Samedi dernier, avec quelques amis :
Savennières. Chateau de Varennes 2001:
robe jaune dorée; nez caressant, enjôleur, donnant l' impression d' un moelleux sec, qui semble vous envelopper dans un voile de coing tissé, à l' ombre de la fraicheur d' un tilleul, sous un nuage de miel épicé façon Apicius Ce voile d' impressions mêlées, complexes, portées par l' alcool tout en puissance contenue ( 14 °! ), donne au manteau minéral qui l' abrite une allure exotique. Comment savoir lequel est la doublure de l' autre tant tout semble fondu dans ce nez génial ? En bouche, les arômes faits saveurs, faits matière, prennent de l' ampleur, se déroulent aux quatres coins en éclaireurs à la lisière d' un horizon citron pour poser en... chenin la question qui tue : " est-ce le coing qui a goût de pierre ou la pierre qui a goût de coing ? "
J' avais un préjugé stupide sur les Savennières du Chateau de Varennes : vins fermés, austères, goûtés bien trop tôt sur une " petite année " ( 1994 ), ayant trop vite oublié qu' entre ces deux millésimes- 1994/2001, Bernard Germain était passé par là, avec la ferme intention, parallèlement à ses liquoreux, de donner une autre dimension aux blancs secs de ses domaines ( Ch de Fesles, Ch de la Bizolière, Ch de Varennes etc ). Dans ce Savennières 2001, j' ai retrouvé cettte impression de chenin goûteux, généreux, presque extraverti que j' apprécie dans le Ch de Fesles " La Chapelle ".
Il me semble avoir vu des millésimes plus récents du Savennières du Ch de Varennes à Monoprix....
Anjou-Village. Domaine de Bois Mozé " le champs noir " 2003 :
nez trés mûr évoquant plus un rouge du Sud qu' un rouge de Loire, combinant des arômes de fruits noirs à noyaux ( compote de pruneaux, cerises noire ) à ceux du poivron rouge macéré dans l' huile, avec un coté légèrement fumé, des touches d' oignons caramélisés, une pointe finement réglissée ; la bouche révèle encore plus ce paysage de fruits à noyaux : pruneau, cerise, avec l' amertume légère de l' amande d' un noyau de cerise broyé sous les dents ou encore la touche acide amère de la prunelle poussant sur les haies quadrillant la campagne, voire un soupçon de pointe métallique chassé par le fruit à la prochaine gorgée. Mais ces touches d' impressions ne parasitent en rien la rondeur, l' équilibre, la fraicheur de la matière tenue en laisse par l' acidité, que l' on a plaisir à "mâcher " comme on mâche un baton de réglisse pour en extraire le suc. C' est assez atypique pour un Anjou ( 2003...) mais c' est trés bon ! J' ai découvert ce domaine sur le 1er guide Bettane/Dessauve qui avait attribué à cette cuvée, un 16/20 mérité à mon goût, d' autant qu' elle était en vente à la dernière FAV d' Auchan.
Anjou-Village. Domaine Ogereau " Côte de la Houssaye " 2001 :
nez aromatique d' une grande finesse, subtil mélange de fruit rouge ( cassis ) comme revêtu d' épices ( poivre, un coté un peu santal ) avec un boisé fondu tout en discrétion élégante. Bouche pleine, de cette chair épicée, goûteuse, presque orientale, tout en restant fine, équilibrée, pleine de fraicheur, dont la mâche un peu sèche sur le palais, semble relancer encore et toujours plus, cet arôme de pivoine au charme fou qui vous caresse la gorge. Magnifique à mon goût....
C' est la quatrième fois que je goûte le Cote de la Houssaye 2001 dont la bouteille terminée ce midi ( bue sur deux jours ) m' apparait comme le plus bel Anjou- Village que j' ai pu goûter. Ce vin est totalement ouvert mais je crois que je n' ouvrirai pas les deux bouteilles qui me restent avant quelques années...pour voir !
Côteaux-de- l' Aubance. Domaine de Montgilet " Les Trois Schistes " 2007 :
nez suave qui tapisse les narines de pâte de coing, de pâte de dattes,de zestes d' orange, d' abricots secs, avec un coté citronné, fondu aux arômes, dont l' acidité mesurée empêche la mollesse. Ce n' est plus un nez qui se remplit d' arômes, c' est une ruche débordant d' un miel qui les contiendrait tous ! Un nez de liqueur sucrée assez peu alcoolisé ( 12° ) où il est passionant d' explorer d' un arôme à l' autre, combien l' acidité de l' un, révèle, complète, transcende l' amertume de l' autre et réciproquement. Bouche trés grasse, presque sirupeuse, toute en volutes acides amères dont le fruit plus insolent qu' indolent, révèlerait au coing son coté mangue, sa face ananas rôti et un lointain cousinage avec " Uroulat " le jurançon liquoreux de Charles Hours. C' est folie de boire cela si vite mais j' adore !
Même si je n' ai pas une trés grande expérience des Côteaux de l' Aubance, j' aime ces vins au goût particulier dont les sucres légers sont tenus au collet par l' acidité. Dans ce domaine, c' est un 89 de Christian Papin du Domaine de Haute Perche ( à ne pas confondre avec Claude du même nom, Mr Pierre Bise ) qui m' a le plus ému et prouvé que cela valait la peine de laisser ces vins mûrir en cave afin qu'ils acquièrent cette typicité et toute leur place dans la famille des liquoreux de Loire. D' autres expériences sur les Coteaux de l' Aubance ?
Chenin, quand tu nous coing ! X(
Santé-D
Daniel