Chers LPViens,
De retour de deux semaines de vacances, je n'ai eu en tête pendant ma première semaine de reprise que la dégustation prévue le samedi de cette même semaine (27 août 2011) chez Damien à quelques pas de la frontière suisse. Damien a eu la riche idée de convier une dizaine de personnes à une dégustation somme toutes assez fantastique ! Point de thème, seulement quelques lignes directrices. Je vais essayer de vous retranscrire mes impressions et surtout mes émotions sur ces vins à partir de mes notes.
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Première série : introduction
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En accompagnement d'un beau plateau de charcuterie.
Les vins sont servis les uns après les autres, les deux premiers à l'aveugle, les deux derniers à étiquette découverte.
Champagne :
Bulle très fine, peu perceptible. Champagne très agréable, mais ce premier verre dégusté en toute décontraction n'a fait l'objet d'aucune prise de note de ma part.
Bien
Champagne Jacquesson, cuvée 734
Vin rosé :
La robe est de couleur saumonée et présente des reflets ambrés. Le nez m’évoque la grenadine. La bouche est relativement ample, très vineuse mais assez chaleureuse. La finale est sapide. C’est un très bon rosé, qui mériterait peut-être d’être attendu si cela diminuait la perception de l’alcool. A ce niveau de prix, je préfère toutefois un blanc bourguignon, même en été.
Bien
Bandol rosé 2010, Domaine Tempier
Vin rouge N°1 :
La bouteille a été ouverte et entamée la veille au soir puis conservée via VinoSafe
La robe est de couleur bordeaux, foncée. Le nez est assez expressif, d’abord sur les fruits rouges/noirs (cerise ?) puis sur le poivre blanc, légèrement en retrait. La bouche est délicate, très typée Pialade (contrairement à l’impression que j’avais eu le midi même) mais moins explosive que sur 2005. C’est bon, assez concentré mais à attendre, sans aucun doute.
Bien +
Côtes-du-Rhône "La Pialade" 2007, Château Rayas
Vin rouge N°2 :
La bouteille a été ouverte et entamée quelques jours auparavant et conservée via VinoSafe
La robe de ce second vin rouge est nettement plus sombre, presque noire, avec des reflets violine. Le premier nez est d’abord marqué par des notes boisées et vanillées puis apparait la confiture de cassis. Les mêmes arômes persistent à l’aération mais explosent littéralement dans le verre. Si ce bouquet ne fait pas preuve d’une grande complexité, il reste néanmoins très séducteur. En bouche, les tannins sont parfaitement fondus. Les notes d’élevage (et particulièrement la vanille) sont omniprésentes et masquent un peu les reste des arômes. C’est un vin velouté mais un peu
too much en l’état. Evidemment trop jeune, il reste néanmoins promis à un très bel avenir : gros potentiel !
Très Bien -
Crozes-Hermitage « Le Clos des Grives » 2009, domaine Combier
Conclusion sur la première série :
Très belle introduction avec de beaux vins en devenir.
[size=large]Deuxième série : les blancs[/size]
En accompagnement de crevettes et sèches poêlées.
Les trois vins sont servis en parallèle, en semi-aveugle.
Après cette belle introduction, nous passons à table. Damien nous annonce que le Meursault 1998 de Coche qu'il avait prévu est bouchonné... quelle poisse ! Il décide donc de le remplacer par un autre vin blanc, apparemment du Languedoc. Sont donc annoncés comme les trois vins qui nous sont servis en parallèle (en semi-aveugle donc) :
- Meursault 1er Cru « Genévrières » 2000, domaine des Comtes Lafon
- Meursault 1er Cru « Perrières » 2001, domaine des Comtes Lafon
- Coteaux du Languedoc - Terrasses du Larzac « Clos des Immortelles » 2008, Mas de la Seranne
Ma connaissance très imparfaite des vins du Languedoc ne me met pas la puce à l'oreille car le vin du Languedoc qui est annoncé n'existe apparemment pas en blanc... Le subterfuge était donc grotesque, mais je me suis fait avoir à 200%...
Vin blanc N°1 :
La robe est assez limpide et présente une belle couleur dorée, peu évoluée. Le nez n’est pas très expressif. Je distingue difficilement un arôme de beurre et de très légères notes de réduction. La bouche est volumineuse, assez tendre et d’une belle longueur (mais pas infinie). C’est un beau vin qui procure du plaisir et qui semble à maturité.
Très Bien –
Meursault 1er Cru « Genévrières » 2000, domaine des Comtes Lafon
Vin blanc N°2 :
La robe est d’un bel or soutenu. Le nez est très expressif et présente de fortes notes de réduction. La rétro-olfaction met tout de suite en évidence les arachides. La bouche est d’un volume ahurissant : le vin tapisse littéralement la bouche. Volupté est l’adjectif qui caractérise le mieux ce vin de grande race qui semble à parfaite maturité mais tout à fait apte à vieillir encore un peu. Grosse claque !
Excellent
Meursault 1998, Jean-François Coche-Dury
Vin blanc N°3 :
La robe est jaune et présente des reflets bouton d’or. Le nez est lui aussi assez réduit mais présente plus de fraîcheur que le précédent. A l’aération, j’ai l’impression de reconnaître l’odeur du yaourt. La bouche est ample et équilibrée, caractérisée par une certaine minéralité et évoque immanquablement un grand terroir. La classe !
Très Bien ++
Meursault 1er Cru « Perrières » 2001, domaine des Comtes Lafon
Conclusion sur la deuxième série :
Pour moi, les vins blancs N°2 et N°3 étaient obligatoirement des Meursault et j’avais identifié les Perrières en N°3. Le N°2 était pour moi largement au-dessus du N°1 mais le N°3 représentait un vrai challenger. Je pensais que le vin blanc N°1, qui semblait plus jeune et qualitativement en retrait, était celui du Languedoc (que je ne connais pas en blanc). Le tour de table a été assez unanime : 5 voix sur 7 ont élu le N°2 comme leur préféré… et là Damien nous annonce qu'il s'agit du vin du Languedoc :
Mon voisin de droite annonce déjà qu'il en commandera une palette pendant que je m'empare précipitemment de mon iPhone pour consulter le prix d'une telle bouteille sur Internet. Mais les masques tombent et cette bouteille ne remplira donc pas ma cave puisqu'il s'agit bien du Meursault de Coche, absolument pas bouchonné et tout à fait splendide ! Quel farceur ce Damien, avec la complexité de Laurent
Le pari est gagné puisqu'il s'agissait de démontrer ici la supériorité d'un Meursault village de Coche à d'autres très beaux premiers crus de la même appellation...
[size=large]Troisième série : les rouges[/size]
En accompagnement de côtelettes d’agneau et d'un risotto aux bolets.
Les trois vins sont servis en parallèle, en semi-aveugle.
A peine remis de la série des blancs, Damien nous annonce un programme 100% grenache de haut vol :
- Montsant DO « Espectacle del Montsant » 2008, René et Isabelle Barbier, Fernando et Marta Zamora, Christopher et Charlotte Cannan
- Chateauneuf-du-Pape 2000, Château rayas
- Chateauneuf-du-Pape « Réserve des Célestins » 2001, domaine Henri Bonneau
Vin rouge N°3 :
La robe est évoluée, plutôt claire et présente un disque tuilé. Le nez est expressif, très typé Rayas avec quelques notes giboyeuses en plus. Les arômes sont profonds et d’une complexité qu’il m’est difficile de figer par des mots. La bouche est délicate et son toucher est unique. C’est un vin raffiné et complexe, que je trouve exceptionnel !
Excellent
Chateauneuf-du-Pape 2000, Château rayas
Vin rouge N°4 :
La robe est plus sombre et plus trouble aussi que celle du vin précédent. Le nez, très dense, m’évoque (entre autres) l’orange sanguine. C’est un vin assez classique qui se présente au palais, quelque peu rustique et marqué par une certaine astringence en finale. C’est très bon, mais je dois reconnaître que je suis un peu déçu face à une telle étiquette…
Très Bien
Chateauneuf-du-Pape « Réserve des Célestins » 2001, domaine Henri Bonneau
Vin rouge N°5 :
La robe du troisième vin de la série est la plus sombre et la moins évoluée, presque noire, aux reflets burlats qui m’évoque un verre d’encre. Le nez de ce dernier vin est surprenant : barbe à papa, pétales de rose et notes d’élevage s’entremêlent. Contrairement à mes craintes, ce vin s’avère très digeste et se compare davantage à une confiserie qu’à un vin rouge. C’est gourmand et étonnant, pour moi aux antipodes du vin précédent. Il s’agit assurément du plus jeune de la série mais j’aime à croire que son avenir s’annonce radieux.
Très Bien +
Montsant DO « Espectacle del Montsant » 2008, René et Isabelle Barbier, Fernando et Marta Zamora, Christopher et Charlotte Cannan
Conclusion sur la troisième série :
Le niveau est là aussi élevé sur cette série et j’ai reconnu les trois vins, sans pour autant en tirer la moindre gloire tant leurs spécificités étaient marquées. Le consensus se forme immédiatement autour de Rayas 2000 qui recueille 7 voix sur 8 en tant que N°1. Espectacle n’a quant à lui pas toujours séduit puisqu’il est classé N°3 par 6 voix sur 8.
[size=large]Quatrième série : les bonus[/size]
En accompagnement du plateau de fromage puis des entremets au chocolat.
Les trois vins sont servis l’un après l’autre, à étiquette découverte.
J'accompagne Damien dans sa cave pour choisir le bonus. Parmi une douzaine de propositions toutes plus alléchantes les unes que les autres, il a la gentillesse de me proposer un Gruaud-Larose 1986, millésime qui nous concerne tous deux de très près
Vin rouge N°6 :
La robe est légèrement trouble, de couleur rouge sang et peu évoluée. Le nez quant à lui indique clairement qu’il s’agit d’un vieux vin, notamment par la présence de notes tertiaires et kirschées. La bouche est toute en souplesse et s’étire en longueur sur des arômes tertiaires. La seule ombre au tableau réside dans la légère acidité finale. Un beau vin néanmoins, à maturité.
Bien +
Château Gruaud-Larose 1986
Vin liquoreux N°1 :
La robe a la couleur foncée du miel et semble très évoluée. Elle présente des reflets presque marron et un très léger dépôt. Au nez, les arômes empyreumatiques prennent le dessus sur le doux parfum de crème brûlée que l’on distingue en retrait. La bouche présente elle aussi ces mêmes arômes peu convaincants (notamment le caoutchouc…) qui masquent un agréable goût de poire. Ce vin a clairement dépassé son apogée. S’il ne peut être qualifié de véritablement agréable en l’état, il mérite d’être goûté car il est le témoin d’un glorieux passé.
Bien + tout de même, pour l’expérience
Château de Fargues 1951
Vin liquoreux N°2 :
La robe est d’un bel orange doré, soutenue. Le premier nez évoque l’ananas, voire les agrumes tel un jeune Sauternes puis l’aération fait apparaître un parfum plus classique de confiture d’abricot. Parfaitement équilibrée, la bouche présente peu de liqueur et donc une grande fraîcheur. C’est vraiment très bon et absolument pas lourd. Les Sauternes tels que je les aime.
Très Bien +
Château Sigalas-Rabaud 1986
Conclusion :
Il me semble difficile de conclure ce CR autrement qu'en remerciant Damien pour sa générosité et son hospitalité. L'ambiance était très conviviale et j'ai pour ma part passé une excellente soirée notamment marquée par de belles rencontres ! Nous avons même eu la chance que tous les vins se présentent sous un très beau jour... A refaire !
[size=small]PS : Patrice, tu aurais vraiment dû venir ![/size]
Bien cordialement.