[size=x-large] Villa d'Este Wine Symposium 2014[/size]
[size=large]La Villa d'Este étant un lieu où la frustration n'est pas permise, je profite du temps libéré par l'occasion manquée de la dégustation Haut Brion pour reprendre ma mission, l'autre, et filer goûter les vins présentés par les vignerons inscrits à l'évènement.
Vous croyiez tout de même pas qu'on était venu que pour rigoler... (
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Weingut Donnhöff
Quatre 2013 sont présentés.
Le
Tonschiefer Riesling Trocken propose un nez discret, sur un côté assez végétal. La bouche est cristalline mais assez simple, sur un tonus agréable mais qui manque un peu de concentration et d'allonge. L'
Höllenpfad Riesling Trocken est plus construit, toujours sur ces équilibres laser si propres au domaine mais avec une matière plus profonde, sur une acidité traçante et une belle matière tout en profondeur. Le vin reste assez serré aromatiquement et doit être attendu pour gagner en complexité.
Superbe potentiel pour le
Niederhäuser Hermannshöhle, très fermé au nez mais d'une présence classieuse assez remarquable de maitrise et de persistance.
Grande leçon d'équilibre sur le
Oberhauser Brücke Auslese, très précis au nez, compromis de notes minérales et de fruits exotiques et dotée d'une délicieuse matière rythmée et élégante, à l'équilibre salivant et frais assez irrésistible.
Weingut Martin Wassmer
Les blancs 2013 proposent des nez très boisés et des structures à l'ampleur qui me semblent manquer un peu d'allant et de naturel, que ce soit sur le
Pinot Blanc, sur la fumée et un corps assez massif, le
Chardonnay un peu caramélisé et à la bouche grasse ou encore le
Pinot Gris au nez crémeux mais à la bouche mollassonne. Les rouges sont plus sérieux, le
Spatburgunder 2010 en magnum présentant un joli nez de pinot (fruits rouges, léger végétal) enrobé de notes fumées assez nettes. La bouche est en deux temps, tendre en attaque, sur un volume charnu et droit très intéressant malheureusement un peu chahuté par une forte amertume qui bride la finale. La table devrait pouvoir rééquilibrer l'ensemble.
La verticale de
Spätburgunder GC Schlatter Maltesergarten est intéressante, sur des nez amples et puissants sur les millésimes 2012, 2011 et 2009, aux élevages insistants et qui masquent un peu trop à mon goût de forts belles senteurs de pinot, sur les fruits des bois. 2007 semble déjà évolué, sur des notes de champignon frais et de croute de fromage. Les bouches sont denses, sur des jus concentrés, doux en 2009, plus serré sur 2012 et dotés de belles acidités structurelles qui leur donnent une jolie présence. Les finales sont malheureusement un peu toutes marquées d'une légère sécheresse et surtout d'amertumes que j'attribue à des élevages un peu trop poussés et qui brident un peu leur envolée.
Un domaine à suivre car les matières sont belles.
Maison Trimbach
Joli
Riesling Sélection de Vieilles Vignes 2011, vin très franc à l'équilibre impeccable, à la fois délié et doté d'une profondeur certaine.
Le
Frédéric Emile 2009 est superbe, très élégant et gourmand à la fois, sur une bouche puissante très bien construite et doté d'un jus corsé bien élancé par une jolie acidité. L'ensemble produit est assez long et très facile d'abord !
Le
Clos Sainte Hune 2009 est beaucoup plus serré, sur un nez discret qui refuse de se livrer. La bouche est en revanche splendide, droite et toute en profondeur verticale, d'une impressionnante concentration. Sa finale est longuement portée par de fins amers de très grande classe.
Superbe !
Jolie
SGN 2001 au nez très fin, exotique et terpénique, sur une liqueur modérée et une tension certaine qui évoquerait presque les très vieux sauternes qui ont mangé leurs sucres. Finale assez légère, très agréable pour un vin délicat qui devrait faire de beaux accords de table.
Weingut FX Pichler
Le
Riesling Ferderspiel Loigner Burgstall 2013 est végétal, sur des senteurs de sauvignon pas mûr. La bouche est sèche et amère, noyée d'un perlant gigantesque. Le
Riesling Smaragd Dürsteiner Kellenberg 2013 est plus avenant, sur un nez de fruits à noyaux et des notes minérales, une attaque très perlante mais une bouche plus sympathique quoiqu'assez simple, sur une acidité désaltérante mais un manque de fond assez patent.
Le 2010 est très serré, tout en droiture, sur une bouche toute en tension et qui manque un peu d'enrobage pour gagner en assise. Le 2007 semble nettement plus en place, construit, avec, derrière une petite réduction sur la croûte de fromage, une matière bien en place, sur le minéral mais malheureusement un peu perturbée sur la finale par des amers en excès.
Si le
Grüner Veltliner Ferderspiel Loigner Burgstall 2013 propose un nez sympathique, sur la groseille et quelques notes végétales, la bouche est simplette, peinant à donner autre chose qu'un jus acide un peu dilué. Le
2010 est plus agréable, sur un nez plus construit et une bouche assez facile, à la finale un peu amère toutefois et qui reste assez stricte. Le
2007 m'a semblé là encore trop marqué par les amers.
Maison Verget
Le
Pouilly Fuissé La Roche 2012 est un vin sérieux, au nez puissant, compromis de notes florales et grillées. La bouche est agréable, sur un joli volume au gras bien contenu par une acidité sympathique. Le
Puligny PC Sous le Puits 2011 offre un nez classique et très réussi, sur les fleurs blanches et des notes fumées. La bouche est fraiche mais assez délicate, sur une haute acidité qu'un volume assez léger peine à équilibrer. Le
Chablis GC Vaudésir 2009 change totalement de registre en offrant une bouche large à l'ampleur généreuse, d'un volume concentré et finalement d'une belle tenue. L'aromatique très chablisienne, sur les fleurs blanches et des notes miellés et sa densité m'ont plu même si l'acidité n'est pas très haute.
Absolument pas convaincu par la
Syrah d'Endes 2013 du Château des Tourettes, affreusement marquée par des goûts douteux de viande crue.
Le
Pommard PC Les Saucilles 2009 m'a semblé très serré, sur des tanins fermes et secs assez désagréables.
Weingut Pichler-Krutzler
Joli vin croquant, à l'aromatique florale gourmande et à la bouche tendre et facile que le
Grüner Veltliner Supperin 2013 plus facile à aborder que le
Grüner Veltliner Kellerberg 2013 dont le nez est plus profond, avec l'apparition de notes minérales mais la bouche trop ample et amère à mon goût.
Si le
Riesling Rothenberg 2013 est plus tendu en attaque, une petite pointe tendre lui fait perdre en droiture ce qu'il gagne peut être en côté apéritif. Son aromatique fruitée est en tout cas très agréable, plus que le
Riesling Kellenberg du même millésime que j'ai trouvé un peu creux.
Bonneau du Martray
Le
Corton Charlemagne 2006 offre un nez puissant, très construit, sur l'amande, de très fines senteurs minérales.
La bouche est très puissante et concentrée, sur une attaque dense à la sensation de verticalité. Le volume en milieu de bouche est impressionnant et lance une finale presque brutale, sur une acidité salivante qui équilibre ce gros volume qu'il me semble impératif d'attendre.
Le nez du
Corton 2006 est assez riche, sur les fruits rouges et des senteurs d'épices douces. La bouche est corsée, dotée d'un volume imposant à l'acidité bien intégrée. La finale reste assez costaud, sur des tanins encore fermes.
Deux vins sérieux qui doivent encore être attendus.
Weingut Tegernseerhof
Joli
Grüner Veltliner Höhereck 2012 au nez fin, floral et minéral mais à la bouche un peu alanguie, sur une pointe sucrée qui lui fait perdre en droiture. L'aromatique très florale est agréable et la finale un peu perturbée par l'amertume. Le
2010 semble plus mûr ou évolué, sur le fruit exotique, le miel avec un joli équilibre agréable auquel les amers (enfin équilibrés !) donnent une jolie présence.
Le
Riesling Steinertal 2012 est assez simple, sur un nez légèrement exotique et une bouche agréable mais qui manque un peu de présence et d'allonge.
La finale est sympathique mais un peu courte. Le
2010 est beaucoup plus droit, sur un nez citronné et minéral agréable et une bouche énergique construite autour d'une haute acidité. La finale salivante et fraiche est très agréable.
Weingut Clemens Strobl
Joli vin que ce
Grüner Veltliner Schreckenberg 2013, au nez fruité, sur les agrumes et à la bouche souple, très facile et sans déséquilibre.
Le
Grüner Veltliner Losling 2013 est un peu plus serré au nez mais la bouche est fort proche, d'une grande suavité à la limite de la douceur mais sauvée par une belle acidité. La finale est simple mais franche.
Le
Riesling Rosenberg 2013 n'a pas cette évidence, sur un côté un peu instable qui oscille sans trouver son point d'équilibre entre une sucrosité assez nette et une acidité stridente assez rébarbative. Si le
Welschriesling Spiegel 2013 offre un très joli nez fin, précis, sur les agrumes et les fleurs blanches, la bouche peine encore une fois à proposer un équilibre cohérent, un peu dévorée par un sucre qui l'empâte trop à mon goût.
Absolument pas convaincu par le
Pinot Noir Hengstberg 2012 totalement étouffé par un affreux boisé brûlé assez caricatural.
[size=large]Alors que je gratte dans mon petit carnet les affreux hiéroglyphes qui seront un enfer à décrypter à mon retour et vous vaudront de devoir être d'une patience d'ange devant la mise en ligne de ces comptes rendus, la lumière s'éteint !
Aïe, merdum, les plombs ont sauté ?
Mais non, c'est juste que le temps passe tellement vite en si belle compagnie que j'en ai oublié le dîner qui s'annonce...
Pif paf, c'est marches grimpées 4 par 4 et ventre à terre que je filoche nouer ma cravate et chausser mon plus beau costume.
Et pas la peine de fantasmer ou de préparer vos avatars de Noël ou autres horreurs alla Fonzie, j'ai fait les poches de tous les paparazzis de l'évènement pour récupérer les bandes !
Je m'inquiète juste un peu des ressources cachées de l'ABM, cet homme est plein de réflex(e)s...
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[size=large]Ah mais c'est qu'il commençait à me manquer le joli cri de guerre du yodleur de la Villa d'Este, ce magique petit son roucoulant qui parvient à vous faire taire une salle turbulente de 250 amateurs chauds comme les braises sans jamais avoir à sortir Bertha du garage ni envoyer la compagnie de Panzers pour ramasser les derniers récalcitrants rivetés au bar et les mener à la salle à manger.
Ça tombe pile poil, je commençais à avoir un 'tit creux.....
A table !
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Weingut Clemens Strobl, Grüner Veltliner, Losling, 2013
images.glop.fr/OlivL...
Robe jaune paille.
Nez généreux, très floral (aubépine), sur les agrumes et des notes opulentes qui m'évoquent la guimauve.
Bouche assez puissante, sur un équilibre un peu instable entre une douceur à la limite de la sucrosité et une forte acidité.
L'ensemble est presque violent, sur une finale à la perception aigre douce qui s'accorde assez mal avec la douceur de la crème de cèpe.
A revoir car il y a du fond.
Weingut F.X. Pichler, Grüner Veltliner, Dürnsteiner Liebenberg, Smaragd, 2012
images.glop.fr/OlivL...
Robe cristalline.
Nez assez fin, moins opulent que le Strobl mais marqué de notes assez similaires, sur un compromis floral et guimauve.
La bouche est marquée d'une assez forte sucrosité qui empâte l'attaque qui s'épand en largeur.
L'acidité pourtant assez forte et totalement dissociée et surtout l'amertume excessive rendent la finale pour le moins rébarbative.
Je n'ai pas du tout aimé.
Weingut Pichler-Krutzler, Riesling, Kellerberg, Wachau, 2013
images.glop.fr/OlivL...
Robe très claire.
Nez très discret, presque muet hormis quelques minces senteurs de zeste de citron vert.
Attaque marquée d'un léger frisottis et d'une acidité citrique qui frôle le strident.
L'ensemble manque un peu de volume et d'enrobage pour se développer un peu mieux en bouche où son côté ultra salivant ne suffit pas à apaiser une forme de morsure acide.
La finale est fraiche mais manque de complexité aromatique, sur des notes un peu végétales.
Plus à mon goût par sa droiture mais un vin qui manque tout de même de volume et de charme.
Weingut Tement, Sauvignon blanc, Zieregg Vinothek Réserve, Südsteiermark, 2011
images.glop.fr/OlivL...
Robe jaune vert.
Nez très fortement réduit, sur la roquette puis, au réchauffement des notes furieusement variétales, sur le bourgeon de cassis.
Je dois avoir la tronche en biais ce soir car je trouve ce vin encore une fois totalement dissocié, sur un déséquilibre entre douceur presque sucrée et une acidité tranchante à la limite de l'agressif.
La finale est encore une fois marquée par une amertume assez forte.
Aïe !
Weingut Pichler-Krutzler, Blaufränkisch, Weinberg, Südburgenland, 2011
images.glop.fr/OlivL...
Robe noire violacée très profonde.
Nez lacté, sur le yaourt aux fruits noirs avec des notes d'encre de Chine.
Bouche brutale dotée d'une acidité violente qui raye le casque et qu'une matière un peu brutale et rustique ne parvient pas à compenser.
La finale très amère est vraiment rébarbative.
Re aïe !
Weingut Hillinger, Hill 1, Burgenland, 2011
images.glop.fr/OlivL...
Robe noire totalement impénétrable.
Beau nez plein et riche, sur les fruits noirs frais à l'élevage chocolaté et épicé classe et bien intégré.
La bouche est enrobée, sur un volume gras et large qui semble très travaillé et plutôt réussi.
L'ensemble reste encore très jeune, tapageur mais bien fait.
La finale est peu amène, marquée par des tanins assez présents et une amertume assez forte.
A attendre pour voir si cette mécanique prend un peu de naturel.
Weingut Kracher, Grande Cuvée, Trockenbeerenauslese, 1999
[size=x-small]Chardonnay (80%) et Welschriesling (20%), Magnum[/size]
images.glop.fr/OlivL...
Robe ambrée comme un rhum vieux.
Très beau nez généreux et attirant, sur la confiture d'abricot, le chocolat au lait et de jolies notes safranées.
Bouche puissante, sur une attaque presque violente qui tente de concilier les extrêmes d'une liqueur concentrée et d'une très haute acidité.
Si l'ensemble est très puissant et ne se boit pas à grandes lampées, il n'en reste pas moins remarquablement maitrisé, sans aucun effet d'écœurement ni saturation.
La finale s'ouvre sur des délicieux goûts d'orange et d'abricot et se prolonge très longuement en faisant saliver.
Très joli vin, à siroter lentement !
[size=large]Bon, on ne va pas se mentir, le rendez-vous avec l'Autriche est un peu manqué pour le Jean Claude Duss des palaces.
Il faudra revoir tout ça pour conclure, sur des millésimes plus favorables peut être.
En revanche, les plats sortis ce soir par le chef Michele Zambanini et sa brigade étaient absolument monumentaux !
Derrière ces intitulés lisibles à l'apparente simplicité, nom di djiou, quel goût !
Remballez les machins destructurés pour lesquels on vous impose un mode d'emploi, remisez les molécules qui gloussent, les virgules de shampoing qui meublent trois bouchées étiques et les zigouigouis qui fument pour vous remplir une assiette aussi large que l'ego du chef.
Grand moment pour le modeste mais gourmand gastronome qui souhaite simplement manger avec le maximum de plaisir possible et non vivre une expérience auto proclamée ultime et qui laissera autant de traces dans la mémoire collective que la mode des costards bleus à épaulettes, époque Miami Vice.
Allez, au dodo...
Car demain, y'a, comme qui dirait, encore une fois moyen de se faire plaisir... (
)
A suivre...
Oliv [/size]