D'autres que moi pourront faire des commentaires précis. N'ayant aucune obligation d'analyses précises, je me suis contenté d'emmagasiner des impressions plus que des analyses.

Chaque année, des vignerons de Bourgogne regroupés sous la bannière de « Les Domaines Familiaux de Tradition » organisent une dégustation à Paris au Pavillon Ledoyen. Cette année est consacrée aux vins de 2006 et autour de plateaux de fromages du fromager Loiseau, on peut boire non pas des 2006 mais des 1989 apportés par de nombreuses maisons.

Il y a toujours une assistance nombreuse, mais cette année il y a foule. Sommeliers, cavistes, restaurateurs, journalistes sont présents en nombre. Il y a les studieux qui font une approche systématique et les papillons, qui ne vont que sur les stands des plus grands. Et des grands vignerons, il y en a. On pourrait même dire qu’ils sont la majorité.

Imagine-t-on une autre occasion de comparer Rousseau, Mugnier, Roumier, Dujac, Méo-Camuzet, Comtes Lafon, Faiveley et tant d’autres… C’est un luxe inouï. N’ayant aucune obligation, j’ai butiné en appréciant particulièrement quelques vins.

Le Chablis Valmur domaine Raveneau 2006 est un merveilleux Chablis. Le Meursault Clos de la Barre domaine Comte Lafon 2006 a un nez d’une rare noblesse, et en bouche, c’est un festival. Le Corton Charlemagne Beonneau du Martray 2006 est conforme à sa réputation.

En ce qui concerne les rouges, le Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2006 est merveilleux, et le Clos Saint-Jacques Armand Rousseau 2006 a un charme subtil qui me ravit. Le Bonnes-Mares Georges Roumier 2006 est une leçon de perfection. Le Musigny J.F. Mugnier 2006 a une subtilité qui correspond à ma sensibilité. Le Clos-de-la-Roche domaine Dujac 2006 est généreux et joyeux.

Le fait de pouvoir passer de l’un à l’autre de ces vins immenses est un grand plaisir auquel s’ajoute celui de discuter avec des vignerons de talent.

Parmi les 1989 que l’on se disputait de haute lutte, j’ai eu la chance que mon bras se tende au bon moment pour le Corton Charlemagne Bonneau du Martray 1989 d’une maturité convaincante, sur l’extraordinaire Meursault Clos de la Barre Comte Lafon 1989 que j’ai fait sentir à Eric Rousseau qui était tout proche, tant ce parfum est d’une totale perfection. Et j’ai saisi quelques gouttes du Musigny Domaine Mugnier 1989 d’une belle harmonie.
J’ai raté le Clos-de-la-Roche domaine Dujac 1989 que j’aurais aimé comparer au 1990 que je venais de boire à La Tour d’Argent. Mais il faut savoir en laisser aux autres !
Cette manifestation de grands vignerons est toujours un bonheur car ils sont accessibles et discutent avec tous les professionnels présents.

L’année 2006 est d’une très grande qualité. Après 2005 qui est une hyperbole, le 2006 sera un millésime qui met en valeur toutes les qualités de subtilité de la Bourgogne.
Il y avait bien sûr beaucoup plus de grands vins que ce que j'ai bu, mais je n'avais pas un devoir de connaissance comme beaucoup de présents qui achètent ces vins pour leur cave.

Ce fut un grand moment.

Je n'ai pas recu d'invitation

Claude

Effectivement c'est toujours un grand moment que cette journée aux domaines familliaux.

J'ai mis du temps à rentrer dans les rouges, qui se goûtaient en majorité sur les tannins en début de matinée. Probablement la comparaison avec les 2007 que l'on commence à déguster ça et la. Parmi ceux que j'ai approché : Réussite globale chez Mugnier, Gouges, Rousseau, De Montille, Mèo-Camuzet, Lafarge, Gaunoux, De Vilaine, ... D'Angerville complètement fermé, Roumier inégal. Faiveley, Trapet, Dujac, Grivot, Clair un peu décevant, à regoûter.

Globalement, à part Raveneau, les blancs que j'ai goûté m'ont déçu en particulier Comte Lafon qui semblait manquer de maturité et Leflaive qui paraissait un peu artificiel avec un boisé fatiguant.

Pas mal de monde donc plus que jamais ça n'est qu'une photo à un instant T.

A+
Frank

Raveneau oui mais plus pour son Valmur et Montée de Tonnerre que son Foret que j'ai trouvé un peu mollason. De façon générale, ses vins supporteraient un peu plus de concentration pour égaler ceux de Vincent Dauvissat. Leflaive se goute toujours assez mal en vin jeune avec un boisé, c'est vrai, appuyé et mal intégré au vin. Rousseau et Mugnier au top en rouge, mais ce n'est pas une découverte. Je trouve, de façon très générale, que les 2006 en rouge manquent de définition précise, de structure, de colonne vertébrale. Pour résumer, je les qualifierais de "confus", à l'opposé des 2007 qui me semblent plus précis meme si souvent d'une moindre maturité. La faute de gout de cette belle dégust aura été pour moi le mariage forcé de ces beaux Bourgognes avec les Bries affinés par la fromagerie Loiseau (dommage que l'alsacien Bernard Anthony n'ait pas été là.)

Je trouve, de façon très
> générale, que les 2006 en rouge manquent de
> définition précise, de structure, de colonne
> vertébrale.

"manque de définition précise", pour le moment au niveau du fruit je suis assez d'accord. Par contre manque de structure et de colonne vertébrale il ne me semble pas.

Hier trouvé un peu "souple" le gevrey et le Charmes de Rousseau (je ne suis pas un grand fan de Charmes en général). Mugnier est plus "dessiné" sur toutes ses cuvées.

A+
Frank

frank écrivait:

---

Mugnier est plus "dessiné"
> sur toutes ses cuvées.
>
> A+
> Frank

Oui, la Maréchale ressemblait à un NSG, les Chambolle à des Chambolle. J'ai adoré sa Maréchale 06 alors qu'en général, je ne cours pas après les NSG. Un peu déçu par le Musigny 89 malgré tout.

Quel bonheur de participer à un salon d'un tel niveau !

Si je devais néanmoins établir une "hiérarchie du bonheur", je mettrais tout en haut ces trois 1989 inrecrachables :
* Chablis Vaillons PC de Raveneau, une merveille de finesse et de pureté
* Clos de la Roche de Dujac, fabuleux
* Puligny-Montrachet PC Les Combettes de Leflaive (preuve, si besoin en était, qu'il faut attendre ces vins !)

Parmi les 2006, j'ai globalement plus apprécié les rouges que les blancs.
Étaient pour moi au dessus du lot :
* Roumier, de la dentelle de pinot
* Rousseau (magnifique Clos St Jacques)
J'ai également beaucoup aimé Trapet (superbe du Gevrey au Chambertin), Gouges (dans un registre un rien plus austère ), De Montille, Mugnier et Méo-Camuzet.

Quant aux blancs, les 2006 de Leflaive et Raveneau m'ont le plus marqué. Et quand on voit avec quel bonheur ces vins évoluent...

Difficile de descendre de son nuage après un tel salon !

Florian

Je vais compléter en notant (pour les 2006) :

En blanc, pour moi, le meilleur vin était le Puligny Le Cailleret du Domaine de Montille, dynamique, plein mais sans mollesse. Juste après, le Corton Charlemagne de Bonneau du Martray. Le reste est quand même assz décevant quand on connaît le niveau revendiqué (ou les prix, ce qui est assez proche ). Finalement, le modeste Hautes Côtes de Nuits de Méo-Camuzet ne s'en sort pas si mal en tenant compte du prix.

En rouge, ce n'est pas un scoop, les vins de Rousseau et de Mugnier sont tout simplement non recrachables ! J'ai bien aimé aussi, mais un net cran en dessous le Corton de Bonneau du Martray et l'ensemble des Volnay du Marquis d'Angerville (Fremiers, Champans, Tailepieds et Clos des Ducs). Belle gamme aussi chez Labet, tout en finesse, que ce soit les deux Beaune ( Coucherias et Dessus des Marconnets) ou le Château de la Tour (Clos Vougeot)

Dans un style plus austère (alors que les rouges 2006 se distinguent à mon avis par une certaine amabilité malgré leur jeunesse), il y a aussi les vins de Gouge, très homogènes, et de Lafarge (Vendanges Sélectionnées et Clos des Chênes). Deux domaines à attendre impérativement une bonne dizaine d'années au minimum.

Pas trop aimé Tollot-Beau, trop moderne pour moi, ni Jean Grivot dont les vins m'ont parus trop stricts, trop serrés, sans charme, ni Gaunoux, des vins un peu évanescents (pourtant j'aime le pinot fin !).

Philippe

Finalement, le modeste Hautes Côtes de Nuits de Méo-Camuzet ne s'en sort pas si mal en tenant compte du prix.

Philippe,

Je me suis fait la même remarque. J'ai été agréablement étonné par la qualité de ce blanc.
Sais-tu à quel prix le domaine le propose ?

Florian

Je l'ai acheté 16,3 euros au domaine l'an dernier dans le cadre de mon allocation annuelle.

Philippe

Philippe,
Merci de cet éclairage.
Alors que je suis un grand fan du Corton rouge de Bonneau du Martray, je n'ai pas été conquis par le 2006. Peut-être est-ce une phase plus ingrate.

BARRET Philippe écrivait:

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> ni Gaunoux, des
> vins un peu évanescents (pourtant j'aime le pinot
> fin !).

Un stage de reconditionnement s'impose :-)))

A+
Frank

BARRET Philippe écrivait:

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Finalement, le modeste
> Hautes Côtes de Nuits de Méo-Camuzet ne s'en sort
> pas si mal en tenant compte du prix.
>

Je suis tout à fait d'accord.