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Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Certes Anthony, la France est dans la Communauté Européenne, mais chacun peut deviner les réticences franco-françaises!...

Je considère aussi qu'il ne s'agit plus vraiment d'un mystère ou d'une tricherie si tout le monde l'admet! Mais, c'est une sorte de déviance qui ne me plait pas, parce que le principe de l'assemblage des cépages est quasiment une règle dans la viticulture!...

Pendant des années, dans l'unique but de séduire une clientèle potentielle, on prend les gens pour des c..., en disant : "Voyez ce que nous sommes capables de faire de nos cabernets!.." et en fait, ce n'est pas que du cabernet!... Et loin s'en faut, peut-être!

Mais, cette remarque est valable pour les vignerons français qui sont tentés par les mêmes pratiques!

Anthony, je n'oppose pas la viticulture d'un pays contre le reste du Monde!... Je suis plutôt convaincu que la démarche d'un amateur est de s'exprimer sur ces sujets, même en se contentant de poser des questions candides! Pas en adoptant un langage journalisitique convenu, même s'ils sont capables de réaliser d'excellents interviews!... (bbb)

Question de nuance de sensibilité peut-être! D'idéalisme rétrograde penseront certains...

PhR
02 Nov 2003 17:56 #31

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Réponse de Jean-Marc Quarin sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Bonjour,

Quelques précisions sur tous ces posts.

A l'attention de M Zermatten

- 1/ Comment pouvez-vous imaginer que je puisse vous dire que 2003 est grand en Médoc s'il a été acidifié ?
Avez-vous lu ce que j'ai écrit ?
Avez-vous lu les précédents rapports ?
Si oui, pas bien...

Heureusement qu'il y a ce post qui donne de l'air au débat.

"C'est quand même marrant, vous discutez comme s'il vous semblait acquis que tous les domaines ont acidifié. N'est-ce pas un peu péremptoire ?"
Didier

Puis d'autres de M@nuel qui permettent de revenir à  la lecture de mon écrit.

- 2/ Vous dites :
"Je me méfie un peu de l'avis des producteurs et des critiques professionnels car ils n'ont tous deux aucun intérêt à  nous dire qu'un millésime est raté."

- De la prudence, des questions, un regard varié sur l'info pour ne pas faire dans le béni oui oui , je suis d'accord. Mais de la méfiance posée comme un a priori c'est plutôt de la défiance.
Revenez au débat et aux éléments factuels du débat. Sinon vous glissez très vite vers la défiance (vous y venez d'ailleurs à  la ligne suivante), qui n'amène rien au plaisir de comprendre de quoi le goût du vin est fait.

"A qui Quarin vendrait-il ses prochains livres sur les 2003 s'il nous annonçait dès maintenant un millésime moyen ?"

- Croyez-vous que l'on puisse devenir un critique qui vit sans le recours à  la pub si on raconte n'importe quoi ?
Mes livres sont achetés par abonnement pour 5 numéros et personne ne connaît à  l'avance la qualité du millésime primeur qui y sera développé. J'ajoute que 2003 sera très hétérogène comme l'est d'ailleurs 2000 (ça vous ne l'avez pas encore vu) et que les passionnés recherchent aussi les réussites particulières au-delà  du discours généraliste sur l'année. Enfin il existe un plaisir de l'information qui ne débouche pas obligatoirement sur un achat immédiat.

"La plupart des millésimes considérés aujourd'hui comme moyens ont été beaucoup surestimés par la critique (sauf peut-être par Parker) à  leur sortie sur le marché. On nous expliquait que les 93 avaient une peau super épaisse et que l'eau n'avait pas affecté la qualité des raisins. On nous a dit en 1994 que les merlots étaient très réussis. Et que dire de 97, annoncé à  grand fracas comme un très beau millésime, qui est bradé actuellement bien au-dessous de son prix départ primeur ?"

- J'ai compris que la critique vous agace. Changez en !
(D'ailleurs dans ce post vous êtes particulièrement agacé). Je reviens à  ma première question : avez-vous lu mes numéros sur 93, 94 et 97 ?
Et 2001 ? Croyez-vous que mes lecteurs en aient beaucoup achetés ? Je dois bien être le seul à  écrire que je suis déçu de leur évolution.
Quels critiques choisissez-vous pour vous laisser berner par les peaux épaisses et je ne sais quoi ...?
Je ne veux pas vous blesser mais n'a-t-on pas et les vins et les critiques que l'on mérite ?

Et enfin
"je voulais inciter les acheteurs à  beaucoup de réserve vis-à -vis des jugements péremptoires et hâtifs quant à  la qualité d'un millésime."

-Je partage votre souci.
Néanmoins avez-vous retenu les éléments dont je vous parle et qui me permettent de construire mon jugement aujourd'hui ? Sinon à  quoi cela sert-il et de les écrire(ce n'est pas facile) et de vous les faire connaître ?

-Il serait intéressant de se demander pourquoi le monde du vin n'arrive pas à  prendre vite position sur la qualité du vin qu'il vient de produire. (Dans cette impossibilité à  s'engager vous êtes plus proche des intérêts des producteurs dans votre propos que je ne le suis, vous relayez leur perception comme si c'était un fait non analysable et vrai).
Ecartons du débat le fait très réel que tant que le vin n'est pas totalement stable, l'exercice reste difficile. Il est stable après les malo, fin novembre. Donc pourquoi à  Bordeaux ne pas prendre position à  ce moment sur la qualité ?

Cette dernière question pourrait faire tout un sujet sur LPV.

J'espère vos réponses sur les autres.

Cordialement.


JMQuarin
03 Nov 2003 13:29 #32

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Réponse de claudius sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Cher Monsieur,

cette polémique existe aussi entre producteurs bordelais, puisque l'on trouve d'un côté Frédéric Engerer qui déclare que Ch.Latour pourrait bien avoir produit en 2003 le meilleur vin depuis 1961 (je ne crois pas que Latour ait besoin de fausse publicité pour se vendre), de l'autre Jean-Michel Cazes qui s'étonne " de ce que certains critiques portent déjà  le millésime 2003 aux nues" (il se réfère sans doute à  Parker).

En tant que modeste dégustateur-amateur, je dois bien avouer que j'ai été très impressionné pas le millésime 2003 V.V. des soeurs Marcoux à  CDP, dégusté il y à  2 semaines; il me semble donc possible de déterminer la tendance qualitative des vins à  ce stade.

cordialement
03 Nov 2003 15:33 #33

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Réponse de Guest sur le sujet Le vin est un produit de consommation !

Monsieur Quarrin, Yves, et tous les autres...

Je me permet une intervention que certains trouveront "triviale", à  ce stade de la discussion qui par ailleurs me plait beaucoup par sa teneur, et sa tenue.

1/ Le vin est un produit destiné à  être vendu et consommé.

2/ La critique du vin (positive ou négative) conditionne son prix, l'importance et le niveau de vente.

3/ Le vin a une qualité et une "vie" propre (conditionnée par la météo, le terroir, le vinificateur, etc...) "en dehors" des première critiques (primeurs en particulier). Je veux dire que, jugé bon ou mauvais, seul le consensus général, après plusieurs années de vie et de dégustation dira si le vin est bon, exceptionnel, moyen, mauvais...

Problème : à  ce stade de son existence, le vin aura déjà  été vendu...

Je pose une simple question : Vous êtes un producteur d'un cru classé, où se situe votre intérêt, chaque année, vers le mois d'avril ?

Cordialement...
03 Nov 2003 18:16 #34

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

J'ajoute que 2003 sera très hétérogène

c'est déjà  un peu différent du titre initial.

Jérôme Pérez
03 Nov 2003 18:32 #35

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Exceptionnellement hétérogène?
03 Nov 2003 19:10 #36

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Réponse de Yves Zermatten sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Monsieur Quarin,

Je vous prie de m'excuser si j'ai pu vous offenser. Telle n'était pas mon intention.

Cela dit, je persiste à  penser que mes interrogations sont légitimes et rejoignent celles de bons nombres de consommateurs.

J'ai lu ce que vous écrivez sur votre site au sujet de l'acidité des 2003. Je me permets d'en recopier un extrait ici : «Contrairement à  ce que les analyses indiquaient avant les vendanges, les niveaux d'acidité se révèlent parfaits après les fermentations alcooliques. Cette remontée des acidités de 1 à  2 points demeure un phénomène incompréhensible.»

Premièrement, les consommateurs aimeraient en savoir plus sur l'acidité des Bordeaux 2003. Si elle est si «parfaite» que vous le dites, je ne vois pas pourquoi on ne nous donne pas les chiffres. C'est une donnée quantifiable, dont disposent tous les producteurs. Question subsidiaire, si l'acidité était si bonne, pourquoi l'AOC a-t-elle accordé des dérogations ?

Deuxièmement, en chimie, je me méfie de tout ce qui est "incompréhensible", ce d'autant plus quand je retrouve ce type d'arguments dans la bouche des producteurs qui présentent un nouveau millésime. J'ai parlé de cette hausse soudaine et « incompréhensible » d'acidité à  un Å“nologue, qui a souri gentiment en me disant que cela n'était pas possible. Je n'y connais rien en Å“nologie et je serais curieux d'en savoir plus sur la question. Enfin, en bon rationaliste, je ne peux m'empêcher de me demander si cette acidité tombée du ciel n'est pas de la même veine que la «main de dieu» de Maradona.

Troisièmement, il me semble que l'acidification est soit effectuée avant la fermentation soit lors de l'assemblage. Dès lors, si les 2003 ont été acidifiés avant la fermentation, je vois mal comment on aurait pu observer une hausse miraculeuse d'acidité. Si, au contraire, elle est faite lors de la phase finale de l'élaboration du vin, cela changera probablement énormément l'équilibre des vins, qui seront très différents de ceux que vous avez pu goûter.

Pour finir, l'adorateur de Bordeaux que je suis souhaite seulement un peu plus de transparence sur la question de l'acidification, et par dessus tout un grand millésime 2003 !

Au prix où sont vendus les Bordeaux, je pense que j'ai le droit de faire preuve d'un peu de défiance et de demander des informations, non ?

Avec mes respectueuses salutations

Yves Z

Yves Zermatten
03 Nov 2003 23:33 #37

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Yves,

Je n'ai pas goûté les 2003 à  Bordeaux mais je suis passé dans le vignoble juste avant les vendanges et j'y ai vu des raisins très très très différents selon les zones, les appellations et les terroirs. Les vins devraient donc légitimement être très hétérogènes.

Ce débat très polémique sur Bordeaux ne me concerne pas (si ce n'est que j'en achète et que j'aime ca) mais j'y apporte une touche de vigneron-qui-n'a-pas-fini-de-décuver pour vous donner quelques informations :

- lorsque l'on fait des analyses trop tôt, sur jus de raisin, avant le départ des alcooliques, on a souvent une vue tout à  fait imparfaite du futur équilibre du vin. Cette année en particulier, les pH étaient par exemple ici excellents, mais se sont mis à  descendre en cours de fermentation, ce qui est très bien pour nos vins. Mais certains ont balisés et acidifié trop tôt, sans réfléchir. C'est aussi ce qu'ont conseillé de nombreux Å“nologues irresponsables ou trop jeunes. Et c'est dur d'aller contre son Å“nologue...

Cela s'explique : en simplifiant, au cours des alcooliques, on extrait des composés qui sont dans la peau et non dans la pulpe. Les choses peuvent ainsi changer en fonction de ce qu'il y a ou de ce qu'il n'y a pas au fur et à  mesure que l'extraction avance dans la peau. C'est pourquoi il ne faut jamais prendre de décisions hâtives. Tout dépend de la qualité de son Å“nologue et de sa propre force de caractère. Moi, je ne fait plus d'analyses avant le milieu des alcoolique et je m'en porte très bien (mais j'angoisse beaucoup :))

- depuis que je fais du vin, je remarque en parlant avec d'autres vignerons que, parfois (pas toujours mais souvent) il y a en France voire en Europe certaines similitudes entre les raisins sur des régions au climat similaire. Comme si, en dehors de tout contexte de terroir ou de cépage, la Vigne avec un grand V, cette année là , possédait partout certaines caractéristiques. C'est une sensation de vigneron et d'amateur de vin, pas une affirmation ni une révèlation scientifique.

Cette année donc, deux caractéristiques me semblent souvent se reproduire, en tout cas ce fut le cas ici et cela vous éclairera peut-être.

Premièrement, plus on a vendangé tard, plus on a des vins frais, c'est à  dire des pH plus bas et des acidité plus forte. En plus, la teneur en malique a augmenté, ce qui en théorie est impossible. Et bien sûr, pas de passerillage mais au contraire deux pluies qui ont regonflés les raisins et baissé les degrés. Personne ne peut me l'expliquer mais c'est un fait confirmé par de nombreux vignerons de mes amis qui vendangent des raisins mûrs. De 3,75 de pH, on passe sur les carignan vendangés le 8 octobre à  3.39 de pH, ce qui est ici du jamais vu... Peut-être cela s'est il passé à  Bordeaux aussi ? Au final, ajouté à  des IPT de 90, les vins sont tout à  fait étonnants !

Deuxièmement, malgrés des raisins murs, sains et magnifiques, les extractions de tannins et d'anthocyanes ne se sont pas fait aussi facilement que d'habitude. Il a fallut cuver longtemps et surtout laisser les vins autour de 22/23° après la fin des fermentations, ce qui n'a pas été facile avec la vague de froid. Pour moi, il y donc déjà  deux style de vins cette année, ceux qui ont vendangé tôt, fermenté vite et cuvé court et ceux qui ont vendangé tard, fermenté lentement et cuvé longtemps. Entre ces deux types de vins, il y a des différences à  peine croyable...

Pour les deuxièmes, je partage ainsi l'avis de JMQ dans sa vision de vin à  la fois très puissants, aux tannins mûrs et pourtant prodigieusement frais. Pour les premiers, pas de couleur, pas de tannins et en plus une acidification précoçe catastrophique. La totale.

Les malos vont sans doute cette année avoir des conséquences très importantes; mais elles ne semblent pas pressées de ce faire.

Respectueuses salutations à  tous...
04 Nov 2003 09:51 #38

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Réponse de michelD sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Merci Monsieur Bizeul pour cette explication claire et précise.

Michel Debock.
04 Nov 2003 10:22 #39

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Ce que nous dit Hevé Bizeul est assez incroyable!
Et laisse deviner toute la difficulté des choix pour un vigneron!...

En plus, il semble que le choix de la date des vendanges tenait de la boule de cristal : des pH plus bas en attendant, des acidités plus fortes et la teneur en malique qui augmente!... (jjj)

Il va falloir que les amateurs établissent une carte des vins vendangés tôt et de ceux vendangés tard!... Tous à  vos INAO!... (aaa)
Voilà  une belle année d'investigation qui se profile!...

J'espère rencontrer un oenologue bordelais bien connu au cours du prochain week-end, que voilà  un beau sujet... d'interview! (bbb)

Merci au passage à  M. Bizeul.

Cordialement,

PhR
04 Nov 2003 16:03 #40

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Merci à  M. Bizeul
"cette année, ceux qui ont vendangé tôt, fermenté vite et cuvé court et ceux qui ont vendangé tard, fermenté lentement et cuvé longtemps. Entre ces deux types de vins, il y a des différences à  peine croyable..."

entre ces deux types de vins il ya ceux qui ont vendangés tôt (parce que mûr), fermenté vite (parce que c'est comme ça) et cuvé long parce que au début c'était dur et que foutu pour foutu , je me suis dit que ça pourrait être pire si je cuvait longtemps et c'est tout le contraire qu'est arrivé.
04 Nov 2003 17:05 #41

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Réponse de Yves Zermatten sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Monsieur Bizeul,

Un grand merci poru vos explications, qui me permettent d'y voir un peu plus clair.

cordialement

Yves Z

Yves Zermatten
04 Nov 2003 23:54 #42

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Robert,

Toutes mes excuses, bien sûr, d'autres cas de figure existent, je n'ai exposé que les plus simples.

Quand je dis "vendangé tôt", c'est bien sûr vendangé en fonction des maturités alcooliques et non phénoliques. La date en elle même dépend bien sûr des terroirs, où la maturité arrive plus ou moins vite. Mais les témoignages sur l'augmentation des acidités me semblent toujours, pour l'instant, venir de vignerons qui ont vendangés assez tard, même sur terroir précoce, disons à  partir du 20/09.

Pour ceux qui ont vendangé tôt parce que mûr, beaucoup ont apparament été mis sur la mauvaise piste par leurs Å“nologues qui craignaient l'influence les raisins un peu confits, brulés ou secs (toujours l'obsession de la sécurité). Ces derniers ont donc conseillé souvent, en début de vendange, des vinifications courtes à  basse température, voire des décuvages vers 1020, à  la "bourguignone" et des fins d'alcoolique en phase liquide. Catastrophe. Vins dilués, rosés, tannins secs, fermentations bloquées et volatile en grande quantité.

D'autres, et je me réjouis que tu ais fait ce choix, ont fait confiance à  leur raisins et ont attendu, cuvé long et gardé si possible leurs vins au chaud, vers 22/24° malgré la vague de froid de mi octobre. Bien leur en a pris. Mais pour les uns comme pour les autres, les grands ET les bons tanins, il a fallu aller les chercher.

Cette année, pour faire de grands vins, il aura fallu être très bon à  la vigne ET excellent à  la cave...

Merci pour vos merci :))) C'est un peu technique mais pour comprendre la réussite ou l'échec d'un millésime, j'ai toujours pensé qu'il fallait connaître et comprendre les choix qui se présentaient aux vignerons pour trouver, au milieu de cet enchevètrement de décisions possibles, le fil du labyrinthe qui mêne au vin idéal... C'est ce que fait JM Quarin, c'est ce qui rend son discours intéressant et formateur.

Bon, je vais finir de décuver les carignan et les mourvèdre.
05 Nov 2003 10:34 #43

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

M. Bizeul,

Je reviens sur une partie de votre post du 4/11. Vous avez écrit ceci :

"...depuis que je fais du vin, je remarque en parlant avec d'autres vignerons que, parfois (pas toujours mais souvent) il y a en France voire en Europe certaines similitudes entre les raisins sur des régions au climat similaire. Comme si, en dehors de tout contexte de terroir ou de cépage, la Vigne avec un grand V, cette année là , possédait partout certaines caractéristiques. C'est une sensation de vigneron et d'amateur de vin, pas une affirmation ni une révèlation scientifique."

Voulez-vous dire qu'il est possible que l'on fasse les mêmes constats à  Bordeaux et dans la Vallée du Rhône cette année, par exemple?... Si on parle de "climat similaire", cela évoque une même lattitude (le Grand Sud de la France, par exemple). Mais en 2003, c'est plutôt un partage est-ouest que l'on a constaté. Les "vignobes atlantiques" ne semblent pas avoir subi les mêmes conditions extrèmes que ceux de l'ensemble de la Vallée du Rhône, du nord au sud.

Ou alors, laissez-vous entendre que l'on pourrait faire le même genre de constat dans tout le vignoble français? Je parle, bien sur, des pH qui baissent, des acidités qui aumgmentent et des teneurs en malique qui augmentent également!

D'autre part, lors d'un entetien avec un vigneron de Loire, celui-ci se disait étonné de constater que sa vigne restait très verte relativement tard! Avez-vous fait ce genre de constat, plutôt étonnant pour une année de sécheresse?

Cordialement,

PhR
05 Nov 2003 11:19 #44

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Réponse de jeanclaude sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Cela me rappelle mon passage à  La Négly mi-octobre ou Jean paux Rosset n'avait pas encore terminé les vendanges là  où d'autres les avaient achevés depuis longtemps.

Je ne sais s'il fait appel à  un oenologue mais le choix de ces vendanges "tardives" était selon lui le plus sûr garant d'un vin de qualité au vu des caractéristiques climatiques exceptionnelles dans l'extravagance du millésime et au vu de la maturité des raisins.

En tout cas, les Grenache que j'ai pu goûtés sur la table de trie étaient une pure merveille.
05 Nov 2003 11:48 #45

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  • Jean-Marc Quarin
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Réponse de Jean-Marc Quarin sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Bonjour,

Je suis touché par les excuses de M. Zermatten et je reviens sur les questions essentielles posées dans son post précédent.

M Bizeul m'a devancé dans la réponse à  apporter.
Je trouve passionnant de constater qu'il relate depuis Vingrau (Pyrénées Orientales) les mêmes observations relevées à  Bordeaux .
Ainsi, il apparaît assez clairement que, dans leur grande majorité, les grands crus de Bordeaux n'ont rien de supérieur dans leur manière de concevoir la chose viticole !

Pour Bordeaux, les acidités naturelles sont dites être “remontées” après fermentation parce que les vinificateurs n'avaient pas bien mesuré leur taux réel avant. Les ayant vues basses c'est-à -dire inférieures à  3, ils ont de suite pensé à  les corriger à  la hausse.

Pourtant il suffisait d'attendre 24 h (c'est peu dans la vie d'un vin !) après le départ en fermentation, pour que la pulpe libère mieux son contenu et que le vrai taux d'acidité se montre.

Parfois même, aux analyses faites par prélèvement avant vendange , le taux se montait à  3,5, puis il chutait à  2,5 dès la mise en cuve, par manque d'effet du foulage sur sa libération, avant de remonter après quelques heures, une fois la pulpe mieux travaillée.

Alors, pourquoi se précipiter ?

Peu de gens ont remis en cause la validité de leur analyse et sont tombés dans un énorme piège. Je regrette le manque de réflexion, le manque d'observation, l'affolement et le manque de conseils avisés. Pourtant, les conseillers sont nombreux et bien payés. Mais comme dans n'importe quel autre domaine de l'expertise, il faut considérer que les experts cherchent d'abord à  se protéger (acidifions, n'extrayons pas trop longtemps pour éviter les tanins durs, etc...). Rares sont ceux qui étaient capables de dire ce qu'il fallait faire pour profiter pleinement de cette climatologie exceptionnelle.
Où sont les connaissances, où est la sensibilité ? Comme le dit M. Bizeul, c'est dur d'aller à  l'encontre de son oenologue.

Au départ de tout ceci, il y a un énorme présupposé sur la gestion de l'acidité dans la vendange et la vinification.
Le vignoble bordelais est particulièrement sensible à  cette question. Je rappelle qu'à  l'époque, beaucoup d'intervenants n'auraient pas misé un iota sur l'avenir du 82, parce qu'ils pensaient qu'il manquait d'acidité. Dit brièvement, je considère que la culture du goût bordelaise est toujours dominée par l'acidité (évidemment, cette affirmation mériterait tout un chapitre de développement).

Donc, cet été tout le monde baignait dans l'ambiance de la canicule, d'une supposée sécheresse, d'un climat injustement qualifié de Californien et donc d'une perte supposée inévitable de l'acidité.
Dans cette ambiance, personne n'a remis en cause les premiers résultats des analyses. Elles ne venaient qu'apporter de l'eau au moulin de ceux qui pensaient que Bordeaux vivait un climat plus méditerranéen que d'habitude.
De fait l'acidification s'imposait. Or même en Californie, on peut faire du très bon vin sans acidifier : voici donc la réflexion coincée à  nouveau dans un autre cul-de-sac.

Et pourtant, il suffisait de regarder les vignes, leur feuillage toujours vert pour imaginer que la situation était plus complexe.

J'ajoute que ce présupposé de fond et surtout ce manque de précision dans les mesures ont sans doute incité les autorités à  prendre des décrets exceptionnels en faveur de l'acidification. Tout le monde comprend la gravité de cette erreur. Elle rejaillit sur la compréhension des consommateurs qui, comme le fait M. Zermatten, se demandent : pourquoi donc autoriser l'acidification si les vins ne manquent pas d'acidité ? Qui croire dans cette affaire ?

Pour ma part, j'ai passé plus d'un mois à  observer comment les grandes propriétés du Bordelais abordaient ce millésime. La première question posée lors de mes visites était : ”avez-vous acidifié ou pas ? “.
J'ai obtenu des réponses positives et négatives.
Mon objectif est de préparer les jugements que je vais formuler au moment des primeurs. Je pense qu'en avril prochain plus personne ne répondra franchement à  cette question, tant les enjeux seront imminents.

Questions subsidiaires :
- n° 1 : d'après vous, les propriétés qui sont d'ores et déjà  prêtes à  aligner devant moi toute leur production ont-elles acidifié ou pas ?

- n° 2 : d'après vous, pourquoi certains disent-ils qu'il est encore trop tôt pour juger de la qualité du millésime ?

A bientôt,

JMQuarin
05 Nov 2003 14:55 #46

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Réponse de claudius sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

réponse:

1) Latour
2) Lynch Bages
05 Nov 2003 16:03 #47

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Réponse de DidierD sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

J'ai eu la chance de participer aujourd'hui à  une grande dégustation du millésime 2001 organisée à  Bruxelles par l'Union des grands Crus de Bordeaux (commentaires succincts à  paraître prochainement).
J'y ai rencontré plusieurs propriétaires de domaines réputés et j'ai profité de l'occasion pour parler avec eux du millésime 2003 et de la problématique de l'acidification.
Voici en bref les réponses :
Antony Perrin (Carbonnieux) : Seules les jeunes vignes en blancs on nécessité une légère acidification. Pas nécessaire pour les rouges.
Anne Bernard (Domaine de Chevalier) : Pas d'acidification.
Jean-Luc Marchive (Fieuzal) : Faible acidification pour les jeunes vignes destinées à  l'Abeille. Pas d'acidification pour le premier vin.
Tristan Kressmann (Latour-Martillac) : Faible acidification sur les jeunes vignes blanches récoltées en premier, pas d'acidification dans les premiers vins.
Daniel Cathiard (Smith Haut Lafitte) : Aucune acidification.
Stephan von Neipperg (Canon-la-Gaffelière) : Pas d'acidification. La nature a bien fait les choses. Il ne fallait pas s'affoler. Lorsque l'on mesure l'acidité du moût avant fermentation, on ne mesure en fait que l'acidité de la pulpe qui pouvait effectivement sembler faible. Mais la peau libère également de l'acidité en cours de fermentation, ce qui explique la remontée du taux d'acidité.
Violaine de Lencquesaing, charmante (Pichon Longueville Comtesse de Lalande) : Pas d'acidification, ce n'était pas nécessaire, les raisins étaient superbes, les degrés élevés mais l'acidité suffisante. Les vignes n'ont pas souffert, l'enracinement est profond et il y a de l'eau (peu) en profondeur. D'ailleurs, le feuillage était parfaitement vert au mois d'août. C'est passionnant de travailler un millésime pareil. Il faut que le vin exprime la typicité de cette année. Le millésime 2002 était également passionnant, d'ailleurs, tous les millésimes sont différents et c'est cela qui rend le métier intéressant. Elle constate dans ses vignes le réchauffement climatique.

Comme vous pouvez le constater, l'acidification est loin d'être de mise, en tout cas dans les domaines les plus renommés (ou les plus privilégiés d'un point de vue terroir).
Après la dégustation, je me suis retrouvé attablé à  côté de Nicolas de Bailliencourt (Gazin), éminemment sympathique, devant un bon verre de … bière. Bien que je me sois déjà  fait à  l'idée que personne n'a acidifié à  Bordeaux, je lui pose quand même la question, par acquis de conscience. Sa réponse fuse : mais oui, j'ai acidifié. Explication : Il vinifie dans des cuves en béton. Le béton à  la propriété de capter l'acidité. Il a donc du en rajouter. Mais c'est de l'acide tartrique, c'est naturel et c'est fait avec doigté. D'ailleurs, le vin s'annonce superbe. Il m'engage à  venir le goûter dans deux ans. Promis !

Voilà , pour résumer, ils sont tous optimistes, le vin s'annonce exceptionnel, "monstrueux", mais beau. C'est du jamais vu, il n'y a pas de points de repère, mais on pressent quelque chose d'énorme.

J'ai pris beaucoup de plaisir à  discuter avec ces gens, que je mythifiais un peu, et qui sont en fait des passionnés, simples, accessibles, disponibles et très sympathiques.
A l'année prochaine, j'espère.

Didier
05 Nov 2003 20:44 #48

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Comme il y a eu un petit problème sur le réseau, je reposte mon msg..

Formidable débat que voilà ...

Bravo aux intervenants pour la haute tenue de cette discussion, qui vaut bien son pesant de Grand Cru Classé! Je me suis d'ailleurs imprimé l'essentiel des posts... je sens que ça va être mon "livre de chevet" à  relire plusieurs fois ces prochaines semaines!

En tout cas, voila de l'info. claire, pertinente et aux antipodes de la langue de bois habituelle qu'on trouve dans trop de médias spécialisés... Personnellement, c'est exactement ça que j'attend d'un forum.

Captivement vôtre,
Alain
06 Nov 2003 10:23 #49

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

Le 21 octobre j'avais demandé par courriel au château Moulin Pey Labrie des précisions sur la qualité des raisins récoltés en 2003.

Voici la réponse reçue ce jour:

"Nos vignes ont peu souffert car le terroir est argilo-calcaire. Ce sera donc un très grand millésime: puissant,racé avec beaucoup d'élégance. Pour ce qui est de la quantité il y en aura peu. Mais ce n'est pas grave car ce qui est important,c'est la qualité."

Voilà  donc un vigneron très optimiste même si on peut penser qu'il est à  la fois juge et partie!

Abel.
07 Nov 2003 17:32 #50

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Réponse de Guest sur le sujet Re: Bordeaux 2003 - Médoc exceptionnel

L'intéressante discussion sur l'acidification de la vendange 2003 m'a amené à  relire le remarquable ouvrage d' Emile PEYNAUD " Le vin et les jours " qui apporte de nombreux éclairages sur les sujets abordés sur LPV.
L'entretien de DidierD avec des propriétaires bordelais semble indiquer que les vieilles vignes ont mieux supportées la canicule de l'été 2003 que les vignes jeunes. En définitive l'acidité s'est révélé suffisante pour l'élaboration des "grands vins".
Le couple sous sol -vieilles vignes joue donc cette année un rôle fondamental dans la qualité des raisins et des vins.
Les vieilles vignes, aux racines profondes, ont pu trouver les réserves d'eau nécessaires, lorsque leurs racines se trouvaient à  proximité de la nappe phréatique.
D'une façon générale, deux ensembles géologiques, en bordelais, correspondent à  cette situation:
les formations de graves assez épaisses reposant sur un substrat argileux
les formations argileuses suffisament humides en profondeur

Pour reprendre les propos de JM QUARIN , des viticulteurs expérimentés et talentueux, que j'ai rencontrés, m'ont affirmé qu'ils connaissaient la qualité de leurs vins après les écoulages ( donc avant la fermentation malolactique)
08 Nov 2003 00:12 #51

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