Bonjour à tous,

De retour de mon périple annuel en Terrasses du Larzac, j’ai pris le temps de partager mon expérience.
Cette année, j’ai réussi à caler une partie de mes congés sur la date du festival des vins d’Aniane qui s’est déroulé du Vendredi 21 au Dimanche 23.07.

Je vais essayer d’être bref afin de ne pas vous noyer dans les détails.

lien du salon
liste des domaines présents


En résumé, mon sentiment a été globalement mitigé car je pensais faire pas mal de belles découvertes et au final mis à part les têtes d’affiches (Daumas Gassac, Réserve d’O, Mas de la Seranne, Mas Laval, Saint Sylvestre, Coston) qui présentent toujours une gamme au top les seules belles surprises que j’ai eu ont été : le domaine d’Archimbaud, le Mas d’Agamas et le domaine des conquêtes. Bien entendu cet avis n'engage que moi.

J’y reviens plus en détails par la suite.

Au niveau des OVNIS (dans le mauvais sens du terme malheureusement), je n’ai vraiment pas compris les vins du domaine Font Sanatis (je les ai tous goûtés et franchement absolument aucun ne vaut le détour selon moi, à la limite du buvable pour les blancs…). J’espère que c’était juste un problème de bouteille. (pas taper pas taper hein). Tout de même dommage quand on sait qu'il s'agit du frere ou du cousin de Xavier Braujou.

Idem pour la gamme des vins du domaine des Espérelles (Mas Alexandre) : des vins durs au possible (cépage caladoc présent dans la plupart des assemblages), pas nets et un goût désagréable de vin madérisé. Je serais ravi d’avoir des retours de personnes ayant pu goûter ces vins. Je suis un peu dur mais quand je vois ce qui peut se faire sur ce terroir dans des prix tout à fait corrects je ne comprends pas pourquoi mettre 10-15-20 euros dans les vins de ces domaines.

Pour revenir à des choses plus positives, en ce qui concerne les têtes d’affiche (selon moi, ce n’est pas un jugement universel) une trame commune se dégage : une super digestibilité, des vins très équilibrés et nets. Une main de fer dans un gant de velours.

Commençons par le domaine Coston: les 2 blancs sont à un très bon niveau mais je réserve la mention spéciale à l’Arboussas pour la rondeur amenée par l’élevage en fût tout en gardant de la vivacité certainement liée aux vignes en altitude sur les hauts de l’Arboussas. (parcelle où se trouvent également Daumas Gassac et Grange des pères).

La gamme des rouges est cette année aussi très réussie avec une entrée de gamme simple qui sera un parfait compagnon sur les grillades. Les 2 autres cuvées sont encore un poil serrés mais avec beaucoup de fond et toujours cette fraîcheur caractéristique. Cela laisse augurer un beau potentiel. Si je devais en choisir un aujourd'hui, j'opterais pour la cuvée domaine en Terrasses du Larzac qui est déjà plus avenante que la grande soeur les Garigoles.

Enfin, l’accueil est toujours très bon ce qui ne gâche rien.

Ensuite nous avons le domaine Saint Sylvestre : beaucoup de points communs sur le blanc et le rouge : de la fraîcheur, de la gourmandise et des vins que je trouve déjà prêts (vont ils se refermer pour un long moment ?) Encore du haut niveau sur ce millésime. Pas de souci de gaz sur le blanc dégusté.

On continue avec le domaine Réserve d’O : superbe gamme de rouges ! Franchement c’est difficile de se décider sur quelle est la meilleure cuvée. En fait, il ne faut pas choisir et prendre de tout car chaque bouteille aura son heure de gloire. Sur les 3 rouges de la gamme (Bilbo, Réserve d’O, Hissez O) : finesse, volupté, toucher de bouche délicat et tension qui permet de faire durer la finale. Des notes mentholées qui soufflent un océan de fraîcheur couplées à des notes de garrigue qui font écho à l’environnement où sont plantées les vignes (à 400m d’altitude, surplombent les vignes de l’appellation). Dur dur d’envisager de les garder tant c’est irrésistible aujourd’hui après quelques heures d’ouverture. Le blanc n’était pas dispo car en rupture. Apparemment c’est une petite merveille que j’espère pouvoir enfin approcher lors d’un prochain millésime. GROS COUP DE CŒUR.
ps: après discussion avec mon caviste il émet plus de réserve sur ce domaine car il reproche un manque de constance au niveau de la qualité de ce domaine. Les goûts et les couleurs...

Enfin Mas Laval, Daumas Gassac et Mas de la Seranne : toujours excellents. Pas de surprise. À encaver les yeux fermés…(enfin Daumas Gassac il faut quand même un certain budget et ne pas être pressé de les boire… )
NB : la grande cuvée 2015 du Mas Laval qui sera dispo en fin d’année s’annonce très belle aux dires du vigneron. à goûter d’urgence tant cette cuvée est pour moi, très représentative de la gourmandise et générosité des vins du « coin ».


Passons maintenant au rayon des belles découvertes :

Domaine d’Archimbaud : en ce qui me concerne je le classe dans les découvertes car je ne connaissais que vaguement ce domaine de nom. Certainement qu’ici, certains adeptes du Languedoc le connaissent et l’apprécient (ou pas) depuis un bail.

Le blanc dégusté (les IV pierres) était séduisant avec des notes muscatées très prononcées (seulement 10% de muscat dans l’assemblage). Pas de lourdeur dans ce vin aux accents sudistes assumés mais je l’ai trouvé un peu court en bouche et en demi corps au final. Un vin qui promet beaucoup au nez mais qui, je trouve, déçoit un peu en bouche. AB

Au niveau de la gamme des 3 rouges présentés j’ai été agréablement surpris par les 2 cuvées du haut de la gamme à savoir l’enfant terrible (terrasses du Larzac) et la robe pourpre (Saint Saturnin).
Le 1er est déjà gourmand, avec des tanins souples et une grosse matière. Belle aromatique sur la cerise, l’olive, la garrigue et de la rose fanée. Il gagnera à se complexifier avec un peu d’âge. B+
Le 2nd est dans un registre un peu moins exhubérant mais toujours avec beaucoup de fond. Les tanins sont fins. La présence de Syrah dans l’assemblage lui confère des notes de violette et de poivre. A noter un léger toasté chocolaté qui souligne le caractère noble et gourmand de la cuvée. TB.

Mas d’Agamas :
Gamme un peu quelconque à mon goût sauf le dernier rouge, cuvée haut de gamme du domaine qui se nomme « baies choisies » sur laquelle j’ai vraiment eu un coup de cœur.
Matière imposante, tanins déjà polis et bonne fraîcheur qui rend le vin très digeste. Notes mentholées et chocolatées et des touches florales que je ne sais pas trop décrire. La longue finale est portée par les notes épicées type zan et cannelle. C’est encore un bébé qui va pouvoir se bonifier pendant plusieurs années. TB

Domaine des conquêtes :
Une gamme bien construite mais je retiendrai surtout 1 cuvée en blanc (Initial) et 2 cuvées en rouge (les convoitises et les innocents).

En blanc : cuvée « Initial » : assemblage de Chardonnay, vermentino et grenache blanc. Le passage en fût pendant 12 mois permet d’obtenir une belle rondeur et les notes finement beurrées du Chardo ressortent bien sans pour autant verser vers qque chose de lourd et d’ecoeurant. La touche d’agrume portée par le vermentino permette d’équilibrer l’aromatique et donner du peps au vin en finale. 11 euros au domaine…rien à dire à ce prix-là je pense. B+

En rouge :
· cuvée « les convoitises » : assemblage de syrah, Grenache et Marselan (je ne connaissais pas ce cépage apparemment typique de la région). Aromatique sur les fruits des bois et la violette. La touche chocolatée lui apporte la gourmandise qui fait que la bouteille ne passe pas le repas. Bouche pleine, tanins encore un poil serrés et belle fraîcheur en fin de bouche. B

· cuvée « les innocents » : cuvée haut de gamme du domaine. Assemblage syrah / Grenache. Rondeur et finesse pour ce vin qui semble plus en largeur qu’en longueur pour le moment. Texture soyeuse bien qu’un poil austère encore. L’élevage demande à se fondre. Au nez des notes de garrigue et de fruits noirs et en bouche on a un fond de café et de zan. La longueur n’est pas phénoménale à ce stade. B+ aujourd’hui mais certainement TB à l’avenir car il y a une belle matière portée par une trame fraîche.

Conclusion : à part 2 grosses sorties de route et 3 ou 4 domaines moyens dont je n’ai pas retenu les noms, le reste des domaines présents m’a permis de passer une excellente journée dans ce cadre très sympa.

Durant la suite de mon séjour j’ai également pu passer chez Mas des chimères et Cal Demoura.

Mas des chimères est pour moi un incontournable de l’étape, non pas pour le caveau qui n’a rien d’extraordinaire mais pour l’accueil et le niveau des vins dont je retiens surtout 3 cuvées :
Le Blanc : beaucoup de fraîcheur grâce aux vignes qui bénéficient du climat des contreforts du Larzac. Nez sur les fruits jaunes, une certaine rondeur en milieu de bouche et de la tension sur la fin qui permet d’étirer le vin et qui appelle surtout à se resservir. B+
En rouge : nuit grave et caminarem.
Pas de caminarem sur 2014/2015 et 2016 d’après le domaine mais par contre «nuit grave» bénéficiera des jus qui vont normalement dans Caminarem. Nous avons donc un Nuit Grave avec plus de profondeur et de fond qu’à l’accoutumé. Toujours cette liqueur de mûre et ces parfums de garrigue.Un vin qui ne se livre pas de prime abord et qu’il conviendra de bien aérer pour entrer en plein dans la gourmandise. C’est vraiment très bon. TB.

Pour la forme, j’ai tout de même goûté l’œillade (100% Cinsault/Œillade) et la cuvée marie et Joseph (95% Carignan). Résultat habituel : je n’accroche pas. L’œillade est trop écoeurant, douçâtre à mon palais tandis que je trouve l’autre cuvée trop rustique (tout de même moins que le millésime précédent qui m’avait donné l’impression d’avoir absorbé mes gencives). Ce n’est pas à mon goût.

Enfin, le séjour touche quasiment à sa fin et pour fêter ça en beauté je pars en direction de Jonquières où j’ai rdv chez Cal Demoura avec Vincent Goumard pour goûter la gamme dont une nouvelle cuvée surprise en rouge.

Je n’avais pas encore eu l’occasion de passer au domaine et je suis donc sous le charme des lieux. Le caveau de dégustation est splendide avec ces pierres qu)on retrouve sur le pont du Gard.

Nous attaquons la dégustation avec le rosé Qu’es Aquo : un très beau rosé de gastronomie, très vineux et au caractère bien trempé. On est loin de ces nouveaux rosés translucides à la mode. B

Les blancs : pris par le temps je zappe l’Etincelle préférant me concentrer sur la cuvée « paroles de pierres » qui est plus à mon goût traditionnellement.
Au nez nous avons des notes de pêches qui se mêlent à celles de pommes et une touche florale. En bouche, l’attaque est gourmande, il y a du gras, une petite touche beurrée et de la tension qui tient le vin. La finale est d’une longueur honorable. C’est déjà excellent. TB (peut être TB+ après qques années mais dur dur de garder cette cuvée).

Passons aux rouges :
· Autour de Jonquières (ex l’infidèle) : parfums subtiles d’olives et de garrigue avec une touche de fruits noirs. En bouche on retrouve les arômes du nez avec la mûre qui se fait encore plus présente. Le jus propose une belle suavité et des tanins soyeux. C’est fin et se laisse boire avec grand plaisir grâce à la fraîcheur. Il paraît que ça se bonifie avec le temps mais je n’ai jamais réussi à tester J TB
· Les Combariolles : c’est le grand frère de la cuvée précédente avec un peu plus de tout ! moins gourmand et accessible immédiatement qu’autour de jonquières mais avec plus de fond et de race qui laissent espérer un futur radieux en cave. TB
· Feu sacré 2015 : assemblage revendiquant et assumant un profil très méditerranéen puisque c’est le grenache qui domine. Production confidentielle qui ne peut, à priori, qu’être achetée au domaine. La robe est plus noire que les cuvées précédentes. Au nez on retrouve les odeurs classiques des vins du coin cependant en bouche c’est une toute autre musique : valse de fruits noirs bien mûrs, panier d’épice et surtout des touches de moka et de cuir. C’est déjà complexe et toujours dans un superbe équilibre de fraîcheur. Au top. EXC

· Fragments 2015 : cuvée confidentielle. Cuvée au profil inverse de Feu sacré puisque là c’est la Syrah qui domine l’assemblage. Le vin se veut être plus « rhodanien ». Toucher de bouche d’un beau St Jo racé. La bouche est pleine mais sur la finesse avec des notes de poivre et de violette. Toujours une superbe fraîcheur. A garder un certain temps en cave pour en tirer le maximum. TB.

Un grand merci pour l’accueil au domaine et tous les commentaires. Mon banquier est moins reconnaissant cependant .

Voilà c’est la fin du séjour, on boucle les valises et je note déjà les visites que je ferai l’année prochaine à savoir Mas des écritures, d’Aupilhac, Mas de l’Erme et peut être Mas Jullien.

Quel plaisir que de passer du temps dans cette zone. Vivement l’année prochaine.

Olivier