Bien le bonjour tout le monde,

Je réagis a ce qu'écrivait il y a quelques jours Zapata:

"Après, on est tous prisonnier de nos croyances et de nos superstitions. Il y a des Châteaux-Chalons qui se goûtent très bien jeunes sur certains millésimes. 2000 par exemple, ou 1997. Tous les clavelins ne sont pas obligés de finir double centenaire. Dieu merci, sinon quand vais-je boire les miens par exemple ? Entre quatre planches ? Je risque de les trouver boisés ! "

Je trouve cette remarque très intéressante et propre à susciter un fécond débat. Ma petite expérience en la matière m'a fait jeter aux orties un lieu commun très répandu, celui du vin jaune indestructible, qui va résister aux siècles etc etc... Ah, on nous l'a resservi à toutes les sauces l'histoire de la bouteille de 1774 ! Certes ça fait rêver, et j’aurais donné très cher pour en être, certes dans ce lieu commun il y a du vrai, le Château-Chalon, et plus généralement le vin jaune, est magnifiquement armé pour résister aux années, et sans rentrer dans le trip François Audouze, je suis moi-même atteint d’une variante de TAVCO axée sur le vieux clavelin. Mais autant j’ai ouvert des flacons magnifiques, autant j’ai vite constaté que sans même parler des millésimes maudits, à éviter, tous les vins jaunes ne vieillissent pas bien. On pourrait en reparler longuement.

Mais la question que je me pose ce soir est ailleurs : j’ai un principe, peut-être est-ce une croyance puisque tel est le terme employé par Zapata (croyance : fait de tenir quelque chose pour vrai, et ceci indépendamment des preuves éventuelles de son existence, réalité, ou possibilité). Donc mon principe, peut-être ma croyance : ne pas ouvrir un vin jaune avant au grand minimum 10- 15 ans de bouteille… Donc actuellement : avant 1980 pas de problème, je commence à taper régulièrement dans les années 80, et j’ai bien du mal à aller au-delà du millésime 1990.

Je sais bien que beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte : millésime, producteur, conservation etc… Mais ce que dit Zapata me trouble. Diable ! Ma croyance remise en question ! Jusqu’ici il ne me serait pas venu à l’idée d’ouvrir un 97 ou un 2000. Mais je suis un gars plutôt ouvert, pas forcément un ayatollah du vieux clavelin poussiéreux, et prêt à m’asseoir sur ma croyance si ça peut me permettre de découvrir d’autres horizons… Alors, pour en revenir au titre, boire les vins jaunes jeunes, qu’en pensez-vous ?

J'"encave" du vin jaune, chateau Chalon essentiellement, depuis le millésime 92. J'ai souvent goûté une bouteille peu de temps après chaque achat et si je viens sur cette partie du forum c'est que j'adore ça. Depuis peu, j'essaye de remonter en arrière de quelques millésimes mais c'est limité car je me refuse à y mettre trop d'argent par principe et je n'ai pas encore l'expérience d'avoir bu un "vieux". Mon plus ancien, relaté sur le forum est un Berthet-Bondet 1988, ce qui reste dans l'adolescence ?
En fait, je crains de goûter et aimer un vieux vin jaune car alors il deviendrait difficile de lutter contre la TAVCO qui guette.

Donc en résumé, la réponse à la question, oui un jeune vin jaune c'est très bon mais je ne connais pas le goût des vieux...ce qui limite la validité de ma réponse

Les LPViades du jaune amènerons peut être quelques réponses. De mon côté, je suis comme christophe, je n'ai bu que des jeunes jaunes (90 ou 89 pour le plus vieux). Je pense également que j'évolution en bouteille est plus lente que d'autres vins.

Il faudrait participer aux enchères de la percée.

J'ai eu l'occasion de gouter de vieux vins jaunes, dont notamment un 1947, mais je n'ai pas été véritablement enthousiasmé.
Je pense que le veillissement du VJ est progressif et qu'on risque moins avec ce vin le basculement qu'on observe avec des bordeaux ou des bourgognes. Cela étant, il me semble que même après 3 ou 4 ans de bouteille, on peut avoir beaucoup de plaisir avec un VJ, à condition de lui laisser un peu de temps pour s'exprimer...
Cela pourrait être intéressant de connaître le sentiment des uns et des autres sur la maturité actuelle des derniers millésimes...

La croyance autour de l'indestructibilité des vins jaunes fait du mal, et contribue au problème de sous-consommation évoqué dans l'autre post. Pourtant, tous les jaunes ne se gardent pas forcément très bien ou très longtemps, comme cela est dit au dessus. F. Mossu m'expliquait qu'il déplorait cette croyance qui poussait des gens à ne jamais ouvrir leurs clavelins, alors que certains étaient pourtant à boire (1988 me disait-il par exemple, que je n'ai jamais goûté).

Je pense qu'il ne faut hésiter à ouvrir des jaunes jeunes, en aérant bien au préalable. Il faut garder à l'esprit que des jaunes âgés voire très âgés, d'après ma maigre expérience à ce sujet (quelques vieux flacons goûtés comme 1947 ou 1944), peuvent beaucoup évoluer : certaines personnes préfèreront sans doute des vins plus jeunes, sur des arômes plus classiques (la chicorée dans du jaune, ça change des standards...). Donc pour moi, diviser en deux : quelques quilles à boire selon l'envie, et quelques autres à attendre, voire à léguer à sa descendance ...

Tout à fait : F. Mossu qui commercialise actuellement son CC 2002 souligne que celui-ci pourra être bu sans trop attendre...

Le Chateau-Chalon de Berthet-Bondet 96 (1996 ) se buvait très bien lors de sa sortie. J'espère qu'il en sera de même dans 20 ans...

Je me suis permis de demander conseil à Laurent Macle (dans la perspective de la rencontre LPV Suisse Romande de Samedi prochain mais chuut...) et sur les millésimes récents (>= 1995) , il conseille tout simplement les plus vieux...
Cela ne veut pas dire qu'un millésime jeune n'est pas bon mais qu'il vaut mieux - si on peut - attendre quelques années ?

Je pense, comme Tophe, qu'il faut un minimum d'une quinzaine d'année de vieillissement en bouteille pour affiner un vin Jaune. Je bois aujourd'hui avec plaisir les années 70 (Cartier 76), Tissot (79 et 81) jusque vers le milieu des années 80. J'ai tendance à garder encore en cave les 88, 89 et 90 (Macle, Overnoy, Berthet Bondet, Tissot). Je m'interdis de toucher aux années 90 et 2000 à fortiori.

Quant au viellissement, j'ai remarqué que ces vins ont tendance à présenter un profil aromatique oxydatif beaucoup moins violent avec l'age. C'est particulirement notable sur les vieux Chateau-Chalon qui, avec une trentaine ou une quarantaine d'année, se rapprochent plus du profil aromatique d'un grand blanc ancien (Bourgogne ou Bordeaux blanc) que d'un vin jaune récent à l'oxydatif plus marqué.

Avez-vous déjà eu ce type d'expérience?

Christophe

Bonjour,

De ma très courte expérience et de quelques discussions avec des professionnels, j'ai cru comprendre que le vigneron jouait un rôle important sur le temps de garde minimum d'un jaune. Ainsi, les vins de chez Macle me semblent peu intéressants jeunes et prendre tout leur ampleur au vieillissement. En revanche, et sans hypothéquer leur potentiel de garde, les Château-Chalon de Berthet-Bondet me semblent plus accessibles et flatteurs dans leur jeunes années.

De même, le millésime joue sans doute un rôle important.

Cordialement

Christophe

J’ai déjà entendu de plus d’un vigneron jurassien qu’il fallait compter 6-7 "autres" années de bouteilles, en plus de l’élevage en fût, pour commencer à boire un vin jaune : donc en tout une quinzaine d’années, ce qui est évidemment indicatif et sujet à variations.

Personnellement je trouve que l’acidité - lorsqu’elle détartre pas trop les dents - d’un vin jaune jeune contribue agréablement à son côté péchu. Ainsi par exemple, l’Arbois jaune 2001 de Daniel Dugois présente une acidité fine et pas trop marquée qui le rend à mon goût très agréable dès maintenant, "et pour encore une dizaine d’années" dixit celui qui l’a fait. Et le Vin Jaune de l’Etoile 1996 du Domaine de Montbourgeau, bien qu’encore adolescent, est aussi très accessible dès aujourd’hui, et j’espère pour encore de nombreuses années !

Mes deux maigres expériences de jaunes un peu évolués – Arbois 1976 du Domaine de la Pinte bu en 2005 et 2007, et Château Chalon 1983 de Jean Macle bu à 20 ans d’âge - ne m’ont pas subjugué, ni convaincu qu’un vin jaune ne serait bon qu’après 20 ans (oui vous m’avez bien lu, j’assume mon appréciation très mitigée, et éminemment personnelle, du Macle 83). Mais je laisse tranquillement dormir, afin notamment de suivre leur évolution dans le temps, les clavelins que j'ai en cave, et dont le plus "ancien" ne date que de… 1993.

Xtof écrivait:

---

> Avez-vous déjà eu ce type d'expérience?

Bien le bonjour, ami Xtof

Rapport à ta question, j'ai eu l'occasion de boire au cours de la dernière année beaucoup de Château-Chalon.
Un superbe 1952 de chez Bourdy a été le plus vieux de tous ces clavelins.
Je te rejoins sur le fond. Avec l'âge, la palette aromatique s'agrandit, on a le miel qui rentre, le côté floral, les fruits jaunes (abricots) une impression de sucre résiduel, ce qui est quand même un comble sur un vin aussi sec...Après je n'ai pas assez de recul pour dire si cette évolution se rapproche de ce que fournissent les grands blancs bourguignons (pour le miel oui) mais pour le reste... il est certain qu'on sort de l'habituel curry-safran-noix-pommes au four, qui n'en reste pas moins un délice...

Amitiés

Zapata

Plutôt que de taper dans des vieux millésimes, j’ai ouvert pour ce réveillon 2 vins jaunes plutôt jeunes pour faire suite à cette discussion. Le millésime 1995 de Michel Gahier à Montigny et de Jean-Michel Petit à Pupillin. Bouteilles simplement débouchées le matin, laissées ouvertes, sans carafage. Petite synthèse de mémoire car je n’ai pas pris de notes durant le repas. (Avec, on a mangé un marbré de cailles rôties et foie gras, duxelle de morilles et gelée de vin jaune, alors désolé, j’avais autre chose à faire que de prendre des notes…)

Le Gahier est étonnant de buvabilité immédiate. Tout à fait dans le style de la maison, il s’exprime tout en rondeur, sur les épices douces, sans aucune agressivité ni caricature de la noix. Ca se boit comme du petit lait mais la puissance, voire l’opulence, et la longueur sont là. Un vin jaune qui ne nécessite absolument pas d’être attendu et qui apporte d’ores et déjà beaucoup de plaisir, mais rien n’indique qu’il faille s’inquiéter pour sa garde. J’ai vraiment un faible pour le style Gahier en oxydatif (et pas que d’ailleurs).

Le Jean-Michel Petit est plus sur la réserve, il ne se livre pas d’entrée de jeu. Dans un style plus classique, moins démonstratif, moins épicé et plus sur des notes certes de noix mais sans tapage, mais aussi des connotations un peu terriennes, de racine, c’est un peu austère par rapport au Gahier, et s’il fallait s’en tenir là on se dirait c’est pas mal mais sans plus… Mais au dessus de tout cela on pressent une finesse assez aérienne qui est encore un peu dans sa gangue et qui ne demande qu’à apporter une dimension supplémentaire si on en lui laisse le temps. Quelque chose d’indéfinissable mais plein de promesse. Voilà donc un clavelin qui gagnera encore à être attendu à mon sens, mais qui s’annonce bien.

Deux beaux clavelins qui ne nous ont pas déçus. Le Gahier a été vidé, le Petit il en reste, je m’en vais le regoûter dans quelques jours pour voir s’il a évolué.

Michel Gahier est le prochain sur ma liste des vignerons du Jura a decouvrir.
Content de voir qu'il ne faut pas attendre des lustres pour profiter un maximum de ces grands vins que sont les Jaunes.

Merveilleuse année a toi Christophe et j'espere a bientôt dans le Jura.

Tophe, je viens de lire ce forum et j'approuve totalement ta réflexion sur "le boire" jeune ou vieux, un Jaune Tu m'as conforté sur ce que je pensais... et je vais faire en fonction. Bien à toi et bonne année- Guy

Pour avoir eu la chance de boire un CC 1988 chez Macle, il est clair que l'on bascule au bout d'un certain temps de vieillissement dans un autre monde. De très bon voire excellent, on passe au sublime. Ce 1988 est l'un de mes souvenirs les plus extraordinaires d'amateur de vin, que seul le Krug de la même année peut égaler. Je boirais avec plaisir les château chalon qu'on me proposera de déguster, quelque soit l'âge qu'ils auront, mais le peu de CC que j'ai à la maison, je n'y touche pas avant 10 ans au moins.

Je n'ai pas voulu créer une nouvelle rubrique spécifiquement donc j'en déterre une qui va un peu dans le sens de ma question.

Hier soir j'étais chez ma nièce et son mari m'a montré une bouteille qu'on leur a offerte.
Il s'agit d'un Vin jaune, Côtes du Jura 2000 du caveau des Byards.
Le fil du caveau existe sur LPV mais il n'apporte que peu d'informations.

Ils ne savent absolument rien des vins jaunes et pensaient que ce serait une sorte de liquoreux.
J'en sais à peine plus et si ce n'est leur dire de l'ouvrir avec le plateau de fromage pour accompagner du comté, je ne peux pas vraiment les conseiller.
Alors que feriez vous de cette bouteille sachant qu'elle sera ouverte avec des gens qui n'ont encore jamais bu de jaune ?  

Prévoir un blanc classique en secours.
Car le jaune, c’est comme les tripes.
Le service à des inconnus est un pari : certains vont adorer, d’autres détester. 

Le placement sur les pâtes pressées limite les risques. 
Sinon, crème, champignons, volaille ou poisson, ça marche toujours plus que bien. 
 

Salut starbuck 

Je suis passé a ce caveau l'an dernier entre les confinements
leur style de vin est assez consensuel mais leur vin jaune est bien representatif de ce type de vin donc faut aimer.
je te conseille 2 roues de secours 
Un autre blanc plus conventionnel 
Et
Un poulet fermier prêt a faire feux pour une cassolette au vin jaune 
 

La morille est LE champignon à servir avec ce vin.
Ce champignon, peut être indifféremment cuisiné avec une pièce de viande rouge (gibier, boeuf......), de viande blanche (poulet et autre bestiole de la même famille) et même du poisson blanc.
A servir vers 15 degrés.
Les non-initiés vont faire la grimace et considérer le vin comme de l'alcool à brûler.
Les autres iront au paradis.

Edit :
Un exemple du jour : www.lapassionduvin.c...

 

Je leur conseillerais un curry indien. De tous les accords que j'ai tentés, c'est celui avec un curry poulet au beurre qui a le mieux fonctionné.

Poulet aux épices avec lait de coco. C'est un bon accord.
Il m'arrive pour changer de faire des feuilletés mont d'or, topinambour et saucisse de Montbéliard.

Pour des non initiés, on ne peut que recommander le triptyque crème-morilles-vin jaune, le mieux à même de masquer l'affreux goût du vin jaune pour leurs papilles.
Faire une sauce avec les ingrédients cités ci-dessus et une échalote émincée. Avec du poulet, de la volaille en général, du veau ou même simplement une croûte aux morilles.

Eventuellement si le vin est déjà évolué vers des notes d'agrumes et une solide trame acide (il faut un volontaire pour goûter la veille) , on peut conseiller un bon comté assez vieux mais encore fruité 24 mois +/- 6 

Pour des novices, ce sera des novices y compris très probablement leurs amis.
Volaille ou veau à la crème et morilles semble donc être la meilleure solution puis du comté s'ils n'ont pas tout craché avant et qu'ils en veulent encore. 
Au mieux ils prendront du plaisir, au pire ça leur fera une anecdote Kloug 

au pire ça leur fera une anecdote Kloug