Villa d'Este Wine Symposium
Édition 2015
La Paulée du jeudi
Les anciens lecteurs s'en souviennent peut-être mais François Mauss a eu l'excellente idée de placer le premier diner du Symposium sous le principe d'une Paulée.
Chacun est en effet invité à partager à sa table une ou deux bouteilles de ses apports, excellente initiative qui mène souvent à un joyeux cauchemar pour les serveurs et maitres d'hôtel de la Villa d'Este qui voient vite les convives se lever pour incarner au mieux la faculté qu'a le vin de tisser des liens et déclencher des envies de communication.
La qualité des plats servis par le chef Michele Zambanini constitue souvent un facteur démultiplicateur au plaisir ressenti sur cette première soirée qui permet également de lancer l'évènement en brisant la glace entre les invités.
C'est peu de dire qu'encore cette année, le résultat fut à la hauteur des espérances de l'organisateur, dans les assiettes et les verres comme sur les visages où l'ambiance a vite monté vers des sommets de plaisir et de bonne humeur !
A table !
Ferghettina, Franciacorta docg, Pas Dosé 2007 Riserva 33
Robe jaune paille assez claire.
Nez sympathique, sur de jolies senteurs fruitées, sur la poire bien mûre et d'étonnantes notes d'olive verte.
La bouche est plus instable, sur une curieuse attaque sucraillonne totalement dissociée d'une acidité ferme.
La bulle un peu carrée et raide participe à un léger sentiment de sévérité.
Dommage car le nez était sympa.
Weingut Matthias Müller, Riesling Spätlese Trocken, 2011
Robe sur un léger doré.
Nez franc et agréable, sur la craie humide, le tabac blond, de fins aromes de peau de lime.
Bouche d'une immédiate gourmandise, sur une construction franche et délicate, à la belle trame acide parfaitement tenue par une matière délicate et souple.
L'aromatique en pleine phase avec son joli nez et une finale facile et terriblement désaltérante rend ce vin presque irrésistible dans sa simplicité parfaitement assumée.
Un grand petit vin, séché à la vitesse de la lumière !
Domaine des Muses, Valais, Marsanne, Réserve, 2010
Robe sur un doré léger.
Nez très puissant, opulent, sur des notes de fleurs et de fruits blancs (jasmin, pêche), de raisin frais et qui tire presque sur l'Eau de Cologne.
Bouche très, trop riche à mon goût, sur une matière rondouillarde à la sucrosité lourde qui l'empâte. L'aromatique reste généreuse, toujours sur ces notes de fruits et de fleurs blanches très riches.
Finale lourde, solaire et qui manque de nerf à mon goût.
Domaine Bonneau du Martray, Corton Charlemagne, 2002
Bouchon parfait.
Robe cristalline, à peine teintée d'un léger gris vert.
Nez discret et fin à l'ouverture sans préparation, sur de délicates notes d'amandes grillées et de très légères fleurs blanches.
La bouche est superbe de trame, toute en droiture et en matière d'une puissance parfaitement contenue par une acidité magnifique.
L'équilibre est là mais force est de reconnaitre qu'hormis cette parfaite structure, le vin se livre peu.
Mais alors que j'espérais qu'il se réveille aromatiquement (car la bouteille a été ouverte sur table et l'expérience m'a appris que les vins du domaine sont souvent meilleurs après une longue aération), le vin regouté en fin de repas a littéralement viré au muet, n'offrant plus que son toucher cristallin à l'acidité parfaitement intégré.
La finale élancée et longue confirme le potentiel de ce vin que, ce soir là, je n'ai pas réussi à comprendre et qui m'a rappelé des Chablis de Raveneau qui goutaient parfois comme de l'eau de roche.
A revoir, avec un peu de préparation et de suivi.
Domaine de la Romanée Conti, Bâtard-Montrachet, 2000
Robe sur un doré fort.
Nez riche et ample, sur les fruits jaunes enrobés de senteurs d'évolution (moka froid) et d'un joli grillé très agréable.
Bouche très puissant, à l'immédiat toucher large qui emplit le palais d'une matière glycérinée qui frise l'opulence.
L'aromatique est plus fraiche que sur
la bouteille goûtée au domaine au printemps
, avec un joli fruit riche enrobé de notes légères anisées et de fleurs blanches.
La finale est d'une très grande persistance mais reste dans un registre très large qui manque un peu de fraicheur et d'allant à mon goût.
Un vin riche !
Tortelli alla carbonara, fondant de brocoli et bacon grillé
Derrière cet intitulé d'une banalité totale qui évoquerait presque la pizzéria du coin, mama mia, quel pied !!
Les pâtes sont incroyables de goût, vraisemblablement cuites (à la perfection) dans un bouillon d'une grande concentration.
Et la crème de brocoli parfaitement relancée par le croustillant du bacon est une idée brillante pour rappeler le moelleux de la carbonara habituelle sans y adjoindre un surcroit de gras.
Brillantissime ! De la cuisine niveau *** !
Castello di Gabbiano, Chianti Classico, Riserva, 2011
Robe totalement noire.
Nez discret, mat, sur les fruits noirs, le pruneau, de fortes senteurs de chocolat noir.
La bouche est lourde et carrée, d'une grande densité qui confine à l'impénétrable.
L'ensemble est compliqué à apprécier, tabassant le palais de sa concentration, en tout cas bien trop jeune et large pour mon pauvre pdf.
La finale est marquée par des tanins fermes et une amertume vraiment rébarbative.
Pas du tout évident que cette masse se fonde à la garde.
Domaine de l'A, Côtes-de-Castillon, 2011
Magnum
Robe sombre, sur un violet bien brillant.
Nez agréable, jeune mais d'une très jolie tenue, sur les fruits noirs frais, un boisé élégant qui apporte de la complexité.
Bouche souple, à la belle texture velouté, presque crémeuse mais sans lourdeur ni masse écœurante pour autant.
Le milieu de bouche gagne du nerf et se resserre autour d'une bonne acidité et des tanins encore puissants.
Finale ferme mais franche et qui doit pouvoir trouver un très joli équilibre à la garde au vu de la qualité de la matière première.
Très beau potentiel.
Contrefilet de bœuf du Piémont, chanterelles et pommes de terre fumées
Un modèle de cuisine classique, parfait pour mettre en valeur les vins rouges !
Domaine Donatsch, Pinot Noir Malans, Unique, 2012
Robe grenat sombre.
Nez riche et généreux, sur les fruits compotés, des rouges aux noirs, des notes de sucre cuit.
Bouche un peu lourde, d'une ampleur légèrement sucrée qui manque un peu de gniac pour gagner en tonus et en allonge.
Les goûts fruités sont simples mais agréables, toujours sur les fruits des bois passés en cuisson.
La finale en revanche est simplette et trop riche pour bien s'accorder avec la délicatesse du plat.
Bien.
Weingut Bernhard Huber, Spätburgunder Bienenberg GG, 2011
Robe grenat dense, d'une jeunesse certaine.
Nez sur les fruits bien mûrs, oscillant entre les fruits rouges et noirs et un joli ensemble épicé. Ensemble assez droit mais classe.
Bouche charnue, d'un joli volume équilibré par une belle acidité qui crée un vin franc, assez septentrional dans son expression mais sans dureté ni sécheresse.
Finale salivante et encore un peu ferme mais qui doit pouvoir trouver un point d'équilibre très intéressant à la garde.
Joli vin.
A suivre.
Weingut Martin Wassmer, Schlatter Spätburgunder, 2011
Robe strictement identique au vin précédent.
Beau nez ample et classe, un peu jeune et foufou, sur les fruits rouges, un végétal un peu marqué.
Bouche tendue en attaque, sur une acidité assez ferme qui lance un volume agréable, pas très profond mais sans creux.
L'aromatique reste marquée par le végétal perçu au nez et qui masque un peu le fruit.
La finale est agréable, manquant un peu de puissance pour enrober un ensemble un peu strict, sur une acidité et une amertume assez fermes.
Pas mal mais un peu sévère.
Joseph Drouhin, Musigny Grand Cru, 2003
Robe très profonde, sur un grenat sombre presque violet et sans trace d'évolution.
Nez curieux, puissant et mat, où je ne retrouve pas le pinot, sur un ensemble très fruits noirs tirant sur le pruneau, avec un enrobage épicé très puissant.
Le vin n'étant pas goûté à l'aveugle et alors que j'attends une bouche un peu marquée des excès du millésime, le vin se révèle très carré, sans aucune tendreté ni souplesse confite, sur une acidité forte et une matière d'une très grande densité qui évite l'effet de cisaillement.
L'ensemble n'en reste pas moins serré et quelque part assez austère d'expression, sur une aromatique assez fermée, avec une pointe de volatile qui sied peu au pinot à mon goût.
Les tanins puissants mais pas secs chahutent la finale et participe à ce sentiment de vin pas en place.
A revoir.
Domaine de la Romanée Conti, Echezaux, 2010
Robe d'un beau grenat profond sans noirceur.
Superbe nez élégant et frais, sur des senteurs de petits fruits rouges, de framboise, de grenade matinées de notes épicées.
L'ensemble est aussi classe que gourmand, très précis sans rien sacrifier à une forme d'évidente puissance.
Goûté en parallèle des pinots allemands, force est de constater que la comparaison leur fait du tort.
La bouche est immédiatement gourmande, sur une attaque suave et soyeuse d'une grande délicatesse, d'une impeccable tenue grâce à un volume juteux et charnu bien vivifié par une parfaite acidité. L'aromatique fruitée participe à ce sentiment d'évidence pleine d'une grande lisibilité.
La finale aux tanins doux est longue et fraiche, créant une vraie frustration face au verre vide.
Délicieux !
Domaine Jean Louis Chave, Hermitage, 2007
Magnum
Robe sombre, sur un bordeaux violet très profond.
Nez ferme, brutal, mat et peu amène, avec presque pas de fruit, sur des notes charcutières et un léger végétal.
La bouche est froide et dure, sur une grosse acidité qui cisaille le palais et une matière carrée et rêche très inconfortable.
L'aromatique marquée par des notes d'encre de Chine participe au déplaisir d'avoir ce vin en bouche.
Brrrrr...etts ou pas bretts ?
Aussi sexy que d'embrasser Folcoche à pleine bouche.
A revoir.
Latteria Vecchio Crotto et miel au safran
Marie Thérèse Chappaz, Petite Arvine, Grain Noble, 2014
Prélevé sur la seule barrique du domaine
Robe claire, sur un doré très léger.
Très joli nez frais, à la puissance bien maitrisée, sur la poire tapée et les fruits exotiques frais, le raisin blanc, de jolies senteurs de poivre blanc.
Bouche énorme, de liqueur comme d'acidité, sur une puissance réelle qui parvient à ne jamais verser dans l'excès, par sa fraicheur aromatique comme par sa très grande tension.
L'équilibre se joue sur une tenue de bouche remarquable, puissante mais jamais collante ni empâtée.
Les goûts sont croquants, sur les fruits exotiques très mûrs et apportent un surcroit de fraicheur à cette belle structure.
La finale est massive mais pas saturante et d'une très belle persistance.
Un superbe liquoreux à la richesse très bien gérée !
Château Raymond Lafon, Sauternes, 1926
Robe acajou digne d'un PX, sur le café.
Nez riche, puissant, très limite en acidité volatile, sur des notes de vinaigre balsamique, de caramel brun, de café.
Bouche puissante, avec encore du sucre mais un peu linéaire, sur une acidité vinaigrée brutale qui, si elle tient le vin, amène un côté monolithique.
L'aromatique est marquée par de fortes notes torréfiées sans beaucoup de complexité.
Finale étirée par de jolis amers mais là encore un peu trop marquée par la volatile qui crée un effet de morsure.
En vie mais pas l'extase.
Flan au caramel, cœur de poire et glace à la réglisse
La soirée a passé vite, très vite, presque trop... si n'étaient ces dizaines d'heures de sommeil en retard à rattraper.
Il est plus que temps de rejoindre la chambre d'un pas chaloupé, cette petite démarche au tangage léger bien connu des LPViens et signe des soirées réussies... ()
Avec un plumard de la taille d'un stade de foot, les pantoufles qui vous attendent au pied du lit et les chocolats sur l'oreiller, on devrait pouvoir récupérer des légers excès de bonheurs du soir, vous croyez pas ?
C'est qu'il s'agirait pas d'arriver à la bourre ou avec les cheveux qui poussent en dedans aux premiers séminaires qui s'annoncent demain matin.
Et oui, on croit toujours que j'm'amuse ! Mais parfois, paraitrait même que je me fais plaisir...
A demain, bon pied, bon oeil !
Oliv
Crédit photos :
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