Hervé,
J'aurais préféré lire votre commentaire concernant mon dernier post directement sur mon blog, plutôt que de le découvrir par hasard sur LPV mais passons.
Vous avez raison d'évoquer la difficulté toute particulière de travail des vignes du Beaujolais et vous avez raison aussi d'ajouter que les difficultés économiques sont telles dans notre région que le passage à la bio pour les viticulteurs n'est pas une sinécure. Vous avez aussi raison de conclure que la publication de telles photos sur mon blog ne va pas me faire que des copains dans le coin. Toutefois, cela fait cinq ans que je suis ici, et que j'assite année après année au même spectacle de désolation au début du printemps, où une bonne partie des vignes passent du vert à l'orange. Et si je n'en avais jamais fait mention sur mon blog jusqu'alors, disons que j'éprouve par rapport à cela une certaine lassitude. Mais surtout, je suis administrateur depuis un peu plus d'un an d'une association de producteurs bios en Rhône Alpes et il se trouve qu'à ce titre je suis impliqué sur des projets d'amélioration de la qualité de l'eau pilotés par l'agence de l'eau qui me permettent de mesurer combien malheureusement l'urgence est grande en la matière. Je précise que le Beaujolais n'est pas la seule région impactée par l'usage des phytos, que la qualité de l'eau devient aux yeux des pouvoirs publics un enjeu national, à en voir l'argent que l'Etat est prêt à investir sur ce sujet. Nous consommons de moins en moins d'eau en France, et l'eau coute de plus en plus cher, il serait temps que l'on s'interroge là dessus.
Concernant mon installation dans le Beaujolais, c'est simple, j'aime les vins de cette région et je ne vois pas pourquoi il serait interdit à des néos de s'y installer. Nous y sommes d'ailleurs accueilli à bras ouvert, devant les difficultés que vous évoquez.
Enfin je vous informe que je ne suis pas double actif comme vous le sous-entendez, que je suis seul à travailler dans les vignes, et que s'il m'arrive occasionnellement de faire appel à de la main d'oeuvre saisonnière, je me réserve tant que faire se peut les travaux de labour et de piochage. Je ne nie pas que ce travail est parfois éprouvant physiquement, mais de l'avis exprimé unanimement par mes amis vignerons passés de la viti conventionnelle à la bio, elle n'est rien au regard de cette souffrance morale qu'ils pouvaient éprouver à travailler au sein de ces déserts que sont ces vignes désherbées chimiquement ; il ne faut donc pas confondre pénibilité et bien-être au travail, comme vous semblez le faire, c'est le message que j'ai essayé de faire passer sur mon blog, en espérant que certains vignerons conventionnels y seraient sensibles. Ne serait-ce qu'un d'entre eux, et mon post aura servi à quelque chose.
Bien à vous.
Lilian