Weingut Proidl, Senftenberger Blauer Zweigelt 2015
Une autre expérience sur quelques jours que je vous relate in extenso (je ne le ferai certainement pas tout le temps). En toute franchise, le suivi des température est assez contraignant, mais c'est instructif, en tout cas pour moi. La dégustation s'est faite sur 3 jours, sans carafage et avec un verre Zalto Universal.
Ouverture à température ambiante, soit autour de 19°C (18,9°C pour être précis)
Beaucoup de fruit, assez explosif. Ca part dans tous les sens. Epicé aussi avec un fond d'herbes aromatiques (thym). Le nez est super quoiqu'un peu "dissocié". Je veux dire par là que les arômes sont clairement distincts, comme les couleurs sur une palette par opposition à leur résultat associées sur une toile. La bouche est tendue, remarquable de jus avec ne finale fumée et une belle longueur. Mais on note une très claire note de CO2 en mis palais et autant ça ne me gêne pas sur les blancs, autant c'est extrêmement déplaisant sur les rouges. En toute finale on devine la note métallique et fermentaire typique des vins encore trop jeunes (et dont je ne suis franchement pas fan... d'aucuns trouve que ça accentue la buvabilité, je trouve au contraire que ça casse la finale et rend le vin difficile en association avec la nourriture). Le vin est vraiment de bon niveau cependant, je dirais que c'est un 80-85/100, soit vraiment très bon selon ma notation.
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Je rafraîchis la bouteille à 18°C. Le CO2 est maintenant très présent et la finale fermentaire accentuée (ce qui est assez logique, en fait, puisque plus chaud elle était masquée par l'alcool). Le constat est donc clair, à ce stade, il vaut mieux servir plus chaud (autour de 19°C) pour équilibrer le rendu.
Il reste 2/3 de bouteille (soit un épaulage digne de ce nom
) et je reserve le vin au frigo pour le lendemain, non sans l'avoir consciencieusement shaké pour éliminer le gaz.
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H+20h, je goûte le vin à 15,3°C soit après l'avoir sorti à peine 30min et versé dans le verre. La remontée en température est donc vraiment rapide une fois versé.
Le nez est clairement plus posé, intégré. On est plus sur cerise et une touche fumée. La bouche est ronde, soyeuse et en place. La finale fermentaire est toujours notable. Plus aucun CO2. Il me semble clair que ce vin demandera au minimum 6 à 12 mois pour être vraiment en place.
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Je laisse remonter quelques minutes en température et je le regoûte à 16,4°C.
On a nettement gagné sur tous les plans. Plus d'harmonie, plus d'équilibre et dispartition quasi total du fermentaire. Toutefois, par rapport à l'ouverture, on ne peut que trouver une légère perte de complexité. Donc en l'état, le vin était un peu supérieur juste à l'ouverture, vers 19°...
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Encore 5 minutes, on est à 17,3°C
L'alcool se fait plus sensible
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Quelques minutes plus tard à 18°C
Même légère différence. Entre 16,4 et 18°, on ne peut pas dire que la face du monde soit changé mais s'il faut choisir un moment idéal, c'est à 16,4. La conclusion sur ce stade c'est que le vin gagne à ne pas être trop frais (<16°) mais est globalement stable et meilleur entre 16 et 19°.
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Phase finale, h+26h mais donc sur le dernier 1/3 de bouteille.
Je vérifie la température à 16°C.
Le vin est parfait en terme d'équilibre et de rendu aromatique. Beaucoup de fruit, longueur excellente quoique moyenne en terme de durée. On est à l'idéal de dégustation. Grande buvabilité. Confirme le potentiel du vin.
Le changement de température vers le haut ne dégrade pas le vin, quoiqu'on note un raffermissement de la finale (alcool plus notable) en toute fin, quand on se rapproche de 19°C.
A noter qu'il reste quelques centilitres en bouteille pour une ultime verification dans quelques heures.
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La conclusion de ce suivi un peu excessif est que :
le vin est à son meilleur après 24h mais en étant réouvert vers 20h... la conclusion est qu'il aurait fallu l'ouvrir la veille, épauler et le décanter juste avant dégustation, en le servant après un passage rapide au frigo (30-45min environ). Et il était assez nettement moins plaisant après 20h sans autre forme de manipulation...
La température est importante mais moins critique que l'ouverture et la quantité de CO2 (la présence de ce dernier appellant logiquement une température de dégustation plus élevée). Idéalement sur cette bouteille, il fallait se trouver entre 16 et 18°C (par rapport à la pièce qui était relativement fraîche). En fait, la température de service est importante dans le sens où elle va influer sur la vitesse de remontée en température. Id est, si vous servez à 14° dans un environnement chaud (été par exemple), vous allez en fait déguster votre vin entre 16 et 18° car le simple fait de le verser dans un verre et un air chaud implique une remontée immédiate et plus rapide. Dans mon cas, la pièce étant fraîche, servir à 16° suffit à garantir une dégustation entre 16 et 18°, qui est clairement l'optimum.
Ce que je veux dire, c'est que servir à 14° ne veut pas dire que vous allez boire à 14° car vous gagnez immédiatement 1 à 2° par le simple fait de verser le vin. Ca paraît évident et ça ne change peut-être pas grand chose à ma pratique mais ça clarifie certaines questions que je me posais...
J'espère que tout ceci aura un intérêt pour vous. Si ça n'est pas le cas, n'hésitez pas à me le signaler, que je fasse dans la synthèse pour la prochaine
EDIT : ce Zweigelt est l'entrée de gamme de Proidl, a priori mis en bouteille depuis environ 12 mois (puisqu'on vient de passer sur 2016). 2015 étant un excellent millésime. Le vin sort à 5,8€ au domaine.