Les amis, c'est la vie !
Chez Monique et Alain, lubies rondes en Lubéron, le repas !
Incroyable comme une cuisine de qualité magnifiquement proportionnée libère le corps et l'esprit et les rendent disponibles aux agapes ultérieures !
Éveillé tôt en ce beau matin paisible où la nature s'ébroue lentement, je profite de ce moment de calme et laisse mon esprit s'évader et suivre le bruit du vent dans la frondaison.
Un sentiment de plénitude m'envahit, ce doux cocon tissé par mes amis m'isole quelques instants des difficultés de la vie...
Les maîtres de maison ont laissé des consignes : pas d'enfants dans la maison avant la fin de l'après midi, ils ont de la cuisine à faire ! Les sauvageons, allez vous promener !
La petite colonie des toujours prêts du savoir vivre, pour une fois obéissante, décide de suivre la Chef Pique Assiette et l'Aspirant Minou pour une excursion dans les hauteurs du Grand Chauve régional, le Mont Ventoux !
Splendeur minérale d'une beauté à même de provoquer la sidération, paysages d'albâtre battus par un vent glacial, impression inouïe de quitter le monde biologique pour atteindre des hauteurs lunaires où la vie n'a pas de prix et peut être plus tout à fait droit de cité.
Je le dis bien haut : les types qui grimpent ça à la force de leur corps mérite notre respect ! Rien qu'en voiture, j'en avais presque pitié pour notre pauvre véhicule ahanant péniblement à chaque reprise d'épingle !
Bon, c'est pas tout ça mais nos hôtes nous attendent et il est hors de question de les faire attendre !
Passage rapide pour faire le plein à l'excellente
Fromagerie du Comtat
(très important, le fromage ! ) et nous retrouvons nos amis pour nous lancer dans un repas exceptionnel, par sa qualité, par les vins qui nous sont offerts, par son atmosphère empreinte de générosité et de plaisir d'être ensemble.
Château Fuissé - Pouilly Fuissé - Le Clos - 2004
Le nez est sur le caramel au lait et un boisé presque grossier.
Confirmation en bouche de cet élevage surdimensionné pour un vin qui semble ne pas avoir suffisamment de fonds pour absorber tant de présence boisée.
L'ensemble est grassouillet et confine à l'écœurement !
Si je vous dis que c'est le seul vin du week end que j'ai en cave... -
Domaine Vincent Dauvissat - Chablis 1er cru - Séchet - 2004
Le nez est discret, sur quelques notes de fruits blancs avec une pointe miellée au réchauffement.
La bouche est de demi corps, bien construite sur un équilibre matière grasse / acidité droite d'une grande franchise.
Le vin semble ne pas posséder une grande réserve de puissance mais en l'état, j'aime beaucoup !
Jambon persillé
Domaine des Comtes Lafon - Meursault Clos de la Barre - 2004
Superbe nez complexe et franc, sur des arômes de peaux d'agrumes et de fleurs blanches du plus bel effet !
La bouche est bien construite, d'une grande fraicheur due à une acidité parfaitement contrebalancée par une belle matière.
Un vin assurément délicieux et un accord simple et parfait sur le jambon persillé.
Domaine Étienne Sauzet - Puligny-Montrachet 1er cru Les Combettes - 2005
Le nez est nettement déviant, sur des notes puantes d'oeuf pourri.
La bouche est muette, creuse et d'une acidité rébarbative.
Une bouteille défectueuse... Damned !
Domaine Leflaive - Puligny Montrachet 1er cru - Clavoillon - 2002
Le mystère du week-end pour moi !
Le nez est quasiment muet, même laissé une heure dans un Riedel Bourgogne si profond que je connais des poissons rouges qui prépareraient bien le déménagement de leur bocal pour de si cossus appartements !
A peine quelques notes anisées me semblent émaner du verre.
La bouche est à l'avenant ! Je ne lui trouve ni déficit de corps ou d'acidité qui indiqueraient un défaut, juste une aromatique incroyablement discrète, quasi mutique !
Ce vin semble l'incarnation de "la phase de fermeture" ?
J'attends l'avis de mes comparses avec intérêt.
Saumon à l'oseille ([size=x-small]photo non contractuelle, le photographe était sûrement trop occupé à lécher son assiette )[/size]
Domaine Jean François Coche-Dury - Meursault Perrières 1er cru - 1999
A peine le temps de mettre mon nez dans le verre que la bande de sauvageons se met déjà à bramer : "on n'a pas râté le Coche !"
Quelle bande de canailles ceux-là, alors !!
Bon, la touche Coche sur le nez, c'est vrai qu'il est difficile de ne pas la renifler, ces senteurs de sésame, d'amandes grillées qui enrobent des notes de fruits jaunes et de tilleul.
Je concède que le nez est un peu monolithique en l'état mais mon Dieu, quelle bouche !
Un vrai laser, une merveille de trame et de texture ! Cette bouteille est extraordinaire de puissance magnifiquement contenue ; ce vin, c'est le Concorde au décollage !
Une esthétique fuselée qui concilie la finesse du trait avec une accélération exceptionnelle en bouche qui porte le vin dans des sphères où il a vraisemblablement peu de concurrence.
Un très grand vin, superlatif, marquant et que j'ai véritablement adoré !
Domaine des Comtes Lafon - Meursault Premier Cru - Charmes - 1990
La robe est sur le vieil or, quasi foncée.
Le nez présente des traces d'évolution, sur des notes de caramel brun et de fruits cuits.
La bouche confirme que le vin a dépassé son apogée, la bouche est un peu pataude (effet accentué par l'équilibre du Perrières), sur des notes d'oxydation assez nettes.
Le réchauffement accentue ses défauts et le plaisir sur cette bouteille est somme toute très limité.
Mais c'est pas grave, il me reste du Perrières de Coche !
***
Le Coche était grand mais c'est peu de dire que le Saumon à l'Oseille lui fut un partenaire de table digne de sa qualité !
Exceptionnel plat à la réalisation parfaite ! La cuisson du poisson est extraordinaire, fondante et suave et la crème à l'oseille est fantastiquement dosée, évitant l'écueil de la lourdeur comme celui de l'excès d'acidité !
On n'insistera jamais assez sur la grandeur de cette cuisine classique qui a fait la réputation de la haute gastronomie française.
Et ne me parlez pas de ringardise en sortant les batterie de siphons, les discours de déconstruction ou les textures gélifiées pour édentés...
Un grand moment ! A croire que nos amis ont fait un stage du côte de Roanne... ()
***
Escargots, sauce vin rouge et ratatouille maison
Domaine Confuron Cotetidot - Chambolle-Musigny - 2002
Très joli nez, d'une grande élégance par ses notes de menthe poivrée enrobant de beaux aromes de petits fruits rouges.
La bouche est très agréable, sur la cerise et toujours ce petit trait végétal qui apporte fraicheur et complexité.
La texture est stricte, tendue, avec des tanins encore saillants mais sur un bel équilibre.
Vraiment un très joli vin !
Domaine Henri Bonneau & Fils - Châteauneuf du Pape - Réserve des Célestins - 2001
Bon, là, je vais passer la plume à mon ami Laurent qui m'a soufflé par sa cohérence de goût !
Je précise que tous les vins décrits ici sont goutés en totale aveugle.
Le nez me semble totalement perclus de bretts, sur de terribles notes de gouache ou d'encre de Chine.
Difficile de juger la bouche que je trouve très viandée et presque douteuse.
Le vin reste dans mon verre...
Et là, je vois mon Lolo siroter le sien et prendre son pied à petites lampées et nous annoncer : "oh ça, c'est du grand Châteauneuf !"
Pour avoir vu nos goûts déjà se confronter lors de la verticale de Vieux Donjon, je peux affirmer que si nos palais divergent, ils restent néanmoins bien étalonnés !
Domaine de la Romanée Conti - Romanée Saint Vivant - 2001
La robe est profonde et jeune, sur un beau grenat luisant.
Ouch et ouf, ça, ça renifle fin ! Pfioooooou, quel parfum ! Je lui trouve immédiatement une petite parentée avec le Rousseau bu la veille : cette impression de belle maturité et d'élevage de grande classe.
La complexité et surtout la finesse perçues lui sont néanmoins supérieures. Les arômes sont impressionnants de puissance mais tout autant de douceur !
Mais c'est la bouche qui est une véritable claque, en filiation totale avec ce nez complexe et pourtant évident.
Le vin possède la gourmandise qu'apporte une texture d'une douceur incroyable et qui pourtant ne verse jamais dans la mollesse. Les tanins sont intégrés au corps du vin comme je ne l'ai jamais ressenti auparavant, ils apportent allonge et colonne vertébrale sans jamais tirer la couverture à eux. La maturité du vin est idéale, rien n'est en trop ou en manque...
Les arômes sont indéfinissables et m'évoquent la figue fraiche à peine cueillie de l'arbre, par sa douceur et son soyeux.
J'entends autour de la table ce commentaire qui finalement résume bien ce vin : "il y a de la poésie dans cette bouteille !"
La grandeur du vin devient encore plus évidente lorsque je regoûte le Chambolle. Il en devient dur, déséquilibré, presque acariâtre alors que je l'avais tant aimé quelques dizaines de minutes plus tôt...
Nos amis nous regardent avec tendresse et nous laissent profiter de ce très grand vin qui en aura égaré plus d'un avant de nous dévoiler l'étiquette !
Je crois que c'est le premier vin du Domaine de la Romanée Conti pour chacun d'entre nous !
Un grand nom qui confirme sa réputation, la générosité pure d'amis incroyables, une émotion intense.
Un ange passe...
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Bon, bon, bon, bon, bon...
J'ai bien essayé d'échanger par la bande mon verre de Bonneau contre une lichette de St Vivant mais je ne vous étonnerai pas en signalant que je n'ai convaincu personne.
Encore une fois, il faut mentionner la qualité, la finesse et la totale pertinence dans le choix de ce plat d'escargot à la sauce diabolique.
A ce stade, l'émotion est si forte que j'en ai presque un coup de spleen...
Mais nos amis ont prévu le Requinqoliv, l'arme fatale contre les coups de blues ! Le Prozac au lait de vache et le Lexomil en clavelin sont posés sur la table !
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Plateau de fromages
Maison Henri Maire - Arbois - Vin Jaune - 1973
Le nez est assez monolithique, sur des notes de noix, de cuir, une pointe grillée et manque un peu de puissance et de complexité.
Confirmation en bouche où un côté douceureux a tendance à affadir les perceptions et à faire perdre en vinosité.
L'accord avec le Vieux Comté fonctionne néanmoins toujours aussi bien.
Un vin honorable, sans plus.
Le gâteau de notre tronche de cake ou Fraisier du Châ
Champagne Roses de Jeanne - Blanc de Noirs - Inflorescence
Il est temps de souffler les bougies et de faire péter les bouchons, notre Mi-nous entre chez les adultes ! :)o
Le nez de ce champagne est superbe, sur des notes florales qui tirent presque sur les fruits rouges.
La bulle est fine et le vin plein, d'une maturité perceptible. La bouche est puissante et vineuse, sur un prisme qui me semble apte à couvrir un repas de l'apéritif à des accords plus gastronomiques ! J'ai beaucoup aimé.
Jolie découverte.
Quel moment merveilleux !
L'atmosphère est à la joie et au bonheur simple de partager ce que l'existence a de plus beau à nous offrir : une table magnifique, de grands vin, l'amitié, les rires...
Ma jauge émotionnelle commence à sérieusement virer au rouge...
A suivre.
Oliv
Crédit photos
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