Bonsoir à tous,

En ce vendredi 6 février 2009 sonne au tgjp l’heure du second tour pour les Châteauneuf-du-Pape 2000. Une courte mais précise sélection est réalisée dans l’humilité et le respect. A 20:30, Le Bon Président s’est composé une table autour des plus brillants spécialistes du grenache de la secte : Bénédicte V., Antoine A., Daniel G., Emmanuel T., Marie S., Olivier M., Jean-François D. et votre serviteur (Pierre-Alain B.).

Appetizers : canapés au saumon fumé et au tarama + Riesling Jean-Louis & Fabienne Mann 2007 Pfersigberg & Altenberg
L’accord riesling/douceurs de la mer est appréciable et apprécié. Les deux Riesling des Mann se distinguent par leur pureté et leur tension. A ce stade, le Pfersiberg affiche plus de puissance, l’Altenberg un peu plus d’élégance. Seule ombre au tableau, une bouche pas 100% sèche.

Before : risotto à la pancetta & aux légumes d’hiver (carottes, poireaux, navets, céleri & panais) + CdP Beaucastel 2000 (30 euros*) + CdP Clos des Papes 2000 (26 euros*)
Le risotto fait ami-ami avec les deux puissants représentants de Châteauneuf. Le niveau de la confrontation apparaît clairement à tous comme très élevé. Le Beaucastel domine par un mélange de puissance, de précision et de netteté (pas toujours la marque de fabrique du domaine pour ces deux dernières caractéristiques).
A ce stade de son évolution, le Clos des Papes se situe un peu en retrait avec une précision moindre et de petites touches de sur-maturité.

Main course : jarrets de veau confits & sa purée de pommes de terre aux anchois & aux olives noires + CdP Charvin 2000 (15 euros*) + CdP Ferrand 2000 (12 euros*) + CdP 2000 Rayas
Avec les jarrets de veau & sa purée, l’accord est encore au rendez-vous. Sur les trois vins, on monte encore d’un cran par rapport au first flight, avec surtout une parfaite fraîcheur (et ceci dans un millésime des plus solaires).
Le Ferrand impressionne par la conjugaison de la puissance et de l’élégance, le Rayas par sa suavité et sa douceur, le Charvin par sa complexité et sa persistance. Le plaisir s’avère grand, les bouteilles rincées en 20’, sans qu’aucune réelle hiérarchie ne se dessine.
Au final, ces cinq domaines ont clairement révélé les potentialités du terroir de Châteauneuf, tant en termes d’élégance que de complexité, pour peu qu’il soit travaillé par des vignerons talentueux et dotés de fortes convictions.

After : tarte sablé à l’orange + Coteaux du Layon Richard Leroy 1997 Faye d’Anjou
La tarte est méga-top-slurp. Le Layon de Richard Leroy recueille tous les suffrages par son équilibre et sa tension. Seul Antoine A. fait son narreux, déçu par l’absence de puttonyos magiques sur l’étiquette.

(*) tarif départ propriété

Pour le plaisir du roman photos, lire le texte dans son intégralité et pour tout connaître sur les moeurs raffinées du tgjp et de son Le Bon Président, y'a qu'une seule solution, cliquez www.tgjp.com , puis cliquez sur l'onglet "vins & plats", puis cliquez sur la soirée de votre choix. C'est gratuit à tous les sens du terme.

Bonne semaine dans l'humilité & le respect.

pierre-alain benoit

Je suis heureux de voir que vous trouvez bon Beaucastel 2000.
Ca me semble être une excellente bouteille.

La confrontation Rayas - Charvin a dû être fabuleuse.
J'ai ce millésime de Charvin en cave. J'ai bu Rayas 2000... Mais je n'ai jamais pu comparer les deux vins le même jour...

Excellent compte-rendu,
merci,
Thierry

Bonjour,
Le passionnant était la confrontation Charvin-Rayas-Ferrand. Et à ce petit jeu, Rayas n'a pas dominé, si ce n'est par son prix.
a+
pierre-alain

Salut Pierre Alain,
perso pas emballé par Rayas 2000 l'année dernière mais seulement caraffé 1H00 avant le service et je l'ai trouvé marqué par une finale alcool !
"Le Chateauneuf du Pape Rayas 2000 a été servi tôt dans des verres immenses pour l'aérer. Au premier nez, il est doux, mûr, sur la prune, le chocolat, le fruit rouge mais avec de lègères notes alcool volatile. La bouche est large, avec un touché de bouche magnifique de soyeux et de caressants. Par contre, je ressens sur la finale une chaleur alcoolique peu gracieuse. Stephane pense que la sauce au poivre modifie mon feeling sur le vin. En effet, le fond de verre sera moins marqué en fin de repas mais cette finale reste assez courte. Bref, un joli nez de Chateauneuf, une bouche extrèmement sensuelle mais un équilibre discutable. Très Bien+ 90 mais je demande à voir ce vin avec les fameuses 24H00 d'aération ou dans 10 ans !"
Amicalement Matthieu

Bah,

Emmanuel Reynaud trouve le1989 trop jeune pour êre bu, alors le 2000 ce n'est même pas la peine de le questionner
Il faut soit attendre des années, soit faire un long carafage mais je ne suis pas surpris du résultat et il n'y a aucune honte à dire qu'il vaut mieux boire d'autres CDP dans le millésime 2000, aujourd'hui du moins. Bon, il est vrai aussi qu'on aura éventuellement du mal à protester le jour où on ouvrira les bouteilles

Le Rayas 2000 est indéniablement une très jolie bouteille, seulement la comparaison avec le Ferrand et le Charvin montre que deux autres domaines parviennent sur ce millésime à faire aussi bien, dans des styles légèrement différents, et ceci pour beaucoup beaucoup moins cher (le 2006 de Ferrand doit coûter environ 15 euros au domaine et le Charvin 22).
Pour ce qui concerne la comparaison avec les anciens millésimes, le doute va subsister encore longtemps. Il importe de rappeler qu'ils ont été produits par l'oncle et il n'est pas encore établi que le neveu soit aussi doué.
a+
pierre-alain benoit

A chaque fois que j'ai comparé (ou fait comparer) Rayas à l'aveugle avec d'autres CNP (Charvin y compris), il n'y a pas eu photo. Et pourtant, j'aime beaucoup les vins de Laurent Charvin.

Luc

Luc Javaux écrivait:

---

> A chaque fois que j'ai comparé (ou fait comparer)
> Rayas à l'aveugle avec d'autres CNP (Charvin y
> compris), il n'y a pas eu photo. Et pourtant,
> j'aime beaucoup les vins de Laurent Charvin.
>
>
> Luc
C'était aussi notre conviction - genre bien ancrée - avant le dîner. Après, on a viré de bord.
a+
pierre-alain benoit

Et un seul dîner, une seule bouteille, suffit à vous faire virer de bord ?

Luc

Cela nous incite surtout à poursuivre l'expérience que nous n'avions jusque là même pas envisagée, pleinement convaincus de la supériorité totale de Rayas (surtout sur la foi de cr, d'articles, de bouquins...). On va essayer prochainement sur le 1998 et le 2001 avec les mêmes compétiteurs. Comme quoi, rien ne vaut l'empirisme.
a+
pierre-alain benoit

Ma dernière expérience avec Rayas 1998 il y a trois ans m'avait laissé penser qu'il fallait encore attendre, la dégustation récente de Clos des Papes et Réserve Clos du Caillou dans ce millésime m'a montré que les vins avaient bien évolué, mais je reste quand même persuadé que c'est trop tôt !
En tous cas sur 2001 à mon avis la cause est entendue et je ne disputerais même pas le match
"Il importe de rappeler qu'ils ont été produits par l'oncle et il n'est pas encore établi que le neveu soit aussi doué" : on est quand même au départ dans un vrai terroir, avec des spécificités de sol et de culture, et un peu comme chez Chave l'homme s'efface devant la nature. La transition n'a pas été préparée comme entre Gérard et Jean-Louis Chave, et pour cause, mais il me semble qu'Emmanuel souffre surtout d'avoir commencé à Rayas avec 1996 (juste vendangé ?) et 1997, sans commentaires. Il était quand même impossible de succéder à Jacques Reynaud facilement !...

Pour ma part, ma conviction ne s'est pas forgée sur la base d'articles ou de bouquins, mais bien sur la dégustation d'une trentaine de bouteille de Rayas sur 10 millésimes.
Mais je ne compte bien sûr pas en rester là et continuer à tester et tester encore la grandeur de ce vin...

Luc

Pour 1998, ce sera bientôt chose faite avec le CDR-LPV Belgique, qui va revisiter (à l'aveugle bien sûr) une série de CNP, dont Rayas, mais je ne possède malheusement pas de Charvin dans ce millésime (appel est lancé, si un LPVien, Belge si possible, peut me fournir une bouteille, j'en serais très heureux).
Pour 2001, je l'ai fait il y a un peu moins d'un an, à l'avantage de Rayas.

Luc

Bonsoir,

Sincèrement sans dénigrer Charvin, je suis de l'avis de Luc , pour moi aucun des vins cités ne rivalise avec Rayas tant ce vin incarne la classe , la distinction à Châteauneuf.

Les vins de M. Charvin sont certes bien bons et d'un bon rapport qualité/prix mais pour moi ne tiennent pas la comparaison avec Rayas en terme de qualité percue du vin.
Je parle pour la période débutant à 1998 , n'ayant pas eu la chance de déguster encore des Rayas plus vieux.

Cordialement

L'aération des vins de Rayas est très importante, ce n'est pas en ouvrant la bouteille une heure à l'avance, que vous pourrez vous faire une opinion.
Ne pas hésiter même si celà peut vous paraître excéssif une ouverture 3 jours avant!!

Bonjour,
je me rejouis de voir ici les CR du TGJP dont j'appreciais sur leur site, l'humour, la discipline dans la forme, et les plats.
Merci, donc.
A la lecture de ce CR, je crois qu'il va falloir elargir ma collection de CdP...
Amicalement,
Benji

lyon écrivait:

---

> L'aération des vins de Rayas est très importante,
> ce n'est pas en ouvrant la bouteille une heure à
> l'avance, que vous pourrez vous faire une
> opinion.
> Ne pas hésiter même si celà peut vous paraître
> excéssif une ouverture 3 jours avant!!

D'ou ma précision, car effectivement il est généralement question de l'aérer longuement ! est-ce pour que l'alcool s'évapore
Amicalement, Matthieu

Bonjour,

On aime toujours comparer des bouteilles. Et surtout sur un forum. D'abord pour le plaisir de la comparaison et puis parce que c'est instructif. Dans cette exercice "Acte 2", l'instructif se trouve pour moi dans le descriptif du millésime et comment il s'apprécie aujourd'hui par les bouteilles présentées. Puis je relis souvent quelques vieux commentaires de journalistes (quand les bouteilles sortaient).

Je n'aime pas trop les discussions "Rayas est meilleur que Charvin" ou "Charvin vaut Rayas". J'aimerais lire "Rayas est construit comme ..." et "Charvin se déploye dans....". Ceux qui en ont bu à plusieurs reprises le savent très bien qu'il y a une grosse différence entre les deux. Et qu'on peut apprécier les deux pour des raisons différentes. Tout comme on compare souvent le CdR et le C9dP de Laurent. Ils sont similaires mais très différents. Et je suis presque sûr que Laurent Charvin ne me contredirait pas.

A mon avis, la confrontation aurait été meilleure en opposant à Charvin et à Ferrand le chateau Fonsalette 2000, bien plus prêt à boire que Rayas...

Ou alors, il aurait fallu carafer bien avant le Rayas. Parce que la même dégustation dans 15 ans donnerait certainement un ordre d'arrivée différent.

Cela pose également le problème de "quel vin de telle appellation acheter pour boire dans X années ?". Selon qu'il s'agisse de 5 ans, 10 ans, 20 ou 25 ans pour l'anniversaire du petit, le choix n'est pas le même. Les vins bons à chaque stade de leur vie sur un quart de siècle ne sont pas légion...

François

Matthieu,

Je ne crois pas que par le carafage on évapore beaucoup d'alcool, mais je n’ai jamais fait le test. C'est plutôt pour oxygéner le vin. Parfois je le fais pour enlever l'excès de CO2 ou si c'est nécessaire pour enlever le petit volatile.

Je ne pense pas non plus qu'à l'aération on puisse éliminer une quelconque sensation d'alcool.
Il reste pour cette soirée au delà des hypothèses diverses sur carafage, ouverture, apogée... la
très intéressante réalité d'avoir à boire *quatre* bouteilles d'un niveau superlatif quelques années après leur achat.
Sur cinq rouges, ce n'est pas si courant d'avoir cette proportion là, si j'en juge par ce que j'ai pu vivre au TGJP ou ailleurs.
Libre à chacun après de l'expliquer par le millésime, l'appellation, l'adéquation vins/bon plats/bonne compagnie
ou tout ce qu'on voudra bien imaginer de mettre en avant.
J'ai la conviction que la belle sélection de vignerons y est pour quelque chose. Et ça me rend plus heureux de boire cela que
d'écouter de sempiternelles promesses non tenues de lendemains qui chantent. Bien boire dès maintenant, ça ressemble plus
à l'amateur qu'au collectionneur et c'est un peu comme cela que j'aime le vin.
Bonne soirée à tous,
Daniel Gureghian

Amen

Bonjour à tous,
Je sais bien que malheureusement l'alcool ou sa sensation chaleureuse ne disparait pas à l'aération:) ... c'était une boutade ! Je l'ai malheureusement encore pu vérifier lundi avec une syrah Australiene pleine de volatile et d'alcool, y compris après 24H d'oucerture !!!
Amicalement, Matthieu

Bonjour

pour les Rayas je procède (du moins sur les millésimes jeunes - mais pour Rayas qu'est ce qu'un millésime jeune??!!) comme Emmanuel Reynaud me l'a plusieurs fois suggéré, à savoir déboucher au moins 24 heures avant, enlever l'équivalent d'un verre à Porto et reboucher en conservant à 12-14°. J'ai bu comme cela voici 3 semaines un Rayas 97 qui a emporté les suffrages de l'assemblée parmi laquelle une sommelière de premier plan!
Je ferai volontiers l'expérience Rayas-Charvin 2000 et procèderai comme indiqué!

Cordialement