Chateau de Latour vs Labet-Déchelette 1994
Ben ça y est les ga' ! Je l'ai ouverte cette bouteille mystérieuse !
Le secret s'est bien vite envolé mais...
Invité chez un copain samedi soir, je décide d'amener un Clos de Vougeot.
Certains climats bourguignons sont évocateurs (le fameux bourgogne Montrecul :
de Régis Bouvier !) d'autres franchements mystérieux : les Murgers des dents de chiens, les dessus bon boire
).
Au panthéon des toponymes qui me font rêver depuis que je suis tombé dedans figurent, quasiment côte à côte, le Clos de Vougeot et Richebourg. N'allez pas me demander pourquoi, c'est comme ça un point c'est tout ! (Encore que pour le clos, cela vienne probablement de mes études sur l'architecture cistercienne).
Le Clos de Vougeot, c'est l'agronomie poussée à son paroxysme au temps où les hommes n'avaient pour faire du vin que leurs bras et leur bon sens.
Bien que je n'en n'ai jamais bu, le Richebourg évoque pour moi l'opulence bourguignonne, un gros chat au poil soyeux qui ronronne doucement près du feu, une fin d'après-midi d'automne.
Mais revenons au Clos, puisque c'est de lui dont il s'agît.
Je décapsule la bouteille bourguignonne classique. Une nouvelle fois, j'attache autant d'importance au contenant. J'aime les bouteilles lourdes, pas les beaujolaises qui font franchement minables quand elles contiennent du chambertin ou autre grand cru payé plus de 40, voir 50 € la quille....
Le bouchon apparaît noir. Pas d'inquiétude, cela m'arrive souvent et je n'ai quasiment jamais été ennuyé.
Un bon coup de sommelier et la bouteille est ouverte. Le bouchon est vraiment de superbe qualité avec son étampe [crrrrr....bzzzz......iiiuuuutttt].
Première inspiration et une délicate odeur de vieux bourgogne.
Je verse environ 5/6 cl dans un verre pour ménager une aération lente. Le vin patientera deux heures sur l'appui de fenêtre et sera servi à 15/ 16°.
La couleur est fan-tas-tique. Un magnifique rouge orangé, une couleur comme je n'en n'ai pas vu souvent. Les convives s'extasient eux aussi sur cette robe de soie étincelante qui refera parler d'elle dès son arrivée à table.
Dans le verre, je suis un peu déçu. Le nez n'est pas très puissant mais plutôt subtil et délicat, marqué par les petits fruits rouges, un peu de vieux cassis mais aussi par des notes d'humus, de venaison. Ce n'est toutefois pas flagrant.
Arrive l'heure de déguster ce 94.
Le nez ne s'est pas beaucoup plus ouvert, mais révèle néanmoins, un peu plus nettement, les premiers parfums libérés. Je m'attendais à mieux:(...
En bouche, c'est un autre calibre ! Les tanins ne sont pas encore tout-à-fait fondus. Il amènent une belle architecture à un fruit encore présent mais qui laisse la place aux notes un peu animales entre-devinées à l'olfaction. C'est un vin tout en puissance retenue, un bon Percheron encore dur à la tâche malgré les années de labeur. Un vin terrien...
Sans être magistrale, la finale est très jolie, marquée par une belle longueur.
Alors ? Quel bilan ?
Je suis trop amoureux du Clos pour être partial:D... Mais bon :
- pour un 94, il s'en est très bien tiré. Honnêtement, c'est un très beau vin pour un millésime pourtant décrié. Je me demande d'ailleurs - toutes proportions gardées - si ce millésime ne pourrait pas nous réserver quelques belles surprises dans les prochaines années.
- pour une bouteille achetée 14 € en grande surface, le rapport qualité/prix/plaisir est très favorable.
- pour un Château de la Tour qui ne dit pas son nom, c'est très bien !
"Un château de la Tour ? " :
Ben oui les ga' ! C'est ce qui était marqué... sur le bouchon !
Vougeot