
Par contre, le haut de gamme me semble non seulement digne d'intérêt, mais de plus pas si cher que cela si on compare avec les grands vins produits dans d'autres régions. Schoenenbourg 2001 (certes encore peu expressif aujourd'hui) fait certainement partie des grands vins blancs de longue garde français et était vendu 40 € en primeur. J'espère pouvoir en déguster une bouteille avec toi dans dix ou quinze ans et te démontrer que les 51 € demandés actuellement ne sont pas usurpés.
En ce qui concerne leur atypicité, plus que dans leur trame aromatique ou leur texture, elle me semble davantage se situer dans la démarche du viticulteur, où la complantation est censée mettre le terroir en avant plutôt que le cépage, démarche qui devrait plaire à  un amateur de grands vins de Bourgogne comme toi.

Cordialement,

Luc

Luc,

Peux tu m'indiquer où trouver les vins de chez Deiss en Belgique? Si possible, région Brabant wallon - Bruxelles! ou ailleurs... Je vais de temps à  autre dans la riche Province de Liège...

(aaa)

Vince

Je ne sais pas si je suis sévère, cela traduit simplement l'impression du moment.
Je le répète les vins de Deiss sont bons mais je pense que le bas de gamme est trop cher pour être considéré à  l'achat.
Pour le haut de gamme, nous en avons discuté en Alsace si je me souviens bien. Je souhaite que Schoenenbourg devienne, avec les années, le vin qu'on espère et en acheter n'est pas une erreur. Quitte à  acheter chez Deiss, c'est certainement un des vins à  prendre. C'est cher mais effectivement pas plus cher que nombre de grands beaunois que j'achète parfois. D'une manière générale les bons vins d'Alsace présentent un très bon rapport qualité prix sauf peut-être justement chez ces stars alsaciennes (aaa).
Je n'en ai pas pris car j'ai eu d'autres préférences (notamment Gérard/Bruno Schueller). Peut-être une prochaine fois.
Par contre, pour ce qui est de toute une série de milieu de gamme de chez Deiss, je suis peut-être sévère mais c'est sûr je n'encaverai pas.

Au sujet de la coplantation, pourquoi un Riesling très majoritaire et pas un 100% riesling, c'etait une question pas une accusation quelconque. De fait je m'étonnais que des atypicités soient mieux acceptées que d'autres mais je veux bien croire que M Deiss a également quelques soucis avec les instances administratives.

Concernant les stars de Bourgogne : peu pour moi et je ne me battrai certainement pas pour un bourgogne AOC régionale de Dugat Py (fut-il sur la commune de Gevrey), confondrais-tu avec Olif (aaa) ?.
Pour des raison de coût mais aussi parfois de goût.

Tu m'ouvriras un Schoenenbourg et je t'ouvrirai un Corton Charlemagne (et biensûr un Pfersigberg H), j'espère que tous nous donneront du plaisir grand et vrai.

Vince,

A vrai dire, j'ai acheté quasiment tous les vins de Deiss que je possède au domaine, souvent même en primeur. C'est tellement joli l'Alsace et finalement pas très loin...
Néanmoins, on peut je pense en trouver à  la Cave des Oblats à  Liège et également chez Portovino à  Maaldegem (ils livrent à  Bruxelles).

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Cordialement,

Luc

Je pense aussi que les bouteilles étaient ouvertent à l'avance, en tout cas cela est aussi ma manière de procéder !

Clairement, entre les stars de la Bourgogne et les stars alsaciennes, on sait que les prix délirant ne parlent pas le dialecte !