Après une visite au Clos Thou, nous enchainons avec le domaine Bordenave Coustarret.
Comme nous avons été bavards avec Henri Lapouble Laplace, nous arrivons sur les coups de midi (après avoir vérifié par téléphone que l'horaire convenait).
C'est Sébastien Coustarret qui nous reçoit.
Nous commençons comme il se doit par le sec, avant d'aller vers les cuvées les plus sucrées.
Jurançon sec Renaissance 2018, Domaine Bordenave Coustarret
Vin à majorité de petit manseng (80%), complété par du courbu (10%) et du camaralet (10%).
Le nez est ouvert, sur le citron, la verveine et le pamplemousse.
L'attaque est souple. La bouche est tendue et ronde à la fois, jolie et simple, sur les mêmes aromes qu'au nez.
Un joli vin, simple et gourmand, efficace, qui doit faire merveille seul à l'apéritif.
3,5/5.
Le deuxième vin est une nouvelle cuvée, qui a aiguisé ma curiosité quand j'ai reçu le courrier de commande annuel. Il s'agit en effet d'un demi-sec, classé en vin de France (car jurançon sec c'est inférieur à 4g de SR et Jurançon c'est supérieur à 40g de SR). je suis curieux de le comparer à la cuvée Memoria de Franck Lihours qui a ouvert la voie des 1/2 secs au domaine Castera.
Vin de France Instinct 2018, Domaine Bordenave Coustarret
Le vin est composé de 80% de gros manseng et 20% de petit manseng.
En bouche, on ressent une légère sucrosité et une belle fraicheur, avec un petit côté épicé, des fleurs blanches, des fruits blancs et jaunes. La poire se manifeste particulièrement en finale.
C'est un vin agréable, original.
3+/5.
Le style est complètement différent de la cuvée Memoria, qui a une liqueur plus concentrée, avec un ressenti de sucre plus fort. Je demande combien il y a de SR dans Instinct, en proposant 7-8g, et Sébastien me répond que c'est plutôt le double. En tout cas, certains secs alsaciens me paraissent plus "sucrés" que ce demi-sec béarnais.
On passe aux Jurançon.
Jurançon Anie d'Ange 2017, Domaine Bordenave Coustarret
Vin composé de 60% de gros manseng et 40% de petit manseng.
Le nez est sur la mangue, l'orange et le zan (réglisse).
La bouche est simple, fraiche, avec une petite liqueur gourmande bien équilibrée par la belle acidité des mansengs.
Moelleux classique. Bon.
3/5.
Jurançon Lù Barou 2016, Domaine Bordenave Coustarret
Cette cuvée, issue de petit manseng, s'est occitanisée un peu plus ces dernières années. Il me semble qu'elle se nommait Lou Barou à une époque.
Au nez, on sent du boisé, avec un côté nougat, puis de la mangue.
En bouche, c'est ample, avec une belle liqueur concentrée et contrebalancée harmonieusement par une bonne acidité. C'est également gourmand, sur la mangue, la vanille et des notes torréfiées. Je demande quel est l'élevage pour qu'on sente ce type de boisé pas envahissant mais net, et Sébastien me répond que l'élevage se fait dans 4 barriques de 400L dont une seule neuve.
Belle longueur. C'est très bon.
4/5.
On a fait le tour de la gamme et on discute désormais millésime. Je demande comment Sébastien perçoit le millésime 2019, qui me semble plus frais que 2018 sur les premières dégustations (cave coopérative et La Part Davant de Camin Larredya). Il me dit qu'il le trouve assez similaire à 2018, solaire, ce qui colle avec ce que j'ai ressenti au Clos Thou. Il faut donc que je continue d'investiguer sur ce 2019...
On demande si ce 2019 est en bouteille; la réponse est oui depuis quelques semaines. "Peut-on le gouter?" "C'est compliqué, pas facile d'accès. "
On n'insiste pas, mais Sébastien nous dit de le suivre au chai. On va gouter des 2020 sur cuve, ce qui n'est pas pour nous déplaire car ce n'est pas quelque chose qu'on a l'occasion de faire souvent en tant que simple amateur passionné.
Le première cuvé est une parcelle de gros manseng. C'est très perlant, vif, avec de la mâche, et un côté pulco. On en boirait volontiers bien frais au bord d'une piscine par temps chaud
.
Au détour de ce côté gazeux, on parle un peu vin nature, et le fait que ca peut être très bon, surtout au chai, mais que quand ca vire au cidre en bout de circuit chez le consommateur ca fait suer (pour être poli). Et en plus ca fait cher le cidre...
La deuxième cuve que l'on goûte contient aussi du gros manseng, issu d'une autre parcelle. Là, pas de perlant, mais un jus qui montre le côté sombre de ce cépage, avec des thiols type bourgeon de cassis et de l'amertume.
La 3e et dernière cuve que l'on va goûter est une cuve de petit manseng, et là, surprise, on a l'impression d'avoir un vin déjà fini et de qualité dans le verre, après seulement 3 mois de cuve. C'est net, élégant, avec un équilibre sur la vivacité qui me plait. Affaire à suivre ce petit manseng 2020...
Il se fait tard, on a déjà 2 heures de retard, et il est évident que nous avons menti quand nous avons dit à nos épouses que nous serions de retour pour 12h30/13h.
On retourne en salle de dégustation pour passer aux achats.
Et là, surprise, Sébastien sort une bouteille de nulle part, qui se nomme 6e sens. Millésime 2019 après enquete.
vin de France, 6e sens 2019, domaine Bordenave Coustarret
Il s'agit d'un vin nature, qui n'est produit que depuis quelques millésimes, et à destinations des professionnels (cavistes, restaurants) uniquement.
C'est un vin sec, qui a fait sa malo. Il est droit, bien sec, sur les agrumes, et salin. C'est vraiment ce côté salin qui caractérise cette cuvée.
C'est un vin intéressant. Qui confirme que l'expérience nature est souvent sympa au domaine...
Voilà, il est temps d'aller déjeuner. Il est plus de 14h. On avait prévu 3 domaines en 2h, on en a fait 2 en 4h
.
Et puis c'est pas tout ça, mais on est encore en confinement, et 4h pour faire les courses de denrées essentielles, c'est long...
Bibi