Floraison de vins jurassiens et savoyards pour se rappeler les bons souvenirs de notre voyage de fin avril. Les premiers blancs ont égayé l’apéro, les rouges ont accompagné une raclette/pierrade toute simple mais bien conviviale et les spécialités jurassiennes quelques fromages (malheureusement pas des jurassiens ou des savoyards mais les accords furent très réussis) avant une magnifique crème brûlée (premier essai de mon épouse – chapeau bas !)

On ouvre le bal avec Giachino frères – Savoie Monfarina 2009 (jacquère) un vin frais, vif et minéral qui augure une belle série. On enchaîne sans traîner sur A&P Quénard - Chignin Bergeron cuvée Noé 2006. Changement de registre total : des saveurs plus sudistes (abricot, pêche) et surtout beaucoup de gras. Un vin qui ravit l’assemblée et invite à table. Sur la pierrade/raclette (très cosmopolite), les ébats s’entament en compagnie de Raymond Barlet & fils – Savoie Mondeuse 1994. Le vin est tout à fait en place, fait de fruit léger et d’épices. Sans prétention mais pas fluet non plus, un vin très agréable compte tenu son âge. Moins de chance sur A&P Quénard - Savoie Mondeuse 1998 qui est lui dominé par une acidité mordante. Là, c’est mort. A noter qu’une autre bouteille dégustée il y a deux ans avait encore quelque chose à raconter. Qu’à cela ne tienne ! Une autre Mondeuse se fraie une place : Dupasquier – Savoie Mondeuse 2005. Pas de doute, la puissance (relative) est de retour dans ce vin au profil ‘italien’ : à la fois des fruits noirs, des épices et une colonne acide de bel effet. Applaudissements généraux !
Notre voyage s’était terminé par la Savoie. Aujourd’hui c’est le Jura qui termine le repas. Un rouge accompagne la finale du plat. L’Arbois Trousseau des Corvées 2004 du Domaine de la Tournelle est un vin à point, servi un peu trop frais mais rapidement à son aise. Le fruit tendu accompagne un vin qui développe son architecture relativement légère (millésime oblige) autour d’arômes épicés et de sous-bois. Vient l’heure des fromages – taleggio, gorgonzola et pecorino (l’écart du week-end) – qui se ravissent de l’Arbois Chardonnay 1996 de Daniel Dugois. Dégusté régulièrement depuis trois ans, le vin a mis du temps à se livrer. Le premier verdict était généralement un vin qui a passé son apogée. C’était présumer de la tenue à l’air de ce vin qui s’est révélé dans ses dernières gorgées : la complexité du chardonnay sur les terroirs jurassiens était là : des agrumes mûrs, des fleurs séchées, une acidité bien fondue. Pour ne pas en rester là, l’Arbois Cuvée d’Automne 2005 du domaine de la Pinte prolonge notre voyage sur le nord Revermont. Assemblage de Chardonnay et de Savagnin ouillé, le vin est convaincant dans un registre intermédiaire entre vin ouillé fruité et floral, vin de vendanges tardives et le développement des saveurs des fruits secs. Enfin, la crème brûlée est accompagnée de Berthet Bondet – Cd Jura Savagnin 2004. Carafé une bonne heure à température ambiante (après un passage de trois heures au frigo), le vin réalise un accord parfait avec la crème brûlée. Son acidité répond parfaitement au sucre, les épices à la vanille, c’est un dialogue vivant, dynamique qui nous fait oublier toute saturation de saveurs. Assurément inoubliable.

Julien

Merci pour ce CR sur une série de vins très agréable.

Les viins du Domaine (Frédéric) Giachino sont importés aux États-Unis. J'ai eu plusieurs millésimes différents d'un Abymes à partir de ce domaine, dont j'ai toujours admiré pour sa fraîcheur et sa flexibilité à l'apéritif et à la table avec des plats plus légers. Sais-tu si ce n'est le même domaine que celui du vin que tu as écrit?

J'ai aussi été curieux de connaître le vin de Daniel Dugois. Je pense que cette présentation, où le vin va s'améliorer au cours de plusieurs heures, n'est pas du tout inhabituelle--et vrai à la fois pour les vins vieux et même les jeunes comme ça. Nous ne voyons pas ce domaine aux États-Unis. Etait-ce un vin sous voile ou ouille?

Enfin, j'ai été très intrigué sur la combinaison de la CdJ Berthet-Bondet (qui je suppose est l'un de leurs sous voile vins blancs, qui sont disponibles aux États-Unis) et la crème brûlée. Il me semble invraisemblable, mais comme je crois en ce que tu as écrit, je vais essayer de trouver une occasion d'essayer. Merci pour cette paire la plus intrigante.

Tom,

le Chardonnay de Dugois est ouillé.
Le Côtes du Jura Savagnin est en fait un Savagnin qui n'a pas eu les qualités requises pour finir en Château-Chalon : trois ans de voile.
Le domaine Giachino a des parcelles sur Apremont. Le site web ne mentionne pas non plus d'Abymes ( domaine giachino )

Essaie la crème brûlée avec le Savagnin : détonnant !

Julien

Giachino fait bien de l'Abymes et exporte une partie de sa production aux USA.

Merci, Julien et Eric, pour des precisions.