En guise de mise en bouche, nous avons commencé par deux Côtes de Franc du Château le Puy. La cuvée " classique " est assez austère, sur une acidité marquée, mais c'est le premier vin dégusté, donc soyons indulgent.
La cuvée Barthélémy (sélection de vieilles vignes + élevage plus ambitieux) du même château est encore marquée par le boisé (de qualité), la matière est évidemment plus concentrée et le grain tannique est fin. Belle bouteille.
On continue sur la table voisine, à savoir les vins du ch. Chasse Spleen :
le deuxième vin, le Haut-Médoc Héritage de Chasse Spleen (anciennement
l'Ermitage, pour ne pas être attaqué par les collègues rhodaniens…) se
montre assez souple, voire court en bouche. Bof !
Le célèbre premier vin de la propriété, le Moulis donc, ne semble pas se
montrer sous le meilleur jour lui non plus : densité tannique moyenne, tout
comme la longueur, c'est boisé sans beaucoup plus.
En comparaison, Potensac (Médoc) offre une version " classique " des
bordeaux médocains, bâti sur un joli équilibre, teinté d'une austérité des
tannins du cabernet sauvignon, au grain très fin, qui rend nécessaire
d'attendre ce vin en cave quelques années. Avenir prometteur.
On attaque ensuite les seconds vins des premiers crus classés :
Hormis un Pavillon Rouge (Margaux) assez fin, mais pas transcendant, et
surtout un très joli Forts de Latour, tout en finesse avec un grain tannique superlatif, clairement au dessus du lot, les Petit Cheval (marqué par l'alcool), Bahans Haut brion et Petit Mouton ne semblèrent pas très
passionnants.
Passons aux crus médocains :
Sociando Mallet n'était peut-être pas dans un bon jour, car il paraissait
relativement court en bouche, en tout cas assez austère. J'eus un peu de mal à prendre du plaisir à la dégustation, mais devrait constituer une belle bouteille avec l'âge.
Sans trop de logique, mais vu le nombre croissant des clients présents à
cette soirée, on a fait ce que l'on pouvait, nous passons alors aux Pauillac
: si Lynch Bages convainc par une belle densité tannique, son élevage est encore bien trop dominateur : il lui faut du temps pour le dompter.
Haut Bages Libéral se montre assez extrait, aux tanins puissants, un peu secs.
Haut-Batailley est bien fait, mais Grand Puy Lacoste lui est très
nettement supérieur, par sa finesse, son charme, ses nobles notes de cèdre
et d'épices. Grande classe !
Continuons par les Saint-Julien :
Les deux vins de Branaire Ducru furent décevants, en particulier le second vin Duluc, montrant clairement des signes de dilution.
Les Fiefs de Lagrange sont marqués par les tannins un peu astringents des jeunes cabernet dont cette cuvée est issue : dur
actuellement, il gagnera probablement au vieillissement. Le premier vin est
correct, sans montrer d'attrait particulier. Puis, nous terminons par Pichon Longueville Comtesse de Lalande, possédant un joli grain, marqué encore par l'élevage.
Ne criez pas à l'hérésie ! ;-) on parvient enfin aux Saint-Estèphe :
Haut-Beauséjour est assez souple, bien réalisé sans plus.
De Pez est nettement plus intéressant, avec une puissance tannique et une réserve d'expression qui suggère une bonne garde.
Les Ormes de Pez sont bien faits aussi, plus souple que De Pez.
Phélan Ségur : premier verre issu d'une bouteille carafée. Le nez n'est pas très net, le vin paraissant un peu étriqué, peut-être un problème de carafe.
Confirmé par la dégustation d'une seconde bouteille, qui montre un vin assez rond, charmeur et doté d'une belle finesse d'expression. Très joli vin !
Nous terminons par les deux Stars de l'appellation :
Les Pagodes de Cos est lui aussi bien fait, mais sans plus. Cos d'Estournel se pare d'une grande concentration, d'un boisé encore ostentatoire, charmeur. Manque un peu de finesse à ce stade.
Belle Dame de Montrose, mais c'est le premier vin qui séduit le plus, par un côté nettement plus austère que Cos, par une finesse et une réserve d'une grande noblesse, d'un grand classicisme. Matière superlative, futur grand vin !
On redescend vers les Margaux :
Château Ferrière est un bon cru, mais plutôt au niveau d'un cru bourgeois, trame assez souple.
Alter Ego de Palmer est assez souple lui aussi. Palmer est bon, mais ne m'a pas laissé de souvenirs particuliers.
On continue à descendre pour arriver à Pessac-Léognan :
La Parde de Haut-Bailly possède encore beaucoup de fruit et son équilibre fait de lui l'un des meilleurs seconds vins dégustés lors de la soirée.
Haut-Bailly se referme actuellement, offrant une expression classique, voire austère, avec ses tanins imposants et fins. Grand potentiel.
Nous passons (enfin) à la rive droite, tout en se refaisant la bouche par
une excellente charcuterie :
Sur Pomerol, Gazin se montre bien supérieur à Nénin, ce dernier étant trop extrait voire artificiel comparé à la classe du premier.
Direction Saint-Emilion avec une petite infidélité vers Castillon…
Figeac est austère, voire en phase de fermeture, moins charmeur par rapport aux autres Saint-Emilion, certainement est-ce dû à la plus grande part de cabernet dans ce vin, mais avec du fond qui devrait en faire une belle bouteille dans quelques années.
Coup de cÅ“ur pour Soutard, dont le naturel, j'oserais dire l'évidence, le fruit et la grande sapidité le rendent irrésistible en l'état. (hhh)
Direction la salle " climatisée "… enfin elle l'était avant la soirée…
Nous dégustons le Côtes de Castillon d'Aiguilhe, fort joli vin, concentré, suave et puissant mais ne dédaignant pas la finesse bordelaise. Belle longueur et élevage de luxe.
Clos de l'Oratoire est un peu plus déséquilibré, avec des tanins
relativement secs, comparés aux autres vins de la propriété, et une
puissance mal intégrée, pour le moment en tout cas.
Canon La Gaffelière, du même propriétaire, le Comte von Neipperg, est puissant, concentré, opulent. Un peu trop à mon goût, mais c'est excellent !
La longue file d'attente pour déguster l'Angélus, que nous avons déjà
dégusté au Salon des Grands Vins, nous décourage et nous rentrons sagement chez nous… par les transports en commun évidemment !
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