jeantranber écrivait:
> Je n'ai pas vu de rubrique de ce domaine, aussi
> j'en ouvre une.
>
> Dégusté hier soir lors d'un diner "un peu centré"
> sur le vin, Vega Sicilia Unico 94 acheté recemment
> chez Lavinia.
> Une robe sombre assez marqué avec des reflets
> rubis; aucune évolution de la robe n'est
> perceptible; le vin pourrait être d'un millésime
> plus récent.
> Un nez assez réservé d'un premier abord, sur les
> fruits rouges, moka avec une légère note de fumé.
> Après une aération de plus de trois, le nez sort
> de sa réserve mais reste peu expressif.
> Le sentiment de vin fermé est confirmé en bouche
> avec une matière très tanique et très dense qui
> donne est dominé par les fruits rouges / note de
> fumé un peu sur la réserve. La longueur en bouche
> est interminable et confirme bien la qualité de ce
> vin. Le vin n'est pas large, ni alcoolique mais
> s'exprime tout en finesse avec beaucoup de
> noblesse.
>
> En conclusion, j'ai commis un infanticide ce vin
> n'est absolument pas prêt à boire; même si au
> final l'ensemble des convives a eu bcp de plaisir
> lors de sa dégustation. Je n'ai pas une grande
> expérience des vins espagnoles mais il m'a paru
> assez atypique dans la mesure ou aucune note de
> bois n'est perceptible. Il apparait fondu et ceci
> malgré un élevage de plus de huit ans en fut!!
> Un grand produit construit pour la garde, je pense
> que ce jeune homme a une vie de plusieurs
> décennies devant lui.
>
> Une note : 18,5 pour la finesse et la grande
> noblesse du produit; à titre indicatif ce vin m'a
> plus plu que le Cheval Blanc 98 dégusté ce même
> soir (un post va suivre), mais derrière Pavie 2001
> (qui lui est arrivé en tête !!). La soirée a été
> plutot agréable
Bonjour
J'ai dégusté la semaine dernière trois
Vega Sicilia Unico 1989, 1980, 1970 et la lecture de votre commentaire m'a donné envie de rédiger ce petit résumé de dégustation.
Un premier élément m'a particulièrement surpris c'est la couleur de ces trois vins .
Celle du 1989 était sombre, très tuilée et trouble,elle donnait l'impression d'un vin assez âgé en fin de course.
Le 1980 était beaucoup moins sombre, les reflets tuilés étaient également très présents mais soutenus par une belle brillance ,la robe donnait l'impression d'un vin plus jeune .
Pour finir la robe du 1970 etait d'une clarté et d'un éclat incroyable, la couleur rubis-orangé dominait,cétait de loin la robe qui paraissait la moins évoluée,en aveugle jamais je n'aurai pu dire que ce vin avait 37 ans d'âge.
Au nez les trois vins developpaient des arômes magnifiques d'intensité, un peu comme de l'essence de parfum.
Les senteurs qui se dégageait du verre étaient tellement agréables et complexes qu'on en oubliait de déguster rapidement le contenu.
Le nez du 1989 était dominé par le champignon ( pleurotte ) la terre mouillée,l'éther,la réglisse, la vanille,la girofle, le tabac brun.
Celle du 1980 ,très différente, était plus marquée par les fruits rouges,la peau d'orange séchée,la menthe, l'eucalyptus,le tabac était également présent.
Le nez du 1970 est un véritable chef-d'oeuvre, un festival de senteurs à la palette infinie.Les effluves de tabac blond ( type Amsterdamer ) dominaient, entremélées par celles du piment rouge,du caramel,du poivre,de la menthe,la vanille,la canelle la badiane, etc....
J'ai rarement rencontré dans mon verre en plusieurs années de dégustation un nez aussi dense et aussi complexe.
Les arômes de tabac brun ou blond fonction du millésime, étaient le seul lien commun entre ces trois bouteilles.Ils m'ont d'ailleurs étrangement rappelé quelques Aglianico que l'on retrouve dans le Sud de l'Italie ( Molettieri,Caggiano ) mais avec plus de finesse.
En bouche il y avait plusieurs dénominateurs communs entre les trois vins,la fraîcheur ( qui n'est pas sans rappeler quelques grands Bourgogne ), la suavité, l'élégance, peu ou pas de perception d'élevage, une incroyable buvabilité, aucun déséquilibre lié au degré d'alcool, des tannins assez imposants mais parfaitement en harmonie avec la matière , une finale interminable .
Si le 1989 est bon vin ( il est plus masculin,plus épais et moins délicat que le 1980 ), le 1980 un excellent vin tout en finesse, le 1970 est un vin quasi parfait, multidimentionnel.
Il magnétise par ses multiples facettes au nez et en bouche, par son bouquet généreux ultra complexe,sa texture tout en nuance entre densité et delicatesse,son aspect aérien,sa capacité à défier le temps,sa typicité unique.
C'est un très très grand vin, un de ceux que l'on ne rencontre que très rarement dans son verre.
Je n'ai pas dégusté le 1994, mais au regard de la grande qualité du millésime en Ribera del Duero, et de la capacité de Vega Sicilia à s'améliorer avec le temps on peut raisonnablement penser qu'il se rapprochera un jour du niveau du 1970.
Sincèrement
pierreloup