Le 14 octobre dernier, j’ai convié quelques amis avertis (parmi lesquels Vivien, vivienladuche pour LPV, qui a fait le voyage à Bourges) à une dégustation éclectique, chaque vin étant accompagné comme habituellement par une bouchée, une verrine ou un mini-plat concoctés, et très réussis, par ma tendre et douce.
Les vins ont été servis à l’aveugle, et j’inclus donc les commentaires de Vivien écrits dans ces conditions, et les miens écrits en connaissance de cause évidemment …
Je précise que la dégustation a eu lieu dans ma cave, faiblement éclairée, ce qui peut expliquer des différences notables dans les appréciations des robes …
On y va, donc, et comme à l’habitude on démarre par un Champagne, avec les fameuses galettes de pommes de terre du Berry.
Champagne Deutz cuvée « William Deutz » 1999
Il s’agit d’un assemblage 55 % PN, 35 % C et 10 % PM.
Vivien
La robe est d’un très bel or. Le nez est sur la paille mouillée, le miel. Les bulles sont très légères et fines. Le vin est aérien, légèrement mentholé tout en étant également vineux. Une belle tension, des agrumes, de la finesse, une très belle longueur. Un superbe équilibre et une pointe de fruits blancs en fin de bouche.
Délicieux 17+/20
Jean-Loup
La robe est paille soutenue mais difficile de juger les bulles qui n’apparaissent pas dans les verres Spiegelau, trop bien lavés sans doute, pourtant pas au lave-vaisselle !
Le nez est très intense et complexe : le miel est très présent, ainsi que la pomme, mais on note également du grillé et des notes minérales.
En bouche aussi les bulles sont à peine perceptibles : ont-elles disparu ? Non, elles sont tout simplement d’une finesse extrême. La charpente et la vinosité sont là, mais l’élégance aussi. C’est sans doute ce qui a partagé les dégustateurs, partagés entre le pinot noir et le chardonnay …
En tout cas un très beau Champagne de classe : 17,5 / 20.
Après avoir goûté au dernier moment, avant carafage, un Chablis GC Château Grenouilles La Chablisienne 2004, malheureusement bouchonné, je sors mon joker :
Chablis 1er cru La Forest Dauvissat 2005
Vivien
La robe est d’un or brillant. Le nez est très mûr : torréfié, grillé, gras, rond, fruits blancs et jaunes très mûrs, une pointe d’acidulé et d’agrumes. En bouche, à nouveau des fruits blancs et jaunes très mûrs, un côté iodé, salin, une pointe de caramel. C’est rond, avec une belle demi-longueur.
Première rencontre pour moi avec ce grand vigneron : ce vin est déroutant pour un Chablis !!! Quelles concentration et chaleur, je serais parti sur un Hermitage…
L’accord est délicieux avec la nage de lotte.
17/20
Jean-Loup
La robe est bien dorée.
Intense et riche, le nez part sur les fruits blancs, le miel, la vanille, puis le grillé et même une pointe pétrolée !
L’attaque en bouche est assez grasse, puis c’est le caractère tout en longueur qui impressionne, grâce à une minéralité très fine et des notes iodées qui donnent un côté salin et persistant du plus bel effet.
L’accord avec la lotte aux champignons, poireaux et safran est pour moi un des plus réussis car le vin est magnifié et gagne en profondeur.
Une de mes toutes premières rencontres avec ce domaine prestigieux, à la hauteur de ce que j’en attendais : 17,5 / 20.
Il est intéressant de noter que tous étaient sur le Rhône, septentrional ou méridional : effet millésime ? Pour moi on était clairement sur Chablis …
Pinot Gris Rangen de Thann Clos Saint Urbain Zind Humbrecht 2004
Vivien
La robe est d’un bel or brillant. Le nez est presque caramel, confiture de mirabelle puis agrumes. C’est très concentré. En bouche c’est très gras avec un gros volume, du litchi, des fruits exotiques, une grande longueur. Véritablement superbe !!!!
L’accord avec le thaï de crevettes s’est révélé au top.
A l’ouverture, le vin est plus marqué par la mirabelle et le coing, puis les agrumes, le litchi et une pointe de botrytis. Grande richesse en bouche, mais on ne sent pas les 16 degrés d’alcool.
18/20 seul, 18,5/20 avec l’accord
Jean-Loup
La robe se pare d’un or déjà bien ambré.
Au nez, puissant, c’est un festival d’arômes qui rivalisent entre eux : orange confite, coing, fruits exotiques, mirabelle … Un nez complexe et qui évolue, comme je les aime.
Le volume en bouche est énorme, il y a du gras sans que des SR soient perceptibles, encore des fruits exotiques mais les notes pétrolées nobles dominent.
Un grand vin (18 / 20) dont l’accord se révèle excellent avec les crevettes façon thaï .
Allez,on passe aux rouges ...
Saumur Champigny Les Poyeux Clos Rougeard 2007
Vivien
Belle robe rubis brillant. Nez de graphite, de mine de crayon, de poussière, concentré. La bouche est droite, pleine de fruits, crayeuse, de belle longueur. Un vin charmeur, C’est d’une très grande buvabilité. C’est délicieux. Un grand cabernet franc de Saumur-Champigny ou de Chinon à n’en pas douter… A l’ouverture, le vin devient une explosion de fruits +++ avec des tanins doux, avec une grande longueur.
18-/20
Jean-Loup
La robe est assez claire et encore jeune.
Le nez est intense et dévoile des notes de graphite (mine de crayon) et de craie, sur un fond de fruits noirs.
Quelle belle rigueur en bouche ! C’est très droit, minéral, avec du fruit en soutien et une superbe longueur …
Il lui a manqué la volupté du 2003, bu en avril 2011, pour être grand : 17 / 20.
Rencontre sympathique avec du cou de canard farci.
Chateauneuf-du-Pape Tardieu-Laurent Cuvée spéciale 2009
Vivien
Magnifique robe rubis.
Le nez est très concentré, du fruit +++ : fraise, cerise, kirsch, cranberry, une pointe de vanille. En bouche, c’est croquant, gourmand, avec de la fraîcheur, du fruit à n’en pas finir, une superbe longueur. Inutile de mentionner le nombre de bêtises que j’aurai dites quant à l’origine de cette pépite, surtout quand Jean-Loup me dit que nous l’avons déjà dégusté ensemble…
A l’ouverture, le nez tourne garrigue, délicieux, longueur, fraîcheur.
17,5+/20
Jean-Loup
La robe présente une profondeur moyenne et des caractéristiques de jeunesse.
Le nez est très expressif, d’abord sur la girofle (très facile à déceler), puis sur les petits fruits rouges (parfums de fraise très nets) et la menthe fraîche.
En bouche, c’est une pure gourmandise ! Le moelleux est extraordinaire, mais il y a de la chair dans ce vin, avec également une fraîcheur incroyable !
Comme il y a 6 mois, un vrai délice mais qui ne manque pas de complexité : 17,5 / 20.
Je suis curieux de voir ce que cela donnera dans cinq ou six ans : cela sera le sort de ma dernière bouteille …
Très bon accord avec un rizotto au chorizo doux.
Gevrey Chambertin Evocelles Dugat-Py 2002
Vivien
La robe est très sombre, avec des franges violacées. Cela semble très jeune. Le 1er nez est sur la groseille, la cerise, c’est très mûr. La bouche possède une grosse trame acide, une grande longueur, c’est très concentré. Le vin paraît même légèrement fermé.
Je pense que l’on est sur un grand nom du sud-ouest sur un vin jeune, stupéfaction à la découverte de la bouteille !!! Du pinot noir… 2002 ??? Quelle jeunesse insolente !
Un vin de gros potentiel à attendre encore longtemps pour ceux qui en ont…
16/20 (potentiel de 18/20)
Jean-Loup
La robe est assez sombre pour un Bourgogne, mais on est en Côtes-de-Nuits et pas chez n’importe quel vigneron, d’une jeunesse incroyable !
Intense et superbe, le nez nous offre une corbeille de fruits (cerise, framboise, groseille, cassis, …) mais aussi des notes de suie qui contribuent à la complexité du bouquet.
La bouche est très droite et présente une belle minéralité, avec une acidité prégnante mais pas dérangeante.
Un vin de haut vol (première rencontre avec ce domaine mythique) bu beaucoup trop jeune (16,5 / 20) mais quel potentiel ! Malheureusement je n’en avais qu’une bouteille …
Bien sûr, l’accord était naturel avec une terrine de lapin aux pignons et aux girolles.
Saint-Emilion Beauséjour-Bécot 1989
Vivien
Robe sombre très brillante à franges orangées sur les bords. Le nez est très rond, très garrigue, légèrement herbacé. La bouche est opulente, magnifique et concentrée. Des notes de kirsch, quelle rondeur, superbe longueur. A l’ouverture, le nez évolue menthol et sous-bois. Un superbe vin à son apogée. Je me serai encore lamentablement planté sur l’origine…
17,5/20
Jean-Loup
La robe est d’une intensité moyenne, à peine évoluée (après pourtant 23 ans !) et très légèrement trouble.
Le nez est tout à la fois ouvert, complexe et élégant. Il dévoile tour à tour du tabac, du sous-bois, du gibier, un beau fruité secondaire et du poivron rouge !
Grande élégance, belle fraîcheur, superbe longueur et finale où le fruit fait un retour gagnant : voilà encore un très beau vin presque éternel qui a fait un beau mariage avec la terrine de lapin aux pignons et aux girolles : 17,5 / 20.
Porto Vintage Rozès 1997
Vivien
Robe brique légèrement troublée. Au nez c’est kirsch, velouté, longueur. Bouche chocolatée, cerise, fruits rouges et sombres à l’alcool, pruneau. Un équilibre presque demi-sec. Grosse longueur mais alourdie par la puissance alcoolique. Porto Vintage sans aucun doute et millésime 1994 ou 1997. La seule bonne pioche de la journée…
15,5/20
Jean-Loup
Assez sombre, la robe marque un début d’évolution.Le nez est très intense et fin, sur les fruits noirs et le chocolat.
Il y a beaucoup de fruit en bouche et une belle fraîcheur mais le fruit est légèrement trop prégnant.
Un bon porto (appellation identifiée par de nombreux dégustateurs à ma grande surprise) mais pas grandiose : 16 / 20.
L’accord est très réussi avec du canard au cucurma, au gingembre et aux figues rôties au miel, grâce à P’titPhilou qui m’avait soufflé l’idée, suite à son expérience (merci LPV !).
Minervois Dolium Pierre Fil 2007
Vivien
La robe est très sombre, presque noire. Le nez est très concentré, fruits noirs, réglisse. La bouche est puissante, longue, grosse matière, riche, des notes de garrigue, de cerise, très belle longueur. Superbe. Le grand Languedoc est parmi nous mais lequel ??? 2007 semble se présenter à nous.
17/20
Jean-Loup
La robe est très sombre et encore bien jeune !
Moyennement ouvert, le nez possède une aromatique classique de fruits noirs, agrémentés de cuir noble.
Il fallait relever le défi de passer après le porto ! Ce beau vin l’a réussi grâce à sa concentration, sa trame serrée, son beau fruité et a même tenu la dragée haute face à des fromages de caractère tels qu’un vieux Gouda et une tome des Pyrénées. Un vin de caractère grâce à ses 80 % de mourvèdre : 16,5 / 20.
Sauternes Guiraud 1990
Vivien
La robe est caramel brillant. Le nez est sur la tarte tatin, acidulé, puis revient pomme caramélisée avec une pointe de miel. La bouche est sensationnelle d’équilibre, avec une superbe acidité, les sucres sont parfaitement intégrés et équilibrés. Grosse longueur, magnifique acidité. A l’ouverture, le nez évoluera cire d’abeille. Un vin de grande intensité. Grand vin !!! Je me planterai lamentablement pour conclure en étant persuadé d’être face à un grand chenin, type Foreau Réserve 2003 ou SGN de Delesvaux. Je sors ===>[].
Incroyable de voir la différence avec le Guiraud 1990 goûté en juin dernier qui me semblait présenter un côté oxydatif déviant et un déséquilibre certain en étant trop caramélisé.
18,5/20
Jean-Loup
Quelle belle robe ! Cette couleur dorée et très ambrée est caractéristique de Guiraud (un dégustateur l’a dit rien qu’en découvrant la carafe avant de s’égarer sur une autre région …).
Quel superbe nez ! D’une belle intensité, il se caractérise surtout par sa finesse et sa complexité, avec de beaux arômes de miel, de coing, de rôti, d’abricot confit et d’épices …
Quel équilibre en bouche ! Le fruité est encore éclatant, la liqueur superbe et l’acidité vibrante ! La magnifique longueur permet de profiter encore plus de ce nectar : 18 / 20.
Avec un gâteau aux pommes aux trois cuissons, l’accord s’est révélé évident !
Et voilà, un petit tour en France … et ailleurs ? Finalement un petit tour oui, mais grâce à de grands vins et de grands accords avec des petites douceurs …
Sans avoir échangé sur nos notes avec Vivien pendant la dégustation, je suis frappé par l’homogénéité, même si nous n’avons pas forcément apprécié les vins pour les mêmes raisons.
A bientôt pour la prochaine, le 18 novembre ...
Amitiés oenophiles,
Jean-Loup