Bonjour, je fus un oenophile assidu de ce forum, il y a plusieurs années.

Comme je sais que ce message ne sera pas censuré par les lobbies du vin et spiritueux, je reviens (par discrétion et pudeur sous un autre pseudo), partager avec vous mon choix de l’abstinence, après avoir constaté, justement, que j’avais perdu la maîtrise de ma consommation de bon vin. Cela fera bientôt 7 mois que je n’ai pas bu une goutte, même à Noël.

30 ans de passion du vin, de dégustations à l’aveugle, de salons, de vacances dans les vignobles du monde entier, de dépenses en achats de vin (en cumulé plus que le prix d’une maison mais ca n’est pas ici le problème).

Et un jour, je réalise :
- que pendant mes 3 semaines de vacances, j’ai bu tous les jours. Et pourtant je fus rarement ivre
- que quand j’ouvre une bouteille, je ne peux m’empêcher de la finir
- que j’en ouvre assez souvent en semaine, même quand je suis le seul à en boire
- que parfois je me promets de ne pas boire et je craque quelques minutes après
- que mon sommeil s’est détérioré, je prends de plus en plus souvent un somnifère pour ne pas me réveiller à 2h du mat.
- que je suis stressé au travail et irritable avec mes collègues et mes proches
- que ma pratique d’un instrument à très bon niveau est en train de passer à la trappe.
- que je n’ai plus le niveau d’attention visuelle et de concentration pour lire un « vrai » livre.

Alors, un jour de l’été dernier, j’ai décidé de pousser la porte d’un groupe d’entraide bien connu et en très peu de temps, j’ai retrouvé le sommeil et un bien-être inespéré, à la fois dans mon corps et dans ma vie.

Si la décision de demander de l'aide s’est prise rapidement, il va de soi que ça faisait longtemps que je me posais, seul, des questions. De surcroit, mes nombreuses bonnes résolutions, avec moi-même, et tentatives de baisse de consommation, s’étaient auparavant traduites par des échecs.

Je ne fais pas de prosélytisme, chacun fait ce qu’il veut de sa vie, d’autant que j’aurais, avant, peut-être pris avec dérision et cynisme ce genre de propos et me serais rassuré en me disant que je n’étais pas concerné par les symptômes décrits.

Néanmoins, je tenais à partager avec vous mon expérience, ne serait-ce que si l’une ou l’un de vous, passionné(e) de vin, souffre de symptômes comparables et trouve que ce qu’elle ou il est en train de perdre, par amour fou du bon vin, pèse trop par rapport à ce qu’elle ou il en retire aujourd'hui.

Mon expérience, qui n’est pas unique, montre qu’une autre voie est possible et, aspect essentiel, qu'on peut l'emprunter avec la joie de découvrir une nouvelle vie et non dans la contrainte et la nostalgie de sa vie passée d’oenophile.

Amicalement votre, ;-) Cole K

très intéressant, courageux et honnête.
merci pour ce témoignage.

Un "garde fou" que je pratique depuis 25 ans: ne jamais boire seul: il m'arrive ainsi de ne pas boire pendant plusieurs jours .. Je suis assez convaincu que quand tu ouvres et finis seul une bouteille, tu peux effectivement te poser des questions ..

Arnaud

Oui, beau témoignage ...
Mais je reste toujours (mais un peu) stupéfait qu on arrive pas a SE retenir.
Pour ma part, je peux passer plusieurs jours sans ouvrir une bouteille de vin
Je ne bois presque rien en vacances (a part le vin artisanal de Papa) et a dose homéopathique
Il m arrive d ouvrir une bouteille seul, et de la terminer systématiquement sur 2 jours généralement
Je suis plus stressé par mon boulot que par un verre de vin, qui souvent me détend plus qu un "cacheton" après le travail
J ai une passion, qui est celle qui me tient depuis l âge de 13 ans et qui n est pas le vin, et qui m amène plutôt dans un milieu composé de H2O, l anti vin absolu Et pourtant j ouvre volontiers une ou deux bouteilles pendant mes séjours
Je garde toute mon attention dans mon quotidien, et je peux lire un bon livre sans le moindre souci

MAIS:
Etant d une nature plutôt fluette mon organisme me fait payer cher mes éventuels abus de toute sorte, c est a dire qu un gros repas me rend flagada pour plusieurs heures et l abus d alcool me "casse le cerveau" pour au moins 24 h ...
C est sans doute génétique? car frère et père sont TOUS logés a la même enseigne
Rien que ça m exhorte a la plus attentive circonspection !
Voila pour mon petit réquisitoire
Avis

D'accord avec Arnaud , je n'ouvre jamais une bouteille seul.
La c'est effectivement très glissant ....

Frédéric

comme je n'ai pas lu les dix pages, il se peut que j'enfonce les portes ouvertes.

L'alcoolisme comme l'obésité et la cigarette ne peuvent se combattre que si l'on est motivé. Et il faut un travail sur soi pour s'engager dans la bonne voie.

Personnellement du fait de mon mode de vie, je bois de l'ordre de 1.000 vins par an, ce qui fait un peu moins de trois par jour, mais concentrés sur moins d'un jour sur deux.
C'est en 2003 que je me suis rendu compte que ce n'était plus possible.
Je n'avais jamais éprouvé le besoin de boire, c'est à dire que passer trois jours ou une semaine sans boire n'était pas un problème.
Mais j'avais ce qu'on appelle "l'alcoolisme mondain", lié au mode de vie : on se reçoit, on ouvre un apéritif, on boit du vin au dîner et on finit par un digestif puis deux puis trois.

En 2003 j'ai décidé l'usage du gobelet. Je ne l'utilise pas pour les champagnes (sauf chez les vignerons lorsqu'il y a des présentations à n'en plus finir), mais je l'utilise à 80% pour tous les vins. Et ça a complètement changé les choses. Dans des dîners où on ouvre une dizaine de vins, je ressors sans la moindre fatigue.

Je sais qu'EricB fait pareil et j'ai convaincu quelques amis de faire pareil. Les sommeliers sont habitués et nettoient les gobelets en cours de repas. Et c'est l’intérêt des restaurateurs, puisque l'on commande plus de vin quand on sait que la pression d'alcool existera beaucoup moins.

J'encourage donc vivement à la généralisation de l'usage du gobelet. On a le goût, mais pas la pesanteur.

On me répondra que l'alcoolique veut la pesanteur et moins le goût. Mais ce ne serait pas mal de l'encourager à utiliser le gobelet. Quand il se rendra compte qu'il n'a aucun des effets négatifs, ça lui donnera peut-être envie.

En fait le gobelet c'est comme une sorte de patch. Quand j'ai arrêté de fumer j'ai sucé des allumettes pour avoir encore la sensation de téter le cigare, Puis ça n'a plus été nécessaire.
Le gobelet pourrait - peut-être - avoir une fonction similaire. Car on conserve le côté social de la consommation d'alcool : on ne dit pas : "non, je ne bois plus", on boit, mais sans les effets secondaires.

A noter que même chez les vignerons qui me retiennent à déjeuner, je crache alors qu'eux ne crachent pas, ce qui est une erreur. Et ils ne sont pas choqués par mon usage du gobelet. Le seul cas difficile est quand il y a une Romanée Conti au domaine, Aubert de Villaine n'aime pas. C'est le seul cas.
Il y a donc une mode, qui deviendra un jour un usage, à créer.

J'espère ne pas être trop hors sujet par rapport à ce que vous discutiez.

François Audouze écrivait:

> En 2003 j'ai décidé l'usage du gobelet.

Je ne vois pas bien de quoi il s agit ?
Auriez vous une photo par hasard ?

Tu as la version simple :



Et tu as la version luxe :



Luc

Cela étant dit, c'est assez amusant d'imaginer qu'on puisse croire que l'usage du gobelet puisse être une solution pour traiter l'alcoolisme...

Luc

Le témoignage de Cole Kern est intéressant, empli de courage, de sincérité et de franchise. Il montre que la frontière entre passion et maladie est parfois ténue.
En aparté, je ne vois pas bien quelles pourraient etre les "vertues protectrices" du gobelet...

En aparté, je ne vois pas bien quelles pourraient etre les "vertues protectrices" du gobelet...

Si tu craches ton corps reçoit moins d'alcool. Non?

julien

Ok. Je comprend mieux s' il s'agit d'un crachoir! Mille excuses!

Même chose que Florian, s il s agit d un crachoir, ok !
Par contre je me vois pas boire un bon vin là dedans:S

le gobelet ne sert pas à boire mais à cracher.

Je suis d'accord avec Luc, ça paraît invraisemblable que ça soigne l'alcoolisme, mais ça a une autre vertu.

Lorsque je cherche à maigrir, je mange moins. Alors immédiatement arrivent : "t'es malade ?" ou "qu'est-ce qui t'arrive ," ou "allez, fais pas suer, reprends un peu de cassoulet".
Donc l'environnement est contre moi.

Alors que pour baisser sa consommation d'alcool, avec le gobelet, on continue à boire strictement la même quantité et personne ne vient dire : "ne crache pas". C'est donc un très bon appui de la volonté, ce que l'on n'aurait pas si on arrêtait de boire car on retrouverait les : "t'es malade ?" ou "qu'est-ce qui t'arrive ," ou "allez, fais pas suer, reprends un peu de Lynch Bages".

Je pense que c'est un bon appui pour ne pas susciter les critiques des amis qui te veulent du bien.

L'avantage aussi du gobelet, c'est qu'on ne te voit pas cracher.

Ce n'est pas faux, c'est une bonne manière de limiter sa consommation.
Au stade de l'alcoolisme par contre, je crains fort que la seule solution raisonnable soit l'abstinence complète.

Luc

François Audouze écrivait:

---

> le gobelet ne sert pas à boire mais à cracher.
>
> Je suis d'accord avec Luc, ça paraît
> invraisemblable que ça soigne l'alcoolisme, mais
> ça a une autre vertu.

Ouais, bien sûr.
On peut aussi mâcher les huîtres, le caviar, le foie gras et le reste et les recracher dans un gobelet. Rien de tel pour perdre du poids

Alors, le mieux c'est ça :



(trouvé sur twitter par @alawine)

Je salue la décision de Cole Kern.

Quand on est passionné de vins je pense qu'il faut une bonne dose de courage pour la prendre …. ou alors une sacré "trouille" pour sa santé .

Pour ma part c'est une question que je me pose constamment et je ne suis pas sûr d'avoir toujours la bonne réponse . Toute la difficulté est que j'ai en permanence 5 ou 6 bouteilles à goûter chez moi …. et que je suis seul à boire dans le quotidien !

Je distingue 2 cas :

1) Les bons vins ( c'est à dire 80% des vins que je bois ) : là pas d'hésitation j'utilise le gobelet-crachoir cher à François après avoir bu une gorgée , si bien que les bouteilles se vident assez rapidement ailleurs que dans mon organisme

2)Les grands vins : là c'est beaucoup plus difficile . D'abord parce que par définition c'est très bon voire incrachable , mais surtout je ne peux m'empêcher de penser que c'est un manque de respect pour un vin parfois rarissime ou le vigneron qui a produit un chef d'oeuvre Dans ce cas , à mon avis, il vaut mieux en laisser aux autres .

Heureusement pour moi ces vins sont rares et je conçois très bien que ça soit plus difficile pour François

Avec mes amis c'est encore différent car il n'y a pratiquement que des grands vins

Comme certains j'use du crachoir, évite de boire quand ce n'est pas bon (resto pro, repas de famille, etc.) Ce n'est pas l'idéal mais il faut bien trouver un point d'équilibre. J'ai aussi arrêter le café de merde et je ne m'en porte pas plus mal!

D'ailleurs je crois que j'ai aussi un problème avec le fromage, mais effectivement c'est plus difficile à cracher, histoire de rebondir sur Hannibal.

Marc

D'ailleurs je crois que j'ai aussi un problème avec le fromage

Depuis le temps que je te le dis ! ()

Je suis de votre niveau Président -

Marc

D'ailleurs je crois que j'ai aussi un problème avec le fromage, mais effectivement c'est plus difficile à cracher, histoire de rebondir sur Hannibal.

je suis pas un trampoline, Marc. Cela dit, pour te rebondir dessus à mon tour,; j'ai peut-être une solution à ton problème : essaye avec du babybel, de la vache qui rit ou du caprice des dieux

François Audouze écrivait:

---

> le gobelet ne sert pas à boire mais à cracher.
>
> L'avantage aussi du gobelet, c'est qu'on ne te
> voit pas cracher.

Bonjour,

je viens de lire les quelques posts précédents et ce sujet m'intrigue, car comme beaucoup d'entre vous j'imagine, je me pose la question du risque associé à ma consommation de vin. Je supporte de moins en moins bien (= je suis de plus en plus ivre) les dîners ou l'on sort 1 bouteille par personne et pourtant je me rends compte que je finis vite mes verres et suis souvent le premier à me resservir :/

J'ai récemment eu ma visite médicale au travail, et je me suis fait sacrément sermonner par le médecin quand je lui ai parlé de ma consommation. Je suis jeune (33), mais je voudrais être vigilant sur le sujet : ce serait dramatique de ne plus supporter l'alcool un jour (quand je vois le plaisir que m'apportent les grandes bouteilles et les sommes que j'y investis...).

Donc François, désolé de cette question triviale, mais pouvez vous être plus précis ? Comment ne vous voit on pas cracher ?

Merci,

Rémi

Bon après, les repas où il y a 1 ou 2 bouteilles par personne, c'est pas trop gênant si ça n'arrive qu'une fois par mois.
En revanche si c'est tous les soirs, c'est déjà plus embêtant...

julien

Avec cela on se marre bien comme à l'école dans la cantine.



Sylvain

Merci à Cole Kern pour son témoignage qui est une bonne piqûre de rappel de l'attention de nous devons tous avoir sur notre consommation.

Personnellement il m'arrive d'avoir plaisir à boire seul, mais aucun à boire tous les jours, même si accompagné. Seul, j'aime aussi parfois atteindre une certaine griserie, mais en compagnie, c'est contrôle absolu. Je pense être encore loin de la zone de danger de l'alcoolisme. Mais ce contrôle contre la griserie est encore insuffisant dans le cas où il faut reprendre la route après un bon repas (même pas fortement arrosé) : là il y a gros danger.

RemiL écrivait:
Comment ne vous voit on pas cracher ?

C'est parce que les autres boivent à l'aveugle

hannibal écrivait:

---

> je suis pas un trampoline, Marc. Cela dit, pour te
> rebondir dessus à mon tour,; j'ai peut-être une
> solution à ton problème : essaye avec du
> babybel, de la vache qui rit ou du caprice des
> dieux

Tu es aussi venu chez ma belle famille

Signé le ventre moelleux (merci les enfants!!)

Avant dans les salons, je ne recrachais jamais. Résultat, après 25-30 vins bus, le jugement est faussé et il faut 2 jours pour s'en remettre (je ne vous dis pas après 70 vins...).
Depuis je recrache systématiquement chez le vigneron (car il faut conduire après) et dans les salons.
En revanche, je n'imagine pas chez moi / au restaurant / chez des amis, recracher le vin. Soit j'en bois, soit je n'en bois pas.
En dehors de la pure dégustation ça me semble plutôt bizarre voire antisocial.