La saison estivale arrivant, la saison des éclectiques suit. Mince, on me dit dans mon oreillette que toutes les saisons sont maintenant liées aux dégustations éclectiques et que le thème est l'exception à cette norme. 
Qu'à cela ne tienne, nous nous donnons rendez-vous avec le thème suivant : vin d'été, vins divers. Un thème que je prends au sérieux en apportant une bouteille qui fleure bon les vacances et une bouteille isolée dans ma cave dont je ne sais ce qu'elle pourrait donner (le fameux vin divers). 

En piste, on commence par trois bulles : 

Vin 1 : Domaine des 3 Terres, Crémant d'Alsace, NM
Le nez présente un mélange de brioche et un côté mûr assez pregnant sur un mélange de fruits jaunes (pêche), du citron confit, un très léger coing qui pourrait me faire partir en Loire. L'aération assagit le vin qui revient sur des arômes citronnés. 
La bouche présente des bulles fines, une aromatique sur le fruit confit avec une certaine gourmandise (dosage ?), les arômes citronnés arrivent en milieu de bouche avec ce complément d'acidité. La finale est belle sur des arômes de fruits jaunes et de mirabelle et l'ensemble présente une belle longueur. 
Une première bulle très sympa avec un côté gourmand. On sent que l'on n'est pas en Champagne mais je n'aurai pas trouvé l'Alsace. Après un coup de coeur sur les rouges, nouvelle belle découverte que cette bulle. Dommage que les prix soient si élevés. 

Vin 2 : Domaine Labet, Crémant du Jura, NM
Le nez présente un mélange charmeur et quelque peu nature avec un mélange de pomme rôtie, des arômes d'agrumes frais et des arômes de violette. Délicieux, simple et bien fait avec en même temps du fond. 
La bouche présente une belle acidité maîtrisée en attaque, une bulle fine et des arômes de citron frais. La finale apporte une légère amertume mais on reste sur ces arômes assez simples de citron. La longueur est moyenne. 
Un vin qui m'a plus charmé pour son nez que sa bouche qui reste simple. Cependant, l'équilibre est là et je me vois tout à fait le boire avec un copain sur une terrasse d'été. Plutôt donc un vin de plaisir. 

Vin 3 : Champagne A. Bergère, Grand Cru, Blanc de Blancs
Le nez présente un mélange fumé et zeste de citron mais cela reste assez simple. 
La bouche a de l'acidité, des arômes sur le citron frais avec une bulle très présente voire agressive. Pour moi, la longueur est faible. 
Clairement pas convaincu par ce Champagne mais je suis sûrement passé à côté de ce vin car mes camarades étaient beaucoup plus enthousiastes. Je pourrai recroiser ce domaine car une commande groupée est partie. 


Vin 4 : Domaine Vincent Dauvissat, Petit Chablis, 2015 
Le nez est intense, imposant sur un mélange chalpignonné, des fruits jaunes et un côté citron mûr que l'on trouve régulièrement sur certains Chablis de Dauvissat. Pour reconnaître parfaitement la patte du producteur, il manque cette croûte de fromage. 
La bouche elle ne laisse pas de doutes avec cet équilibre fin de tension, d'acidité et de gras sur ces arômes citronnés et de fruits jaunes. La longueur est très bonne avec cette finale aristocratique pleine de matière et laissant un léger gras en bouche. Clairement un Dauvissat qui donne beaucoup de plaisir en ce moment. La question est de savoir sur quel cru (1er) cette bouteille provient et le millésime car le nez était quelque peu évolué. Étiquette découverte, on ne peut que saluer le producteur d'avoir réussi un Petit Chablis aussi gourmand et tenant encore sur un millésime comme 2015. Bref si vous en avez, vous pouvez vous régaler dès à présent. 

Vin 5 : Domaine Labet, Côtes du Jura, Fleur de Chardonnay, 2018
Le nez m'enchante sur ce mélange de fumé, pierre à fusil puis les arômes de fruits jaunes et de fines tranches de pommes caramélisées (sortie d'une tarte aux pommes du four). C'est d'une très belle complexité tout en donnant une belle immédiateté. 
La bouche est elle aussi superbe avec une acidité en attaque sur le citron frais, l'ensemble reste fruité sur toute sa longueur. Un équilibre magistral, une rondeur certaine qui apporte de la gourmandise et une acidité importante qui laisse l'ensemble sapide et ne lasse pas. La finale est elle aussi pleine d'énergie sur un mélange de citron et de pierre à fusil. Superbe longueur.
Comme à presque chaque rencontre, un véritable coup de coeur. 

Vin 6 : Vietti, Roero Arneis, 2020
Le nez est assez intense, complexe sur le citron, un fumé assez fin, de arômes de cantal jeune et de la pierre à fusil. Celq ressemble à un beau Chardonnay un peu élevé. 
La bouche me fait partir dans une toute autre direction avec un équilibre présent mais plus sur l'amertume que l'acidité. Les arômes du nez laissent place à de la mangue qui domine dès le milieu de bouche. L'amertume survient et reste jusqu'en finale sur l'orange confite. L'ensemble présente une belle longueur. 
Un vin dont on sent l'origine sudiste en bouche (beaucoup moins au nez) et qui confirme l'intérêt des vins blancs italiens. 

Vin 7 : Domaine Camin Larredya, Jurançon, La part d'avant, 2017
Le nez est très exotique, ouvert sur un mélange mangue et ananas. Un super parfum de Jurançon que j'annonce des les premières effluves. On a ici une très belle complexité et un côté presque parfum avec une puissance certaine mais ensuite une certaine harmonie. J'adore. 
La bouche est elle aussi sur un superbe équilibre avec une attaque présentanr une petite acidité et la richesse avec un certain gras prend le dessus dès le milieu de bouche sur les fruits exotiques. La finale est sapide sur le zeste de pamplemousse. Très belle longueur. 
Un superbe vin, à parfaite maturité même si cela peut encore se garder. Surprise à la levée de l'étiquette car je ne pensais pas que cette cuvée pouvait aussi bien se garder. 

Vin 8 : Dopf et Irion, Riesling, GC Schoenenbourg, 2005
Le nez ne trompe pas avec des hydrocarbures très présents et marqués avec un mélange de citron bien présent. C'est joli et encore très jeune. 
La bouche est très bien faite avec ce mélange d'acidité,de longueur sur ces arômes évanescents de citron fumé et d'hydrocarbures. La finale reste sur ces arômes de pétrole et laisse une sensation sapide. 
Une bouteille très sympa, sans vices ni vertues sur une dégustation mais un beau vin tout de même. Mon apport, cela aurait mérité de l'apprécier pour elle-meme avec le plat adapté (chose que je me dis de plus en plus régulièrement sur beaucoup de vins de certaines régions). 

 
Vin 9 : Domaine François Cotat, Vin de France, Chavignol Rosé, 2022
Le nez est un mélange d'orange sanguine, de fraise écrasée, un léger floral et des agrumes. On a une belle complexité même si le nez n'est pas très puissant. 
En bouche, l'acidité domine l'attaque et ensuite l'orange sanguine et les petits fruits rouges s'imposent. Belle longueur générale. 
Un vin très sympa, pas le plus opulent mais tout à fait recommendable.

Vin 10 : Domaine Gaël Petit, Tavel, 2021
Le nez présente une belle complexité sur les fruits rouges et des arômes fumés. 
La bouche est moins agréable avec une matière imposante certes mais dominée par l'amertume et une sensation de richesse/sucre résiduels qui tend vers le fruit compotés. La longueur est correcte. 
Sûrement trop jeune et un style riche qui convient peu à la dégustation comparative. 


Vin 11 : Domaine Jérôme Castagnier, Bourgogne, 2017
Le nez est sur la jolie cerise noire, fraîche, un léger fumé et du cèdre parfaitement intégrés complètent et donne une belle complexité. L'aération amène aussi un léger côté mentholé du plus bel effet. Le type de nez que j'aime et me font partir sur du pinot. 
La bouche est moins séduisante sans défauts mais avec une matière moyenne, une longueur moyenne sur ces arômes de cerise noire et une finale avec une amertume qui arrive. 
Un vin qui m'a plus au nez mais dont la biche me semble encore fermée. 

Vin 12 : Domaine Jacqueson, Mercurey, Les Naugues, 2014
Le nez présente un joli fruité sur le noyau de cerise, presque un côté confiture de mûre qui donne une sensation sucrée. L'élevage commence à être digéré mais reste présent avec un boisé perceptible. Même si l'on est sur une sensation de Pinot, je m'interroge si l'on est en Bourgogne. 
La bouche est elle facile d'accès, équilibrée sur le fruit rouge. C'est gouleyant avec une longueur moyenne et des tannins qui se font oubliés. On a surtout ce côté gourmand et fruité qui reste et qui donne du plaisir. Je tente sud Bourgogne au vu du caractère mûr du nez. 
Une belle bouteille, qui commence à se boire. 

Vin 13 : Domaine Nicolas Grosbois, Chinon, Clos du Noyer, 2012
Le nez est intense, complexe avec une belle patine sur un mélange de fruits rouges, un léger poivron qui indique le cépage, un côté mercurochrome et un léger fumé. Délicieux et à point (après je ne suis pas cabernophobe). 
La bouche est très bien faite avec un côté juteux sur le fruit noir. La finale présente une certaine amertume et un léger poivron. Les tannins sont encore présents mais fins. 
Ce côté gourmand pour du cabernet me rappelle une dégustation chez Grosbois, je donne donc le nom du domaine (décidément c'est ma soirée). Un beau vin à point mais qui peut tout à fait se garder. Je trouve que ce domaine donne des cabernets avec une gourmandise certaine et que l'on ne retrouve pas souvent. .

Vin 14 : Domaine Fernand Vaquer, Vin de Pays Catalanes, 1988
Le nez présente un mélange de feuilles mortes, un léger champignon et des fruits noirs. Les épices musquées apparaissent à l'aération ainsi qu'un côté métallique signe d'un vin qui est âgé (voire a dépassé son optimum). Mais moi qui apprécie ce type de vins, ça reste plutôt sympa sans être grand. 
La bouche est bien faite avec encore sur des arômes fruités, une petite acidité, les tannins inexistants et une finale métallique mais nette. Longueur moyenne.

Vin 15 : Joh. Jos. Prüm Graacher Himmelreich Riesling Auslese, 2005
Le nez me parle avec un côté litchi frais, de la mangue, une complexité importante et surtout ce côté gourmand que j'adore. Impossible à placer au nez car je n'ai pas de repère. 
La bouche présente ce léger perlant en attaque qui signe l'allemand. L'acidité est haute mais l'ensemble présente une superbe matière fraîche sur le fruit exotique avec le litchi au premier plan, un sucre qui se fond, une superbe longueur. 
Bref que dire à part que c'est un bonheur à boire. Difficilement crachable, heureusement c'est le dernier vin. 


Et voilà encore une belle soirée réalisée. Une belle soirée homogène où chaque couleur aura eu la part belle. C'est bien aussi ces éclectiques. 

Bonne dégustation, 
Matthias