Jérôme dit ‘ quant à savoir la part du terroir dans les saveurs d'un vin âgé, à part faire le malin en société ou faire un beau texte en ayant l'air d'être plus savant que les autres, il faudrait que l'on m'explique en dépassant la simple sentence.'
D'abord je dirais qu'au delà des saveurs , je pense que l'influence d'un terroir joue déjà sur le simple fait qu'un vin peut vieillir mieux qu'un autre.
De plus doit-on rejeter et prendre de haut l'expérience d'un dégustateur qui sent le terroir mieux qu'un autre pour la seule raison qu'il est beaucoup plus facile de parler de l'influence du viticulteur et du vinificateur sur le vin que de terroir.
Je pense que la part du terroir est très difficile d'accès mais de là à diminuer son influence pour cette seule raison, ça me paraît un peu court.
Je ferais remarquer aussi, que la part du terroir joue sur tous les aliments et ce de manière spectaculaire alors pourquoi le raisin échapperait plus à cela que les autres aliments.
‘ La pertinence du terroir , je ne la nie pas, mais je trouve que beaucoup s'en gaussent mais ne dépassent pas ce stade ‘ mais peut-on dépasser ce stade justement, cette pertinence peut-être qu'elle se sent plus qu'elle ne peut s'expliquer par l'amateur compétent. Je pense qu'elle découle avant tout d'une longue expérience de dégustateur.
‘ Aujourd'hui, on rejette le fruit au profit de la minéralité. Et pourquoi le fruit ne serait pas typique de certains terroirs ? Dès lors pourquoi un vin jeune ne serait-il pas typique de son terroir et en serait un bon représentant.'
Je pense que ce que tu dis là ne concerne pas tous les vignobles. Je ne pense pas que ce soit le cas dans le bordelais.
En ce qui concerne le Languedoc-Roussillon ou le Rhône, je suis bien d'accord avec toi, à la restriction près que je trouve normal que les vignerons essayent de voir s'il peuvent faire d'autres vins avec d'autres qualités, je ne perds pas de vu qu'un vin ça se boit avant tout à table et que par rapport aux accords une certaine minéralité et une certaine fraîcheur peuvent être les bien venues. De plus si , je dis bien si, cette minéralité peut-aider le vin à évoluer agréablement vers des notes secondaires puis tertiaires moi, et je dis bien moi, je suis preneur pour la bonne est simple raison que pour moi, c'est avec ces notes que je prends le plus de plaisir et c'est pas souvent. Que certains vignerons essayent d'aller vers un certains raffinements ne me dérangent pas si cette recherche amène un vin réussit. Je pense qu'il faut de tout. Est-ce que tous les terroirs permettent cette minéralité et cette fraîcheur ?
Mais, et je le répète je suis d'accord avec toi et je n'ai pas envie que les merveilleux vins sur le fruit ne disparaissent d'ailleurs je ne pense pas qu'ils soient prêt à disparaître.
Moi, je pense que dans cette discussion, il y a une part politicienne de la part de certains.
Ne pas vouloir parler terroir en tant que paramètre de première importance, et bien cela à l'avantage de niveler potentiellement toutes les régions et bien sûr c'est dans l'intérêt de pas mal de professionnels en France et sur la planète. Nivelé à un niveau où la vinification vous fera dire ‘ j'aime ‘ bingo, y a plus qu'à s'équiper ! ( je sais j'exagère les traits mais ceux qui me connaissent savent que je fais exprès J .
Oublier ce que peut donner de magique et de plus raffiné un grand vin ayant évolué dans le temps et venant le plus souvent de grand terroir, c'est faire la part belle aux sous-produits ( pareil J) que sont tous les autres vins.
On en arrive à ce qu'autour de moi, les amateurs s'habituant aux merveilleux languedocs jeunes, ils ne supportent plus de voir un bordeaux jeune au plaisir inférieur à ces vins. Ils en arrivent à balancer' les bordeaux c'est imbuvable, on se régale pas' et c'est justement le premier verre, la réaction est binaire
Et comme, en plus, ils sont d'une impatience maladive et bien ils n'arrivent plus à se projeter dans ce que pourra leur donner un vin de 15 ans à maturité ; c'est sûr on est pas près de parler de l'influence du terroir dans ces conditions.
Pour conclure , dire que la vérité est dans le verre pour moi, cela amène un danger :
Celui de penser le vin qu'au présent et donc de façon binaire, j'aime , j'aime pas, or s'il y a bien un aliment que doit se penser à tout les temps ( passé / présent / futur proche et lointain ) c'est bien le vin. Et notre intellect doit nous permettre de nous projeter en avant en arrière aussi avec les risques que cela peut comporter ( se tromper ) .
Et penser le vin au présent, cela va amener inévitablement , à l'avenir, à dénigrer les grands terroirs mais comme je l'ai dit, certains vont s'y retrouver.
C'est pourquoi, je trouve la vision de Mark Squires un tantinet inquiétante.
Une chose est sûre dans 50 ans , les modes auront changées mais on parlera encore de terroir car il s'agit d'une vérité première pleine de bon sens.
J'ajouterais que moi qui critique souvent M Bettane , sur ces notions là , j'ai l'impression que ces positions sont plus profondes, plus intéressantes et plus proches de la vérité que d'autres.
Jmm