En l'occurence, Luc, il y a un tout petit détail, c'est qu'ils ont dépensé zéro pour boire Yquem.

Ceci étant, je plains vraiment ceux qui boivent le vin avec le couteau entre les dents pour pourfendre le vin qu'il faut absolument dégommer.

Si j'écoute du Beethoven par Karajan en pensant à chaque seconde à ce que Fürtwangler aurait fait, c'est peut-être bien. Mais se laisser aller au charme de Beethoven en ne pensant qu'à la musique de Beethoven, ce n'est pas mal non plus.

Si on boit Yquem avec un tiroir caisse dans le cerveau pour passer en revue tous les vins qui feraient aussi bien pour moins cher, on passe à côté du plaisir de boire Yquem.

ça ne vous arrive jamais de boire un vin en disant : "ah, c'est bon", sans avoir le barème du caviste devant les yeux pour pointer le vin moins cher qui en donne pour son argent ?

Si, parce qu'on a dépensé 200 € pour un vin, la machine à critiquer se met en marche pour absolument trouver des défauts, est-ce de l'hédonisme ?

Je ne prône pas l'amour aveugle, mais un peu de décontraction, ça ne serait pas si mal.

C'est amusant, mais quand je bois un vin, j'ai plutôt tendance à chercher ce qu'il a de bien plutôt que de lui chercher les poux dans la tête. Mais, à chacun son plaisir.

Il y a 15-20 ans, mon premier YQUEM a été le 1977.

Je débutais dans la connaissance du vin, j'ai trouvé le vin superbe, j'ai pris beaucoup de plaisir à le boire, j'en garde un excellent souvenir.

Depuis, j'ai dégusté ou bu un grand nombre de (très) bonnes bouteilles, je connais un peu mieux le vin, et je me dis que mon avis avais probablement été (très) influencé par l'étiquette et que je n'avais pas vu le millésime.

Et pourtant, j'ai encore en mémoire un nez.........

En l'occurence, Luc, il y a un tout petit détail, c'est qu'ils ont dépensé zéro pour boire Yquem.

C'est certain que quand on m'invite je suis moins exigeant.

Ceci étant, je plains vraiment ceux qui boivent le vin avec le couteau entre les dents pour pourfendre le vin qu'il faut absolument dégommer.

Ce n'est pas du tout comme cela que je vois les choses.
Penses-tu vraiment que si je dépense 200 € pour une bouteille j'ai envie qu'elle soit mauvaise ?
Je ne souhaite évidemment qu'une chose, c'est qu'elle soit à la hauteur de mes attentes (forcément très élevées).
Si ce n'est pas le cas, je suis féroce, beaucoup plus que pour une bouteille à 10 €.

Si, parce qu'on a dépensé 200 € pour un vin, la machine à critiquer se met en marche pour absolument trouver des défauts, est-ce de l'hédonisme ?

Certainement pas, mais se voiler la face devant un vin indigne de son prix pour éviter de se donner mauvaise conscience d'avoir gaspillé autant d'argent, est-ce mieux ?

Yquem m'a donné parmi mes plus belles émotions (en particulier mon premier, un 1989 bu très jeune alors que je débutais mon apprentissage du vin), mais il m'a aussi procuré de vives déceptions (quelques bouteilles franchement pas terribles lors d'une verticale).

Luc

François, ne t'inquietes pas je goute Yquem pour le boire...je pense que même au moment ou je sortirai le tire bouchon je serai déjà dans un autre monde...

Bonne chance freemanu, et fais toi plaisir.

Nous sortons la du cadre de la pure degustation, ou le but premier est d'analyser le vin que nous avons devant soi et d'en donner un avis aussi objectif que possible, positif comme negatif. Boire son premier Yquem est surement un grand moment pour tout amateur qui veut marquer le moment d'une pierre blanche, mais il faut comprendre que ceci n'est plus de la degustation et que l'avis qui en sera donne par la suite ne pourra pas vraiment servir de valeur indicative pour tout autre passionne.

C'est vrai.
Il ne faudrait donc jamais raconter un vin que l'on boit pour la première fois, car on n'a pas de repère.

Est-ce que l'on peut autoriser malgré tout freemanu à raconter ce qu'il aura bu, en lui demandant simplement de commencer par cette phrase : "attention, ceci n'est pas une vraie dégustation" ?

Non Francois, tu peux parler d'un vin pour la 1e fois sans avoir de repere car la degustation n'est pas que comparaison. Dans le cas ci-dessus, le prestige prendra le dessus ...

J'ai commandé Yquem 98...des conseils pour le boire dans des conditions optimales?
pour ce qui est de "attention, ceci n'est pas une vraie dégustation", effectivement, je ne chercherai aucunement à "decortiquer" et analyser...juste profiter du plaisir et de la convivialité de le partager...

Je te conseille de le déguster en quatre temps.

1er temps : seul (c'est à dire sans nourriture), doucement, pour prendre conscience du gras de ce vin, en fermant les yeux.

2ème temps : sur une viande blanche, type poulet, cuit de façon neutre pour que tu n'aies que la chair blanche. Tu vas comprendre comment le vin s'adapte à un mets.

3ème temps : sur une pâte persillée douce, de type Stilton (évite le Roquefort trop vert). Tu mâches bien le fromage et tu vas voir comment Yquem réagit. C'est assez spectaculaire.

4ème temps : sur des mangues fraîches toutes simples, en lamelles fines. Si tu peux, tu les fais juste poêler.

Et tu finiras en revenant au 1er temps : l'Yquem tout seul, pour te souvenir de sa flexibilité et de son goût unique.

Réserve donc de petites quantités à chaque expérience, afin de les faire toutes.
Bois de l'eau si besoin, mais aucun autre vin ni avant ni après pour que l'expérience soit parfaite.

Fais toi plaisir.

Merci François pour tes précieux conseils.

Conseil du "cuisinier": si ton marchand de fruits et légumes n'a pas de mangue cuellie MURE et expédiée par avion, prends plutôt les mangues surgelées de Picard: de pures merveilles que ce soit au goût ou au toucher soyeux.

La dégustation du premier Yquem est toujours un moment particulier, je le jurerais.

Se laisser porter par la magie de l’étiquette quel que soit le millésime, quelles que soient les circonstances.

En profiter, en profiter de toutes les manières possibles pour soi-même et avec d’autres, sincères. C'est la seule règle qui compte.

Loup.

En ce qui concerne l'oxygenation, la température de service et le type de verre, qu'est ce que vous me conseillez pour ce 98?
Je pensais l'ouvrir 4h avant, sans decanter, oxygénation lente. Pour les verres, est-ce que les Mikasa open up feront l'affaire?

La dégustation du premier Yquem est toujours un moment particulier, je le jurerais.

Bof! mon premier est celui que j'ai le moins aimé, c'était un 1928 dont la couleur plus qu'orangée: marronasse, n'augurait rien de bon (au début des années 80).

Une bonne façon de s'initier, la demi-bouteille (37,5) de 2002 est à 80€ dans des FAV (Géant, entre autres).

Les open up me paraissent un peu trop grands et trop violents en aération pour le vin. Si tu as des experts, ça me paraît mieux. Poour les puristes, il existe des vins "spécial liquoreux"

Personnellement, il me semble que tant qu'à casser sa tirelire pour découvrir un mythe, il vaut mieux se lancer dans un grand millésime !!

Hervé a entièrement raison! à mes débuts d'amateurs de vin j'ai dégusté qqs millésimes parmi les plus minables de La Mission Haut-Brion, j'aurais bien mieux fait d'acheter de suite un 89!

Ca y est, il la bouteille est en ma possession....reste a attendre que le moment opportun se présente pour déguster....

Pour moi gaspiller l'argent, ce n'est pas de dépenser beaucoup, c'est de le donner à des voleurs.

Yquem, on sait que c'est un vin fait très sérieusement. Il y a la spéculation certes... mais je ne crois pas qu'il y ait volonté d'escroquerie de la part du domaine, puisqu'en gros, ils essayent de faire le meilleur en y mettant de gros moyens, avec un succès que chacun jugera plus ou moins bon.

Je n'ai pas la monomanie des économies, et je ne suis pas choqué si pour essayer certaines bonnes choses il faut payer très cher.
Mais je salue tout de même régulièrement sur LPV les vignerons qui font du très bon pour un prix raisonnable. Sans eux je ne pourrais pas boire du vin tous les jours.

Il me semble qu'il ne doit pas y avoir de tabou sur les prix, entre Luc et François, je pense qu'il faut garder de Luc la spontanéité à dire ce qu'il pense du prix (dans notre cas : "Yquem c'est souvent trop cher pour ce que c'est") et de François il faut garder l'analyse du vin sans tenir compte du prix. Je trouve en effet injuste de rédiger le CR en pensant au prix. Il faut dire d'abord que le vin est bon (ses qualités, ses défauts), et pour terminer remarquer que malgré ses qualités, on peut le trouver trop cher. Descendre un vin à cause de son prix et de son prestige, c'est un manque d'objectivité. Oublier de préciser qu'il est peut-être surcôté, c'est priver les lecteurs d'un avis intéressant pour eux.

L'argent ne doit pas être un sujet tabou, mais il ne doit pas non plus diriger toutes nos pensées.

Bon moi qui n'aime pas qu'on me fasse la morale me voilà à ratiociner. Je voulais juste dire que Luc et François ont raison tous les deux

Il n'y avait pas grand chose à dire sur les tarifs d'Yquem lorsqu'il était - pendant des années - entre 100 et 120€. Par rapport aux rendements, au travail effectué, etc... ca se tenait.

Maintenant, les derniers millésimes sont entre 300 et 500€. Mis à part l'appât d gain,et l'envie de LVMH de rentrer rapidement dans ses frais, il n'y a rien qui justifie cette hausse brutale (en tout cas, ce n'est pas lié à un travail plus "chiadé" à la production). On peut certainement dire qu'il suit l'évolution de ses "frères" en rouge et qu'il est désormais positionné dans le créneau "produit de luxe": à 120€ la bouteille, c'est vrai que ça fait pas très sérieux; ce n'est que le prix d'un 2ème GCC, alors qu'Yquem est un 1er, voire un super 1er. Il est à craindre que cette hausse soit loin d'être finie

En l'occurence, freemanu avait envie de s'offrir une Yquem.
Il l'a fait.
Maintenant, à lui d'en profiter.

Dans le monde économique dans lequel nous vivons, chaque entreprise cherche à valoriser au plus haut possible les produits qu'elle vend. La coupe de cheveux dans mon village du Sud vaut cinq fois moins cher que la même coupe chez un coiffeur du 8ème arrondissement de Paris. Et si le coiffeur de village veut aligner son prix, il perdra tous ses clients.
En chiffrant l'Yquem 2001 à un prix très élevé, Pierre Lurton ne fait que la même chose que Steve Jobs qui a commencé à facturer l'iPhone très cher. Et si ses ventes ne sont pas dans son budget, il baisse le prix de 200 $.
Si Yquem n'arrive plus à vendre, ils baisseront les prix.

Je suis comme chacun chagriné de voir des prix qui sont dissuasifs. C'est un mouvement qui ne touche pas qu'Yquem, mais tous les grands vins. Regardez les prix de Palmer, Lynch-Bages, Ausone, en pensant à ce qu'ils étaient avant l'euro. On est dans une spirale incontrôlée.

Pour compléter ce que dit Bébert, ma théorie est que l'on pense au prix quand on achète ou quand on sélectionne les vins que l'on veut acheter. Une fois qu'on a acheté, si on ouvre, le vin est bon ou pas bon. Il ne devient pas meilleur parce qu'il n'est pas cher.
On peut se féliciter de son bon achat, mais un vin ne deviendra pas meilleur qu'un autre parce qu'il est moins cher.

freemanu doit ressentir une excitation qui est la même que celle du voyageur qui décide d'aller visiter les pyramides d'Egypte. Il y va avec des yeux déjà conquis, et il a envie d'en profiter au maximum. C'est ce que je souhaite à freemanu.

Bien entendu Eric, je n'applaudirai pas ce genre d'augmentation spéculative.
Dans un contexte où on valorise à ce point l'argent, qui serait capable de résister à essayer d'en gagner le plus possible avec ce qu'il fait?
Même ceux qui ne sont pas vénaux, sauront-ils résister au plaisir du prestige qu'il y a à faire un produit cher?

Les hommes qui arrivent à résister à la séduction de ces deux principes sont rares, dans le monde du vin comme ailleurs, d'ailleurs, en général, au lieu de les louer, la populace les raille ; préférant encenser et vénérer les plus concupiscents.

Dans un tel contexte, on peut difficilement s'étonner du cas Yquem.

A quoi dois-je m'attendre pour le 98? De la puissance? de la finesse? des notes d'agrumes?

A de la puissance et du volume, à une matière soyeuse et un gras exquis, à une grande intensité aromatique sur des notes d'abricots rôtis et d'orange confite. Une belle longueur ... et de la fraîcheur. Un très beau vin, quoi.

freemanu,
N'aie aucune idée préconçue. Tu n'as pas de référentiel sur Yquem, alors, laisse toi aller. Tout ce que dit Eric est exact, mais ne cherche pas à trop analyser. Laisse toi charmer.

j'en prends note, merci

Bonjour,

Je "réouvre" ce post car j'ai enfin dégusté ce week end mon 1er Yquem (1998) et comme promis plus haut, je vais tenter de vous faire part de mes émotions.
Le flacon a été ouvert le matin vers 9h. Le vin n'est pas passé en carafe.
Il a été servi vers 21h30, à environ 10/12 degrés.

J'ai était très impressionné par la taille et l'état du bouchon...il est beaucoup plus long qu'un bouchon "classique" et il était comme neuf. Vous comprendrez plus loin pourquoi j'attache autant d'importance au bouchon.

Nous l'avons dégusté en apéro, sans accompagnement, puis au dessert avec un tatin de mangues (merci François et Eric pour vos conseils!!)

Ensuite dans le verre, la couleur n'a rien d'excepetionnelle...ça reste la couleur d'un blanc liquoreux, jeune...sauf que celui-ci à presque 10 ans!!!
Le gras dans le verre est impressionnant.

Je plonge mon nez dans le verre et là...ouf...quelle compléxité! Nous sommes 4 à gouter ce vin pour la 1ere fois. Chacun percoit des aromes differents. Le pamplemousse et l'abricot semblent dominer. Le nez est énorme et tout le monde est déjà impressionné.

Nous goutons donc ce nectar.
Un petit sourire se dessine sur chaque visage et plus personne ne parle...puis c'est prèsque un "WAOUH" général.
La matière en bouche est enorme, limite une sensation de 'solidité", le gras est bien là, puis toute la finesse et la classe du vin se présentent quand on avale. L'alcool est completement fondu.
C'est tout simplement merveilleux.

La longueur dans la bouche nous "scotche" completement...ça n'est fini plus...et tant mieux!
D'ailleurs le verre reste impregné de matières et d'arômes très forts. C'est époustoufflant.

Je ne suis pas un grand expert en liqoreux mais là, ça a surpassé tout ce que j'ai déjà déguster (Guiraud 89 etait à ce jour mon meilleur souvenir).

C'était mon premier Yquem, c'était merveilleux. On s'est juste laissé guidé par le vin et ce qu'il voulait exprimmer. On a laissé le coté technique de coté pour profiter au maximum du moment. Je me languis déjà le prochain Yquem!!!

Pour revenir sur le bouchon, derriere nous avions ouvert Pavie 94, qui lui était fortement bouchonné...inadmissible pour un domaine de cette envergure...la bouteille a été conservée en cave electrique depuis son achat. Donc le défaut vient bien du flacon...

nous avions ouvert Pavie 94, qui lui était fortement bouchonné...inadmissible pour un domaine de cette envergure...

L'envergure du domaine ne peut malheureusement pas empêcher ce genre de choses...

Luc

'J'ai était très impressionné par la taille et l'état du bouchon.'

Cette remarque me fait dire qu'on devrait être en droit, vu les tarifs actuels, d'exiger de tous les grands crus des bouchons de cette qualité.

Aujourd'hui, c'est comme si Porsche vendait sa 911 avec des pneus de clio.

'L'alcool est fondu ' J'avais jamais entendu cette expression. Finalement, on peut se demander ce qui se fond dans quoi dans un vin.

Est-chaque élément qui se fond dans un tout ?
Est-ce les tanins qui se fondent dans le reste dont l'alcool ?
Est-ce l'alcool qui se fond dans le reste dont les tanins ?

Jmm

'L'alcool est fondu ' J'avais jamais entendu cette expression. Finalement, on peut se demander ce qui se fond dans quoi dans un vin.

Oui bon enfin, j'essaie d'expliquer au mieux. Désolé je ne suis pas un pro.
Ce que j'ai voulu dire c'est que j'avais aucunement été dérangé, ni même ressenti l'alcool.