J’ai failli intituler ce nouveau sujet « La nouvelle fable de LPV Versailles : le puma et le corbeau » ! Je vous sens un peu perdus… Ben oui (et non pas « Benji » qui a organisé la dégustation
), le Mâconnais, le puma connait, et le corbeau, je l’ai !
Bon, je crois que mes camarades de jeu (de dégustations, pas de mots) n’auraient pas apprécié et je suis donc resté plus classique.
Et je te sens dubitatif, ami LPVien lecteur, alors bon, je sors…
Mais je ne peux pas sortir tout de suite, j’ai un CR à faire !
C’est donc Benji qui s’y est collé et, avec l’aide de tous, nous a sorti des paires incroyables et des triplettes hyper pointues. Beaucoup de grands noms, mais aussi une belle découverte. Un grand bravo, Benjamin !
Autant le dire tout de suite, malgré le haut niveau de la dégustation (haut niveau pour les appellations, c’est donc un jugement relatif), nous avons eu encore une fois des avis très différents.
Pour le Maconnais cela a pris la forme de descriptions des vins assez cohérentes mais d’appréciations parfois à l’opposé en fonction des goûts de chacun, notamment par rapport aux vins issus de raisins en surmaturité.
Pour le Beaujolais, même les descriptions partaient parfois dans tous les sens, au point que l’on s’est posé la question d’inversion de verres : mais pas de souci, l’organisation au millimètre du maître de cérémonie a empêché de telles erreurs.
C’est tout simplement, et j’ai l’impression de me répéter, que les palais et les (forts) caractères des membres du Groupe sont très variés ! Mais comme l’a dit Denis, le créateur du club, nous trouvons toujours énormément de plaisir à nous retrouver… La preuve, sur 12 membres, nous sommes toujours 11 ou 12 présents !
Bon, une dernière précision : Benjamin a fait le choix judicieux de ne retenir que des blancs en Mâconnais et des rouges en Beaujolais !
Première paire de Mâconnais : vins d’un même beau millésime très jeune, pour se faire la bouche
Mâcon-Verzé – Domaine Nicolas Maillet – 2015
Robe paille claire.
Nez intense, sur des fruits très mûrs, de melon et de notes exotiques, mais donnant une impression d’aromatique pas très naturelle.
La bouche présente une attaque ronde avec un jus sapide, puis une belle vivacité prend le dessus pour se terminer sur une finale pleine de tonus.
Bien ++
Pouilly-Fuissé – Bret Brothers – Le Clos Reyssié 2015
Robe paille claire.
Nez d’une bonne intensité, proche du précédent mais au fruité moins mûr et avec du grillé en plus.
La bouche est assez charnue, à l’alcool sensible et avec toujours ces arômes grillés. En finale une légère amertume ressort, qui ne m’a pas gêné contrairement à d’autres, combinée à du sésame.
Un vin sans doute à attendre, même si son ouverture une heure auparavant n’a pu l’arrondir.
Bien (+)
Deuxième paire de Maconnais : même grande cuvée sur deux beaux millésimes
Mâcon-Pierreclos – Domaine Guffens-Heynen – Tri de Chavigne – 2012
Robe se situant entre paille et or.
Nez puissant, dominé par des arômes boisés et grillés qui étouffent tout le reste. La comparaison avec son aîné bu en parallèle laisse à penser qu’il y a à la fois de la réduction et un élevage (pourtant sans bois neuf) moins bien intégré.
La bouche est à l’avenant, sur la même aromatique. La matière est pleine et généreuse mais mal mise valeur par ces arômes que d’autres ont plus apprécié que moi.
A attendre au moins cinq ans en espérant que cela se fonde.
Bien (+)
Mâcon-Pierreclos – Domaine Guffens-Heynen – Tri de Chavigne – 2009
Robe également entre paille et or, légèrement plus soutenue.
Nez intense et épanoui,, sur de beaux fruits exotiques infléchis par d’intéressantes notes fumées.
La bouche est très équilibrée et d’une belle distinction. L’aromatique est pure, le toucher en dentelle, la persistance de très bonne facture et la finale franche et salivante.
Très Bien +(+)
Impossible de trouver qu’il s’agit du même vin à trois ans d’intervalle, tant les caractéristiques sont différentes ! Dans ce match des extrêmes, le 2009 l’a emporté par 7 à 4 …
Troisième paire de Maconnais : même grande cuvée sur deux beaux millésimes très différents
Viré-Clessé – Domaine de la Bongran – Quintaine – Cuvée EJ Thévenet – 2008
Robe d’un or clair.
Nez bien ouvert et fin, aux senteurs exotiques et miellées. On peut se poser la question de présence de botrytis sur les raisins.
La bouche présente un équilibre aux remarquables appuis que sont la matière mûre, un léger sucre résiduel et une superbe fraîcheur. L’ensemble est ample mais perdure pour notre plus grand plaisir.
Très Bien ++
Viré-Clessé – Domaine de la Bongran – Quintaine – Cuvée EJ Thévenet – 2005
Robe d’un or moyen.
Nez très intense et complexe, sur des fruits exotiques dévoilant clairement la surmaturité des raisins, et des notes truffées du plus bel effet.
La bouche est énorme par sa densité et son volume. Elle possède également plus de sucres résiduels et une certaine acidité lui apporte de la nervosité, pas assez pour certains. En tout cas la persistance est remarquable, en restant très large.
Très Bien ++
Deux beaux vins, très représentatifs de leur millésime, que j’ai noté de façon identique mais pour des qualités différentes, le 2008 pour son équilibre et le 2005 pour son opulence.
J’ai en effet la chance de pouvoir apprécier des styles très différents, d’autres sont plus pointus et n’ont pas forcément cette chance…
Quatrième paire de Maconnais : même grande cuvée sur deux beaux millésimes d’un âge respectable
Pouilly-Fuissé – Domaine Guffens-Heynen – Les Croux – 2000
Robe entre paille et or.
Nez généreux et d’une complexité olfactive intéressante : toujours les fruits exotiques, des arômes fumés intenses et une touche de sésame.
L’attaque est perlante mais cela s’atténuera fortement à l’aération. Le milieu de bouche dévoile une matière impactante puis le vin prend un profil plus tendu. La finale élancée sait garder suffisamment de sapidité.
Très bien ++
Pouilly-Fuissé – Domaine Guffens-Heynen – Les Croux – 1996
Robe dorée.
Nez exhalant des arômes très intenses et complexes de fruits exotiques, de truffe, de caramel, avec même une touche minérale.
L’attaque est précise et ciselée puis la bouche se déploie et s’amplifie pour une deuxième partie impressionnante par son fruité, sa largeur et sa longueur. La finale vibrante et saline vient clôturer de la plus belle manière qui soit ce superbe ensemble.
Excellent (+)
Nous rencontrons pour la troisième fois en six mois un vin de GuffensHeynen du millésime 1996, après le Pouilly-Fuissé Vintans et le Chablis GC Valmur : à chaque fois cela a été l’extase !
Première triplette de Beaujolais : belles cuvées de Fleurie sur un même beau millésime très jeune
Fleurie – Domaine Chamonard – La Madone – 2015
Robe bien sombre aux reflets violets.
Nez ouvert au caractère très fruité.
La bouche est simple et plutôt sur la finesse, svelte, alliant fruité et floral.
Bien
Fleurie – Domaine de la Grand’Cour – Cuvée VV – Lieu-dit « Champagne » – 2015
Robe assez sombre aux reflets à peine violacés.
Nez très intense où une pointe d’acidité volatile vient exacerber un beau fruit, celui-ci étant nuancé de notes florales et végétales.
La bouche est construite sur un bel équilibre tout en matière charnue et fruitée, vivacité et persistance. Que demander de plus ? Peut-être une certaine complexité. En tout cas une belle découverte pour moi et quelques autres, pas pour tous.
Bien++ / Très Bien
Fleurie – Domaine du Vissoux – Les Garants – 2015
Robe très sombre et jeune.
Le nez dégage une belle intensité, sur la cerise noire bien mûre agrémentée d’une touche réglissée.
En revanche la bouche est stricte et tendue. On perçoit une belle matière mais comprimée et de légers tanins qui ne demandent qu’à s’assouplir.
Bien + en l’état mais en restant optimiste sur son avenir d’ici deux à trois ans.
Deuxième triplette de Beaujolais : même belle cuvée sur des millésimes bien espacés
Morgon – Domaine Jean Foillard – Côte du Py – 2014
Robe sombre et assez jeune.
Nez très ouvert sur une base fruitée mais d’où ressort un côté nature (vernis à ongle) et un peu de réduction.
De demi-corps, la bouche présente un rapport tanins / matière fruitée un peu déséquilibré, avant une finale aux légers amers (ce que j’apprécie dans les blancs, pas dans les rouges).
Assez Bien + / Bien mais les autres millésimes vont nous rassurer…
Morgon – Domaine Jean Foillard – Côte du Py– 2009
Malgré les cinq ans supplémentaires la robe est très proche.
Nez démonstratif, au fruité énorme et franc, complété par des accents fumés et une note épicée qui évoque la vanille.
L’harmonie de la bouche est très réussie : la chair fruitée et de grosse densité s’allie avec brio à une acidité structurante, une grande finesse et une allonge pleine d’énergie.
Très Bien
Morgon – Domaine Jean Foillard – Côte du Py – 2006
Robe assez sombre et légèrement tuilée.
Nez ouvert et fin sur des arômes de fruits compotés.
La bouche est marquée par un fruité plus acidulé et une grande droiture tout en restant acidulé.
Ce millésime réussit le meilleur accord avec un thon mi-cuit car celui-ci l’enrobe et lui apporte du gras et de la rondeur.
Bien++ / Très Bien
Sur cette triplette les écarts de perception ont été vraiment importants, et donc les appréciations qui en découlent.
Paire de Beaujolais : appellations différentes mais même grand millésime
Morgon – Domaine Daniel Bouland – Vieilles Vignes –2009
Robe très sombre et bien jeune.
Nez intense d’une grande élégance qui papillonne entre fruits noirs très mûrs, ronce et arômes empyreumatiques.
La bouche dense et corsée possède une matière pleine, habillée de tanins serrés et un rien accrocheurs.
Bien ++
Moulin à Vent – Domaine Didier Desvignes – Terre de Manganèse – 2009
Attention : Didier n’a aucun lien de parenté avec Louis-Claude.
Nez intense et élégant, doté d’une pointe de volatile qui disparaît à l’aération dans le verre pour laisser la place à de beaux fruits noirs et une touche mentholée.
La bouche ravit par sa grande matière, son velouté, sa belle fraîcheur, ainsi que son aromatique qui se déploie jusqu’à la gamme balsamique ! La finale salivante invite à se resservir mais au 16ème vin ce n’est pas sérieux…
Très Bien pour cette belle découverte.
Troisième triplette de Beaujolais : grandes cuvées d’appellations différentes et d’un âge respectable
Morgon – Domaine Louis-Claude Desvignes – Javernières – 2000
A ce stade de la dégustation, le peu de lumière (nous sommes à l’extérieur en soirée) ne permet plus de juger les robes.
Nez très ouvert sur des fruits compotés infléchis par de belles notes florales signalant une certaine évolution.
La bouche dévoile une belle finesse, en tension, mais reste assez fluide.
Bien +(+)
Moulin à Vent – Château des Jacques – Clos du Grand Carquelin – 1976
Nez très intense un peu unidimensionnel sur des arômes fumés et grillés.
La bouche est à l’avenant, sur les mêmes arômes empyreumatiques complétés par une sensation pierreuse (tellurique). Cela donne un ensemble austère d’autant que la finale est assez asséchante.
Il fallait essayer, mais ce vin a depuis longtemps dépassé son apogée.
Assez Bien +
Fleurie – Domaine Chignard – Cuvée spéciale – 1991
Nez d’une grande intensité aux arômes d’abord animaux se mêlant à d’autres plus avenants tels que la figue et le pruneau. A l’aération ce sont ces derniers qui dominent et s’allient à des fruits compotés pour offrir une ensemble particulièrement engageant.
La bouche étonne par sa densité et sa plénitude. Le fruité est encore éclatant, le toucher velouté et la bouche a acquis ce supplément d’âme et d’élégance que n’avaient pas les autres Beaujolais de la soirée.
Très Bien ++
Et un petit after pour accompagner le dessert :
Weingüter Geheimrat - J. Wegeler Erben - Rheingau - Geisenheimer Rothenberg - Riesling Eiswein - 1996
Robe très sombre et acajou (impossible de deviner que le vin provient d’un cépage blanc).
Très beau nez, puissant, sur les raisins secs, les fruits confits, le pruneau et la figue.
La bouche est charpentée, riche, d’une liqueur extrême (> 250g de SR). L’acidité énorme ne parvient pas à apaiser l’ensemble car elle apparaît dissociée, non intégrée.
Un véritable OVNI mais un peu toomuch pour moi.
Bien ++
L’accord avec un dessert au chocolat est exécrable mais en revanche superbe sur un dessert à l’abricot dont le côté acidulé constitue un renfort pour combattre la puissance du vin.
Sur la terrasse très agréable du Verre y Table, par une température fort clémente, en bonne compagnie et avec de tels vins : encore une superbe soirée … et on en redemande ! Ce sera donc Meursault et Volnay pour continuer dans nos thèmes blancs d’une AOC et rouges d’une autre.
Amitiés œnophiles,
Jean-Loup