J'ai participé à un Colloque à l'université de Bordeaux sur le verre et le vin du 17ème siècle à nos jours.
Une quarantaine d'intervenants, dont moi-même, et des contributions absolument passionnantes. J'ai appris énormément.
Pour organiser cela il fallait des sponsors, et parmi eux, Yquem et Pichon Longueville.
Nous avons pu visiter le musée du verre de May Eliane de Lencquesaing à Pichon,et goûter son 1993 en magnum qui a largement profité de sa maturité, qui rend cette année faible très agréable.
Mais nous avons pu, à environ 60, dîner au château d'Yquem. Pour la majorité des conférenciers qui sont des universitaires, c'était un moment magique, et à ma table de dix, il y avait 5 personnes qui n'avaient jamais bu Yquem.
Je me suis amusé à jouer le professeur, expliquant comment boire Yquem et surtout, comment en profiter sur la sauce d'une viande ou sur un roquefort.
Pour la façon de profiter du roquefort, j'ai été dictatorial, ce qui a fait rire toute notre table.
Il y avait à ma table des oenologues, qui m'ont avoué avoir découvert cette approche du vin où l'on s'occupe de la façon de boire.
Deux ou trois exemples :
pour les novices, j'ai dit : prenez de très petites gorgées, les plus infimes possibles, pour ne pas laisser envahir votre palais par l'alcool d'Yquem
sur le plat, j'ai montré que l'accord marchait beaucoup mieux avec la sauce (faite au vin rouge !:!) qu'avec la viande.
j'ai suggéré aux oenologues : buvez le vin seulement quand vous avez goûté le plat. Ils m'ont demandé pourquoi. J'ai expliqué : un plat a été fait pour un vin. Si vous goûtez un vin avec la mémoire gustative du plat précédent, vous faites le contraire de ce qui est souhaité.
L'un m'a répondu : mais je voudrais juger le vin pour lui-même et je lui ai dit : avec la mémoire du plat précédent, votre jugement n'est pas neutre, alors, autant rester dans le schéma sur lequel les organisateurs du dîner ont travaillé.
Nous avons goûté Y 2000, puis Yquem 2002 et Yquem 1996. Le Y m'a beaucoup plu, et je ne l'attendais pas à ce niveau. Un bouquet floral rare.
Le 2002 m'a aussi surpris, car celui que j'avais déjà goûté me paraissait scolaire. Ici, une belle présence.
Le 1996 le paraissait coincé, fermé, torréfié, brûlé, comme était le 1986 il y a dix ans, dans une phase ingrate. C'est un passage à vide pour ce millésime.
Et je me suis amusé à faire une expérience avec ma voisine qui avait comme moi demandé une verveine.
Avec la verveine, le 2002 prenait des accents de thé, mais gagnait une longueur fraîche assez rare.
Sur la verveine, le 1996 donnait l'impression d'un brouillon de papier que l'on froisse et que l'on jette : le vin refusait toute main tendue à l'infusion. C'était intéressant.
J'ai énormément appris à ce colloque sur l'histoire du verre en tant que contenant et sur les caves du 18ème. A l'occasion, j'en dirai deux mots.
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