CR:Nous étions réunis hier soir chez Fx pour un des thèmes majeurs de cette saison de dégustation du CRD-LPV Belgique : les vins de Côte-Rôtie, tous millésimes.
Ainsi, les bouteilles proposées sont issues des millésimes 1995 pour la plus âgée et 2009 pour la plus jeune.
Situé au Nord des Côtes du Rhône Septentrionales, le vignoble de Côte-Rôtie s’étend sur la rive droite du Rhône sur les trois communes d’Ampuis, Saint-Cyr-sur-le-Rhône et Tupin-et-Semons.
Le vignoble est très étroit et construit en terrasses, surplombant le Rhône sur des pentes vertigineuses qui peuvent parfois atteindre une inclinaison à plus de 60°.
La Syrah - et le Viognier qui peut entrer jusqu'à maximum 20% dans la composition des cuvées - sont plantés sur des parcelles larges d’au plus quelques dizaines de pieds de vignes.
L’appellation couvre une superficie de 230ha et est en AOC depuis 1940.
De petites routes très étroites serpentent entre les terrasses et offrent une vue imprenable sur le Rhône majestueux qui ondule au bas des coteaux.
Littéralement rôti par le soleil, la Syrah donne naissance à des vins tout à la fois complexes et élégants, épicés et fruités, profonds et charpentés pour le plus grand bonheur des amateurs.
Pas moins de 15 cuvées, issues des millésimes 1995 à 2009, étaient soumises à l’expertise gourmande de huit LPviens ne reculant devant aucun sacrifice lorsqu’il s’agit d’embrasser un dur labeur !
Aérés à 17h00, bouteilles débouchées et laissées en cave, les vins ont été dégustés à l’aveugle et regroupés par millésime lorsque nous disposions de plusieurs échantillons sur une même année.
L’ordre établi débute par le millésime 2009 en remontant jusqu’au millésime 1995.
En guise d’apéritif, Fx soumet à notre sagacité un vin au nez légèrement beurré, souligné par des notes de fruits très mûrs.
Assez suave en bouche, le vin est marqué par des notes de violette, de pêche et d’abricot.
Le final est gras et confortable, un chouillat de fraîcheur aurait été bienvenu.
Nous avons tous identifié le Viognier, Condrieu, restait à trouver l’âge du capitaine et le nom du navire :
Domaine de la Mordorée - Condrieu 2010 «La Reine des Bois».
Passons à présent aux choses sérieuses et entrons de plein pied dans la dégustation.
La première paire est issue du millésime 2009.
1. Domaine Patrick et Christophe Bonnefond - Côte-Rôtie «Colline de Couzou» 13,5/20
Robe très jeune.
Un nez peu expressif qui développera timidement quelques notes de poivre et une touche florale sur la violette.
La bouche est élégante et fine, le tanin durcit quelque peu avec l’aération et la longueur est assez moyenne.
Le vin est-il trop jeune et/ou manque-t-il un peu d’épaule ?
2. Les Vins de Vienne - Côte-Rôtie «Les Archevêques» 15/20
Vin très concentré qui semble plus jeune au nez (notes fruitées), légère présence d’une note grillée.
L’ensemble apparaît plus structuré et le tanin est plus riche.
Beau fruité en bouche et de la fraîcheur grâce à une acidité bien intégrée.
Final long et convaincant.
Pour suivre, un trio issu du millésime 2007
3. Vignoble Levet - Côte-Rôtie «La Péroline» 15/20
Robe un peu évoluée.
Nez peu disert, qui évolue sur les épices (poivre), les fleurs et une note végétale (herbe, foin).
Bouche dense en attaque, bâtie sur une structure ferme, au tanin mûr, avec une acidité rafraîchissante.
Un ensemble qui doit s’harmoniser, à attendre en confiance.
4. Domaine Mathilde et Yves Gangloff - Côte-Rôtie «La Sereine Noire»18/20
Belle robe dense.
Si le premier nez est encore marqué par son élevage, il évolue rapidement sur des notes florales subtiles et une touche fraîche rappelant la menthe.
Superbe de densité, la bouche est construite sur une grande structure caractérisée par l’élégance.
Tanin mûr, abondant mais idéalement intégré, acidité d’école.
Un vin très long au superbe équilibre.
Chapeau !
5. Domaine René Rostaing - Côte-Rôtie (cuvée désormais baptisée Ampodium) 17/20
Robe dense.
Un nez quelque peu boisé qui évoluera sur des notes fumées, de fruit et de végétal noble.
L’ensemble apparaît frais.
Après une entame sur la suavité, le vin se déploie dans une structure soyeuse au tanin enrobé.
Equilibre proverbial et long final soutenu par une acidité gourmande.
Un vin raffiné et élégant.
On continue avec un duo né dans le millésime 2006
6. Domaine Patrick et Christophe Bonnefond - Côte-Rôtie «Les Rochains» 18,5/20
Robe concentrée.
Nez mûr souligné par un boisé légèrement torréfié qui accompagne parfaitement le vin.
A l’aération, le bouquet se complète de notes épicées.
Dense et structuré, le vin est caractérisé par l’élégance et la finesse.
Equilibre abouti entre un tanin fin et une acidité parfaitement intégrée qui proposent un vin au final très long et savoureux.
Respect.
7. Domaine Jamet - Côte-Rôtie 18,5/20
La robe est encore concentrée.
Un nez frais de menthe et de réglisse.
D’abord suave en attaque, la bouche s’étire et le corps, fin et élégant, est soutenu par une acidité idéale et un tanin majestueux.
Très grande longueur pour ce vin aristocrate et gourmand.
Respect.
A l’image de ces deux cuvées, le millésime 2006 semble superbe et promis à une heureuse évolution même si il est aujourd’hui fort abordable.
Le trio suivant regroupe trois vins issus d’autant de millésimes avec, respectivement, 2005, 2004 et 2001
8. Domaine Mathilde et Yves Gangloff - Côte-Rôtie «La Barbarine» (2005) 17,5/20
Robe concentrée.
Nez puissant de fruits rouges, d’épices et une touche de tabac.
Bouche tout à la fois élégante et corpulente avec un tanin abondant et une acidité présente.
Conforme au millésime 2005, le vin conjugue structure et fraîcheur.
Même si il se laisse appréhender, c’est néanmoins un vin qui doit être attendu, en toute sérénité.
9. Domaine Yves Cuilleron - Côte-Rôtie «Terres Sombres» (2004) 15,5/20
Café froid, boisé fin, un peu floral, le nez est élégant.
Le corps est délié, suave, souligné par un tanin mûr et une belle acidité.
Ensemble nerveux, de demi corps mais assez persistant.
10. Domaine Mathilde et Yves Gangloff - Côte-Rôtie «La Sereine Noire» (2001) 18,5/20
Malgré son âge, la robe est encore concentrée.
Un nez d’une grande finesse sur une série épicées et le tabac.
C’est très engageant.
Même si le tanin est encore sérieux à ce stade, la bouche est parfaitement équilibrée.
Elle nous enchante de belles notes florales évoquant la violette et l’épice.
Une acidité parfaitement intégrée concourt à la structure élégante de cette cuvée.
Un vin convaincant, à l’évolution parfaite qui peut se consommer aujourd'hui sur une viande raffinée.
Néanmoins, il peut encore évoluer favorablement et sereinement en cave.
Respect.
Avant dernière série de la soirée issue de l’année 1999
11. Domaine Pierre Gaillard - Côte-Rôtie «Rose Pourpre» 19/20
Je pensais avoir atteint le sommet avec quelques unes des cuvées précédemment dégustées.
Un nez aérien de fruits rouges et d’épices.
Totalement harmonisé, le vin propose un équilibre d’école avec une texture de taffetas, un tanin aristocratique et une acidité parfaite.
Le final est éternel et gourmand.
Un vin à parfaite maturité et pour quelques années.
Chapeau bas !
12. Domaine Chapoutier - Côte-Rôtie «La Mordorée» 15/20
Un vin plus terreux, un fruit en retrait.
Attaque minérale, corps plein mais moins harmonieux que son prédécesseur, tanin un peu saillant.
Un fruité éteint, un vin plus rustique et austère qui manque d’élégance et de fraîcheur par rapport à ses pairs.
L’apothéose à présent avec les trois derniers vins, issus de trois millésimes différents : 1998, 1997 et 1995
13. Domaine René Rostaing - Côte-Rôtie «Côte Blonde» (1998) 18,5/20
Un nez enivrant de fruits rouges et une belle série épicée.
Densité et élégance caractérisent un vin au tanin mûr et intégré.
Un corps complet et équilibré, souligné par une acidité apportant fraîcheur et finesse.
Une note sanguine parachève ce superbe ensemble.
Une Côte-Rôtie faite d’élégance et de raffinement.
Superbe !
14. E. Guigal - Côte-Rôtie Château d’Ampuis (1997) 19/20
Autre sommet de la soirée qui en comptaient déjà quelques uns.
Nez complexe, élégant accompagné d’un élevage au service du vin.
Très grande élégance d’un corps tout à la fois large et long, au tanin fin.
Un équilibre proverbial structure une cuvée très longue qui sait rester fraîche grâce à une acidité millimétrée et un élevage maîtrisé.
Une des plus belles cuvées de Côte-Rôtie qu’il m’aie été donné de goûter.
15. Domaine Jamet - Côte-Rôtie «Côte Brune» (1995) 18,5/20
Nez très aérien et complexe.
Bouche dense dans laquelle le tanin est encore un peu saillant et l’acidité présente.
Néanmoins, la structure permettra au vin de se fondre et de s’harmoniser.
Un vin de gastronomie que je verrai bien accompagner une superbe viande.
Un parfait exemple de vin de table au sens noble du terme.
Quelle belle Côte-Rôtie !
Et voici qui termine cette dégustation riche d’enseignement et d’un niveau moyen qualitatif assez élevé en ce qui me concerne.
Nous attendions énormément de ce thème de dégustation et, force est de constater, que les résultats sont largement à la hauteur de nos espoirs.
Il faudra dans quelques années revenir opportunément sur les deux cuvées du millésime 2009 qui semblaient manquer d’harmonie et de persistance.
Il faudra vérifier leur évolution.
Pour le reste, les notes attribuées aux vins dégustés témoignent de l’excellence des cuvées.
Au mieux, le vin de Côte-Rôtie est effectivement racé, complexe, profond, fruité et épicé.
Il fallait se remettre de tant d’émotion.
Fx nous a donc présenté un plateau de fromage digne de la dégustation.
Le thème choisi par notre hôte pour les
afters fut de proposer, à l’aveugle, des vins que nous n’avions jamais dégustés lors de nos précédentes sessions.
Un boulot de compilation d’archive pour être certain de ne pas proposer un
doublon.
Indication supplémentaire, il y a un «étranger», sous entendu un vin pas né en France.
Après cette série, vous découvrirez que Fx est un grand filou car il n’y avait pas un mais deux vins non produits en France.
1. Domaine Barmès-Buecher - Alsace Grand Cru Hengst Riesling 2008 : arômes d’agrumes sur l’orange, la mandarine et le citron mûr. Claquante au palais, la bouche,
traçante, ne laisse pas de place au doute, c’est un beau Riesling. Nous avons découvert le millésime mais un peu plus ramé pour identifier le domaine.
2. Domaine Arnaud Ente - Meursault Clos des Ambres 2009 : robe assez claire, nez grillé et finement fruité, bouche encore stricte à la longue finale impactante. Nous situons le vin en Côte de Beaune, à Meursault mais seul Philippe découvrira qu’il s’agit du millésime 2009. Aucune trace de lourdeur, bien au contraire, un monstre de fraîcheur. Quant au domaine, nous avons quelque peu tatonné ...
3. Domaine Le Roc des Anges - VdP des Pyrénées Orientales Blanc «l’Oca» 2010 (100% Maccabeu) : longtemps le nez restera sur des notes de pommes chaudes avant de s’orienter sur les épices et une fine note fruitée. Vin assez déroutant, conjuguant tension et structure, que j’ai identifié en Sud-Ouest et à base de Manseng ... oups ! Que nenni mon ami.
Mince toujours pas de vin étranger !
4. Domaine Arlaud - Clos de la Roche Grand Cru 2011 : rapidement nous identifions la Bourgogne et la Côte de Nuits, passant en revue le vignoble, je tente Morey-Saint-Denis 1er cru à cause d’une note épicée au nez m'évoquant le clou de girofle. Je n’étais pas loin mais je me vautre sur le millésime et le domaine ...
5. Domaine La Terrasse d’Elise - VdP de l’Hérault «Le Pradel» 2009 : nez très fin et très stylé qui évoque autour de la table un côté
Reynaudien, bouche élégante, suave à la texture de rêve qui se prolonge longtemps. Devant notre entêtement à découvrir le vin, Fx nous suggère qu’il s’agit d’un mono cépage. On tombe dans le piège Grenache, Mourvèdre, Syrah (d’autres encore) et quand l’obstination finit par payer : c'est un 100% Cinsault, Bart découvre le domaine !
Une terrible découverte en ce qui me concerne.
Et ces vins étrangers, mais où se cachent-ils ? Nous aurait-on menti à l’insu de notre plein gré ?
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Tout vient à point à qui sait attendre ...
6. The Standish Wine Company Pty Ltd - Barossa Valley Single Vineyard Shiraz Viognier «The Relic» 2006 : ben oui, voilà le grand nez boisé, au fruité très mûr et entêtant, à la bouche équilibrée, riche mais où, décidément, la note de sucrosité ne m’emballe guère.
Un beau vin pour amateur du genre ... dont je ne suis pas.
Bis repetita placent ! Le deuxième étranger caché et un susucre pour terminer en beauté
7. Domaine Serge Roh cave Les Ruinettes - AOC Valais Amigne de Vétroz surmaturée élevée en barrique : une belle SGN au fruité sur le coing, la vanille, les épices, belle liqueur, très équilibré. Par contre là, j’ai séché, laissant à notre administrateur préféré le soin de nous faire découvrir toute sa science des vins liquoreux de nos amis Suisses.
Un tout grand merci à Fx et à bientôt pour la prochaine dégustation dont le thème est : vins d’Italie, toutes régions et tous millésimes.
Olivier