Jérôme,
Je pense que le post de Daniel concernant l'oxygénation ménagée répond tout à fait à cette question.
Hormis les considérations d'ordre technique, l'argumentaire résume les discours que les divers vignerons que j'ai rencontrés ont tenu.
" le pourcentage de bois neuf utilisé dans l'élevage est-il proportionnel à l'impression de boisé dans le vin ? "
Nous savons tous que les viticulteurs ont le choix d'opter pour des degrés de chauffe de la barrique plus ou moins importants et que, au plus le niveau de chauffe est élevé, au plus le vin est marqué par des arômes de grillé et de caramel.
Nous savons aussi que le bois français présente un grain plus fin que son collègue américain et que l'influence du grain de la barrique est démontré sur l'élevage du vin.
Beaucoup de propriété ont réalisé (et continuent) des essais d'élevage avec des tonneaux de provenance et de chauffe différentes.
Et les résultats impriment spécifiquement les cuvées.
Nous savons aussi que l'élevage en barriques a un effet d'assouplissement des tanins sur les vins rouges.
Mais je pense aussi que la matière doit être suffisamment constituée pour supporter l'élevage en barrique.
Je note fréquemment que l'élevage en fûts neufs à 200% marque le vin, c'est à dire quand la fermentation et l'élevage se déroulent pour toute la production en barriques neuves.
Mais la trace d'un tel élevage dépend de la capacité de la matière première à l'absorber.
Nous avons tous dégusté "des soupes de chêne", où nous constations que le vin était littéralement asséché par le bois et que l'évolution n'allait rien apporter, bien au contraire.
A l'inverse, j'ai dégusté aussi des vins élevés en partie en fûts neufs et en fûts usagés qui étaient tout autant marqués par leur élevage.
Je pense donc que le ressenti du côté boisé dépendra de la qualité de la matière première. Sur certaines cuvées, le vin sera dominé par le côté "charmeur" du bois avec ses notes vanillées et torréfiées/grillées alors que sur d'autres, la matière étant tellement solide qu'il sera à peine perceptible.
Ceci étant, mes impressions personnelles sont les suivantes.
Lorsque le vin est élevé en totalité en fûts neufs, l'impression de boisé est importante, qu'il s'agisse d'un blanc ou d'un rouge.
A moi de déterminer si l'élevage me sied et si le vin sera capable de digérer le bois pour faire ressortir le terroir.
Lorsque le vin a été élevé partiellement en fûts neufs, la dégustation en vin jeune laisse apparaître un côté boisé mais pas dominateur.
C'est le second type d'élevage qui me plaît le mieux.
Je l'ai déjà affirmé par ailleurs, mais M. Bernard MOREY à Chassagne nous tenait ces propos lors d'une dégustation au domaine : " le fût doit accompagner le vin, il ne doit jamais se sentir à la dégustation ".
C'est une philosophie, que je partage, mais je conçois que d'autres amateurs ne soient pas sensibles à ces arguments et qu'ils préfèrent un boisé plus appuyé.
A de très rares exceptions, j'ai constaté que la dégustation était (trop) marquée par le boisé lorsque le vin était élevé en totalité en fûts neufs et que cet élevage était long.
A titre d'exemple, j'ai acquis des Puligny-Montrachet 1er Crû les Pucelles 1990 élevés dans une proportion importante de barriques neuves.
14 ans plus tard, je perçois encore ces notes d'élevage.
Elles ne dominent plus mais sont encore présentes à la dégustation.
Inversément, Dfried a laissé un post sur Cos d'Estournel 1990 (élevé en 100% fûts neufs selon la RVF de mars 2005) et je ne dénote pas la prédominance du boisé dans le CR de la dégustation.
" le temps passé en fût est-il lui même en rapport avec l'impression de boisé ressenti ensuite à la dégustation ? "
Je pense qu'il s'agit d'une question très technique et peut-être plus liée à la qualité d'un millésime.
Dans certains cas, j'imagine bien que la durée de l'élevage doit être plus ou moins longue pour dompter une matière plus ou moins "sauvage".
Ce que je veux expliquer, c'est : une cuvée d'un millésime, disons bien mûr avec des tanins imposants, et qui serait élévée dans 2 optiques différentes (un élevage long et un élevage court) présenterait à la dégustation des tanins plus polissés pour celle en élevage long alors que celle en élevage court présenterait peut-être des tanins plus durs que l'élevage n'aurait pas pu assouplir.
Mais on peut aussi imaginer lors de la fermentation une extraction de tanins plus ou moins douces aussi ...
Enfin pour répondre complètement aux questions soulevées, il faut aussi tenir compte du cépage.
Le cabernet, le mourvèdre, par exemple, sont réputés comme des cépages présentant des tanins structurés en vins jeunes.
Le pinot noir est un cépage présentant aussi des tanins mais moins dominants en vins jeunes.
Ce qui ne remet pas en cause leur aptitude respective à assimiler un élevage en fûts (neufs ou usagés) ni les vins qui en sont issus de durer !
Ce qui me frappe toujours c'est la différence en vin jeune entre Château Pradeaux (sans concession !) et Château Pibarnon (plus civilisé (bbb)).
Bon, j'ai essayé de résumer mes idées. (bbb)
Au suivant ! (aaa)
Cordialement,
Olivier