Emilie s’apprête à garer la voiture devant la maison de son amie Lydie. Elle a un instant d’hésitation. Aucun de signe de vie. En cette fin de journée, comment se fait-il qu’aucune lumière ne soit encore allumée dans la maison? Lydie avait pourtant été claire : rendez-vous 19h45 pour un dîner à 4. Aurait-elle oublié? Non ! Ce n’est pas ce genre d’amie !
Elle se décide à sortir de la voiture, s’approche de la porte d’entrée qu’elle pousse dans une demi-pénombre :
SURPRISE ! Ils sont tous là, l’air réjouit et impatient.
La valse des Magnums peut alors commencer.
Mise en bouche ,
Meursault 1er cru Les Charmes Remi Jobard, 2002 (en magnum)
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La robe est encore claire et lumineuse. Nez splendide sur de belles notes noisettées. Bien qu’issu d’un terroir traditionnellement opulent, ce Meursault se révèle plutôt tendu et minéral, tout en allonge et en rectitude. Les notes d’élevage sont parfaitement fondues et intégrées. Un véritable vin de plaisir, parfait à boire aujourd’hui mais qu’on peut encore conserver en cave en toute confiance. Très beau vin!
Petite verrine de la mer,
Duo de langoustines et crevettes
Meursault Les Narvaux Coche-Dury, 1996 (en magnum)
Meursault Les Luchets Coche-Dury, 1999
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D’entrée de jeu le nez signe l’apparition d’un grand vin, précis, dense, profond et persistant. Les superbes notes de grillé nous sont familières. L’attaque en bouche est d’une pureté cristalline et nous fait immédiatement penser au terroir des Perrières tant l’énergie du vin est importante. C’est en fait un Narvaux présenté en magnum (format rare pour la propriété) sur le controversé millésime 1996. Le vin est absolument admirable, insolent de jeunesse, de complexité et de persistance. Outre les notes grillées habituelles, on y décèle des arômes de fruits rouges (fraises des bois) et une véritable sensation de tannins en finale. Vin exceptionnel. Il faudra d’ailleurs une bonne gorgée au Luchet pour prendre sa place en bouche et parvenir à effacer (pour autant que possible !) la trace du Narvaux en bouche. Le vin a pour lui une joli opulence conférée par la richesse du millésime, même s’il ne dispose pas de la même profondeur et de la même colonne vertébrale. La raison eut exigé de le servir avant, mais la raison n’avait initialement pas prévu le service de cette bien belle bouteille
.
Noix de pétoncle gratinées
Monthelie Côte de Beaune Coche-Dury, 2002
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La robe claire et transparente laisse présager un vin gourmand et fruité. Et c’est bien un véritable panier de fruits rouge qui éclate en bouche dès la première gorgée. Une ode à la délicatesse, la finesse et l’évanescence d’un pinot noir jeune. Si la longueur en bouche reste limitée par son terroir, on ne peut que tomber amoureux de ce style de vinification qui privilégie le fruit, la gourmandise et l’évanescence à l’extraction, la couleur et les tannins.
Le veau et sa garniture ,
Echézeaux cuvée N°1 Dominique Laurent, 1999,
Château Valandraud, 2004
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Robe sombre et profonde. Le nez est encore assez fermé et ne consent à se livrer qu’après une forte aération. La bouche est à l’image du nez, marquée par une forte austérité. Le vin est plutôt dense, concentré, mais son profil aromatique et sa structure évoquent beaucoup plus un Nuits St Georges ou un Gevrey Chambertin. Un vin trop extrait à mon goût et qui manque de pureté et de finesse. Avec Valandraud on reste aussi dans le domaine de l’extraction. Présenté à l’aveugle totale, il a laissé l’assemblée perplexe. Un nez fortement vanillé fait craindre un boisé insistant. Cela se confirme en bouche. Le vin est indéniablement très concentré mais délivre des arômes exotiques (noix de coco) suivis de notes torréfiées assez violentes. Le vin ne montre aucune trace de végétal mais l’impression tannique est forte et asséchante. Probablement ouvert beaucoup trop tôt, espérons que l’âge l’affinera. J’ai peu aimé.
Les fromages
Nuits St Georges Clos de Thorey Thomas-Moillard, 1990
Châteauneuf du Pape Domaine Le Père Caler (Maurice Avril), 1980
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Le nez est cette fois bien ouvert, sur des notes de sous-bois et d’humus. La bouche est marquée par une légère chaleur (notes légèrement confites et pointe d’alcool) qui rappelle la chaleur du millésime. Totalement ouvert, il offre une belle buvabilité et un réel plaisir. Mais c’est avec le Châteauneuf du Pape que les sourires vont définitivement revenir. Le nez est lui aussi profond et très ouvert, sur des notes de sous-bois. La bouche est dense et juteuse, marquée par des arômes de jus de viande et de fumé. C’est un Châteauneuf de facture très classique, arrivé à maturité en conservant une richesse et un équilibre étonnants. Long et savoureux, il ne présente aucune sensation d’alcool en finale. J’ai beaucoup aimé.
Le fraisier
Château d’Yquem, 1995
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La légère pointe de volatile au nez ne trompe pas ! C’est une des signatures d’Yquem. La pureté du fruit et l’équilibre en bouche (sucres résiduels/acidité) indiquent un grand millésime. Ce 1995 est un grand vin, empreint de classe et d’austérité. Longueur et noblesse sont au rendez-vous. Un grand vin, supérieur au 1997 à mon humble avis.
Les chocolats
Maury , 1974
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L’âge a patiné la bouche de ce Maury (sensation d’alcool adoucie). Sans être exceptionnel il s’accorde bien avec les chocolat et conclue agréablement ce beau dîner.
Un grand et chaleureux merci à Lydie et à ses parents (sans oublier Erwan) pour avoir organisé ce bel événement et de nous avoir offert cet excellent repas. Nous y avons été très sensibles.
Merci et bravo à Arnaud pour les vins.
Christophe