Cette demarche scientifique rejoint celle du grand mathematicien Bertrand Le Guern qui pour moi cherche à reduire les deux types de bruit.
La statistique permet en effet de moyenner les resultats à la fois selon les gouteurs et selon les contenants. Elle atteint donc le meme but en se basant en quelque sorte sur plusieurs horizontales et verticales. Si l'on suppose que les gouteurs pro moyennent leurs resultats sur un grand nombre de degustations (ca n'est helas pas le cas de tous), on peut penser que le bruit d'echantillon est sans effet. Reste le bruit de capteur (les fameux sigma de Bertrand). Dans la degustation du GJE, le fait de melanger deux contenant reduisait deja (d'un facteur 2 ?) le bruit d'echantillon et le grand nombre de gouteurs (tous avertis) assurait un bruit de capteur faible egalement apres moyennage (en fait le moyennage elimine non pas l'incertitude propre à chaque gouteur, qui est de toute façon très faible mais plutot les differences de perception au sein d'une population de gouteurs). D'ou les resultats du GJE toujours tres instructifs (mis à part que 2 bouteilles melangées ensemble ne reduit pas completement le bruit d'echantillon).
Lors des rencontres LPV ou bien en petit comité chez soi, on ne peut helas faire comme le GJE (à moins de cloner Nidal une quinzaine de fois ... mais ce serait peut être le cauchemar pour certains lecteurs de LPV
et puis Nidal, il est un peu comme les états quantiques, cad unique).
On ne peut non plus utiliser la statistique de Bertrand à cause du faible nombre d'echantillons utilisés.
Faire une degustation seul sur une seule bouteille induit un bruit important qu'il s'agit de quantifier. Avec la methode de Nidal étendue, il sera ainsi possible d'associer un niveau d'incertitude à la note donnée.
Par exemple, vous avez observé que vous avez noté les carafes identiques avec en moyenne 0.5 point d'écart (cad +/- 0,25). Vous avez egalement observé à l'issue de la diagonale que la moyenne des ecarts selon les contenants est de 1 point (donc +/- 0,5).
Il faudrait aussi etudier la statistique de ce bruit (gaussien ? poissonnien ? ... Bertrand est heureusement là pour nous aider).
Apres cela vous goutez une bouteille prise au hazard. Vous l'estimez en toute objectivité à 15,5.
Le résultat de votre évaluation est alors de 15,5 +/- 0,75 cad comprise entre 14,75 et 16,25 (en considerant le bruit à un sigma par exemple en comptant sur Bertrand pour nous donner la probabilité que la vrai mesure se trouve dans cet intervalle, en esperant au moins 80 %).
Un gouteur pas recommandable met des ecarts de 2 pt entre deux carafes identiques. Ces notes doivent alors etre données avec un niveau d'incertitude de +/- 1,5. Si le gouteur est Daniel S, vous savez en revanche de suite que le bruit de capteur est réduit. En fait, intuitivement, on fait deja ce tri, ou ponderation selon qui post un CR sur LPV.
Si je prends des vins anciens, selon le niveau dans la bouteille, l'historique de la bouteille, l'etat du bouchon (et Francois ajouterait les conditions de service), le bruit sur l'echantillon peut facilement occasionner des ecarts de plusieurs points (mettons +/- 2). En ce cas, la plage d'erreur est tres importante et il est impossible de tirer des conclusions générales sur une seule bouteille bue.
Je serai bien interessé de connaitre le niveau d'incertitude de chacun (à commencer par le mien !).
Il reste quand meme une limite à la methode. Si l'on arrive à quantifier le degré de reproductilité d'un gouteur donné, rien de dit que sa facon de noter est la bonne. Deux gouteurs tres reproductibles peuvent tres bien noter differemment du fait de gouts differents. En ce cas la methode de la diagonale n'est d'aucun secours. Ces gouteurs donneront invariablement des notes differentes à un meme vin.