Quelques vins bus chez Moderator one en compagnie d'un Suisse bien connu (mais pas trop en fait).

Gildas :
- « Qu’est-ce que tu fais samedi soir ? »
Moi :
- « Je passe la soirée avec un jambon-beurre tout mou devant Patrick et son petit bonhomme en mousse ».
Gildas :
- « Est-ce que tu veux venir manger à la maison ? On sera 7, avec un amateur de vin ».
Moi :
- « Ça m'embête un peu de changer mes plans mais ça peut éventuellement le faire... C’est qui » ?
Gildas :
- « Un amateur de vin, de passage avec sa femme. Un type qui s’y connait ».
Moi :
- « Bon d’accord. Que faut-il ramener » ?
Gildas :
- « Ta gueule p’is c’est tout ».
Moi :
- « J’ai droit de ramener un p’tit muscadet » ?
Gildas :
- « Tu nous les brises avec tes trucs à déboucher les chiottes ».
Moi :
- « Ce n’est pas très gentil, ça ! Tu sais que le vignoble du muscadet est en train de faire une véritable révolution qualitative et que…
Gildas :
- « C’est bon, ramène ta bouteille ».
Moi :
- « Je savais bien que je finirais par te convaincre ».

Et c’est comme ça que, samedi soir, nous voici invités, ma femme et moi, chez moderator1. Quelques SMS vite échangés et nous sommes chargés de la confection du dessert. Un truc devant accompagner un demi-sec. Entretemps, j’ai réussi à glisser une bouteille supplémentaire. Gildas a en effet prévu un bon apéro avec des fruits de mer, suivi des premières coquilles saint Jacques de la saison, d’un plateau de fromages et, enfin, du dessert.

Sauf que…

Une photo punaisée sur Facebook par quelqu’un qui n’aurait jamais dû se trouver là samedi dernier m’apprend avec qui je partagerai mon vin. Comme sale petit fayot, il est assez terrible, Facebook. Du coup, entre deux cuissons, messages à Gildas :

Moi :
- « Vais p’têt ramener un CHAPPAZ, finalement »…
Gildas :
- « Mouais… Garde tes bouses pour un autre clampin ».
Moi :
- « Non-non ! Je reste au melon ! Nos voisins helvètes n’ont pas l’habitude d’en boire » !
Gildas :
- « ??? ».
Moi :
- « C’est ça… Fais l’malin »…

S’en suivra un catalogue d’insultes que la décence et mon rôle de modérateur m’obligent à ne pas divulguer ici.

Toujours est-il qu’à l’heure dite, je claque la bise à un ami que je n’avais pas vu depuis un France-Suisse d’heureuse mémoire. Un match amical joué à l'ombre d'un cerisier qui nous a tous laissé un souvenir impérissable.

C’est marrant, la vie. Les circonstances ont fait qu’il est venu passer quelques jours en Normandie. Plaisir de se retrouver, de vivre un bon moment, joie de discuter, de faire le point sur la situation de nos pays respectifs, bonheur de rire des mêmes plaisanteries, de partager les mêmes bouteilles. Car c’est un peu pour ça qu’on est là, non ? Allez, c’est parti.

Apéro de malade avec les huîtres à ne plus savoir qu'en faire et de délicats feuilletés :
Domaine des Marnes Blanches - Crémant du Jura - Réserve.
Je ne l’ai pas beaucoup goûté ; me concentrant sur le muscadet et la discussion. Souvenir d’un joli vin, présentant une belle bouche avec du volume, une effervescence plutôt fine (probablement due au fait que j’ai eu un verre en fin de bouteille) et un bel équilibre. Un très bon rapport qualité/prix/plaisir.

Jérémie HUCHET – Muscadet de Sèvres et Maine - Clos les Montys 2012 – vigne de 1914.
Servi sur de belles huîtres en provenance de Gouville, dans la Manche (car il n'est de bonne huître que celle de la Manche et de Merrien).
Comme vous vous en doutez, l’accord est facile. On s’aventure en terrain connu. D’abord un peu étriqué, long au démarrage, ce muscadet prendra du volume tout au long de l’apéro. Bouche ciselée, traçante, prenant du volume à l’aération. Classique, sans surprise, mais néanmoins un peu déçu par l’évolution de cette bouteille dont j’attendais plus. En comparaison, les 2009 et 2010 m’ont paru bien plus « pleins » ; le Templerie 2012 plus accentué sur son côté minéral et le Clisson 2012 des Bêtes curieuses me semble d’un tout autre niveau. A revoir néanmoins avec confiance d’ici deux ou trois ans.

Nous passons à table et une bouteille type bourguignonne entourée de papier alu nous attend. Ma bouteille, également entourée de papier alu, l’accompagne. Ce qu’il y a de bien avec Gildas, c’est qu’on sait ce qui nous attend sur les coquilles saint Jacques.

Moi, prêchant le faux pour savoir le vrai :
- « Vous allez voir, c’est un Dauvissat ».
Gildas, impassible :
- « Peut-être… Peut-être pas… Qu’est-ce qui te fait dire ça » ?
Moi, provocateur :
- « A chaque fois que tu m’invites, j’ai toujours droit à un Dauvissat. La dernière fois, sur tes sushis, c’était un Dauvissat. Un chablis 2009. Ras-le-bol de tes Dauvissat ».
Gildas, d’une neutralité à faire pâlir d’envie notre Suisse :
- "Eh bien… goûtons-le et tu verras bien ».

Le vin s’annonce dans une couleur jaune très pâle. Le nez est un peu curieux, pas très loquace. Citron, un peu de réduction, pas très chablisien. On se demande ce que la bouteille peut bien contenir.

Servi en parallèle, mon Hermitage 2009 blanc du Domaine des Martinelles n’est guère plus causant. A peine décelons-nous un peu de fruits jaunes et une pointe d’encaustique. Il s'annonce tout de même un peu plus avenant.

Le vin de Gildas est strict, tendu, un peu austère. Mon Hermitage joue une partition bien différente, avec du volume et une bouche plus grasse. La vivacité est là, mais le vin offre un équilibre totalement différent. Le vin s’épanouira gentiment tout au long du repas et Gildas nous dira peut-être, ultérieurement, comment il a évolué avec 24 heures d’ouverture.

Les deux vins accompagnent paisiblement les coquilles Saint Jacques, les endives rôties et la purée de panais. Le plat est bon, les vins dialoguent bien avec lui et c’est une demi-surprise qui nous attend lorsque nous retirons le papier alu masquant le Chablis 1er Séchets 2011 de Vincent DAUVISSAT. Un vin actuellement un peu renfrogné que l’on doit encore attendre.

Pour accompagner un remarquable plateau de fromages affinés, Gildas sert un vin rouge.
Au premier nez, pas de doute : c’est un pinot. Et un beau pinot.
La couleur est belle, dense, pas très évoluée. Nous flairons et re-flairons un très joli fruit mais mon camarade de gauche, enfin… situé à ma gauche, n’est pas sûr que ç’en soit un.

Du coup, le doute s’instille. On hume, sent, goûte et mon verdict reste le même. C’est un pinot. Par contre, c’est une autre paire de manche que de trouver l’appellation, le millésime et le producteur.

Gildas nous met sur la voie :
- « Il n’y a pas une particularité, dans ce vin, qui pourrait vous mettre sur la piste » ?

Nous, avec la tête de Raoul VOLFONI attendant son bourre-pif sans trop savoir à quoi s'en tenir :
« Baahhh… on ne voit pas trop »...

Gildas :
- « L’acidité »...
Nous, en chœur :
- « C’est un 2008 » !
Gildas :
- « C’est bien un 2008 ».

Nous continuons à parler de choses et d’autres tout en revenant sur le vin. La bouche est dense, avec un beau fruit à peine patiné par les ans. Connaissant les goûts de l’ami Gildas, je tente un Pommard de Chantal LESCURE. Raté. Un vin de Ghislaine BARTHOD. Re-raté. BART ? RE, RE-raté ! commence à m'gonfler sévère, le Gildouille...

La discussion continue quand, tout à coup, un truc fait TILT : l’élevage que l’on perçoit en finale, une note de café légère, mais présente. BINGO ! Mon moment de gloire est arrivé :
- « Gevrey-Chambertin 1er cru Lavaux Saint Jacques (1) 2008 de Sylvie Esmonin » ! Banzaï !
- « T’es sûr » ?
- « Bah, pas trop, mais j’ai quand même bien envie de parier là-dessus ».
- « Perdu : c’est le simple Gevrey 2008 de Sylvie ESMONIN ».

(1) : merci à l'ami Starbuck qui, confirmant que Sylvie ESMONIN ne vinifie qu'un Clos saint Jacques, démontre encore un peu plus la vacuité de mon diagnostic !

Eh bien, pour un simple village 2008, c’est rudement bien ! L’acidité rageuse rencontrée dans certains bourgognes rouges 2008 n’est ici pas dérangeante, bien au contraire. Elle dynamise le jus et rend ce Gevrey-Chambertin très agréable. Une jolie bouteille !

Les panna cotta au zeste de citron amoureusement préparées par ma femme s’invitent à table et il est l’heure de présenter une flûte.
D’emblée, le parfum trahit l’origine alsacienne de l’or qui coule dans nos verres. C’est un riesling. Et un beau. Citron vert, terpènes légers, fruits exotiques sous-jacents, acidité millimétrée, bouche volumineuse mais remarquablement équilibrée… Nous sommes en face d’une jolie vendange tardive au sucre presque absent. Le vin se déploie largement en bouche avant de finir sur une belle acidité traçante. Joli !

RE-Perdu ! Il s’agit bien d’un riesling, mais pas d’une vendange tardive. C’est un grand cru Wiebelsberg 2006 de Lucas Rieffel, récolté bien mûr. Et c’est diablement bon.

Mahler nous accompagne. On prend des nouvelles de Claude, d’Yves, de Marie-Thérèse… Mais l’heure tourne et il est temps de raccompagner l’Helvète-auquel-nous-devons-beaucoup et son épouse vers leur hôtel Rouennais.

Demain, pour nos visiteurs d’un soir, les blanches falaises de craie auront fait place aux hautes cimes alpines. Resteront les bons moments partagés et l’envie de se revoir. Autour d’un DAUVISSAT ou d’un muscadet. N’est-ce pas, Gildas ?

Invite tes copains, ils te le rendent bien (fum... d'rac... de bidet) !

Enoooooooooorme !!
Pour bien connaître les lascars, invité mystère inclus, j'ai l'impression d'y être !

Le retour d'Anthony ?

« Gevrey-Chambertin 1er cru Lavaux Saint Jacques 2008 de Sylvie Esmonin » ! Banzaï !


Désolé de jouer au chieur de service mais elle n'a point de Lavaux, juste un bout du Clos

Toujours un régal à lire tes textes Vincent
Sylvie Esmonin réussit tous ses millésimes même les cuvées qui ne sont pas à elle ^^