En ce lundi du 15 aout, nous recevions un ami pour déjeuner. Je ne pose pas uniquement trois lettres côte à côte mais je donne une signification particulière à ce mot, car Daniel (je me permets de le citer) fait parti d'un cercle restreint, dans lequel le mot "ami" prend toute sa signification et valeur.

Grand connaisseur des grandes tables étoilées (malgré le fait qu'il est à des années lumières de posséder une fortune personnelle ou autres, permettant de dîner dans ces endroits comme d'autres irait au restau du coin) il est, pour moi, une mémoire vivante des lieux, des personnes, des ambiances et des plats servis dans ces établissements depuis près de 35 ans. On se voit malheureusement trop peu et cela faisait près d'une année ou malgré différentes conversation téléphoniques nous n'avions eu plaisir à nous retrouver pour passer un moment ensemble.

Il va de soit, que je me devais lui faire plaisir (mais également à nous !) et donc ouvrir quelques flacons pour un déjeuner qui s'achèvera plutôt en début de soirée.

Voici le programme en photo (ou presque)

Nous commençons les festivités avec le Champagne Charles Heidsieck "Réserve Privée" 1998 (non indiqué sur la bouteille - mais d'origine confirmée) - la robe est jaune un peu soutenue, la bulle assez fine et d'une belle persistance - Le nez offre un coté floral et un peu confiserie - La bouche fait ressortir un dosage un peu appuyé, mais que les années ont assagi - d'une belle longueur, il joue parfaitement son rôle de mise en bouche, discret et efficace.

Ensuite, il fut temps de passer au Puligny Montrachet 1^er Cru "Les Folatières" - Domaine Leflaive 2001
Tout d'abord, une peur en ouvrant la bouteille, le bouchon est imprégné d'une forte odeur acétique... Je m'empresse de vérifier immédiatement le contenu... Ouf, tout va bien, aucun arôme de vinaigre au nez. La robe est jaune bouton d'or - Le nez est typique du domaine, avec ses notes de réductions légères (je parle pour la bouteille en question !), puis viennent ensuite les parfums de fruits jaunes, de fleurs séchés, de thé - En bouche le vin arrive en douceur pour prendre ensuite crescendo sa place et s'étirant en longueur reste un long moment présent par les notes de fruits, de grillés, de noisettes. C'est un grand et bon moment, qui d'ailleurs est largement pénalisant pour la bouteille. Cette dernière se retrouvant vidée de son contenant très rapidement.

Concernant le premier rouge accompagnant le déjeuner, j'ai eu envie (malgré son jeune age) d'ouvrir un Chambolle Musigny 1^er Cru "Les Hauts Doix" - Domaine Robert Groffier 2006
La robe arbore une jolie teinte rouge assez soutenue - Le nez nous apporte des arômes de fraises, de cerises, un soupçon d'épices douces et encore un fond boisé mais élégant - En bouche le vin s'offre déjà sous un beau jour les notes fruits rouges s'entremêlent à celles des épices, peut-être pas encore à son apogée, mais déjà tellement charmeur et séducteur. Très belle longueur.

Il est temps de continuer, le prochain vin servi est une Côte Rôtie "La Sereine Noire" - Domaine Yves et Mathilde Gangloff 2007 -
Changement de registre, la robe est ici empreinte d'une densité et d'une couleur sombre - Le nez, tout d'abord assez timide va avoir besoin d'un petit moment pour s'ouvrir et dévoiler des notes de fruits noirs, de fleurs fraiches, de poivre noir (mais pas d'une énorme intensité), de cigare frais, et d'épices tout est bien présent, mais encore en gestation, en attendant que le temps fasse son œuvre salutaire d'évolution - En bouche la rondeur et le coté sauvage se côtoie, se touche, se provoque mais jamais ne se mélange à l'unisson. En conclusion, une belle fort belle bouteille avec un fort beau potentiel. Déjà fort plaisante aujourd'hui, mais qui devrait offrir beaucoup de promesses pour les prochaines années.

Les discussions s'enchainent, le temps s'écoule et voila, que nous nous retrouvons devant des verres vides, ne voulant pas nous trouver fort dépourvu lorsque la bise allez venir, je décide au débotté de chercher un autre flacon en cave et n'ayant pas encore eu l'occasion de gouter celui-ci, je remonte avec un Côtes du Rhône - Château des Tours 2007

La robe est rouge assez soutenue, sans être d'une netteté parfaite (mais cela est parfaitement normale, car je viens de la faire passer du stade horizontal à celui de vertical) - Le nez va s'ouvrir en une dizaine de minutes après un passage rapide en carafe (et ben oui, on fait comme on peut pour essayer de gagner quelques précieux instants !!) ce sont alors des parfums de soupe fraises bien mûre, de poivres, d'épices douces, de bois de santal, qui vont embaumer le verre, nos narines et nos bouches pour un grand plaisir, qui se niche peut-être pas dans une grande complexité, mais certainement dans un beau moment partagé.

Il est déjà l'heure de nous quitter, en se promettant de ne pas attendre de nouveau aussi longtemps avant de se revoir ! Encore quelques conversations en le raccompagnant et je le vois s'éloigner.

Une très belle journée, passé en compagnie d'un ami, pour laquelle les vins ont bien participé à l'ambiance.

Eric

Très beau compte-rendu, Eric. On perçoit ton émotion vraie, sans faux semblants. A l'aveugle, sans savoir l'auteur, je crois que je pourrais deviner ton écriture (comme pour les CR d'Oliv, YR, dt et quelques autres )
[size=small]Même pas une petite vitole à la fin du repas ?[/size]

Amitiés
Phil