La Dôle est un vin AOC du Valais issu de Pinot noir pur ou d'un assemblage de cépages rouges comprenant au moins 85 % de Pinot noir et de Gamay, part dans laquelle le Pinot noir doit dominer. A côté du fendant, la dôle est le vin suisse traditionnel de consommation courante, même si, depuis quelques années, la préférence des consommateurs va vers des vins dits de "spécialités" ou les vins étrangers. La dôle est ou devrait être un vin fruité et gouleyant. Il est rare qu'elle connaisse l'élevage en barriques.
La revue Tout Compte Fait () propose dans son numéro de mars une dégustation comparative des dôle 2003 vendues en grande distribution, dont les prix varient entre CHFS 7.95 et 15.95. Les résultats sont plutôt accablants, le meilleur vin étant noté 13, 8 (satisfaisant) et le pire 10 (insatisfaisant). Ls commentaires ne sont pas élogieux, les meilleurs vins étant qualifié de lourds, avec des tannins asséchants, quand ils ne sont pas chauds, rêches, alcooleux et courts. Aucun CR ne donne envie de goûter l'un de ces vins et encore moins d'en acheter. le jugement des dégustateurs rejoint tout à fait mon sentiment sur les vins présentés.
Voici les résultats
Dôle de Salquenen, Les Fils de Charles Favre : 13,8
Gloire du Rhône, Provins Valais : 13,6
Terre de feu, Taillefer 13,2
Salquenen, Taillefer 13
Heldenblut, Fils Maye 12,6
Hurlevent, Les Fils de Charles Favre 12,6
Château d'Allaman ("dôle" vaudoise, vin pirate) 12,4
Balavaud Grand Cru, J-R Germanier (le plus cher) 11,4
Dôle des Monts, Gilliard 11
Romane, Orsat, 10.6
Chanteauvieux, Provins, 10,4
Rubis, Cave du Tunnel 10
Aucun des meilleurs producteurs du Valais n'était représenté dans cette série, leurs vins étant rarement distribués en GD. Mais les vins choisis sont des vins courants et traditionnellement réputés en Valais. la plupart sont relativement chers (15,95 pour le Balavaud, 14,70 pour la Dôle des Monts - un mythe en Valais, je n'ai jamais compris pourquoi - 14,80 pour la Salquenen des Fils de Charles Favre). Au moins, la Gloire du Rhône de Provins, qui arrive en deuxième place, ne coûte que 9,90.
Cette dégustation confirme l'appréciation de nombreux amateurs de vins sur la plupart des dôle qui, même dopées au diolinoir ou au gamaret, ne présente pas les atouts gustatifs susceptibles de conquérir le consommateur. Avec un peu de recul, on se rend compte que l'introduction de l'AOC et les nouvelles dispositions légales n'ont rien changé et que la qualité moyenne des dôle ndu Valais, à quelques exceptions notables, est médiocre.
J'en viens à me demander si ce vin, sous cette forme et cette dénomination, a encore de l'avenir en Valais On note d'ailleurs que cetains producteurs, par exemple Jérôme Giroud et Simon Maye, préfèrent délaisser la dénomination "Dôle" pour proposer des assemblages différents, plus en mesure de plaire au consommateur exigeant. Je pense par exemple au Camuso de Simon Maye qui contient du merlot ou au Concerto de Jérôme Giroud, un étonnant assemblage multicépages de tous les rouges de la maison.
Mais il ne faut pas se cacher que ce n'est pas seulement en changeant les noms et les règlements que l'on va redorer le blason de la dôle. Il y a tout un travail à faire, tant à la vigne qu'à la cave, pour proposer des vins d'une qualité en accord avec le prix auquel ils sont vendus. Quand je vois ce que je peux trouver ailleurs dans cette gamme de prix, j'ai peur pour l'avenir de la viticulture en Valais...
Yves Zermatten