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dernier dîner d'été, chez Yvan Roux, avec quelques beaux vins

  • François Audouze
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Des amis m'avaient annoncé qu'ils allaient dîner chez Yvan Roux et me proposent de me joindre à eux. Leur mail annonce les vins qu'ils apportent, dont un Rayne Vigneau 1947 très tentant, et avec cette délicatesse que j'apprécie, ils ajoutent : "nous sommes un peu courts en champagne". Cet appel ressemble comme deux gouttes d'eau à une carte forcée.

Il restait beaucoup de vins du déjeuner d'hier avec l'ami autrichien, ce qui me donne une bonne occasion de leur en faire profiter.

J'ouvre un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1990 qui est la carte forcée. Le champagne est très plaisant, bien construit et se boit de belle soif, mais je n'ai pas l'émotion que j'attendais. Il est très bon, mais n'atteint pas ce qu'un 1990 devrait offrir.

Le reste du Champagne Salon magnum 1996 qui a encore suffisamment de bulles et s'est étoffé montre un gap gustatif spectaculaire. Salon "assure", comme on dit dans un amphigouri très actuel, en lui ajoutant cette affreuse expression des journalistes sportifs : "à la loyale". Ce Salon est immense. Les tempuras de sauge sont délicieuses. Le saucisson de Pata Negra est lourd.

La table est dressée sur la terrasse, en surplomb face à la mer. Mes amis ayant lu l'accord qui avait été créé entre des beignets d'anémones de mer et un Tokaji Escenzia Aszu 1988 ont envie que l'on essaie de créer l'accord avec un Château d'Yquem 1998. Le vin est riche, au nez caractéristique d'Yquem et il évoque de lourds raisins confits. Il faut vraiment en prendre très peu pour que l'accord avec les anémones se fasse car l'Yquem est tellement dominateur qu'il tuerait le plat si on en buvait trop. Et se restreindre avec Yquem, ce n'est pas facile. Malgré sa jeunesse, le vin peut se boire comme il est, Yquem classique au message encore simple.

Dans trois verres, Château Haut-Brion blanc 1985, Château Haut-Brion blanc 1970 et Château Haut-Brion blanc 1960, le premier et le troisième étant de la veille. Le 1985 est toujours aussi brillant, le 1960 a presque intégralement gommé ses traces de fatigue et devient un grand vin puissant et expressif, plus imposant que le 1985. Et le match n'aura pas lieu avec le 1970 apporté par l'un des amis, puisqu'il est bouchonné. Sur de délicieux beignets de lotte, c'est le 1960 qui est le plus percutant, même si le plus orthodoxe et pur est le 1985.

Nous goûtons ensuite un mérou en filets absolument délicieux. Le Château Mouton Rothschild 1967 a une belle richesse de fruits noirs, mais se présente comme sous un voile de poussière. Je pense à une vieille armoire que l'on ouvre. A côté, le Château Pavie 1960 brille par sa pureté. L'année 1960, coincée entre deux millésimes de légende, convient bien aux saint-émilions. Le vin est pur, précis, assez riche, et c'est agréable de boire un Pavie tout en nuances. Je fais servir ensuite le reste du Chateauneuf-du-Pape "Cuvée Réservée" Domaine du Pégau 1981. Le vin s'est bien épanoui, a pris de la richesse et son plaisir dépasse de loin celui des deux bordeaux. Sa force s'accommode bien des aulx confits.

Le reste du Grüner Veltliner "Ried Lamm" Schloss Gobelsburg 1995 n'est pas plus excitant qu'hier même s'il a perdu son perlant. C'est donc sur l'Yquem que se prend le dessert aux poires. Et le Rayne Vigneau dans tout ça ? J'apprends qu'il a été cassé lors de son voyage en avion. Dommage.

Si je devais classer ces vins disparates, je mettrais : 1 - Salon 1996, 2 - Pégau 1981, 3 - Haut-Brion 1985, 4 - Pavie 1960, 5 - Enchanteleurs 1990, 6 - Yquem 1998.

Ce repas amical aux nombreux vins met un point final - je l'imagine, sauf événement impromptu - à cet été dans le sud, marqué par de grands vins.


Cordialement,
François Audouze
30 Aoû 2011 17:17 #1

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François,

Il reste trois semaines d'été...
Tu ne vas pas nous faire croire que tu pourrais arrêter d'un coup, pendant un tel laps de temps,tes agapes amicales??? ;)

jlj
30 Aoû 2011 17:29 #2

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Pas bête la technique du vin cassé dans l'avion !
30 Aoû 2011 17:39 #3

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Bonsoir,
j'ai eu la chance de boire un Mouton 1967, dans une verticele de 64 à 68, et j'en garde un souvenir plutôt agréable.
Un vin certes évolué sur des arômes tertaires marquées, un peu court mais encore bien pour son âge.
la robe tuilée n'était pas voilée et je ne me rappelle pas de cette notion de poussière que j'avais plus trouvé sur le 64.
pour la petite histoire, le 66 était le plus grand.
cdt
Bob

cdt
Bob
30 Aoû 2011 18:25 #4

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Bob,
Merci de ce témoignage.
Voici les trois fois où j'ai bu Mouton 1967 avant ce dîner. On ne peut pas dire que le bilan soit exceptionnel.

La mauvaise bouteille du Château Mouton-Rothschild 1967 est expédiée rapidement. Sans être marqué d'un défaut définitif, le vin est suffisamment torréfié et dévié pour n'offrir aucun plaisir Il n'en est pas de même de l'autre, au nez absolument sans défaut, et porteur d'un charme certain. En bouche, ce vin offre à celui qui le goûte la possibilité de l'aimer ou de ne pas l'aimer. Si on s'arrête à de petits défauts, on ne l'aimera pas. Si on retient le fond de son message, on l'aimera. Et le vin récompensera les optimistes, car dès qu'apparaissent des chipolatas, tout s'assemble dans ce vin vraiment charmant.

Juste après lui, nous goûtons Château Mouton-Rothschild 1967. Après quelques minutes d’épanouissement dans le verre, ce vin ouvert deux heures avant le repas nous offre du velouté, de la grâce, et une rondeur apaisante. Mais on est loin du raffinement qu’un tel vin devrait avoir. Et on ne peut pas incriminer l’âge, car la couleur du vin est d’un beau rubis et son niveau dans la bouteille est quasiment comme au premier jour. Ce vin, tout simplement, n’a pas envie de jouer les grands. Alors, c’est l’inattendu vin de 1992 qui est le plus plaisant des trois, surtout parce qu’attendant moins, on valorise la surprise.

Déjeuner au restaurant Le Divellec, ce temple de la mer, où j’ai choisi un Mouton Rothschild 1967. Vin un peu fatigué, sentant la terre à l’ouverture, qui a offert des variations énormes de goûts. Chaque fois qu’il était sur un plat, il vivait : sur de délicieuses huîtres avec de l’épinard traité en condiment, il délivre la subtilité d’un vin léger de grande race. Sur le turbot aux truffes, il devient opulent. Entre les plats, c’est un vin morose et fatigué. Puis, petit moment rare que j’apprécie, ce qui est dans le fond de la bouteille donne toute la concentration de l’intelligence de ce vin fatigué certes, mais de grand talent. Alors, éternelle question, faut-il boire ces vins à la fatigue réelle, mais qui ont de si belles lueurs ? Je suis plutôt favorable à ces essais, car les fulgurances même passagères sont dix fois plus gratifiantes que la constance monotone d’un honnête vin. Vaste sujet.


J'ai de meilleurs souvenirs avec 1964.


Cordialement,
François Audouze
30 Aoû 2011 19:42 #5

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