Sans hésiter, le brut réserve grand cru Ambonnay du domaine A. Beaufort,
il a été le premier à me réconcilier avec le champagne l'année passée, l'odyssée aromatique est surprenante et le prix est encore tout à fait abordable
j'ai aussi réfléchi au meilleur domaine ou vigneron de 2003 (je n'ai pas vu de rubriques qui y correspondent) et là je serai un peu plus long.
Mon domaine préféré de 2003 ? Difficile de choisir évidemment ! Ma première réaction : c'est un peu comme si je me demandais quel est mon enfant préféré. Mais bon, je suis raisonnable et je n'en suis quand même pas encore là dans ma passion évolutive. Je me suis donc livré à ce petit exercice après une longue réflexion que je vais tenté de retranscrire ici.
En débutant ma petite activité de caviste, je me doutais que j'allais rencontrer des vignerons sympas et déguster de bons vins, et j'espérais bien sûr que certains d'entre eux seraient en plus en phase avec mes opinions concernant la manière de travailler et la qualité des vins. Mais je ne m'imaginais pas rencontrer autant de personnages vrais, avec souvent, des personnalités bien tranchées. Alors en isoler un, je me répète, très difficile.
Finalement, ce que je recherche en plus de vignerons qui partagent mes idées et qui font des vins que j'aime, ce sont des hommes ou des femmes qui vont au bout de leur réflexion avec un minimum de concession et un maximum de questions. Qui n'ont pas la conviction absolue d'être dans le vrai, qui sans cesse remettent en question leur manière de travailler et d'aborder les vinifications. Je suis un partisan de l'approche bio et nature de la culture de la vigne (et de l'agriculture) et de la vinification (et de la vie). Mais dans ce domaine, j'aime aussi remettre certaines idées reçues en question. J'adore en discuter avec les avocats du diables, les rationnels objectifs et cartésiens qui me rajeunissent à chaque fois (je suis scientifique) mais qui me permettent surtout d'affiner et d'étayer progressivement mes convictions.
En outre, j'aime les gens passionnés mais qui ne se prennent pas trop la tête, ce n'est que du vin finalement, un produit alimentaire de luxe réservé à quelques privilégiés. Des passionnés, donc, mais avec un grain de folie de préférence, rafraîchissant dans notre monde centré principalement sur le fric et le business. Des vignerons qui prennent des risques, qui bousculent les idées reçues (des anarchiques ?), qui vous impressionnent par leur compétence, qui vous étonnent par leurs contradictions…si en plus il se trouve des atomes crochus ou tout au moins un bon contact, alors je suis comblé.
J'ai aussi une faiblesse pour les petits domaines, j'aime à croire que le propriétaire connaît tous ses ceps par cÅ“ur et avec cÅ“ur et qu'il accompagne ses raisins dans leur métamorphose en vin. J'aime aussi que le vin que je bois me transporte dans un endroit idyllique, le soleil, les paysages vallonnés, les sols colorés, un effet immédiat sur le stress quotidien de nos vies trop trépidantes. Que le vin est issu de cet endroit et qu'il serait différent quelques kilomètres plus loin. Le prix des vins doit aussi être abordable (critère à variation personnelle) et refleter la qualité du vin et du travail effectué.
Et les vins me direz vous ? Bien sûr, que je n'oublie pas les vins ! Comme la plupart j'imagine, j'aime les vins complexes aromatiquement, dont les parfums sont à eux seuls une invitation au voyage ou qui procurent une émotion. Si après avoir humé le vin, je redépose le verre, c'est déjà bon signe. La bouche; le corps, les tannins, l'acidité, … sont pour moi des éléments de la personnalité mais j'ai l'impression que mon appréciation dépend beaucoup de mon état personnel (physique ou d'esprit), des conditions de dégustation ou de la table, voire de la compagnie. Je ne veux pas dire que j'apprécie les vins secs, creux ou acides mais une pointe d'amertume ou des tannins un peu présents sont par exemple souvent une arme supplémentaire pour l'accord parfait des mets et des vins. La présence de sucres résiduels que je ne recherche généralement pas pourra également me convenir si j'ai besoin de douceur à l'apéritif ou en fin de repas, … C'est une des (nombreuses) raisons pour lesquelles j'ai de plus en plus une sainte horreur des classements et des cotes.
J'ai, comme certains sur ce site, un faible pour les vins moins consensuels (cela va souvent de pair avec la complexité). Rien ne m'énerve plus (je caricature) qu'un vin monolithique ou qu'un dégustateur qui repousse doctoralement un vin en proclamant un défaut d'oxydation. Je ne parle pas évidemment de vins plats complètement madérisés et passés voire trépassés, mais des oxydations ménagées (voulues ?) ou évolutives qui peuvent apporter une gamme aromatique toute différente et tout aussi passionnante (voir certains vins sans soufre, certains très vieux liquoreux dégustés à la soirée de Thierry Gobillon à Bruxelles, …) et participent ainsi à la complexité du vin et à l'odyssée aromatique. L'oxydation n'est qu'un exemple, je constate que les vins qui me plaisent le plus ont souvent une forte personnalité (comme leur géniteur ?), qu'ils ne font pas toujours l'unanimité et que l'on en débat souvent pendant les repas ou les dégustations où ils sont présentés.
En réfléchissant à ceci, mon choix s'est éclairci petit à petit et finalement le choix est devenu plus évident. C'est le domaine Casot des Mailloles d'Alain Castex et Ghislaine Magnier à Banyuls et leurs vins (soula, clôt de Taillelauque, le blanc et leur vin antique) qui répondent le mieux à tout ces éléments.
Voilà , j'espère ne pas avoir été trop trop long.
A+
Laurent M