Nous sommes 7 et sans thème. Matthias n'est pas là suite à un coup de mou. Du coup je me sens obligé de sortir le stylo malgré une flemme d'anthologie de prendre des notes.

Bulles

Vin 1.
Nez précis, pointu, sur le zeste d’agrume, biscuit petit beurre
Bouche équilibrée, fraiche voire tendue, citronnée avec une légère dureté. La bulle est abondante mais c’est peut-être parce que le vin est monté en température.
Finale digeste et élégante.
J’aime bien.
Il s’agit d’un Petit-Clergeot, Champagne Chevry cuvée fût Pinot noir 2019

Vin 2.
Nez très ouvert de zeste d’orange, de fleur blanche, iodé, végétal, fumée. Étrangement entêtant.
La bouche est fraiche, déliée, salivante, avec une bulle fine et pointue.
La finale est longue et salivante, sur cette aromatique déroutante d’orange et de fleurs qui peut lasser.
J’aime bien sa personnalité affirmée.
Il s’agit d’un Paul Gosset, Champagne Des jours et des muids
Base 2019 (50%), dominante de pinot noir, dégorgé en octobre 2022.

Vin 3.
Robe pelure d’oignon.
Nez sur les fruits rouges cuits ou séchés, des notes oxydées, et puis le côté chimique et sucré du sirop pour la toux de mon enfance dont j’ai oublié le nom. Plutôt peu engageant dans l’ensemble.
En bouche c’est une tout autre histoire, la bulle est vive, l’aromatique est sur les baies rouges séchées. Il y a une belle structure construite une matière dense, presque serrée, combinée à une belle acidité et une fine astringence. C’est sec et exigeant.
Finale remarquable de persistance.
Le nez a dû connaître des jours meilleurs, mais la bouche est impressionnante.
C’était un Charles Heidsieck, Champagne brut rosé 1996

Blancs

Vin 4.
Nez discret, léger élevage, fougère, citron confit.
La bouche est aimable, fraiche, plutôt ronde et soyeuse. La structure est délicate. Le vin prend de la densité à l’aération.
Finale de bonne persistance, laissant transparaître l’élevage.
On peut raisonnablement penser à un chablis de millésime solaire plutôt jeune, un peu élevé.
Domaine Droin, Chablis premier cru Montmains 2020

Vin 5.
La forme de la bouteille sous la chaussette crie : « Jura ! »
Nez sur la pomme boskoop, la pomme cuite, biscuit sec, physalis avec ce petit côté fermier indescriptible qui sied si bien aux blancs du Jura. C’est quand même très apple inside.
La bouche reprend cette aromatique de pomme (plutôt blette), légère noix, belle matière pleine et déliée, un peu caillouteuse.
Finale courte à la première gorgée, mais qui prend un peu de volume ensuite.
Intéressant.
Les Pieds sur Terre (Valentin Morel), Côtes du Jura Chardonnay Saint Savin 2020

Vin 6.
Nez sur la clémentine, le lys, avec une touche vanillée.
La bouche est grasse à l’attaque. L’acidité est faible, la fraicheur étant portée par de fins amers. Bon équilibre plaisant.
Domaine Buisson-Charles, Meursault VV 2014

Vin 7.
Nez beurré, très beurré, vanillé, poire, cendre, agrumes mûrs et ronce.
La bouche est riche, déliée, ouverte, avec une superbe acidité traçante, très cheninesque. Ça balance des watts.
La finale est longue, pointue et finement sablée.
Coup de cœur. C’est parfaitement à point, l’élevage domine le style mais c’est surement à cueillir comme ça.
C’est évidemment un Domaine Guiberteau, Saumur Brézé 2014

Rouges

Vin 8. (Mon apport.)
Robe rubis légère
Nez discret, ça démarre sur une sorte de grenadine mais ça se met en place sur la groseille bien mûre, la ronce, le laurier.
Bouche fraiche, digeste, avec une astringence traversante, fine mais insistante. Creux en milieu de bouche.
Finale correcte.
C’est un Marco Ferrari, Rosso di Valtellina 2019

Vin 9.
Nez avec de la fraise écrasée, des épices, un peu de vernis, je pense à une syrah sudiste.
La bouche est grasse, mais rapidement un peu creuse, austère, sur l’orange amère et les épices.
Finale un peu chaleureuse où ressort l’alcool.
C’est une Terrasse d’Élise, Hérault Pradel 2014.
Pur cinsault donc.

Vin 10.
Nez sur le poivron, la ronce, les fruits noirs. Quelle belle et délicate expression mûre de cabernet franc !
La bouche est un peu terreuse, finement tannique, fraiche. Bel équilibre entre gourmandise épicée et rusticité aimable.
Très très bien. Bourgueil plutôt que saumur ?
C’est un Domaine Grosbois, Chinon Clos du noyer 2015

Vin 11.
Nez discret, ronce, cendre, fruits noirs.
La bouche est maigre, longiligne, aux tanins secs.
C’est un Patrick et Christophe Bonnefond, Côte Rôtie Les Rochains 2010.

Vin 12.
Nez avec un beau fruité, ample et luxurieux, profond, confiture de mûre, hibiscus, touche de volatile, pointe chocolatée.
La bouche est juteuse, droite, profonde, grain de tanin hyper fin, structure voluptueuse. Digeste et lumineux. La matière est énergique.
Finale qu’on aimerait plus longue.
Coup de cœur. Superbe vin avec de la personnalité et du charme.
C’est un Prieuré Roch, vin de France gamay 2020.

Sucres

Vin 13. (mon apport)
Robe pâle
Nez qui pétrole, fruit de la passion, virevoltant, printanier.
La bouche est légère, elle se livre progressivement, sucre indétectable, digestif à ce stade du repas, l’acidulé est à tomber avec une acidité mûre et profonde, juteuse, stratosphérique. L’exotisme du fruit se livre par touches impressionnistes.
La finale, salivante, n’est pas tapageuse mais offre une bonne persistance sur ces notes exotiques.
Superbe et aérien, caressant, salin et doux à la fois.
Troisième gros plaisir de la soirée pour moi (et le fond de bouteille développera une complexité encore supérieure le lendemain).
C’était un Weingut Forstmeister Geltz Zilliken, Rausch Riesling Auslese 2009

Vin 14.
Robe dorée presque cuivrée.
Nez hyper riche, pain d’épice, abricot sec, touche de volatile qui donne de la complexité.
La bouche est huileuse, massive, sans acidité, amertume noble. Belle expression aromatique pleine de nuance, grosse matière.
Longueur +++.
On a donc terminé sur ce très joli Château La Tour Blanche, Sauternes 2005.