Petit sujet métaphysique supplémentaire, puisque c'est tendance, et réflexion qui m'est venue ce soir en redécouvrant ce vin bu il y a peu dans un autre contexte.
Baron'Arques 99, Vin de Pays de la Haute vallée de l'Aude
Produit dans le cadre d'un partenariat entre les Barons de Rotschild (branche Mouton) et les Vignerons du Sieur d'Arques, ce vin rouge est un assemblage du terroir des 4 clochers, élevé 12 mois en fût de chêne.
Et de fait, le boisé s'impose au nez ! Notes empyreumatiques de grillé, de torréfié, avec un fruité un peu maigre, le vin développe en bouche des tanins serrés et un peu austères, limite asséchants, qui me rappellent un peu le style de Daumas-Gassac. Il faudra probablement du temps à ce vin pour se fondre et être agréable à la condition qu'il ne sèche pas plus. Il y a pourtant de la matière ! Cela ne correspond pas pour moi à un style languedocien et je suis vraiment étonné qu'il soit sorti si bien dans le cadre de notre récente dégustation de Languedoc dont je reproduis ici les commentaires :
"Vin n°4 : la robe est sombre mais avec des reflets plus clairs sur les bords. Sur les fruits rouges (fraise, groseille), c'est un vin qui possède beaucoup d'élégance et de finesse par rapport au précédent. Souple mais bien équilibré et fondu, c'est une bouteille très plaisante à boire et qui termine sur une touche légèrement réglissée. Son grand mérite est de succéder superbement à la Copa Santa dans un style radicalement opposé.
Baron'Arques 1999, vin de Pays de la Haute vallée de l'Aude".
Ce soir, je n'ai pas retrouvé de fraise, de groseille, de finale réglissée ! Juste du bois, de l'austérité et rien de vraiment fondu ! J'ai l'impression d'avoir bu un autre vin!! Les deux bouteilles ont la même provenance et ont été conservées de manière identique.
Hormis le fait qu'il ait été goûté en connaissance de cause et non pas à l'aveugle, sans avoir été carafé au préalable (ça fait peut-être déjà beaucoup? (aaa)), je me demande quels peuvent être les facteurs qui peuvent influer sur l'appréciation d'un vin lors d'une dégustation, facteurs qui peuvent aboutir à une analyse positive à un moment donné ou bien négative si le contexte est différent. Qu'est-ce qui reflète plus la réalité, finalement ? L'analyse d'un vin lorsqu'on sait de quoi il s'agit précisément, parce qu'on le juge selon les critères attendus, ou l'analyse « à l'aveugle », plus objective mais qui peut être faussée par un certain nombre de paramètres (ordre du service, conditions du service, le fait d'être servi entre deux autres vins, servant alors d'étalon mais pouvant jouer le rôle de modificateur des perceptions,…). Laquelle est la plus juste?
Ce que je pense de plus en plus, c'est que, comme Jérôme, il faut être sûr de ses doutes, ne pas émettre des avis tranchés sans les revoir dans un autre contexte, toujours regoûter pour lui-même un vin découvert lors d'une dégustation , et, tout en étant exigeant, ne pas oublier d'être tolérant !
Olif
Message edité (25-08-2003 21:24)