Nous avons 1651 invités et 17 inscrits en ligne

La D2 joue en D1! ( ou : La D2 en folie: Comtesse, Lafite, Rauzan et Poyferre )

  • jeanclaude
  • Portrait de jeanclaude Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 2308
  • Remerciements reçus 77
Bon, je sais, le titre est un peu naze mais du fait d'un rhume de cerveau, j'ai l'hémisphère gauche légèrement engourdi (aaa). Le titre, on s'en fo.., l'important étant le contenu, non le contenant.

Il est temps pour moi de reprendre la route de la dégustation. La D2 est là , elle me tend les bras. Le paysage de ces vignes dénudées, taillées pour moitié, mais aux rangs parfaitement alignés et un paysage magique pour tout amateur de vin. Et pourtant, une nouvelle fois, on ne peut pas dire que le soleil règne en maître. Bah!, il ne pleut pas et c'est déjà  ça. Un peu de brume le matin et un ciel qui se pare de gris le reste de la journée.

Mes rendez-vous pris la semaine précédente me proposent en cette journée de Février un programme alléchant et copieux. Pichon Comtesse de lalande, Lafite Rothschild, Rauzan Ségla et Léoville Poyférre. Pauillac, Margaux et Saint Julien. La première de mes incursions est prévue à  11h du côté de Pauillac. J'enfile les km et me voilà  devant Pichon Comtesse. Majestueuse bâtisse qui fait face à  son cousin, Pichon Baron. La noblesse du bordelais quoi! (bbb). J'entre dans la cour, me gare et me présente à  l'accueil. Dring! Dring! «Bonjour! Ell's visite vo't baraque?» La personne, qu'un petit cheveu sur la langue rend plus charmante encore, m'indique bien gentiment la direction des installations. «Faites comme Chai vous».
Trêve de salamalecs! Allez, on attaque!

PICHON LONGUEVILLE COMTESSE DE LALANDE

Quelques dates pour vous situer la bestiole. 1689. Les archives racontent la création du domaine par Pierre de Mazure de Rauzan, une grande figure de l'histoire de Bordeaux. Son nom, le vignoble le trouvera un peu plus tard lorsque Thérèse, la fille du fondateur le recevra en dot, en épousant Jacques de Pichon Longueville, premier Président du Parlement de Bordeaux. En 1850, la Comtesse de Lalande, née Virginie de Pichon Longueville, donne à  ce domaine une empreinte qui reste liée à  son nom. 1925, Louis et Edouard Miailhe achètent la propriété. 1978, May Eliane de Lencquesaing, fille d'Edouard, hérite de ce vignoble.

Le domaine en lui même est un tout proche voisin de Latour. Il comprend 75 ha et s'étend au sud de Pauillac vers la commune de Saint Julien. Son encépagement est de 35% Merlot, 45% Cabernet Sauvignon, 12% de Cabernet Franc et 8% de Petit Verdot. La densité de plantation est de 9000 pieds à  l'hectare et l'âge moyen du vignoble est de 35 ans. Son terroir est de Grave, garonaise sur argile avec présence de nappe ferrugineuse.

Premier arrêt obligé, le musée de Mme de Lencquesaing. Cette dernière a réunie ici quelques merveilles issues pour la plupart d'achats et de cadeaux divers. Antiquités, verres rares, collection de tire-bouchon...etc...La suite nous emmène dans le cuvier. PLCDL (Pichon Longueville C de L. pour les endormis (bbb)) c'est 33 cuves inox. Les lieux sont d'une propreté impeccable. Sous nos pieds, une cuve souterraine de 1000 hecto pour les assemblages. J'ai envie de parler du 2003 mais mon interlocutrice n'est pas franchement au faîte de l'actualité. «Ben, j'en sais rien». Avec ça, nous ne sommes pas vraiment avancé! J'arrive à  obtenir tout de même les rendements qui sont de 30/32 hecto/ha. C'est tout ce qu'elle me lâchera la bougresse (bbb). Nous quittons le cuvier et profitons d'un petit passage par la vinothèque pour observer un millésime 1810 qui sommeille tranquillement dans un coin. Enfin, nous arrivons dans le Chai, climatisé, ou repose le 2003. 800 à  850 barriques sont devant moi avec 40 à  50% de neuves et une chauffe moyenne (25% de neuves pour le second vin). Elevage de 18 à  22 mois (contre 16 à  18 pour le second vin). Les soutirages sont effectués tous les trois mois jusqu'à  la mise en bouteille. Le collage se pratique aux blanc d'Å“ufs battus en neige selon la tradition. La mise en bouteille est effectuée au Château au mois de juin de la deuxième année suivant les vendanges. Nous traversons le Chai du 2002 pour nous rendre dans la grande salle de réception. La vue y est extraordinaire! Château Latour se devine en léger contrebas à  gauche. Plus loin, au delà  des vignes de Latour, la Gironde s'écoule paresseusement. Enfin, face à  nous, un magnifique jardin à  la Française étale ses plus belles couleurs d'hiver. La pièce est très belle, alliant art contemporain et style plus classique. Le mélange des genres est plutôt réussi. Nous empruntons l'escalier d'honneur pour nous diriger vers notre salle de dégustation. Toute petite, elle offre l'attrait indéniable de me donner une vue imprenable sur Latour dont les vignes passent devant la fenêtre, à  1 mètre de moi. Cela a quelque chose d'irréel et de magique. Tout en prenant mon verre, je regarde le pied de vigne du Premier Grand Cru Classé qui me fait face. Qu'avons nous donc dans ce verre? En fait, il s'agit du Château Bernadotte, Cru Bourgeois du Haut Médoc. Racheté en 1996 par Mme de Lencquesaing, sa superficie est de 30 hectares avec un encépagement à  62% Cabernet Sauvignon, 36% Merlot, 2% Petit Verdot et Cabernet Franc. Elevage de 12 à  18 mois en barrique. En 2002, la composition est de 50% Cabernet Sauvignon, 42% Merlot, 6% Cabernet Franc et 2% Petit Verdot. Rendements en 2002 de 44 hecto/ha avec 30% de barriques neuves.

Château Bernadotte 2002: La robe propose un rouge assez vif et une densité plutôt moyenne. Le nez est très puissant sur des notes de cassis. En bouche, je trouve à  ce vin une certaine sécheresse. Les tannins sont imposants mais aussi asséchants. La matière, bien présente, enrobe le palais avec un boisé assez discret, qui joue la partition de l'élégance. Les notes de cassis s'estompent pour laisser la place à  la myrtille et au noyau de cerise. La fin de bouche est marquée par une très grosse amertume. Finale longue et très fruité. Un vin au final que je trouve légèrement déséquilibré, un peu sec et qui manque de finesse.

Château Pichon Comtesse 2002: Sur ce millésime, 51% Cabernet Sauvignon, 34% Merlot, 9% Cabernet Franc et 6% Petit Verdot avec des rendements qui atteignent 33 hecto/ha.
Tout d'abord, le vin présente un robe opaque, très dense, quasi noire. Au nez, les fruits murs, confiturés avec des petites notes de pain grillé. Une très belle finesse sur cette première sensation olfactive. De plus, la perception alcoolisée est importante, puissante. En bouche, l'attaque fait preuve de fraîcheur et de vivacité. L'amplitude est grande. Je retrouve cette puissance, puissance de la matière, noble, d'une texture très fine et puissance des arômes de fruits noirs, de cerise, de kirsch, de fumé, de toasté et de grillé. Le vin s'exprime avec complexité et avec une fermeté assez nette. Les tannins sont solides, gras et montrent un grand soyeux. Longueur de la finale et persistance sont de tout premier ordre.

La première de mes visites vient de se terminer sur cette très belle dégustation. J'ai rendez-vous chez Lafite R. Pas le temps de traînasser. La Château se trouve de l'autre côté de la ville. 10 mn seront suffisantes pour effectuer le trajet.

Me voilà  à  la sortie de la ville, toujours sur cette diabolique D2, en direction de Saint Estèphe. Je longe les vignes de Mouton, d'Armailhac et enfin celles de Lafite Rothschild. Petite traversée des rangs dont la taille est loin d'être achevée et les grilles du Château sont mon point d'arrêt. Quelle magnifique propriété, construite avec les pierres du village de Bourg/Gironde. Elles ont transitées sur la Gironde en Gabare, embarcation historique de la région!! Bon, Pas le temps de m'extasier mais juste celui de remarquer la girouette qui me surplombe, sur le plus haut toit du Château. A l'effigie de la famille, on distingue les 5 flèches représentant les 5 frères Rothschild.

Mais voilà  que mon accompagnateur se dresse devant moi. Nous attaquons tout de suite. Beaucoup de choses à  voir et peu de temps malheureusement. J'ai encore 2 domaines qui m'attendent après celui là .

CHATEAU LAFITE ROTHSCHILD

Rare sont les visiteurs au Château. L'an dernier, quelques 300 personnes ont découvertes Lafite contre plus de 20 000 (!) pour Mouton. Ce chiffre est tout bonnement incroyable surtout lorsque l'on sait que Mouton demande 13 euros pour vous faire visiter ses installations et vous faire goûter son vin quand Lafite ne vous demande que de confirmer votre rendez-vous par e-mail! Lafite c'est la discrétion, Mouton à  l'image de ses étiquettes, c'est le strass et les paillettes.

Quelques mots sur ce Premier Cru Classé. Reconnu dès le XVième siècle, les vins de Lafite trouvèrent une première consécration quand le Marquis de Ségur, surnommé «Le Prince des vignes», les introduisit à  la cour de Louis XV. La Marquise de Pompadour en fit alors ses vins préférés. Consécration confirmée par le classement de 1855 qui en fit le «premier des premiers». En 1968, le Château devient la propriété de la famille Rothschild pour la somme de 4,5 millions de Francs Or (un sacré montant pour l'époque). Cette célèbre famille du Bordelais possède de nombreuses autres propriétés. J'en cite ici quelques unes. L'Evangile, Duhart-Milon, Rieussec, Los Vascos (Chili), Canoe Ridge (USA)....Au total, les Domaines Baron de Rothschild gèrent près de 2000 ha de vignes et commercialisent plus de 15 millions de cols. Impressionnant! Connaîtriez-vous une fille Rothschild à  marier? Même si elle n'est pas blonde à  forte poitrine, ça m'intéresse! (aaa)

Revenons à  notre mouton....euh, non!....notre Lafite (bbb). Le vignoble représente 100 hectares et se divise en 3 grandes zones: Les coteaux autour du Château, le plateau des Carruades et 4,5 hectares environ sur la commune de Saint Estèphe (une dérogation spéciale permet à  ces vins d'être incorporés dans l'appellation Pauillac). Le terroir est de graves profondes avec un encépagement de Cabernet Sauvignon (70%), Cabernet Franc (3%), Merlot (25%) et Petit Verdot (2%).

J'aimerai vous parler des Carruades, de sa composition et de son élevage qui seuls diffèrent (17 mois pour celui ci et 18 mois pour le grand vin avec des proportions différentes de fûts neufs ) par rapport à  Lafite et aussi qu'il n'est pas le fruit de jeunes vignes ce qui ferait de lui, selon le domaine, tout sauf un seco...Non, je n'ai rien dit! Anthony et Luc, pas taper! (aaa)

Première étape, le cuvier. 29 superbes foudres en bois (fermentation alcoolique) auxquelles s'ajoutent 20 cuves inox (fermentation malolactique) et 2 énormes cuves de 5000 hecto pour l'assemblage. C'est propre, c'est net, sans surprise. Sans mollir, passage illico presto dans le Chai des 2003. Devant ces quelques 1500 barriques (contre près de 2400 en 96, bonne année de production) étalées devant nos yeux, nous évoquons alors le dernier millésime. Sous ses airs de petits rendements relativement aux autres années (33 hecto/ha) et les commentaires «fantaisistes» que l'on peut entendre de ci de là  (même chez les voisins), mon accompagnateur me dit bien honnêtement et sûr de lui que 2003 ne sera pas franchement le millésime du siècle! Et non! Petite acidité non compensée sur la propriété. Bien sûr, les plus grands soins sont apportés au vin qui évolue sagement actuellement, à  sa fermentation, mais il faut être très vigilant et souvent observer les fûts. Pas gagné tout ça.

Retour sur ce Chai. 1500 barriques donc avec 100% de fûts neufs. Pour les Carruades, 70% fûts de 1 vin + 10% de fûts neufs + 20% en Cuves Inox. Le domaine fait appel à  6 tonneliers mais qui tous mettent en forme les fûts sur place. C'est la seule propriété à  agir ainsi.

De là , nous nous dirigeons vers la vinothèque du Château. C'est un instant mémorable. Nous traversons des pièces lugubres, très anciennes, où la mousse est reine. L'humidité des lieux est exceptionnelle. Un escalier en pierre nous fait descendre d'un niveau. L'obscurité est quasi totale. De part et d'autre de cet escalier, des magnums (vides of course) jalonnent la descente. L'atmosphère est incroyablement surannée. J'ai l'impression d'être dans un film d'épouvante et m'attends à  voir apparaître le Comte Dracula d'un instant à  l'autre. Mon guide s'arrête. Noonnnn! Il va me mordre le coup!!!......Ouf! En fait, il se penche près d'une grille, actionne un interrupteur et une lumière toute faiblarde éclaire une allée dans laquelle des milliers de bouteilles sont rangées. Nous sommes dans le Saint des Saint! Mon accompagnateur qui, entre autre, est responsable du reconditionnement des bouteilles de Lafite, goûte régulièrement des millésimes dont je pense que tout amateur rêve. La plus vieille bouteille du domaine, il l'a déjà  goûté. Il s'agit d'un Lafite 1797!! Comment est-il? Il sent puissamment la truffe, il est pâle, clair comme de l'eau et ne possède plus rien en bouche! Heureusement qu'il reste le rêve....

Dernière étape, le Chai des 2002. Celui dessiné par Ricardo Boffil. Tout en colimaçon, il est superbe. Les barriques s'enroulent tel un serpent dans un fil parfaitement circulaire. Très pratique et agréable à  regarder. Bien souvent, sa très belle acoustique lui permet aussi d'être à  la fois théâtre, salle de concert, pièce de réception pour des repas inoubliables.....Nous allons lentement vers le centre où les employés du Chai pratique ce jour là  le soutirage ainsi que le collage au blanc d'oeuf frais (et biologiques SVP (bbb)) et nous nous approchons d'un fût sur lequel sont disposées les bouteilles pour la dégustation. It's time!

Château Lafite Rothschild 2002: 87% Cabernet Sauvignon, 9,5% Merlot et 3% Cabernet Franc pour 71% de la récolte totale.
La robe se présente d'une profondeur et d'un noir intense. Le nez est superbe quoique un peu fermé mais il se dévoile un peu sur un boisé très fin, grillé, léger avec des arômes épicés. En bouche, très belle attaque, vive et fraîche. La trame tannique est belle, élégante. Des notes fruités se développent avec la cerise, la myrtille et toujours ces épices avec la cannelle, la muscade et une petite pointe de safran. Parfaitement équilibré, le vin est soyeux avec du volume et une présence imposante de sa structure. Je ne peut m'empêcher de le comparer à  Pichon et à  Palmer notamment et là  je pense que le dernier cité demeure un poil plus fin, plus élégant encore. Mais ce Lafite tout de même est vraiment un grand vin, un vin majestueux. La finale le confirme, parfumée et rectiligne, elle se poursuit pendant de très longue secondes avec cette cerise qui s'éternise. Un vin immense!

Château Lafite Rothschild 1993: 90% Cabernet Sauvignon et 10% Merlot.
Robe rouge carmin avec un contour qui présente une légère trace d'évolution. Au nez, la présence du poivron vert est incroyablement intense, enivrante et presque agressive. Les 90% de Cabernet sont passés par là . Seul Sociando Mallet 00 m'avait laissé une telle impression de me trouver sur un étal de poivron. En bouche, passée une attaque encore bien vive, le poivron est toujours là , un peu grillé mais moins perceptible et c'est heureux. Il se marie cette fois à  des arômes floraux avec le jasmin et la rose, mais aussi de fruits avec la framboise et le noyau de cerise. Complexité, finesse mais, c'est un peu court et manque de volume. Les tannins sont parfaitement intégré, fondus et assimilés. Caractérisé par son élégance, le vin me semble sur une pente légèrement déclinante et sa finale, douce et cajoleuse sur la cerise me laisse l'impression que ce Lafite 93 est d'ores et déjà  prêt à  consommer.

Nous remontons à  l'air libre. Un rayon de soleil tente une percée. La température est fraîche mais très agréable. Du parking où je récupère ma voiture non sans avoir remercié mon guide, la vue est très belle et le regard porte loin. Je ne peux bien sûr voir ma prochaine étape qui va ma transporter à  Margaux mais c'est d'humeur joyeuse que je reprends la D2 en sens inverse.

Et voilà  Rauzan-Ségla. Le soleil tente toujours sa timide percée mais cette fois, la température est glaciale. Un vent très frais souffle maintenant sur Margaux. La magnifique propriété située dans le village d'Issan, commune de Margaux, est très étendue. Son plus proche voisin est Rauzan-Gassies bien sûr. Les 2 domaines se touchent. Et pourtant, ils ont longtemps eu un propriétaire commun.

CHATEAU RAUZAN-SEGLA

En septembre 1661, Pierre Desmesures de Rauzan, négociant à  Bordeaux, achète la propriété et donne son nom au Château. A la fin du XVIIème siècle, le domaine s'étendait déjà  sur plus de 40 hectares, surface considérable à  l'époque. A la mort de Pierre de Rauzan en 1700, ses 3 fils lui succède et, tout comme les futurs descendants, travaillent à  asseoir la réputation du cru. Déjà , en 1790, un écrit de Thomas Jefferson mentionne Rauzan-Ségla comme l'un des meilleurs vins du Médoc. En 1855, le Château obtiendra le rang de second cru classé. Concernant Rauzan-Gassies, il semble que la future division entre les 2 propriétés s'amorce réellement au début du XVIIIème siècle puisque le cadet de la famille, appelé Sieur de Gassies, produisait apparemment son vin indépendamment de ses 2 frères. Cette séparation se perpétue ensuite avec les générations suivantes et devint officielle en 1763. Plus tard, de reprises en rénovations, d'héritages en successions, le domaine devient finalement propriété de Chanel en 1994. D'importants investissements sont réalisés (avec notamment l'arrivée pour le prochain millésime d'une table de trie vibrante) pour rétablir la notoriété de Rauzan-Ségla, les bâtiments rénovés, de nouveaux Chais et le vignoble remis en état (drainé et complanté).

Cela suffira pour le côté culturel (bbb). Passons aux choses sérieuses et dirigeons nous vers le Chai du 2003 (il a 300 ans mais vient d'être rénové et se porte comme un charme). Mon accompagnatrice est charmante (j'ai toujours beaucoup de chance (aaa)) et je bois avec délice ses douces paroles lorsque nous évoquons le domaine et sa production. En 2003, les rendements sont, comme d'habitude dans le Bordelais, plus bas qu'à  l'accoutumée. 30 hecto/ha (contre 27 hecto/ha en 2002) ce qui représente environ 30% de moins que pour une année dite «classique». Pour 2003, utilisation de 50% de fûts neufs pour le grand vin. En tout, quelques 500 barriques sont disposées dans la pièce.

«Et Ségla, est-il un véritable second?»
«Tout à  fait!»
«Ouf! Enfin 1!» (bbb)

Petit tour par la vinothèque dans laquelle le plus vieux millésime est un vin de 1858 et direction le cuvier. Ici, uniquement des cuves inox. 35 exactement. Comme toujours, c'est nickel et l'on pourrait manger à  même le sol. Rien à  dire de plus. D'un pas alerte nous traversons la cour pour nous rendre dans la salle de dégustation. Le blizzard est toujours aussi mordant et je sens mon accompagnatrice se crisper sous les coups de ce vent frigorifiant. La distance qui nous sépare de la tour dans laquelle se trouve cette salle est suffisante pour me blanchir la barbe (aaa). La jeune demoiselle pense peut être à  cet instant que, gentleman, je vais la prendre dans mes bras afin de réchauffer quelque peu ce petit corps meurtri. Il n'en sera rien! Je sais raison garder! Magnifique de courage et de détermination, j'escalade 4 à  4 (euh...1 à  1 en fait mais bon..) les escaliers qui me conduisent dans cette petite pièce, fort bien décorée, chaleureuse et offrant une vue magnifique sur la propriété. Un peu plus tôt, j'avais demandé à  goûter le 2002 mais cela ne sera pas possible car ce dernier est actuellement en train d'être collé. Pas grave, nous aurons droit tout de même au millésime 99.

Rauzan-Ségla 1999: Pour son élevage, descente en barriques des lots en octobre/novembre 99. 70% de barriques neuves. Composition de 57% Cabernet Sauvignon, 40% Merlot et 3% Petit Verdot avec un rendement de 46 Hecto/ha.
La robe présente une densité moyenne avec un rouge qui scintille telle un rubis. Le nez est torréfié, légèrement fumé et la perception de l'alcool est nette. En bouche, la première sensation c'est une impression d'un soyeux extrême. Des arômes de fruits rouges avec la fraise, la groseille et toujours ces petites notes de café. La sensation alcoolisé s'est un peu fondue et l'équilibre est bien en place. Une petite pointe d'amertume apparaît. La persistance est plutôt quelconque mais fort agréable sur le fruit. La finale, elle, est splendide, toujours sur ces fruits rouges, ample et généreuse mais que je trouve toutefois un peu rude et ferme en toute fin. Bon, faut pas pousser Mémé (bbb) car ça reste cependant d'une bien jolie élégance et d'un raffinement exquis.

Allez, on se quitte et on se fait la bise? Direction Léoville Poyferré. Je remonte sur Saint Julien. La route, je l'a connais pas cÅ“ur. Je me suis un peu planté sur mes prises de RDV car, commencer en montant sur Pauillac puis redescendre sur Margaux pour remonter sur Saint Julien et redescendre ensuite sur Bordeaux, c'est pas franchement faire une économie de km! De toute façon, il est trop tard pour se plaindre. Je suis à  la bourre et vais devoir faire une visite au galop. Je passe devant Léoville Barton puis Léoville Las Cases et stoppe enfin la voiture sur le (petit) parking de Léoville Poyferré. Ah!, au fait! Pour M@nuel, la D2 est désormais réparée. Ils ont appris mon passage et on fait diligence afin que les travaux soient terminés dans les temps. Non mais! (aaa)

CHATEAU LEOVILLE POYFERRE

Les bâtiments de ce GCC de Saint Julien sont plus fonctionnels que réellement féeriques. Je passerai donc sur l'architecture. Mon accompagnatrice est la toute jeune et charmante (et oui!(bbb)) oenologue du domaine. Etant un peu en retard, nous passerons rapidement à  l'essentiel. Mais tout d'abord, petits veinards, un peu d'histoire comme d'habitude. Prenez vos livres à  la page 125 et commencez la lecture!(aaa)

Les origines viticoles de la propriété remontent à  1632. A la suite de différents partages, Léoville Poyferré naît en 1840 et obtient dans le classement de 1855 le rang de second cru. En 1920, la famille Cuvelier rachète la propriété et depuis 1979, Didier Cuvelier en assure la bonne marche. Depuis cette date, d'importants investissements ont été décidés dans le cadre d'un plan d'agrandissement et de restructuration du domaine.

Bon, vous voyez, je suis resté raisonnable et c'était assez court (bbb). Je resterai court pour la suite aussi. Notre première étape nous propulse dans le superbe Chai du 2002 et sa vitre panoramique. Nous évoquons tout de même un peu le Château et ses terres. Le sol est composé de Graves garonnaises et de sable éolien (ne me demandez pas de quoi il s'agit (bbb)) et la surface du vignoble est de 80 hectares (dont 20 ha pour le Château Moulin Riche, le second). L'encépagement est de 60% Cabernet Sauvignon, 30% Merlot, 8% Petit Verdot et 2% Cabernet Franc. L'âge moyen des vignes est de 25 ans. Les vendanges sont manuelles et l'élevage est de 20 à  24 mois en barriques, neuves à  75% pour le grand vin. Sur le millésime 2003, les rendements sont de 32 hecto/ha contre 37 en 2002. Ce millésime (03) s'annonce compliqué là  encore mais comporte encore beaucoup d'inconnues.

Petit passage par le cuvier et ses 35 cuves inox et direction la salle (enfin, la petite pièce car toutes les salles habituelles sont en réfections en vue des présentations primeurs) de dégustation. On fait péter le bouchon et nous nous versons une bonne rasade de

Château Léoville Poyferré 2002: 75% Cabernet Sauvignon et 25% Merlot. La couleur de la robe est d'un rouge violine qui vire au noir. Opaque tout simplement. D'une profondeur de grande classe. Le nez est finement boisé, tout en fumé et toasté aérien. Une très forte note de griottes se développe. En bouche, beaucoup de fraîcheur et d'amplitude. De la rondeur, une concentration phénoménale mais aussi un très grande élégance alliée à  une fermeté de la structure du plus bel effet. Ouf! C'est grand, très grand! Les tannins sont soyeux et s'assouplissent lentement au fur et à  mesure que le vin respire dans le verre. Je retrouve ces notes de cerise à  l'eau de vie, de griotte mais aussi maintenant les fruits noirs avec ce célèbre cassis. Le boisé reste toujours aussi fin et discret. C'est un vin parfaitement équilibré, volumineux, intense et généreux à  la fois. Superbe quoi! La finale me propose des caudalies nombreuses et de toutes beauté. Cela me semble interminable. Enfin, la persistance du fruité est bien réelle. Quel vin! L'égal des Léoville Barton, Las cases, Palmer et Lafite.

Bien. Il est temps désormais de rebrousser chemin. La D2 referme ses portes. Elle garde encore bien des merveilles en son sein et quelques mystères à  déflorer. Ce sera pour une autre fois.

Ciao a tutti.

Message edité (03-03-2004 14:37)

Message edité (03-03-2004 23:25)
03 Mar 2004 12:49 #1

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 26211
  • Remerciements reçus 1416

Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Lafite Co ou La D2 en folie

Jean-Claude,

Magnifique compte-rendu, comme d'habitude ! On s'y croirait !
Etonnant tout de même tous ces seconds vins qui n'en sont pas...(bbb)

Cordialement,

Luc
03 Mar 2004 13:13 #2

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Guest
  • Portrait de Guest
  • Visiteur
  • Invité

Réponse de Guest sur le sujet Re: Lafite Co ou La D2 en folie

Superbe Lafite... j'ai adoré !!! (hhh) merci encore comme toujours !!! (aaa)
03 Mar 2004 13:55 #3

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 532
  • Remerciements reçus 0

Réponse de PhR sur le sujet Re: Lafite Co ou La D2 en folie

Jean-Claude, le Thomas Jefferson du XXIè siècle!...(aaa)

Sur les DVD, en 2204, on signalera ses visites dans le Médoc!

Sur son destrier bleu, il bravait les conséquences de la pose de fibre optique sur la D2... En ce temps-là , on parlait le français dans ces régions... Pensez-donc... Les vignes étaient en bois... On y cueillait du raisin... C'était bien avant que n'apparaisse le vin virtuel... Il lui arrivait même de braver la maréchaussée pour rentrer chez lui!... En ce temps-là , on pouvait, malgré les troupes du Comte Sarkonovitch, se faufiler sur les chemins de traverse!... Les guides étaient jolies... Autre chose que nos D2R2!....

drrriiinnnngggg!

Argh! Mon réveil!... Rêve ou cauchemar?...

PhR2

PS: la rive droite!... la rive droite!...(aaa)
03 Mar 2004 14:03 #4

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 8462
  • Remerciements reçus 398

Réponse de Anthony sur le sujet Re: Lafite Co ou La D2 en folie

C'est pour quand "Les Cahiers du Medoc", version JC Faure (desole, l'accent n'existe pas sur mon clavier(jjj)). ?

Grandiose .... et encore plus que j'ai achete Poyferre 2002. Ca fait du bien par ou ca passe.

Question pour Lafite: combien de cols produits en moyenne par annee ? 2 cuves de 5000 hecto, ca fait que l'on peut mettre 666'667 bouteilles par cuve si je me gourre pas. Ca fait combien de version possibles du grand vin en fin de compte ?

Anthony
03 Mar 2004 14:40 #5

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • jeanclaude
  • Portrait de jeanclaude Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 2308
  • Remerciements reçus 77

Réponse de jeanclaude sur le sujet Re: La D2 en folie: Comtesse, Lafite, Rauzan et Poyferre

Voilà  une drole de col (aaa)!

La seule info dont je dispose est qu'en moyenne la production du Château est de 40 000 caisses, soit environ 500000 bouteilles (Carruades comprises).

ps: J'avais raison de préciser que mon titre était naze. La preuve est qu'il a préféré, de honte, se modifier tout seul! (aaa)

Message edité (03-03-2004 15:22)
03 Mar 2004 15:18 #6

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • jeanclaude
  • Portrait de jeanclaude Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 2308
  • Remerciements reçus 77

Réponse de jeanclaude sur le sujet Re: La D2 en folie: Comtesse, Lafite, Rauzan et Poyferre

Phil, pour la Rive droite mon petit doigt me dit que c'est pour bientôt, hein? (aaa)
03 Mar 2004 15:24 #7

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 6779
  • Remerciements reçus 1453

Réponse de Yves Zermatten sur le sujet Re: La D2 en folie: Comtesse, Lafite, Rauzan et Poyferre

Jean-Claude

Bravo et merci ! je ne raterai pas le Poyferré 2002.

Yves

Yves Zermatten
03 Mar 2004 20:47 #8

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Thierry Debaisieux
  • Portrait de Thierry Debaisieux
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 21386
  • Remerciements reçus 60

Réponse de Thierry Debaisieux sur le sujet Re: La D2 en folie: Comtesse, Lafite, Rauzan et Poyferre

Jean-Claude,

Je me brache tardivement sur LPV.
Je viens, en fin de peloton, te féliciter moi aussi pour ce nouveau et superbe compte-rendu.

Amitiés,
Thierry
03 Mar 2004 21:55 #9

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • jeanclaude
  • Portrait de jeanclaude Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 2308
  • Remerciements reçus 77

Réponse de jeanclaude sur le sujet Re: La D2 en folie: Comtesse, Lafite, Rauzan et Poyferre

Petit changement de "l'affiche". Un titre qui va certainement plus parler aux amateurs de foot que de vin (bbb).
03 Mar 2004 23:25 #10

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 205
  • Remerciements reçus 0
Superbe Jean-Claude

mais je vois pointer un problème

Y a-t-il une D2 sur la rive droite ? (aaa)

JérômeM

Message edité (04-03-2004 09:20)

Cordialement
JérômeM
03 Mar 2004 23:29 #11

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Guest
  • Portrait de Guest
  • Visiteur
  • Invité
Excellent Jean Claude..
En te lisant, je suis de plus en plus conforté par la perspective des 2002 (médocains, du moins).

Petite question: est-ce que tu effectues ces pélerinages tout seul, ou trouves-tu quelques passionnés pour t'accompagner?

Quel dommage que 1000 km nous sépare. Je ferais bien une petite excursion avec toi dans les chais de temps en temps... mais attention, je ne suis pas blonde avec une forte poitrine ! (aaa)

Alain
04 Mar 2004 08:17 #12

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • jeanclaude
  • Portrait de jeanclaude Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 2308
  • Remerciements reçus 77
Salut Alain,

Les programmes de visites comme celui là , en règle générale, c'est seul. Cela se passent en semaine et tout le monde n'a pas le même emploi du temps. Pour les Portes Ouvertes, c'est différents. Le w.e, on arrive toujours à  se retrouver avec les DAB (bbb).
04 Mar 2004 10:06 #13

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Guest
  • Portrait de Guest
  • Visiteur
  • Invité
04 Mar 2004 10:16 #14

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 445
  • Remerciements reçus 0
Elle garde encore bien des merveilles en son sein et quelques mystères à  déflorer.

Voilà  le secret de JC pour attirer le public masculin : Cocktail explosif Foot, alcool, sexe ... et il arrive même à  faire passer le tout pour de la poésie (aaa) ! Quel talent !!

Bravo encore !

Martin
04 Mar 2004 15:13 #15

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Guest
  • Portrait de Guest
  • Visiteur
  • Invité
chapeau bas, en effet, pour l'inventeur des CR rock'n roll (aaa)
04 Mar 2004 15:50 #16

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • jeanclaude
  • Portrait de jeanclaude Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 2308
  • Remerciements reçus 77
Ben, je trouvais "Pain Amour et Fantaisie" trop soft! (aaa)
04 Mar 2004 16:01 #17

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 1362
  • Remerciements reçus 2
Super, Jean Claude.

Si je ne me trompe, cela fait presque deux mois qu'il n'y a pas eu de nouvel article à  la une ...

Didier
04 Mar 2004 23:21 #18

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck