Je suis absolument ravi de cette façon de raconter avec simplicité et enthousiasme son premier Yquem.
Et cela montre bien que le plaisir ne dépend pas du rationnel.
Freemanu n'est apparemment pas un buveur d'étiquettes au sens où on l'entend généralement, mais il s'est fait un plaisir fou en buvant un vin considéré comme un mythe pour des tas de raisons, bonnes ou mauvaises, on ne cherche pas à savoir.
Ce serait à rapprocher d'un sujet lancé par Jérôme Pérez dans "A propos de..".
Jérôme indique que des tas de vignerons dans des régions autres que le sauternes ont fait des progrès considérables et produisent des vins de grande qualité.
Tant mieux.
Jérôme dit qu'ils n'ont pas la reconnaissance qu'ils mériteraient. C'est grâce à des supports comme LPV qu'ils l'obtiendront.
Mais il y a aussi les vins de rêve, comme Yquem. Et dans le plaisir de Freemanu, il y a le fait d'avoir accédé enfin à un vin de rêve.
Et s'il a eu ce plaisir avec ce symbole, se composant sa part de rêve, tant mieux.
Beaucoup de gens veulent avoir du plaisir avec du vin en lui donnant une notation considérée comme objective : est-ce que Cheval Blanc 1982 vaut 19,5 ou 20 ?
Si Yquem 1998 vaut 16,25/20 combien vaut Tirecul la Gravière, c'est une question qui taraude certains.
Et il y en a d'autres comme Freemanu qui veulent vivre un rêve.
Il l'a partagé avec nous et il mérite un grand bravo.
Car il faut qu'à côté des plaisirs codifiés et hiérarchisés, il y ait aussi des plaisirs où l'on a complètement quitté le rationnel.

Brassens chantait : "elle est la dernière que l'on oubliera, la première fille qu'on a prise dans ses bras". Je suis prêt à parier que Freemanu se souviendra de ce vin toute sa vie.

Je suis tout à fait en phase avec ce qu'a dit Jérôme, le problème est :

Est ce que l'amateur, lambda, fera l'effort d'essayer de déguster ces autres vins!

Je n'en suis pas certains, il est plus confortable de se raccrocher à la hiérarchie en cours.

Puisque Freemanu se lance dans la découverte du monde des liquoreux, je suis prêt à tenter une expérience.
Restons sur le même millésime (assez catastrophique en Anjou), je lui propose de déguster la cuvée, "Le 20" de P Delesvaux.
Si il passe dans la région ou si je passe près de chez lui, on essaiera d'organiser cette dégustation.

Une chose est certaine, la part de rêve sera réduite à sa plus simple expression, le fait de déguster une bouteille produite en un petit nombre d'exemplaires.

"Le 20" de P Delesvau? j'en prends note immédiatement. Inconnu sur google apparement. Qu'est ce?
Pour la dégustation, pas de problème je suis dans les Bouches du Rhône. Je serai d'ailleurs ravi de te faire découvrir quelques domaines du Rhône Sud que j'apprécie beaucoup, beaucoup moins médiatisés que les CDP ou Gigondas. Je pense par exemple au Domaine de Cascavel (Ventoux) dont j'adore le Blanc (Chardonnay) et la cuvée Les Amidyves en rouge.

Pour revenir à Yquem, je me suis fais c'est vrai un très grand plaisir. Il était d'ailleurs tellement grand, qu'à aucun moment, pour revenir sur les propos ou les points de vue précedents, nous n'avons pensé ni même fait allusion au prix de la bouteille.

16.25/20 pour Yquem 1998? Franchement, peut importe pour moi...rien que pour le moment que l'on a vécu ce soir là avec les 3 autres personnes présentes, je lui mets 20/20.
Comme le dit François, pour nous 4 présents ce soir là, le souvenir restera indélibile.

Manu

Freemanu, pas besoin de google, juste une petite recherche sur LPV.

Philippe Delesvaux, Coteaux du Layon, "Le 20", 1998:
Apporté par Cécile et Laurent pour accompagner la fin de repas.
Cuvée commémorant 20 années de viticulture, récoltée gain par grain,100% botrytisée, fermentée et élevée en barriques pendant 18 mois.
Voilà les informations de la contre étiquette.

La robe est vieil or, ambrée.
Un nez volubile sur des notes terpéniques mais aussi de mandarine, d'ananas, de coing.
En bouche, l'entame est puissante, laissant ensuite se développer un corps ample et très long. La finale est rehaussée par une belle acidité qui équilibre un ensemble riche et aromatique.
Un vrai nectar !

Olivier Mottard

Laurent,
Il faut des deux.
Et ce que je voulais dire, c'est que ce n'est pas incompatible.

J'adore les Loupiac, Cadillac, Sainte Croix du Mont, Monbazillac, Cérons, Langoiran et autres liquoreux qui jouxtent le sauternais (pour ne prendre que ceux-là), et je les aime pour eux-mêmes, sans avoir le moindre besoin de les opposer aux sauternes.

A un dîner, il y avait un Riesling SGN Hugel 1915 et Yquem 1937. Le Riesling m'est apparu dix fois plus savoureux que l'Yquem, ce soir là. Et pourtant, 37, c'est du gros calibre à Yquem. Dont acte pour cet essai. Mais je ne me sens pas obligé de devenir le héraut du Riesling alsacien. Ni obligé d'abandonner Yquem. A chaque moment ses plaisirs. Et si j'ai goûté un bon Riesling, j'en achéterai plus, sans pour autant me mettre à dire qu'Yquem c'est fini. Car ce n'est pas fini.

Je crois qu'il faut que nous échangions sur les belles découvertes de vins bien faits depuis que des vignerons se sont dévoués au progrès de leur vin. C'est l'objet de LPV. Et on peut le faire sans obligation de dégommer les autres vins.

Manu,
J'ai mis 16,25/20 comme j'aurais mis 13 ou 19. C'était un exemple relatif aux notations, que je ne pratique pas.

François, personne n'a dégommé Yquem, seulement en tant qu'amateur, on se questionne.
Pourquoi tant de crédits rien que pour lui?

Si l'on reprend l'histoire, dans les années 30 où les vins du Layon étaient à la mode, on payait un Quarts de Chaume presque le même prix qu'un Yquem. Aujourd'hui, où en est on rendu à 1 pour 20.......d'ailleurs, je ne connais même pas le prix de ce vin.

Yquem, c'est quand même 103 hectares, pour une production moyenne de 100 000 bouteilles (selon le guide vert). A vérifier....

Laurent,

Peut-être que rien que le fait de dire qu'on peut trouver aussi bien (voire mieux) pour moins cher ailleurs c'est du dégommage. Moi je dirais plutôt que c'est du gommage d'a priori...

Luc

---

> nous avions ouvert Pavie 94, qui lui était
> fortement bouchonné...inadmissible pour un domaine
> de cette envergure...
>

si cela peut vous consoler, vous n'avez pas raté grand chose. Ce Pavie 94 ne vaut pas tripette (même si c'est une bouteille mythique sur LPV:))

Yves Zermatten

excellent engrais au demeurant !

François Audouze écrivait:

---

> Laurent,
> Il faut des deux.
> Et ce que je voulais dire, c'est que ce n'est pas
> incompatible.
>
> J'adore les Loupiac, Cadillac, Sainte Croix du
> Mont, Monbazillac, Cérons, Langoiran et autres
> liquoreux qui jouxtent le sauternais (pour ne
> prendre que ceux-là), et je les aime pour
> eux-mêmes, sans avoir le moindre besoin de les
> opposer aux sauternes.
>
> A un dîner, il y avait un Riesling SGN Hugel 1915
> et Yquem 1937. Le Riesling m'est apparu dix fois
> plus savoureux que l'Yquem, ce soir là. Et
> pourtant, 37, c'est du gros calibre à Yquem. Dont
> acte pour cet essai. Mais je ne me sens pas obligé
> de devenir le héraut du Riesling alsacien. Ni
> obligé d'abandonner Yquem. A chaque moment ses
> plaisirs. Et si j'ai goûté un bon Riesling, j'en
> achéterai plus, sans pour autant me mettre à dire
> qu'Yquem c'est fini. Car ce n'est pas fini.
>
> Je crois qu'il faut que nous échangions sur les
> belles découvertes de vins bien faits depuis que
> des vignerons se sont dévoués au progrès de leur
> vin. C'est l'objet de LPV. Et on peut le faire
> sans obligation de dégommer les autres vins.

François,

quand j'écris que beaucoup de Sauternes vivent sur leur réputation acquise (ou quelque chose qui signifie cela), je ne pense pas à Yquem, surtout pas à Yquem.
Vous avez sans doute remarqué aussi que je n'ai cité personne, c'est une volonté. Chacun est libre de mettre des exemples sur ces concepts. Nous en avons tous. Ce qui est curieux enfin, c'est que ce sujet posté dans "à propos" trouve des échos ici alors qu'il en trouve peu dans sa rubrique. Fait-il peur ?

'L'alcool est fondu ' J'avais jamais entendu cette expression. Finalement, on peut se demander ce qui se fond dans quoi dans un vin.

Oui bon enfin, j'essaie d'expliquer au mieux. Désolé je ne suis pas un pro.
Ce que j'ai voulu dire c'est que j'avais aucunement été dérangé, ni même ressenti l'alcool.

Il n'est pas question de pro ou pas pro.
Je m'interroge juste sur une expression qui peut justement avoir du sens et que je n'ai pas l'habitude d'entendre.

Jmm

ok Jmm.

Luc,
Sur tes propos, il y aurait toute une gamme de réflexions à faire.
Car exprimé comme tu le dis, c'est très logique.
Mais qui a l'a priori ?
Je vois autant d'a priori dans :

a) : c'est cher, donc c'est forcément bon

que dans :

b) : c'est cher donc il y a forcément un vin meilleur pour moins cher qui rend absurde d'acheter ce vin là.

Je suis personnellement plutôt de ce camp :

c) je bois le cher et le pas cher. Le cher est généralement bon. Mais si un moins cher est très bon, tant mieux pour lui, buvons les deux, ou abandonnons celui qui serait devenu mauvais, s'il est mauvais.

Le fait que je n'aie pas besoin de dégommer le vin cher au nom d'une morale à la Jeanne d'Arc ne veut pas dire que je serais aveugle quant aux qualités réelles d'un vin. C'est tout simplement que je n'ai aucun devoir de moralisation du marché du vin. Je vais là où j'ai envie d'aller sans me sentir obligé de choisir un camp.

François,

c'est cher donc il y a forcément un vin meilleur pour moins cher qui rend absurde d'acheter ce vin là.

Je n'ai pas dit cela...
Il n'y a pas forcément toujours meilleur pour moins cher, sinon ce serait un raisonnement sans fin, qu'on pourrait appliquer à tous les vins, même ceux à moins de cinq euros.
Par contre, j'ai cessé de croire que parce que c'était très cher, c'était forcément très bon.

je bois le cher et le pas cher. Le cher est généralement bon. Mais si un moins cher est très bon, tant mieux pour lui, buvons les deux, ou abandonnons celui qui serait devenu mauvais, s'il est mauvais.

C'est parce que tu tiens le raisonnement de quelqu'un qui n'est pas limité financièrement dans ses achats.
La plupart des gens doivent faire des choix et le plus logique me semble de se baser sur le rapport qualité-prix.
Alors oui, bien évidemment, Yquem est un grand vin (même si j'en ai déjà bu de moyens), mais j'ai déjà eu plus de plaisir et d'émotion, en restant dans l'excellence, avec des vins moins chers (mais chers tout de même, il ne faut pas croire que j'ai trouvé mieux à moins de 10 €).
Comme mes moyens financiers ont leur limite, je fais des choix et je préfère, sauf occasion intéressante, acheter autre chose q'Yquem.

Luc

Luc,
Ce que tu dis est vrai.
Le danger qui existe en permanence est le suivant :

on commence par dire : "pour le prix, il est meilleur, en rapport qualité prix"

puis on oublie tout ça, et on dit "il est meilleur".
Cette tentation est compréhensible, mais elle existe de façon insistante.
On commence par dire : "j'ai mieux pour mon budget", et ça devient : "ce vin n'a aucun intérêt" ou "je ne comprends pas qu'on le boive".

Ce propos ne te vise en aucun cas, car tu as de la mesure. Mais c'est un propos que l'on trouve souvent. Il y a beaucoup de messages qui commencent par : "j'ai trouvé un vin à 8€ qui est immense", et ça finit par : "je ne comprends pas qu'on achète des vins à 40€ sans intérêt".

Indépendamment du budget - qui joue objectivement un rôle - il y a des amateurs qui ont besoin de juger, jauger, et déboulonner.

Comme je l'ai dit plus haut, quand on a dégusté notre 1er Yquem, nous avons fait completement abstraction du prix...pas une fois on en a parlé, pas une fois on y a pensé...on a juste apprécié completement ce moment.