La torpeur nous guette ! 31° à  l'ombre ! St Jean de Monts et sa Plage des Demoiselles attend impatiemment la brise de mer. Viendra-t-elle ce soir ?

Pleine mer à  15h48. L'heure fixée pour cette dégustation de Savennières…
Devant la terrasse de Chai Carlina, les familles en maillot de bain défilent en ordre dispersé, en route pour le sable blanc et fin. Elles n'ont plus guère que deux cents mètres à  parcourir entonguées et en sueur !… St Jean de Monts, capitale du bateau gonflable !…Et du panier de boules en plastiques de couleurs réunis !
Certains tournent mollement la tête vers la table, les verres, les seaux… et nous jettent un regard incrédule !…
« Mais, que font-ils à  une heure pareille ?… Tu ne ferais pas une dégustation de glaces à  l'eau, toi, plutôt ?… »
Les plus jeunes crient et s'impatientent :.
« J'en ai marre ! C'est moi qui porte touuut !…

Tiens ! Voilà  P'tit Philou !… Il a bravé le bitume brûlant pour nous rejoindre pour l'occasion. Sympa !… Merci au passage pour ton enthousiasme, pour venir ici-même comme pour celui que tu exprimes à  l'égard de La Pipette !
Xavier est là  aussi. Deux autres amateurs se joignent à  nous. Phil 85 nous donne le top de départ :
« On démarre, parce qu'à  18h, j'ai ma mise en place ! »
Ce dernier a gentiment accepté de recevoir cette petite dégustation, plutôt que de consacrer un peu de temps à  une sieste réparatrice. Pour lui, la journée (un samedi d'août !) sera longue !

Au passage, nous salivons sur le menu du jour : salade de tomates confites et moules, Domaine de Grande Coste rosé, lapin à  la tapenade… etc…

Chacun dispose d'un verre Riedel Dégustateur, à  pied court.
Les vins sont servis à  l'aveugle par série de trois. Ils arrivent frais, mais se réchauffent… le temps de le dire !… Malgré tout, la palette aromatique des uns et des autres n'en souffre pas trop.

1- Château d'Epiré 2001 :

Or brillant, pointe citronnée très nette au nez, puis nuances légèrement pierre à  fusil. En bouche, la minéralité s'annonce d'abord « simple ». La pointe amère en retour situe assez bien ce qu'est un Savennières « classique ». Avec le recul, nous admettons qu'il s'agit là  d'un beau « standard » de l'AOC. Comme tous les 2001, fait montre d'une bonne persistance.

2- Château d'Epiré, Cuvée Spéciale, 2001 :

Or soutenu brillant. Nez assez intense, un peu fruits blancs compotés. Bouche assez droite et ferme. La persistance semble supérieure au précédent, avec un plus de matière, de minéralité. Beau vin ! A mettre en cave, sans crainte ! B

3- Domaine aux Moines, Savennières-Roche-aux-Moines, 2001 :

Bel or soutenu, brillant. Le premier nez évoque la pomme verte. Puis, une pointe minérale lui succède assez élégamment. La bouche est pleine et assez grasse. Le tout soutenu par un bon support acide. A l'aération, les arômes évoluent vers la pomme cuite ! Ce qui nous suggère un nom de domaine… B

4- Château d'Epiré, le Hu Boyau , 2001 :

Or soutenu, brillant. Légers reflets verts. Notes acidulées assez diffuses au nez, ce qui lui confère un manque de netteté (passagère ?). La bouche est marquée par l'acidité. Manque de définition aromatique ( ?). Ne s'exprime pas forcément au mieux actuellement, mais, semble avoir un certain potentiel…

5- Château de Chamboureau, P. Soulez, Cuvée d'Avant, 2001 :

Vieil or ( !), brillant. Le nez est assez marqué par le bois. Pour un peu, on y verrait une trace d'évolution ! Bouche très ferme, tendue. Pointe acide très soutenue. Le vin semble masqué… Est-ce l'élevage ?… Certains soupçonnent un problème d'échantillon. A revoir.

6- Valais, Petite Arvine de Martigny de Gérald Besse, 2001 :

L'insolite de la dégustation !… Clin d'Å“il à  ceux qui se rencontraient à  la même heure à  Vétroz !…
Or pâle brillant, reflets verts. Le nez révèle plutôt des notes exotiques, tendance noix de coco, ananas. Pourrait être plus intense, plus explosif. La bouche se révèle assez légère, mais avec un bon support acide. Rétro d'agrumes confits très agréable ! Une belle finesse ! Mais, sans doute, une technologie très maîtrisée ! Quel est son potentiel ?…

7- Château de Chamboureau, P. Soulez, Cuvée d'Avant 2000 :

Or brillant. Petite pointe minérale au nez, puis notes assez nettes de thé et de tilleul. L'attaque est belle. Le vin est droit, ferme et révèle un bel équilibre. C'est sûrement l'impression qui domine ! Beau vin, déjà  très bon !

8- Domaine Laureau, 2000 :

Or brillant. Très belle expression de citron confit, voire de mirabelle. Acidité assez marquée ! Tourne court ! La bouche n'est pas à  la hauteur du nez… Curieux…

9- Domaine de la Monnaie, E. Morgat, 2000 :

Or soutenu brillant. Notes brûlées, caramélisées assez intenses ! Soutenu par une pointe acide marquée. A l'image des autres 2000, la bouche manque un peu de persistance. Passager ou définitif ?…

10- Château d'Epiré, Cuvée Spéciale 1999 :

Or brillant. Premier nez sur des notes rôties, puis la minéralité apparaît à  l'aération. Révèle aussi une tension marquée qui domine. Expression aromatique en bouche sur la retenue. L'aération doit bien servir ce vin !

11- Domaine du Closel, Les Caillaudières, 1999 :

Or brillant. Nez très nettement sur la pomme cuite et le coing. La bouche se montre très souple, un peu monocorde. Manque de longueur et de complexité. Recherche d'un bon produit standard ?…

12- Château d'Epiré, 1998 :

Or brillant. Nez assez intense et plutôt en finesse. Expression modérée dans un registre minéral. La bouche est assez fermée vis-à -vis du nez. Un vin sur la retenue. Est-il dans une phase de (re)fermeture ?…

13- Domaine des Baumard, Clos Saint Yves, 1997 :

Or brillants, reflets verts. Nez assez intense sur une dominante rôtie, façon surmaturité. La bouche montre un ensemble assez classique du domaine et d'un Savennières légèrement évolué, mais ne semble pas dans une phase où l'harmonie est parfaite. Au mieux, doit faire une belle bouteille à  table ! Surveillez ses cycles !…

14- Château de Chamboureau, P. Soulez, 1991 :

Or soutenu brillant. Nez très nettement sur les fleurs fanées, puis, à  l'aération, révèle des notes quelque peu éthérées. La bouche est souple et plutôt homogène. Un Savennières de plus de dix ans, qu'il faut avoir la curiosité d'attendre et de déguster parfois.

15- Coulée de Serrant 1994 :

Vieil or. Comme le précédent, le nez est sur la gamme des arômes évolués du cépage et du cru : fleurs fanées, alcool éthéré. Une longue aération révèle une tendance fruits cuits assez agréable. La bouche est plutôt assez élégante et évoque la qualité du terroir. Sans doute pas une Coulée façon grand millésime, mais la richesse et la densité sont là . Les amateurs apprécieront…

Ouf ! C'est beau des Savennières en bord de mer !…
Aujourd'hui, je retourne à  La Mine !…

Je vous rassure : ma plage préférée (et pas privée!...), près des Sables d'Olonne. Au programme : P-M-T, palmes-masque-tuba, bien sur ! Et ce soir, coquillages et crustacés sur le sable jusqu'à  plus d'heure !… Le rosé dans la glacière… Goûtons ces moments de vie !

Passez à  l'ombre !

PhR

Une petite arvine en pirate dans une dégustation de Savennières, fallait oser!

Dans le Valais, il fait chaud aussi; 25° à  23 heures à  Haute Nendaz, à  1300m d'altitude! Les neiges éternelles, y'en a plus! Malheureusement, la marée haute n'arrive pas non plus jusque là  pour nous rafraîchir!

Heureusement que nous avions amené à  boire!

Olif

Epiré s'est bien sorti de la dégustation (il était cependant sur-représenté : 4 sur 15 échantillons).

Ptitphilou se posait la question de l'homogénéité de l'appellation tant la différence était importante entre certains vins. On retrouve cependant toujours les arômes de pommes acidulées, d'épices et la minéralité (l'amertume finale varie selon les maisons).

Chamboureau 2000 était bien (le 2001 devait avoir un problème de bouteille). On retrouve les différences d'élevage notamment avec Laureau et Morgat, ce dernier ayant mieux réussi le millésime 2000. La coulée a été décevante comme toutes les coulées dans les millésimes difficiles (ici 94), ce qui d'ailleurs pose problèmes dans la mesure ou on attend un plus de cette maison dans ce type de millésime (qui justifierait d'ailleurs le prix de 4 à  5 fois supérieur à  un savennières de base).

Merci à  Phil85 de son acceuil toujours aussi convivial, je conseille à  tous les amateurs d'aller fouiner dans sa cave qui commence à  être bien étoffée.

Xavier

Et bien que voilà  une belle dégustation de Savennières ! P'titphilou devait être aux anges le bienheureux (aaa) !

Lors de ma dégustation d'eau minérales, bières et autres thés glacés samedi j'ai bien pensé à  vous ! J'ai bien regretté de ne pas avoir pu être des votres ! (jjj) Ce sera pour la prochaine fois !

@ bientôt

Merci PhR pour cet excellent CR ! (hhh)
Belle dégustation entourée par de fervents passionnés de chenin, et de savennières en particulier, conditions idéales pour parfaire mes (maigres) connaissances de ce cru. Un grand merci aux vendéens pour leur accueil chaleureux (qui ne doit pourtant rien au soleil radieux !!!) et en particulier à  Phil85 : je te souhaite tout le succès pour ton restaurant-cave-bar à  vin.
J'encourage tous les internautes de tous bords à  venir le voir et découvrir sa sélection !

Comme l'a bien souligné Xavier, je me suis interrogé quant à  une expression "typique" des Savennières (jjj) après cette belle série de vins.
Je retiendrai surtout que les 2001 furent un (plusieurs ?) cran au-dessus des 2000, exception faite d'accident de bouteille ; on ressent vraiment une différence, avec plus de matière, un bel équilibre et une acidité bien mûre pour les 2001. Ca ne me semble pas aussi flagrant avec les Vouvray.

Soulez constitue une valeur sûre, un "classique" incontournable.
J'en discutais récemment avec Philippe Foreau, qui semble partager ce point de vue. Et concernant la coulée de Serrant, il trouve abhérant de vouloir carafer ce vin, construit, selon lui, sur la finesse d'expression (comme tout chenin de grand terroir) : il préfère laisser évoluer dans le verre les différentes expressions du vin.
En outre, il affectionne les millésimes peu solaires, e.g. 86, 92, 93, 98... le 96 est, toujours selon lui, trop déséquilibré par l'alcool, année qui prêtait plus à  faire un demi-sec voire un moelleux, plutôt qu'un sec à  15°...
Voilà  en tout cas une piste de réflexion quant au service de ce vin, qui ose remettre en cause le sacro-saint carafage "à  la Joly"(jjj)

Concernant Epiré, j'ai été décu par le 96 en cuvée de base bu la semaine dernière. Un nez très évolué pétrolé, et une bouche bien plate sans acidité. Y aurait-il eu désacidification sur cette cuvée en 96 ou problème de conservation. Bizarre en tout cas.