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Un autre visage de Jasnières

  • Jérôme Pérez
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Un autre visage de Jasnières a été créé par Jérôme Pérez

Un autre visage de Jasnières, c'est un titre volontiers provocateur. Mais parler toujours des mêmes vignerons, c'est parfois difficile pour les autres.

www.lapassionduvin.c...

Jérôme Pérez
19 Avr 2008 11:23 #1

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Réponse de PtitPhilou sur le sujet Re: Un autre visage de Jasnières

Belle plume, comme toujours.

Ta remarque concernant ces vignerons qui veulent toujours obtenir un vin sec pose le problème du profil du millésime. Dans le nord de la Loire, je ne suis pas certain que l'équilibre naturel des vins issus de raisins ramassés mûrs conduise chaque année à des vins secs. Quid de 2003 ? idem pour 2005. Certes, on peut se poser la question de l'évolution des vins d'Eric Nicolas, critiqués ici ou là pour des sucres résiduels parfois démonstratifs.

La phrase que tu as retenue "un grand chenin se doit de pétroler" de Joël Gigou me semble tout à fait juste, du moins sur les argiles à silex, que ce soit à Jasnières, à Vouvray ou à Montlouis. Mais il faut s'entendre sur ce terme "pétroler". Trop de vignerons enfument le consommateur en faisant passer des notes végétales, de foin coupé humide en particulier, fréquent dans les coteaux du Loir et du Vendômois issus de raisins pas mûrs, pour de la "typicité" avec un fameux goût de "pétrole".
J'avoue, sur les quelques bouteilles dégustées, ne pas pleinement partager ton enthousiasme pour les vins de Rycke. Mais, à l'occasion, je retenterai l'expérience, en particulier sur des flacons d'un âge certain.

Es-tu passé chez Jean-Pierre Robinot, domaine "Les Vignes de l'Ange Vin" ? j'aime de plus en plus ses vins ; il me semble qu'il maîtrise mieux la vinification et la protection de ses vins.

Phil
19 Avr 2008 15:21 #2

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Un autre visage de Jasnières

Quelques réponses à la volée :

loin de moi l'idée de reprocher quoique ce soit ou de critiquer Nicolas et Bellivière. C'est encore pour moi le top de l'appellation.

Je ne suis pas allé chez Robineau exactement pour les mêmes raisons qui m'ont fait éviter cette fois Bellivière.

je comprends tout à fait que l'on puisse ne pas apprécier les vins de Bénédicte De Rycke.

Pour ce qui est de cet équilibre sec : une question se pose à moi en ce moment, elle me taraude : qu'est-ce qu'un bon millésime dans cette région ? 2005 avec sa puissance, sa générosité et ses sucres résiduels ? 2006, moins réputé à ma faveur, en tout cas sur Jasnières. Les arômes sont d'une grande pureté. La structure permettra à mon avis un long épanouissement. (mon dieu, je regarde ce que j'écris et je constate le grand écart avec mes convictions passées !... )

Jérôme Pérez
19 Avr 2008 16:18 #3

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Un autre visage de Jasnières

Je reprends le fil parce que ce débat initié est très intéressant : au delà de la question des millésimes, n'y a-t-il pas une approche stylistique différente selon les vignerons ?
Le travail de Foreau me semble radicalement différent de celui de Chidaine.
Ce 96 de Gigou me semblait bien dans le style des vins de Foreau.

pour ce qui est des notes pétrolées, je suis d'accord avec toi, mais je les perçois également plus tôt mais aussi plutôt sur les vins issus de sols plus acides, comme à Savennières.

Jérôme Pérez
19 Avr 2008 18:07 #4

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Réponse de enzo daviolo sur le sujet Re: Un autre visage de Jasnières

j'avais eu la chance de gouter un vouvray moelleux de 59 et le vin était très marqué de notes de pétrole au nez alors qu'en bouche c'était une douceur sucrée à laquelle il était difficile de ne pas succomber.
19 Avr 2008 18:13 #5

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  • Thierry Debaisieux
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Réponse de Thierry Debaisieux sur le sujet Re: Un autre visage de Jasnières

Merci, Jérôme, pour ce très bel article.

Il donne envie de suivre tes pas ;)

Amitiés,
Thierry
19 Avr 2008 18:31 #6

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Réponse de PtitPhilou sur le sujet Re: Un autre visage de Jasnières

Concernant ces fameuses notes de "pétrole", quand elles restent fines, qu'elles ne prédominent pas sur les autres fragrances, cela enrichit à merveille le spectre aromatique : chez Foreau, je les retrouve très souvent, quand les vins atteignent leur plateau de maturité. En jeunesse, on est plutôt sur l'amande, le fenouil. Pour moi, je les associe avec les perruches, d'où cette résonance particulière avec les vins de Jasnières. Je me trompe peut-être et avoue ne pas avoir assez d'expérience pour m'avancer plus. C'est une piste sérieuse, je crois.

Parfaitement en accord avec toi sur les différences de style, c'est passionnant et le chenin tout comme la situation septentrionale du vignoble de la Loire laisse tout loisir au vigneron d'exprimer son talent et sa personnalité (situation qui se retrouve d'ailleurs à chaque fois q'un ou des cépages sont adaptés à un climat donné, ce que l'on nomme l'effet terroir, non ?).

Ceci dit, compte tenu des variations très marquées entre les millésimes du fait même de la situation du vignoble, peut-on produire chaque année des secs sans que cela soit au détriment de la qualité ? Stéphane Cossais, qui lui aussi ne veut produire que des secs, peste contre la nécessité de vendanger très rapidement, à maturité optimale, car à quelques jours près, les raisins peuvent basculer vers une concentration trop importante des sucres. Cela exige des moyens conséquent et une grande discipline à la vigne et lors de la vendange, qu'il est difficile de mettre en oeuvre.
Il me paraît, au final, plutôt contradictoire qu'un vigneron veuille à tout pris obtenir chaque année un vin sec tout en respectant la maturité optimale des raisins, sachant aussi que le chenin est, sauf erreur de ma part, n'étant pas vigneron mais rapportant ici les explications de quelques grands chenignerons;) , un cépage capricieux, dont les grains sont fort différents au sein d'une même grappe, sauf millésime exceptionnel.

Certes, il peut être tentant de tomber dans une sorte de facilité en laissant des sucres résiduels (sans parler de chapta...) qui rend le vin plus séducteur à la dégustation, donc plus facile à vendre dans l'année de sa commercialisation.
Mais j'ai aussi souvent entendu dire que le Vouvray traditionnel était la version demi-sec, car ayant plus de concentration (maturité plus grande) et donc une meilleure capacité au vieillissement. Est-ce différent pour les coteaux du Loir ?
La réponse reste, à mon sens, au niveau de l'équilibre du vin, au cas par cas.

Qu'est-ce qu'un bon millésime pour le chenin en Touraine ?
Certainement, un bel été, pas trop chaud, une arrière-saison sans trop de pluie, mais juste ce qu'il faut pour que le raisin arrive doucement à parfaite maturité, sans trop de maladie donc de traitement et de manipulation à la vigne comme au chai. Bref, au final, une acidité mûre (plutôt tartrique, pas malique) avec une matière organique saine comprenant tout ce qu'il faut pour développer la complexité et préserver la fraîcheur au fil des années. 2002 fut un grand millésime, nous le savons. J'avais, ici même, douté de la capacité des 2005 à retrouver voire dépasser la beauté des 2002, dans les secs en tout cas. J'ai aussi écrit que j'aimais bien les 2006, car, comme tu le soulignes, ils possèdent beaucoup de fraîcheur, une structure assez classique, mais une matière quand même beaucoup moins intéressante sur Vouvray.
Je crois, que ce soit à Vouvray/Montlouis comme dans la vallée du Loir, que chaque millésime produit un type de vin privilégié :
Je retiens, essentiellement sur Vouvray, mais en partie valable pour la vallée du Loir :
- 2001 : les demi-secs étaient les plus équilibrés, les plus complexes. Quelques secs intéressants.
- 2002 : les secs étaient parfaits.
- 2003 : millésime de liquoreux à Vouvray/Montlouis, de demi-sec/moelleux à Jasnières.
- 2004 : année difficile, seuls les secs s'en tirent chez ceux qui bossent bien (pas de demi-secs, sauf exception). Mieux à Jasnières avec de belles maturités.
- 2005 : année que j'aime plutôt en moelleux. Des secs peut-être un peu trop opulents en l'état. A voir comment ils vont évoluer.
- 2006 : proche de 2004, mais moins sévère, avec des secs qui sont plus tendres.

Voilà en quelques mots ma pensée dominicale.
@mitiés
Phil
20 Avr 2008 10:43 #7

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Réponse de oliv sur le sujet Re: Un autre visage de Jasnières

Magnifique analyse Phil' qui enrichit considérablement le sujet ! ::o(tu)
Mets un Copyright sur Chenigneron, ça va faire école, c'est sûr !

Pour moi, je les associe avec les perruches, d'où cette résonance particulière avec les vins de Jasnières. écrit:


En revanche, tes conseils d'accord mets/vins sont d'un impressionnant exotisme... :D

20 Avr 2008 11:03 #8

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Un autre visage de Jasnières

Quand je parle de quelques sucres résiduels, je ne pense pas aux demi-secs : je parle de ceux qui ont le cul entre deux chaises. 2002 a donné comme tu le dis de grands secs, mais aussi de grands demi secs (Le Mont atteint le sublime). J'ai parfois pensé d'ailleurs (mais on me l'avait soufflé) que le demi sec était l'équilibre idéal pour les chenins sur Vouvray ... comme tu le soulignes.
Je n'ai aujourd'hui plus de certitude de la sorte : comme toi, je pense que l'équilibre se juge au cas par cas.
Je retiens ton hypothèse quant aux notes de pétrole, même si je me demande si elles ne sont pas inhérente au cépage, comme pour le riesling.
Quant à 2005, nous avons été d'accord sur ce millésime : ce n'est pas mon préféré et je l'ai dit également ici. Maintenant, je trouve, après avoir regoûté le Clos du Breuil, que ça évolue plutôt bien, et que la fraîcheur qui faisait défaut est en train de refaire un peu surface. (rien à voir cependant avec le vibrato des 2002)
Je ne sais pas non plus si un grand chenin à maturité doit pétroler : ce que je remarque c'est la récurrence de cette impression d'avoir des arômes de vins doux dans les secs qui ont bien évolué.
Pour en revenir à Jasnières, je vois ce terroir davantage comme un lieu idéal pour les vins secs. Les doux ne m'ont guère emballé jusqu'à présent.

Jérôme Pérez
20 Avr 2008 16:12 #9

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Réponse de oenofafa sur le sujet Re: Un autre visage de Jasnières

Très beau reportage, je me retrouve complétement dans ces impressions de dégustation.
Jasnières est certainement une de mes appelations préférées (il n'y a qu'à voir ma cave!!) tant le terroir y est marqué et original
On retrouve dans les vins de J Gigou, au cours de toute une dégustation, une identité commune entre les vins, rouges et blancs.
Une impressionante sensation de boire le sol...
Le Jasnières 2001 de De Rycke devrait être être utilisé dans les écoles de dégustation pour montrer ce qu'est un vin minéral (c'est d'ailleurs ce que je fais avec des amis). L'impression de croquer un morceau de coquille d'huitre.
Certes, il peut sembler dissocié avec sa bouche grasse et miellée, mais c'est une sacrée expérience.
Pour les millésimes, j'ai vraiment une préférence pour les millésimes tranchants comme 2001 et 2004, par rapport à 2005 et évidemment 2003. Ca c'est confirmé dans toutes degustations verticales (Gigou, Belliviére, Briseau...)
Je suis plutôt d'accord avec Jérôme, les SR gênent l'expression du terroir
Encore bravo et vive Jasnières!!!:)
03 Mai 2008 09:57 #10

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Un autre visage de Jasnières

merci beaucoup.
Je pense que 2006 devrait apporter les mêmes satisfactions que 2001 ou 2004. Les nez sont d'une très belle pureté et le support acide me semble bon.
Je parle de Jasnières et ne cherche pas à étendre aux appellations de Touraine.

Jérôme Pérez
03 Mai 2008 11:29 #11

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Réponse de Phil72 sur le sujet Re: Un autre visage de Jasnières

Bonjour,

Quel débat intéressant, qui m'enrichit beaucoup en tout cas.
Quelques mots car je voudrais évoquer un domaine qui me semble intéressant, celui de Maisons rouges tenu par Benoit et Elisabeth Jardin. J'ai gouté quelques uns de leurs vins et je les trouve intéressants, dans un style plus incisifs qu'Eric Nicolas, assez purs et droits, m'a -t-il semblé l'unique fois où je les ai gouté.

Sinon, pour 2007, Eric Nicolas me disait qu'il estime que ce sera meilleur que 2006. Il avait du jeter plus de raisins alors que l'an dernier, la vendange était arrivée saine avec peu de tri. Sur ces 2 millésimes, le production de Bellivière est petite puisqu'il ne fait que 25000 cols contre 40000 en 2005, par exemple.

CordialeMans

Phil72
03 Mai 2008 14:26 #12

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Réponse de cherrier.philippe sur le sujet domaine des Gaulleteries

Bonjour
Bu ce week end:
Jasnieres cuvée St Vincent 1/2 sec 2004 de ce domaine.
Ouvert 1 heure a l'avance avec carafage.
Robe or brillant evolué.Nez sur les agrumes,citron,fleurs blanches.En bouche très légère acidité du à l'age certainement avec les memes notes qu'au nez.Ce vin ne c'est pas encore refermé et il est tres agréable.
A mon avis a oublier en cave pendant qq temps pour developper d'autres facettes du chenin.
Tres bien
Cordialement Philippe

Philou
25 Mai 2008 17:03 #13

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Réponse de HerbertH sur le sujet Re: Un autre visage de Jasnières

Bonsoir,

Il a été évoqué mais cela ne suffit pas à mon sens. Je parle de J.P. Robinot. Vous aurez peut-être goûté toute sa gamme au Salon des vins de Loire en Février. Personnellement j'ai été sidéré par la qualité de ses vins. Des matières imposantes, complètement domptées par les longs élevages, un naturel hors du commun, un équilibre oxydatif parfait, bref, amah du tout grand art. Et quand on voit Nady Foucault qui se délecte des chenins de l'Ange Vin, on se dit qu'il n'est pas si loin de la vérité...

Herbert
25 Mai 2008 22:40 #14

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