Horizontale croisée 2001 : Languedoc/Rhône Sud

Participants: EL (Eric), Sylv1 (Sylvain), Apoitou (Alex), Aquablue (Arnaud), Philippe6350 (Philippe), Enzo d'Aviolo (Laurent), Arboussas (Nico) et moi même.

Le but de cet exercice était de comparer, d'opposer, de faire jouter, de confronter, sur un même millésime, à savoir 2001, des vins du Rhône et des vins du Languedoc rouges
.
Merci à Nico et Laurent qui ont organisé cela de main de maitre.

Les conditions : - dégustation à l’aveugle (étonnant )
- tous les vins sont servis en carafe et par paire.
- nous goutons hors repas et chacun note ses impressions « en silence » pour ne pas influencer les perceptions des autres, après chaque paire nous commentons les vins.

A l’issu de la dégustation des 12 vins, nous ferons notre classement et par la suite, après classement, on découvrira les vins.
Ils seront regoutés par la suite lors du repas.

Dès le départ nous savons qu’il y a 6 Languedoc, 5 Rhône et 1 pirate.

Vin n°1 :

1er nez sur le cacao, cassis, olive verte avec un peu de volatile.
La bouche est d’une belle fraicheur, sur l’olive verte, le cassis avec un coté viandard. Je note un petit creux en milieu de bouche avec un effet carton mouillé. La finale est assez longue, j’ai noté « genre veau aux olives ».
J’avais mis ce vin dans le Languedoc. C’est un Minervois, Borie de Maurel Sylla 2001.

Vin n°2 :

Au nez ça pète le bois. On est sur la vanille, la noix de coco, ça me rappelle les « arbres magiques » que l’on trouve dans les voitures.
En bouche on retrouve ce coté trop boisé qui écrase ce joli jus que l’on a derrière. Dommage car du coup le vin semble asséchant et fatiguant.
Je pensais à un Pic St Loup de l’Hortus, c’est un Vin de Pays de l’Hérault, domaine de la Terrasse d’Elise, Elise 2001

Vin n°3 :

Le nez est sur le cacao, le thym.
En bouche on retrouve le coté garrigue, avec un peu d’astringence, des notes animales et une jolie finale sur les fruits compotés. Pour moi c’est excellent.
Je pensais à un Châteauneuf du Pape, à Mont Olivet. C’est en fait un Faugère de Jean-Michel Alquier, « Bastides » 2001.

Vin n°4 :

Nez sur l’ananas, la vanille, le rhum, c’est très pina colada.
En bouche tout me semble déstructuré. Je ne sais pas quoi penser de ce vin et je me demande s’il n’est pas flingué.
C’est notre pirate, un Cotes du Roussillon, Domaine de Gauby Vieilles Vignes 2001.

Vin n°5 :

Nez envoutant sur le laurier, la grenadine. C’est très « Emmanuel Reynaud » dans l’esprit.
En bouche c’est un peu fluet, avec un coté garigue, une pointe alcoolleuse. La finale est cependant très courte. C’est celui qui me semble le plus évolué de tous. Ce vin a un coefficient de torchabilité élevé. Un régal.
Je pensais bien sûr à un vin de Reynaud mais de ce que j’ai gouté chez lui en 2001, tout était quand même plus massif. Je pars donc sur un vin typé Cinsault, comme Pradel de la Terrasse d’Elise.
C’est un Châteauneuf du Pape domaine Pierre André 2001.

Vin n°6 :

Le nez est très complexe, c’est à la fois floral et épicé.
La bouche est assez puissante, sur le cacao, la cerise avec une très belle fraicheur et une superbe longueur. J’adore.
Je pars sur un Clos des Papes ou un Beaucastel. C’est en fait un Châteauneuf du pape, Clos du Caillou Reserve 2001.

Vin n°7 :

Le nez me semble complètement muet. J’agite mon verre mais il ne se passe rien, pour moi c’est fermé à double tour.
La bouche est également décevante, une grosse matière mais rien d’autre. Il ne me parlera pas plus aujourd’hui.
C’est un Pic St Loup Clos Marie « Simon » 2001.

Vin n°8:

Nez sur les épices à couscous, le bois de santal, bref un nez très oriental.
La bouche présente un gros coté animal (bretts ?), du pruneau. Le vin semble assez évolué mais conserve une belle fraicheur. Je pars sur un Rhône.
C’est effectivement un Gigondas domaine de la Bouissière « Font de Tonin » 2001.

Vin n°9 :

Le nez est très « juteux » mais piquant. Je m’oriente sur de la volatile.
La bouche me dérange énormément, avec une très grosse acidité, un coté acétone. Pour moi c’est très écœurant. Une catastrophe.
Nico, mon voisin, me fusille du regard : et je pense qu’il retient son coude pour ne pas qu’il finisse dans mes cotes …je comprendrai plus tard à la découverte de la bouteille.
C’est un vin de pays de l’Hérault Grange des Pères 2001.

Vin n°10 :

Nez sur les épices douces, la cannelle, le musc.
La bouche est sur la cerise. La longueur est plutôt sympa. Je ne trouve pas ce vin très expressif.
C’est un Cotes du Rhône, château de Fonsalette 2001.

Vin n°11 :

Nez sur le cacao, la truffe.
En bouche on a un coté salivant et lactaire à la fois, on retrouve la truffe.
C’est Languedoc Montpeyroux Domaine de l’Aiguelière « Cote Dorée » 2001.

Vin n°12 :

Nez grillé, avec des notes d’agrumes.
En bouche il y a un coté cacahuète assez dérangeant qui prend le dessus. J’ai beaucoup de mal.
C’est un Châteauneuf du Pape Domaine du Pegau 2001.

Voici mon top 3 :

- Clos du Caillou Reserve 2001
- Les Bastides d’Alquier 2001
- Pierre André 2001.

Je n’ai pas le classement général, il faudra attendre les prochains CR .

Merci à tous pour votre participation et votre gaité habituelle et ce moment de sérieux, à Nico et Laurent pour leur générosité et leur sens de l’organisation parfait.

Manu

Pour moi c’est très écœurant. Une catastrophe. Nico, mon voisin, me fusille du regard et je pense qu’il retient son coude pour ne pas qu’il finisse dans mes cotes

Je comprends pourquoi tu mets "en silence" entre guillemets

Merci Manu.

Voici le classement final de la dégustation :

Sept dégustateurs notent. 4 vins cités. Le premier prend 4 pts, le deuxième 3 pts, le troisième 2 pts et le quatrième 1 pt. La note maximale possible est de 28 pts.

1. N°6 : Clos du Caillou 19pts (cité 7 fois)
2. N°9 : Grange des Pères 16 pts (cité 5 fois)
3. N° 5 : Pierre André 13 pts (cité 5 fois)
4. N°3 : Domaine Jean-Michel Alquier 10 pts (cité 5 fois)

5. N°11 : Domaine de l’Aiguelière 3pts (cité 3 fois)
6. N° 10 : Château de Fonsalette 3 pts (cité 1 fois)
7. N° 7 : Clos Marie 2pts (cité 1 fois)
8. N°1 : Borie de Maurel 1pt (cité 1 fois)

9. N°2 : Domaine de la Terrasse d’Elise 0pt
• N°4 : Domaine Gauby 0pt
• N°8 : Domaine de la Bouïssière 0pt
• N°12 : Domaine du Pegau 0pt

Je ferai juste une remarque complémentaire. Après le repas (et un champagne et trois blancs de plus ouverts), au moment de débarrasser la table, il n’y avait que deux bouteilles totalement vides. Le champagne et… la Grange des Pères.

Enfin je dis ça, je dis rien...

Merci Manu pour ton accueil, c’était un exercice vraiment intéressant, où les avis différents furent légion mais où finalement les vins arrivés dans les premiers ont quand même plutôt fait l'unanimité ce jour là!

Pour ma part, les 12 vins goûtés le furent en semi-aveugle pour les Rhône Sud et pour la Grange des Pères (la seule que j'ai retrouvé), et en aveugle pour le reste.

Minervois Domaine Borie de Maurel « Sylla » 2001
Nez iodé, épicé, de caramel, d'anchois.
La bouche est soyeuse, de beau volume, gourmande, ample et aérienne en même temps. Longue finale sur les épices orientales. Fond de verre sur les épices et le cuir. Vraiment bonne cette entrée en matière. Très Bien. [size=x-small]Mon classement : 5ème/12, positionné en Languedoc.[/size]

Vin de Pays de l’Hérault Domaine de la terrase d’Elise « Elise » 2001
Nez fin d’épices douces, de figue, de prune, on sent beaucoup de richesse.
La bouche est chaleureuse, dense, aux tannins suaves sur des notes de cerise confites. C’est sudiste dans l’esprit mais équilibré mais si c’est très mûr. Bonne longueur finale salivante. Fond de verre sur les épices douces, la fraise. Très Bien. [size=x-small]Mon classement : 6ème/12, positionné en Rhône Sud.[/size]

Faugères Domaine Jean-Michel Alquier « Les Bastides » 2001
Nez diffus, peu ouvert au départ qui évolue ensuite sur le bois exotique, la cerise, les épices, le chocolat puis à l’aération sur les fruits noirs et une touche réglissée.
La bouche est fraiche, mentholée, gourmande, volumineuse, l’aromatique est évoluée mais le vin en pleine forme à l’élevage parfaitement intégré et aux tannins fondus. Très longue finale salivante sur les agrumes et les épices. Fond de verre joli sur les épices orientales, balsamique et l’olive. Très beau vin. Très Bien +. [size=x-small]Mon classement : 3ème/12, positionné en Languedoc[/size].

Côtes du Roussillon Domaine Gauby « Vieilles Vignes » 2001
Nez marqué par l’acetate sur des notes de dissolvant et de colle à bois qui laisse passer quelques notes de cèdre et de fruits confits.
La bouche est ronde aux tannins fins, de beau volume, c’est encore jeune avec des tannins qui serrent un peu, une belle mâche et un côté juteux. Longue finale sur les épices. Dommage que le nez gâche un peu l’ensemble car il se retrouve sur le fond de verre sur la colle et un coté VDN. Bien +. [size=x-small]Mon classement : 10ème/12, positionné en Languedoc[/size].

Chateauneuf du Pape Domaine Pierre André 2001
Robe évoluée et très claire.
Le nez développe des arômes d’anchois, d’épices douces, de noix, une touche de caramel à l’aération et sur la confiture de figue.
La bouche est riche, grasse, les tannins sont soyeux, c’est gourmand, salivant et fin dans le style. Un vin à boire maintenant avec une finale de longueur correcte qui chauffe un peu. Fond de verre sur la garrigue, les épices, la viande. C’est bon. Bien ++/Très Bien. [size=x-small]Mon classement : 7ème/12, positionné en Rhône Sud.[/size]

Chateauneuf du Pape Domaine du Clos du Caillou « Réserve » 2001
Nez épicé avec un bel élevage, balsamique, sur les agrumes (orange sanguine), le tabac et beaucoup de fraicheur à l’aération. Très beau nez.
La bouche est fraiche, le fruit croquant et c’est d’une grande douceur tannique. Un grand équilibre s’impose avec une impression de jeunesse pour un vin de 10 ans. La pointe de volatile contribue à la fraicheur d’ensemble et la gourmandise est au rendez-vous y compris dans la très longue finale épicée qui serre encore un poil. Fond de verre sur les épices et une touche animale. Superbe vin. Très Bien +/Excellent. [size=x-small]Mon classement : 1er/12, positionné en Rhône Sud.[/size]

Coteaux du Languedoc Pic Saint-Loup Domaine du Clos Marie « Simon » 2001
Nez mentholé, de fruits confits, d’épices, cela semble riche mais séveux. L’aétration évolue sur les épices douces avec une certaine profondeur.
La bouche est riche, fraiche, de beau volume sur une touche chocolatée. Bonne longueur finale salivante et balsamique. Fond de verre sur l’oignon et une volatile imposante. Bien ++/Très Bien. [size=x-small]Mon classement : 8ème/12. Incapable de le positionner.[/size]

Gigondas Domaine La Bouissière « Font de Tonin » 2001
Nez à la volatile haute, peu ouvert pourtant, une touche de cacao, de balsamique, de viande, sauvage.
La bouche est riche mais manque cruellement de relief, c’est pataud avec un fruit un peu cuit même si le volume est au rendez-vous. Tannins asséchants en finale avec une certaine sucrosité mais ça ne chauffe pas. A la découverte de l’étiquette, je penche pour un problème de bouteille sur un vin que j’ai beaucoup mieux goûté. Assez Bien +. [size=x-small]Mon classement : 11ème/12, positionné en Rhône Sud[/size]

Vin de Pays de l’Hérault Domaine de la Grange des Pères 2001
Nez profond d’épices douces et orientales, d’anchois, salin, fumé, de cerise. C’est délicat. Superbe nez.
La bouche est riche et dense avec une pointe de sucrosité, un gros volume, beaucoup de gourmandise dans un ensemble frais et aérien. Très longue finale un poil confiturée. Fond de verre sur la figue et une note d’elevage appuyée (chêne). C’est très bon. Très Bien +. [size=x-small]Mon classement : 2ème/12, positionné en Languedoc.[/size]

Côtes du Rhône Château de Fonsalette 2001
Nez d’épices, de figue, de fruits noirs, de fumé, c’est assez fin.
La bouche est ample, gourmande mai aussi un peu fatigante à cause d’une sucrosité qui confine au sucrailleux et avec une surprenante touche végétale. Bonne longueur finale épicée. Fond de verre sur l’animal et le cuir. Bien ++. [size=x-small]Mon classement : 9ème/12, positionné en Pirate [/size]

Coteaux du Languedoc Montpeyroux Domaine de L’aiguelière « Côte Dorée » 2001
Nez d’anchois, d’épices douces, une touche chocolatée, puis à l’aération de cacahuète (élevage), mentholé et sanguin. Joli nez.
La bouche est salivante, riche, de grand équilibre, juteuse. Certes l’acidité est un peu haute mais elle ne dénature pas l’aromatique et apporte de la fraicheur. Les tannins serrent encore un peu mais sont fins. Très longue finale chocolatée, balsamique et salivante. J’ai beaucoup aimé. Très Bien +. [size=x-small]Mon classement : 4ème/12, positionné en Languedoc[/size]

Chateauneuf du Pape Domaine du Pegaü « Réservée » 2001
Nez comprimé, épicé, sur les fruits noirs acidulés, puis animal. Ça manque de netteté.
Bouche chocolatée aux tannins un peu durs, à la volatile haute avec une sucrosité sensible. Longueur finale correcte toujours animale. Ça se goute mal. Déception à la vue de l’étiquette. Assez Bien. [size=x-small]Mon classement : 12ème/12, positionné en Rhône Sud[/size]

Joli dégustation qui démontre que 2001 est un très beau millésime en Languedoc

Joli dégustation qui démontre que 2001 est un très beau millésime en Languedoc

Je pense que personne n'en doutait. Et dix ans plus tard, 2011 semble lui succéder.

Et dix ans plus tard, 2011 semble lui succéder.

Attendons pour voir si on peut les comparer quand même...

Intéressant aussi de voir comment les styles s'enchevêtrent et que finalement dans les 4 premiers du classement, la répartition est équilibrée.

tout à fait, on s'est la même réflexion au résultat, pas une région n'a dominé l'autre sur ce grand millésime.

On dit « mieux vaut tard que jamais »… Après le coup de speed de la période des fêtes, j’ai enfin trouvé le temps de coucher sur papier mes notes de cette dégustation. Donc, finalement j’opte pour le « tard »

Etant à la préparation et au service des vins, ils ont tous été dégustés étiquettes découvertes pour moi. Pour rappel, les vins sont servis par paire.

Minervois : Borie de Maurel « Sylla » 2001
[size=small]Syrah vinifiée en macération carbonique. Sols argilo-calcaire. Elevage de 16 mois en fûts.[/size]
Le nez est marqué par de puissantes notes de cassis, menthol, poivre noir avec une pointe muscée. La bouche est au diapason, exubérante elle aussi, avec un gros volume, une matière crémeuse et glissante. Les tanins restent savoureux et la saveur plutôt gourmande. Longueur moyenne, sur les fruits noirs confiturés. Dans un style démonstratif assumé et plutôt réussi.

Vin de Pays de L’Hérault : Domaine de la Terrasse d’Elise « Elise » 2001
[size=small]100% Syrah sur sols argilo-calcaire. Elevage de 24 mois.[/size]
On change littéralement de registre, avec un vin dominé par des notes boisées, de cèdre, de fruits sucrés , d’alcool et d’acidité volatile. L’élevage marque également la bouche, avec une texture pommadée, grasse, huileuse mais qui ne parvient pas à masquer la sécheresse de la trame tannique. Le vin ne semble pas avoir digéré son bois. Une déception pour moi, sur cette bouteille dont j’attendais bien plus.

Faugères : Domaine Jean-Michel Alquier « Bastides » 2001
[size=small]Dominante de Syrah, complété du grenache et mourvèdre. Sols de schistes. Elevages de 18 mois en fûts avec 40% de neuf.[/size]
Nez dégagé, d’une belle complexité, avec des notes de zan, d’épices, d’olive noire, de laurier avec une pointe camphrée. La bouche, très franche dés l’attaque, est pleine et ronde, avec des tanins polissés et élégamment patinés. Jus gourmand et sapide, rehaussé par une belle fraicheur qui donne envie de se resservir. Une belle bouteille assurément.

Côtes du Roussillon : Domaine Gauby « Vieilles Vignes » 2001
[size=small]Assemblage carignan (35%), syrah (30%), grenache (25%) et carignan (10%). Sols de calcaire et de schistes. Elevage 24 mois en fûts neufs.[/size]
Le nez déroute par ses aromes végétaux, de poivre blanc, de truffe, évoluant vers l’acétate. La bouche est ciselée, presque cinglante, avec une acidité dissociée qui tend à durcir la matière et les tanins. Ce vin ne semble pas avoir trouvé son équilibre. Etonnant… un problème de bouteille ?

Chateauneuf-du-Pape : Pierre André 2001
[size=small]Dominante de grenache. Vinification en vendange entière et élevage en grands foudres de 18 mois environ.[/size]
Nez fin, élégant, délicat, tournant autour du laurier, des épices, de la cerise. Très belle douceur tactile en bouche, avec des tanins fins, déliés et d’une grande suavité. Ensemble frais, équilibré, d’une belle allonge, tout en finesse. Rémanence subtile sur des notes fruitées. On pourrait peut-être lui reprocher un manque de virilité, mais dans un style délicat et féminin il fait son effet.

Chateauneuf-du-Pape : Clos du Caillou « Réserve » 2001
[size=small]60% grenache, 20% mourvèdre et 20% syrah. Elevage en foudres et demi-muids. Eraflage partiel[/size]
Sans doute l’antithèse du précédant. Le nez est typiquement castel-papal, puissant, sur la prune, la figue, quelques notes viandées et une volatile haute. La bouche est mure, corsée, dense, avec des tanins solides, charpentés, encore très jeunes. Le grain serre encore et se marque d’une certaine rusticité. Longue finale. J’ai peut-être un peu moins aimé que mes camarades, mais cela reste un joli vin dans son style riche et puissant.

Pic Saint loup : Clos Marie « Simon » 2001
[size=small]50% grenache et 50% Syrah. Sols d’éboulis calcaire. Elevage de 18 mois en fûts.[/size]
Nez moyen, introverti, austère, sur un registre café/toasté avec une touche mentholée. L’attaque est souple, puis la bouche déploie des tanins amples, assez massifs, serrés et toujours austères. Allonge moyenne, sur de notes mentholées. L’ensemble reste frais, sans défaut ni déséquilibre, mais ennuyeux. J’ai vraiment du mal à adhérer au style « Clos Marie ».

Gigondas : Domaine de la Boussière « Font de Tonin » 2001
[size=small]Assemblage de grenache (dominante) et mourvèdre. Sols argilo-calcaire. Elevage en barriques avec fûts neufs.[/size]
Nez végétal, soupe de légume, déviant sur le nuoc-mâm. La bouche est dure, les tanins décharnés et le finale éventée. Clairement ED.

Vin de pays de l’Hérault : Grange des Pères 2001
[size=small]Assemblage de Syrah (40%), mourvèdre (40%) et cabernet Sauvignon (20%). Elevage de 24 mois en fûts.[/size]
Sincèrement, je vais m’abstenir de commenter ce vin. J’ai la chance de l’avoir tellement gouté, que je pourrai le décrire sans le boire. Je dirais, encore une fois, que cette Grange est excellentissime. A ce jour, cela reste pour moi, le meilleur millésime produit par les Vaillé. Et il continue de tenir la tête années après années. De plus, je rajouterai (toujours pour moi), qu’il s’agit du plus grand 2001 produit sur tout le bassin méditerranéen, car aucun n’autre vin ne m’a pour le moment généré la même admiration avec une telle constance. Au panthéon des grands, incontestablement.

Côtes du Rhône : Château de Fonsalette 2001
[size=small]Assemblage de grenache, cinsault, syrah. Elevage en très vieux fûts.[/size]
Il est toujours difficile de passer après une « Grange » et quel que soit son statut. Le nez est marqué par des notes florales, balsamiques, poivrées et végétales. En bouche, le vin est souple, d’un volume moyen, avec des tanins fins et assez soyeux. Mais l’ensemble reste marqué par des notes végétales et une certaine sucrosité, notamment sur le finale. Le duel ne lui a certainement pas été favorable.

Languedoc Montpeyroux : Domaine de l’Aiguelière « Cote Dorée » 2001
[size=small]Dominante syrah d’environ 60 ans. Sols argilo-calcaire. Elevage en fûts neufs de 10 mois environ.[/size]
Un nez relativement complexe mais haut en acidité volatile, avec des notes toastées, de cacao, d’épices, de fruits compotés. En bouche la matière est ample, dense, plutôt ronde mais avec une petite touche végétale que j’associe à des « bois » pas très secs. Tanins encore serrés et acidité plutôt saillante sur la finale. Quelques petits défauts émaillent ce vin sans qu’il soit vraiment désagréable à déguster.

Châteauneuf du Pape : Domaine du Pegau « Réservée » 2001
[size=small]80% grenache. Vinification en vendanges entières et élevage en vieux foudres.[/size]
Ca pue ! Réduit, relent de station d’épuration et de marée. Il faut se forcer pour mettre en bouche. Et c’est guère mieux, saveur fortement muscée, tanins décharnés et matière éventée. Pour moi, c’est brett. ED

Voici mon classement des quatre meilleurs vins et les notes associées :

1/ Domaine de la Grange des Pères : 19/20
2/ Domaine Pierre André : 18/20
3/ Domaine Jean-Michel Alquier : 16,5/20
4/ Clos du Cailloux : 15/20

Quelques réflexions supplémentaires :

- Les confirmations : Grange des Pères et Alquier, déjà dégustés plusieurs fois sur ce millésime sont clairement au niveau attendu ; deux réussites majeures dans ce millésime. Pierre André, pour la première fois dégusté sur 2001, correspond au style que j’avais déjà rencontré sur ce domaine ; un beau Châteauneuf. Les Clos Marie se suivent et se ressemblent pour moi. Une patte « Bordelaise » avec des vins éternellement austères qui ne me parlent pas. Souvenir quand même d’un très bon Simon 1999 il y a une paire d’années.

- Les bonnes surprises : Borie de Maurel et Aigueliére dans deux styles diamétralement opposés. Je ne donnais pas cher de leur peau avant la dégustation (surtout Aigueliére, pour lequel j’accumule un nombre considérable de déceptions…). Ils s’en sortent plutôt bien et c’est tant mieux pour les préjugés.

- Les mauvaises surprises : Autant les « nouveaux » Gauby ne me plaisent pas, autant, j’attendais bien mieux de ce 2001; vraisemblablement l’inflexion de style avait déjà du commencer à cette époque. Incompréhension avec la Terrasse d’Elise. Honnêtement, je lui voyais tenir tête à la Grange dans cette dégustation; a revoir. Fonsalette n’est peut-être qu’un « petit » côtes-du-rhône, mais il est de noble origine. Le choix de le servir avec la Grange (j’avais hésité avec un duel Grange/Terrasse d’Elise) n’était pas du au hasard ; il ne fut pas au niveau attendu. Bu pourtant il y a quelques jours un superbe 2000 qui pourrait faire la « nique » à bon nombre de Châteauneuf et Languedoc du même millésime. Enfin la Bouissiére, clairement un problème de bouteille car déjà bu de manière totalement différente.

J'ai quand même une interrogation...
La dégustation n'est pas une science exacte, mais comment peut-on, pour la même bouteille, trouver, soit que c'est le plus grand 2001 de tout le bassin méditérannéen, soit une catastrophe (piquant, grosse acidité, acétone, écoeurant...)?

je comprends que tu te poses la question mais les méandres des perceptions de Manu sont insondables je crois tout simplement qu'il est passé à côté de ce vin, ce qui peut arriver dans une série, ni plus ni moins...

J'ai déjà évoqué ce sujet ultérieurement mais:

Comment Manu peut-il avoir cette lecture aussi négative de la GDP ? Il y a vraiment quelque chose qui m'échappe et qui mériterait d'être affinée.
On ne parle pas ici d'amateur sans expériences et on ne parle pas non plus d'un vin moyen...Ca m'intrigue vraiment. Tout le monde a bu dans le même ordre les vins, comment peut-on "passer à côté" sans raisons valables?

seb

J'ai déjà évoqué ce sujet ultérieurement

Ça ne s'arrange pas...

Luc

Oui Laurent, je ne peux m'empêcher de m'interroger.
Est-il possible que certains dégustateurs, connaissant parfaitement le "style" GDP, reconnaissent le domaine à l'aveugle et perdent en objectivité? Toi-même, avais-tu reconnu la bouteille?
Ce qui me gêne, je l'avoue, dans le CR de Nicolas, c'est: "Je pourrais le décrire sans le boire". Et rien de plus, aucune description objective, juste "c'est le plus grand jamais fait".
Et ce qui me gêne encore plus, c'est le fait qu'un dégustateur n'ayant pas aimé un vin "mythique" soit systématiquement considéré comme étant "passé à côté du vin".
Quand Manu parle d'un vin "écoeurant", est-ce lié à cette "sucrosité" qui semble être une des caractéristiques de GDP?

Par contre, n'ayant jamais bu GDP, je ne peux pas comparer avec mon goût propre...

Apparemment, je ne suis pas le seul à me poser ces questions...

Est-il possible que certains dégustateurs, connaissant parfaitement le "style" GDP, reconnaissent le domaine à l'aveugle et perdent en objectivité? Toi-même, avais-tu reconnu la bouteille?

Oui, c'est certain, et c'est valable dans un sens comme dans l'autre.

GDP est un vin qui ne plait pas à tout le monde, j'ai déjà pu le remarquer à plusieurs reprises. Je ne comprends pas, personnellement, comment on peut manquer de goût à ce point, mais c'est comme ça...

Luc

Est-il possible que certains dégustateurs, connaissant parfaitement le "style" GDP, reconnaissent le domaine à l'aveugle et perdent en objectivité? Toi-même, avais-tu reconnu la bouteille?

je l'ai gouté en semi-aveugle et effectivement c'est le seul vin que j'ai reconnu car j'adore le style GDP. Donc je te confirme qu'en toute subjectivité, j'adore ce vin , à l'aveugle ou non.

Ce qui me gêne, je l'avoue, dans le CR de Nicolas, c'est: "Je pourrais le décrire sans le boire". Et rien de plus, aucune description objective, juste "c'est le plus grand jamais fait".

je réponds à la place de Nico car je le connais un peu et s'il a écrit cela c'est que c'est un millésime qu'il a du boire une quinzaine de fois dans toutes les circonstances donc effectivement il le connais un peu au point de pouvoir le décrire sans le boire, qu'y a-t-il de choquant à cela? et comme il est un peu fainéant, il n'a pas fait un nouveau CR.

"Et ce qui me gêne encore plus, c'est le fait qu'un dégustateur n'ayant pas aimé un vin "mythique" soit systématiquement considéré comme étant "passé à côté du vin"."

d'abord Manu a suffisamment d'humilité pour l'avouer lui-même, ce qu'il a d'ailleurs fait. En outre quand sur 8 dégustateurs 6 ont adoré, un a aimé sans plus (question de goût) et un l'a trouvé raté avec des défauts, il y a statistiquement des chances qu'il soit passé à travers, d'autant que Manu a déjà beaucoup apprécié des GDP. je suis sûr que ça t'ai arrivé, surtout à l'aveugle dans une série.

Quand Manu parle d'un vin "écoeurant", est-ce lié à cette "sucrosité" qui semble être une des caractéristiques de GDP?

je vais surement paraitre péremptoire mais pour connaitre un peu les C9P et les vins du Rhône sud, je sais ce qu'est "la sucrosité" dans un vin et jamais je n'ai trouvé une GDP avec de la sucrosité. Il m'est arrivé d'y trouver une volatile haute, une acidité ou une amertume finale un peu haute, mais jamais de sucrosité.

Par contre, n'ayant jamais bu GDP, je ne peux pas comparer avec mon goût propre...

Fred il est temps que tu essaies et tu viendras relire ce message, il te fera sourire

Bonjour Fred,

Question hautement légitime.

Je connais des gens qui détestent la truffe, à tel point qu’en manger pourrait les faire vomir. Cela n’empêche que beaucoup considère que c’est le champignon le plus fin et parfumé du monde. Je ne sais pas si cette comparaison est pertinente, mais je sais que la GDP est un vin tellement singulier que j’ai déjà croisé ce genre de situation dans des conditions similaires. J’ai vu des gens tellement gêné par l’aromatique qu’ils ne voulaient même pas gouter le vin.

Pareillement, je me considère assez tranché en terme de dégustation et peu consensuel. Je me souviens avoir déjà vidé mon verre dans le crachoir sans être passé par la case « bouche » pendant que d’autres s’extasiaient sur le leur. On pourrait demander à Laurent ici-même, de parler de quelques JFCD blancs ou d’un réserve des Célestins 2001 bu ensemble. Nos commentaires seraient à l’extrême l’un de l’autre et pourtant, je me sens bien plus proche des gouts de Laurent, que de ceux de Manu, à titre d’exemple.

Aucun vin ne fera jamais l’unanimité tant les gouts de chacun peuvent être parfois extrêmement différents, voir incompréhensible. Et c’est peut-être aussi ce qui fait le charme de cette passion. On pourrait disserter pendant des heures sur cette GDP 2001, Manu la trouvera toujours imbuvable et moi toujours aussi monstrueuse. Ainsi, si tu veux te faire ton propre avis, il ne te reste plus qu’à gouter ce vin, si tu en as l’occasion et venir nous dire ce que toi tu en as pensé.

Enfin, ça a eu au moins un avantage, il y en a eu plus pour ceux qui l’ont aimé (trop de monde d’ailleurs, à mon goût…)

Fred B. écrivait:

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> Ce qui me gêne, je l'avoue, dans le CR de Nicolas,
> c'est: "Je pourrais le décrire sans le boire". Et
> rien de plus, aucune description objective, juste
> "c'est le plus grand jamais fait".

Fred, c’est le seul vin pour lequel je n’ai rien écrit sur ma feuille de note. Parce que simplement elle correspondait parfaitement à celles que j’avais déjà croisé auparavant. J’aurai pu écrire un commentaire, personne n’y aurai rien vu. Mais je préfère dire comment je la situe aujourd’hui, dans ma hiérarchie personnelle, plutôt que d’en faire une énième longue litanie de superlatif…

Pis j’ai eu la flemme, il a raison l’Enzo…

Amusant ... en voyant le titre je me suis tout de suite demandé où allait être la GdP.

Sur l'avis de Manu: La manière de présenter les choses de Nicolas me semble bien, il y a en effet des personnes avec des goûts différents, et on peut tout à fait ne pas aimer la GdP (et heureusement, j'ai envie de dire !).
Je suppose que le message d'Enzo disant que Manu est passé à côté du vin est à prendre avec une pointe de sel, car pris littéralement cela viendrait à donner tort au dégustateur dans sa perception, ce qui me paraît difficilement concevable

O.

Nicolas, Laurent, merci de vos précisions.
Je me retrouve plus dans l'idée que certains vins plaisent à beaucoup de gens, ne plaisent pas à quelques autres... sans qu'on considère que ne pas aimer puisse être une faute de goût (mais j'ai bien compris que ce n'est pas ce que vous pensiez).
Effectivement, je referai un tour par cette rubrique lorsque ce vin aura croisé ma route... mais chez les cavistes, je le trouve fréquemment autour de 60-70 euros, parfois plus, et pour moi, c'est un peu cher pour un essai...

Je suppose que le message d'Enzo disant que Manu est passé à côté du vin est à prendre avec une pointe de sel, car pris littéralement cela viendrait à donner tort au dégustateur dans sa perception, ce qui me paraît difficilement concevable

il y a en effet une pince de sel mais aussi un peu d'elixir de vérité dans le sens où il ne décrit pas des choses qu'il n'aime pas mais des défauts: piquant, volatile, acétone, ce sont des défauts on est loin d'une question simple de goût, d'autant que je ne m'avance pas trop en disant que Manu aime la GDP qu'il a plusieurs fois gouté. En cela, voilà pourquoi je dis qu'il est passé à travers comme il en a conclu aussi lui-même après la dégustation, ce qui le rend humain comme nous tous car à qui n'est-ce pas arrivé sur une série?

La bouche me dérange énormément, avec une très grosse acidité, un coté acétone. Pour moi c’est très écœurant. Une catastrophe

Evidemment que les tous les goûts sont dans la nature, et les poissons font rarement du parapente. On ne fustige pas Manu, au contraire, on s'intéresse à son jugement pour le moins sévère d'une bouteille qui est à lire les uns et les autres, synonyme de "qualité quasi absolu en LR", un peu comme si on entendait 8 dégustateurs dire " Romanée Conti 99, extraordinaire" et un autre répondre " infâme, acide, manque d'équilibre totale"

Comment concrètement "on passe à côté" ?

On parle pas de goût mais de jugement sur l'équilibre, la qualité, l'architecture d'un vin. On peut ne pas aimer et dire " grand vin, je l'avoue". Là, Manu qui semble savoir déguster, tranche.

ou alors, enzo lui a fait manger de l'ail juste avant,par la force...

seb

tu veux pas aller polluer ailleurs bingo?

Attendez moi, j'arrive!!!!

Bon, plusieurs choses, dans le désordre:

- j'ai bu plusieurs fois la GDP, je ne fais pas de fixation sur les vins de ce domaine ni en positif, ni en négatif, peu importe le domaine, ce qui m'interresse c'est que qu'il y a dans la bouteille, et, en général, j'apprécie plutôt le contenu des flacons de ce domaine.
Juste une fois un 04 qui m'avait semblé un peu a bout de souffle (gouté avec Enzo chez un caviste). Mais ce 04 n'a pas bougé d'un yota et se goute toujours pareil.

- je n'ai absolument pas reconnu ce vin à l'aveugle. Donc influence de l'étiquette nulle.

- je ne parle absolument pas de sucrosité. C'est plutôt le coté acide qui m'a écoeuré (même perception avec un Hermitage la Chapelle 96 bu dernièrement). Ceci dit, la sucrosité me fatigue, m'écoeure aussi (dans le style vin bodybuildé), tout comme parfois un élevage trop appuyé.
Mais pas là.

- je ne parle que d'un ressenti, a un moment donné, sur une bouteille en particulier. J'ai jugé cette bouteille-là, a ce moment là. Pas plus.

- je m'autorise (grande classe), non seulement d'être passé à coté de ce flacon mais aussi d'avoir mauvais goût .

Manu

- je m'autorise (grande classe), non seulement d'être passé à coté de ce flacon mais aussi d'avoir mauvais goût winking smiley .

j'vous le dis, il est mythique Manu