Pour mon anniversaire, ma femme m'a imposé 3 semaines de "sevrage". Cette période s'est achevée par un grand diner qui restera dans mes mémoires. Pour ce faire je lui ai laissé les clés de ma cave... J'alternais entre impatience et peur de voir un pillage en règle avec risque d'infanticide... Mais ça valait le coup.
CR:Condition de service: les bouteilles ont toutes été ouvertes 6h avant le services pour les vins, 3h pour les champagnes. Le premier verre était servi à l'aveugle sur un plateau. Une fois fini, la bouteille était amenée à table. Je parlerai plus de semi aveugle pour ma part, car c'est quand même de ma cave dont on parle!
Agrapart cuvée "Terroir" Avize Grand Cru
Le nez se manifeste par un coté brioché et des senteurs d'agrumes. La bulle est fine.
En bouche, on a droit à une attaque vive avec beaucoup de fraicheur. Le champagne est construit sur une trame simple, mais il est très agréable avec un fruité très prégnant. La finale est sur des notes de pamplemousses, avec une longueur correct. C'est un bon champagne, fruité et vif, parfait pour l'échauffement des papilles. Une belle entrée en matière sur les champagnes de ce producteur.
Bien
Jacquesson cuvée 733
Lors du premier verre, le nez est inexistant et la bouche agressive. Je décide donc de mettre ce champagne de coté, car manifestement, il demande plus d'aération. La 2ème tentative est un peu plus concluante, mais ce n'est pas le Pérou.
Des arômes de noisettes et de pain grillé se dégagent.
Le vin se réveille et se s'adoucit, avec une belle tension en bouche, mais la bulle est un peu trop présente à mon goût. Belle finale qui vient rattraper un ensemble un peu juste, car ça manque manque de fraîcheur et de complexité. La matière m'a semblé un peu légère. A la découverte de la bouteille, quel ne fut pas mon étonnement! J'avais tellement lu de bonnes choses ici même sur ce champagne, que je suis déçu, il m'a laissé sur ma faim. A sa décharge, je suis plus habitué aux cuvées millésimées et autres parcellaires.
Bof
Dom Pérignon Vintage 1999
Le nez est sur l'agrume avec une touche florale, mais c'est assez discret. La bulle l'est tout autant.
La bouche est agréable, portée par une belle acidité. C'est citronné mais fin avec une belle matière. On devine le champagne "calibré". C'est jeune et timide à la fois. La finale joue sur le même registre. A l'aveugle, le champagne divisait déjà l'assemblée, mais étiquette découverte, ça s'enflamme! Pour ma part, je l'ai trouvé "bon", mais juste bon, sauf que nous sommes en droit d'attendre plus d'une telle bouteille. Je préfère les champagnes avec plus de caractère. Néanmoins le potentiel est présent, pour moi c'est un champagne bu trop jeune, à revoir dans quelques années. Il n'empêche que pour le moment c'est discret, trop...
Bien
Krug Collection 1989
La robe de couleur or appelle un champagne plus âgé. De délicieuses notes torréfiées de moka et de noisettes s'exhalent du verre. La bulle est d'une finesse rare. En bouche elle se fait crémeuse, c'est une sensation délicieuse, quelle douceur! Un vin ciselé, racé, du travail d'orfèvres.
Les arômes chocolatés et de fruits secs dominent nettement, et cette petite touche de moka qui domine l'ensemble. C'est ample, précis, de haut niveau. J'ai ressenti énormément d'émotions en dégustant ce vin. C'est élégant, avec une puissance de velours. La finale est d'une grande intensité, toujours avec cette extrême douceur enchanteresse! On est sur de lourd, et à la découverte de l'étiquette, normal... Un seigneur que ce champagne, et il n'a pas dit son dernier mot!
On en redemande, mais la bouteille est déjà vide!
Divin
La première série se clôt de la plus belle des manières, avec une petite déception, cette fameuse cuvée 733...
Chambolle Musigny 2009 Amiot-Servelle
Dur de passer derrière un monument. Et pourtant, l'air de rien, ce vin y est parvenu, en jouant sur le registre d'un fruit débordant et d'une grande fraîcheur. Le plaisir est au rendez vous avec d'abord un nez flatteur sur les fruits rouges.
La bouche est construite de manière simple, mais efficace. Le palais se tapisse de myrtilles. Le vin est dynamique, d'une très grande "buvabilité". Une bouteille "torchable" au possible dont on ne voit pas le niveau descendre. C'est fin, avec une longueur correct. Je l'avais moins bien goûté au domaine, où Elisabeth Amiot me l'avait servi beaucoup plus frais et sans aération préalable, dans ces conditions, l'élevage ressortait. Or là ce n'est pas le cas! Belle surprise!
Bien +
Clos Vougeot Grand Cru 2000 Amiot-Servelle
Le nez donne sur le gibier. On passe sur le registre tertiaire.
Mais en bouche, c'est plat. Le vin est amorphe. Je plaide la mort clinique, mais une finale quelque peu serrée fait dire au plus optimistes que le vin a besoin d'aération. Malgré de la patience, rien. Pour moi c'est clairement une bouteille défectueuse. Je l'avais bien mieux gouté en 2008. Dommage.
Bonnes-Mares Grand Cru 2001 Fougeray de Beauclair
Le nez pinote dur. Fleurs séchées, roses s'entremêlent aux notes fruitées avec une pointe d'épice.
En bouche, la matière est saisissante car impressionnante, elle emplit le palais de façon fine et travaillée. L'équilibre est excellent avec cette combinaison acidité/fruit/tannin qui porte le vin. Les fruits noirs se font remarqués par leur présence. La finale en queue de paon laisse deviner un G.C ou tout du moins un "super" 1er cru. Très belle longueur.
Pour la petite histoire: Patrice Ollivier récolte et vinifie 100% de sa parcelle depuis 2006, car auparavant, il rétrocédait une partie de la récolte à Louis Jadot. Un domaine qui mérite d'être plus connu
Excellent
Gevrey-Chambertin 1er cru Clos Saint Jacques 1996 Armand Rousseau
Voila encore un nez explosif, un véritable concentré de fruits noirs.
Le touché de bouche est impressionnant, tout en douceur, avec une belle matière. L'acidité est parfaitement intégrée, elle donne de la tension au vin. La concentration se ressent également en bouche avec une belle complexité d'arômes de sous bois et une myriade de fruit. Ce vin offre une palette de saveurs riches et intenses. La longueur est de très belle facture, toujours dans ce registre de puissance maitrisée. Les derniers 1996 que j'ai bu me bluffent, car ils sont encore jeunes. Mais ce vin atteint tout doucement son apogée, à vrai dire, rien ne presse.
Excellent
2ème série conclue encore une fois de fort belle façon, avec beaucoup d'émotions à la clé. Je me dis que je n'ai pas trop mal éduqué ma femme, au moins, je n'aurai pas tout raté...
Pour finir avec le dessert:
Rosée de saignée 1er cru Larmandier Bernier
Joli nez sur la framboise. C'est très charmeur.
La robe est déroutante, pour un rosée, elle est très sombre sur des tons carmin, me laissant penser à un spumante italien. Le cordon de bulle est discret, la bulle est rare.
En bouche, c'est à se demander sir la bouteille n'est pas tombé dans une marmite de confiture, tant le fruit (fraise notamment) déborde par sa présence. L'acidité apporte une belle tension. Dommage que la finale soit un peu sèche car elle n'est pas en adéquation avec la bouche qui elle, est très charmeuse. Un vin original, à boire plus pour son fruit que pour son terroir.
Bien
3 semaines de disette qui se terminent de la meilleur des façons!