Bonsoir,
Pour répondre à princedolois, qui me demandais en off mon avis sur les différentes cuvées de Jurançon, je peux faire un rapide tour d'horizon de mes petites expériences vinophiles du côté de Jurançon.
Tout d'abord, je ne suis aucunement "spécialiste" du Jurançon, tout juste y ai-je ma belle famille qui m'a donné l'occasion d'y faire de nombreux séjours, et permis de goûter à pas mal de cuvées de producteurs différents.
Question "qualité sur la durée" des vignerons dont j'ai pu goûter quelques millésimes, je partage en très grand partie l'avis de Jérome Perez :
En dehors de Cauhapé/Hours, Camin Larredya, Clos Thou, Clos Lapeyre, Bordenave Coustarret, et Bellegarde, font du bon, très régulièrement.
Refroidi par les tarifs, et n'ayant pas trop eu l'occasion de m'y déplacer au vu de son positionnement géographique, un peu "à part" des autres vignerons, je ne connais pas bien le domaine de Souch, dont je n'ai goûté que 2 millésime en moelleux, un en sec (lors de 2 dégustations, à chaque fois un fond de verre).
Maintenant, tout dépend de ce qu'on aime comme style de Jurançon, si on recherche plutôt des moelleux, le prix qu'on est prêt à mettre, etc...
Tout d'abord, bien différencier, hormis les secs, les "doux" (souvent avec une forte proportion de gros manseng, élevé en cuves) des "liquoreux" (100% petit manseng, élevage quasi toujours en fûts)
Ainsi, en supposant que ce sont les liquoreux que tu recherches, j'aime les Jurançon pour l'acidité, la fraicheur qu'ils savent réserver malgré la quantité de SR qu'ils peuvent contenir.
Mais là encore, je différencie un peu entre ceux qui sont plutôt sur la puissance, le côté liquoreux, des côtés confits voire caramélisés, souvent très long, avec de la matière et ceux qui sont surtout sur la fraicheur, l'explosion de fruits exotiques, souvent assez long également, mais moins sucrés en impression, plus sur la finesse.
Dans la première catégorie, dans le genre qui en impose un peu, je rangerais Cauhapé, par exemple, ainsi que les cuvée haut de gamme (prix notamment) de Bru Baché, voire Bellegarde.
A l'opposé, on pourrait mettre Vignau La Juscle, et surtout Domaine de Souch, pour illustrer, le côté plus incisif.
En ce qui me concerne, dans les vins les plus longs/concentrés/riches qui savent préserver cette fraicheur typique, le "A Solhevat" de Larredya est souvent délicieux, un must de l'appellation.
Maintenant, les tarifs ont bien augmenté et les 50 cl sont dans les 30€. Mais la cuvée juste en dessous ("Au Capcéou" ?) est également excellente et tourne dans les 20€ les 75cl.
Maintenant, à des tarifs (bien) en dessous, se situent les "Suprème de Thou" du Clos éponyme, souvent jolis, et les "Cuvée Barou" de Bordenave Coustarret (autour de 15€).
Le "Barou" est peut être un chouille plus à garder, plus sur des notes "pralin/confits", le Suprême plus sur les "fruits exotiques/vanille", pour caricaturer.
La "Cuvée Thibault" de Bellegarde est également très régulière et dans le même ordre de prix. A des tarifs similaires, toujours sur un côté gras/concentré, plus confit qu'exotique, le Vendanges tardives du Clos Guirouilh (qui vient de finir ses 2005, il me semble, et qui devrait passer à 2009 ou 10 ?). Son "Petit Cuyala" est parmi les plus concentrés et riches de l'appellation, sans avoir des prix prohibitifs des "plus renommés" (30€). En "intermédiaire", je placerais par exemple l'Uroulat de Charles Hours.
Sur plus de fraîcheur, mais tout aussi bon, "La Magendia" de Lapeyre ou, peut-être un brin plus irrégulier, mais vraiment excellent dans les bonnes années, le "Chêne Couché" du Clos Benguère.
Comme déjà mentionné "Marie Kattalin" du domaine de Souch ou "le Vendanges Tardives" de Vignau La Juscle sont également très bons, sur un fruité tout en fraîcheur et une matière qui lui répond.
Autre vigneron, moins reconnu, mais intéressant à découvrir et qui parfois réserve de belles surprises, "Bordenave Montesquiou " et sa cuvée "Grappe d'Or" un peu moins cher (13€ ?), mais très bon, manquant juste parfois un peu de concentration. Peu connu également, et aux tarifs raisonnables, "Rêve de Pyrène" du domaine Capdevielle (13€ aussi).
En prenant le temps de les laisser vieillir, les moelleux de Château de Rousse peuvent également se trouver remarquable de concentration (très beau souvenir d'un 1995 bu il y a 2-3 ans).
Question secs, pour lesquels j'ai une tendresse toute particulière, la plupart des cuvées que j'apprécie sont les plus "ambitieuses", avec souvent une belle part de Petit Manseng, assez souvent élevées en barrique.
La plupart sont entre 8 et 12€.
Là encore mon coeur penche vers le "Par Davan" (ex- "A l'Esguit" ) de Larredya, assez complexe, fin, avec un belle matière.
Mais les singularités sont là aussi assez tranchées.
D'autre cuvées excellentes à mon goût :
"Vitatge Vielh" de Lapeyre (très tendu, à attendre patiemment)
"Cuvée Guilhouret" du Clos Thou (très aromatique, explosif sur des fruits exotiques, vif, salivant, gras, superbe, notamment les 2010)
"Renaissance" de Bordenave Coustarret (met un peu plus de temps à s'exprimer amha, les 2008 sont superbes depuis plus d'un an les 2010 commencent à s'ouvrir)
"Pierre Blanche" de Bellegarde, régulier, bien équilibrée
Dans les très bons rapports Q/P, toujours en secs :
"Cuvée Peïrine" de Guirouilh (6,8€), élevée dans de vieilles barriques ayant vu des moelleux, développe un joli nez, assez rond, moins acide (en impression) que les précédents, avec une très légère amertume en finale (2007 très bon, les 2006 sont un peu moins à mon goût car plus riches/amers - actuellement, les 2010 en vente sont à attendre un peu)
"Confidences du Clos" de Barrère (7€ ?) : souvent tendue comme un arc, avec de jolis arômes tirant vers la truffe, mais qui doit souvent attendre 1-2 ans avant de digérer un peu son boisé.
A part, très ambitieux, excellent mais devant bien attendre de digérer son boisé, la cuvée "DB" de Bellegarde, superbe (grand ?) vin, les 3 fois ou j'au eu l'occasion de le goûter. Plus cher (20€) que les précédents cités, mais raisonnable comparés à bien d'autres appellations.
Le "Cuvade Préciouse" de Montesquiou Bordenave, lorsque l'acidité est maîtrisée peut également réserver de belles surpises.
Les Cuvée Marie que j'ai pu goûter ont, à mon sens, 2 périodes un peu différenciées. Hormis le 2003, "atypique" par ses SR et son alcool, jusqu'en 2007, l'acidité assez tranchée de la Cuvée se conjuguait assez souvent avec un boisé, pas désagréable mais assez apparent lors des premières années de dégustation. Depuis 2008, me semble-t-il, les barriques ont changées (autre provenance, moins de chauffe ?) et l'acidité ressort plus en jeunesse, mais je suis plus optimiste sur le devenir des quelques bouteilles qu'il me reste.
Voilà pour un rapide tour d'horizon des cuvées que j'ai appréciées jusque-là.
Tuukka