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Volet n°4 du Cercle Rhône Vallées : Laurent Combier

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IVème opus : Crozes Hermitage – Domaine Laurent Combier / Clos des Grives
L’art de réaliser du vin bio
Nous sommes accueillis, en cet après midi ensoleillé, par le maître des lieux : Laurent Combier

Fidèles lecteurs de LPV, amateurs de vins de la Vallée du Rhône, nous allons par ces quelques lignes essayer de vous faire découvrir ce personnage attachant et talentueux.

Situation et histoire :

Le domaine de la famille Combier se situe sur la commune de Pont de l’Isère, au bord de la fameuse route nationale 7 qui a vu bon nombre de vacanciers filer au-delà du 45ème parallèle.

Domaine familial depuis trois générations, le grand père de Laurent est descendu du plateau ardéchois. La vigne était quasi inexistante sur la plaine, c’était de la pampa frappée par le mistral.

Le domaine était situé en contrebas de son emplacement actuel, il exploitait pour moitié des abricots et pour l’autre moitié du vin. Le vin était vendu localement. Au début des années 60, la construction du canal exproprie le domaine.

Mr COMBIER s’installera à l’endroit où nous sommes aujourd’hui.

La vente du vin était essentiellement réalisée avec le domaine Jaboulet et puis avec la cave de Tain jusqu’aux années 70. La fin des années 80 voit arriver Laurent. Son premier millésime est réalisé en 1990.

Le domaine exploitait à l’époque que 5 hectares, il passe rapidement à 25 hectares de vignes et 25 hectares de verger.

Le domaine s’étend sur la majorité de l’appellation Crozes Hermitage (1200 hectares) composée par 11 communes : Crozes Hermitage, Larnage, Mercurol, Beaumont Monteux, Chanos Curson, Pont de l’Isère, La Roche de Glun, Tain l’Hermitage au sud et Serves, Erôme, Gervans au nord de la colline

Terroir :

Crozes est le plus grand vignoble parmi les appellations septentrionales avec un peu plus de 1200 hectares. Il s´étend sur pas moins de 11 communes (cf ci – dessus) situées dans la Drôme (26) sur la rive gauche du Rhône.

Le terroir est constitué au nord de coteaux granitiques exposés plein sud, comparables à ceux du voisin Hermitage, tandis qu´au sud, les sols sont à dominante alluviale avec quelques terrasses de cailloux amenés par le Rhône.

En 1952, il est réalisé une révision de l’appellation, elle est conclue par une extension de l’appellation vers le sud depuis la colline de l’Hermitage.

Situation géographique des parcelles du domaine :

6 hectares au nord, situés sur les communes de Gervans et de Serves/Rhône.

0.8 hectare de Saint Joseph sur Mauves.

18 hectares au sud situés sur la commune de Pont de l’Isère, pour une production totale de 150 000 bouteilles.

Production :

Le domaine produit 5 cuvées : 2 en blanc et 3 en rouge.

La répartition est la suivante :

8 à 10 % de blanc déclinés en deux cuvées : Domaine et Clos des Grives (roussanne).

90 % de rouge déclinés en trois cuvées : Cuvée L, Domaine et Clos des Grives (syrah).

La philosophie de la maison se traduit par une éthique qui est simple :

le raisin est une matière vivante qu’il faut respecter.

Le père de Laurent a été un précurseur quant à la mise en place d’un cahier des charges bio. Certifié depuis 1970, le domaine travaille de la même façon depuis 38 ans.

Laurent nous avouera que son père a essuyé pas mal de critiques à ses débuts. Néanmoins, il est resté fidèle à sa philosophie.

La régularité de la qualité des vins produits a permis une prise de conscience de la concurrence.

Espagne :

Vous n’êtes pas sans savoir que Laurent Combier s’est associé avec Peter Fischer (Château Revelette/Coteau d’Aix) et Jean Michel Gérin (Ampuis/Côte Rôtie).

Les trois compères décident en 1997 de partir à la recherche d’un vignoble sur la péninsule ibérique, leurs yeux vont se poser en Priorat après un voyage d’étude. La nature du terroir à majorité schisteux et aride sur des coteaux, leur semble idéale.

De 1997 à 2000, le projet s’affine, René Barbier du Clos Mogador leur rappelle les qualités du Priorat et les invite à venir s’installer.

Cela passe par l’acquisition de 20 hectares en 2002. En 2008 se construira une cuverie. Trois personnes travaillent en permanence au domaine du Trio Infernal. Nous y sommes attendus pour un petit tour de cave…

Découverte du vignoble :

Nous empruntons les voitures afin de visiter les différentes parcelles, la première visitée sera celle du Clos des Grives.
A l’ombre des Pyracantha coccinea ceinturant le Clos
Les galets roulés amenés par le Rhône
Au loin s’élève la colline de l’Hermitage

Cette parcelle est délimitée de part et d’autre par une haie d’arbustes plantée en 1990 de type Pyracantha coccinea.

Ce végétal est un buisson ardent qui attire les grives qui viennent picorer les fruits faits de petites boules rouges.

Le nom de la cuvée sera trouvé.

La parcelle mesure 5 hectares, elle est composée de vieilles vignes qui produisent exclusivement la cuvée Clos des Grives.

Elle est formée par un Y, le V du Y contient une parcelle sur laquelle se trouve une résidence d’habitation qui a été durant quelques années dans le giron familial.

En 1975, une période de gel annihile la production. Le père de Laurent se verra obliger par les banquiers de céder la propriété.

Nous ne vous cacherons pas le désir de Laurent de la racheter.
Au loin se dresse le Vercors

Typicité de la parcelle ‘Clos des Grives’ :

Plaine alluvionnaire à sol argilo – calcaire. Le travail au sol est réalisé de façon mécanique ou manuelle, pas de désherbage thermique, piochage. Palissage haut en baguette pour une meilleure maturité de la Syrah.

Données : écart de 0.85 mètre entre chaque pied, ligne écartée par de 2.50 mètres chacune.

Numéro du porte greffe : 3309.

A cette époque, l’herbe est conservée pour bloquer au sol les feuilles tombant des cèpes créant de fait une matière organique qui va alimenter le sol.

La sélection massale est pratiquée sur la parcelle du Clos des Grives.

Deux vendanges en vert sont réalisées après floraison et avant véraison. Laurent n’aime pas les extrêmes, il est un adepte de l’équilibre. Le cycle végétatif est suivi de près.

Tous les jours, il est à la vigne, il se définit également comme un vigneron – paysan (cela me rappelle quelqu’un)

Sélection : 30 à 40 % des grappes sont enlevées sur le pied, ainsi les grappes restantes ne gonflent pas trop.

Un exemple, Laurent travaille avec des algues antagonistes au mildiou.

Direction Gervans – zone de l’appellation Crozes Hermitage existante avant la révision de 1952.

Gervans est une commune située à 14 kilomètres au nord de Pont de l’Isère. Afin de la rejoindre, nous traversons la colline de l’Hermitage et empruntons la route qui traverse le village de Crozes Hermitage. Nous rejoignons la vigne alors que les tailleurs s’exécutent.
Laurent conserve un œil critique quant au travail exécuté, comme ici, durant la taille.
Au fond serpente le Rhône et s’élève la colline de l’Hermitage.
L’appellation de Saint Joseph nous fait face

Les vignes perchées sur des coteaux d’exposition sud sud ouest produisent des blancs.

La marsanne est cultivée sur 1 hectare sur un sol à majorité granit et argile.

Un peu plus bas, le domaine détient 6 hectares morcelés en 14 parcelles d’où une difficulté de travail, le sol est composé par des graves.

Nous continuons en direction de Serves/Rhône. Ce sont les vignes qui sont à la limite nord de l’appellation. Les vignes sont voisines avec la ville de Saint Vallier. Laurent y a replanté des vignes (âge inférieur à 10 ans), le sol est composé de granit et de loess (sable et granit). Ces parcelles produisent la cuvée L.
Au fond, la commune de Saint Vallier
Nous retournons au domaine. La cave a été entièrement refaite, elle est depuis climatisée et conserve une température constante de 14°C.

Les cuves inox permettent d’encuver par gravitation. Toutes les vendanges sont éraflées, la macération est longue pour obtenir une meilleure extraction des tannins.

La cuvée L est produite pour partie avec les raisins de son voisin, vendange manuelle, triage à la vigne, élevage en cuve inox et bois. La cuvée L est également élevée dans ce type de contenant ressemblant à un œuf en béton d’une capacité de 600 litres. La vendange est éraflée à 100 % puis passée dans un pressoir pneumatique.

Nous avons abordé la remarque soulevée par Jean Luc Milleret sur le site. Ce vin est réalisé pour les bars à vins, il est fait pour des amateurs désireux de découvrir le vin dixit les propos de Laurent.

A la remarque de la présence du nom sur l’étiquette, Laurent répond simplement : « Il est impossible d’utiliser le nom du domaine car le vin est produit en partie par des raisins achetés chez le voisin. »

Nous ne saurons pas le nom du voisin.

Cocon n°2

Crozes Hermitage rouge 2007 Cuvée L (parcelles situées à Serves/Rhône) : un peu réduit, belle structure, tannins fins.

Crozes Hermitage Cuvée L 2006 (bouteille) : : Vin gourmand, peu tannique et de bonne ampleur. Vin de soif par excellence.

Fûts blancs 2007

Les blancs sont élevés en fûts de marque Damy produits à Meursault.

1) Marsanne du sud / vignes de 20 ans sur sol argilo – calcaire / malo non faite - pas de sulfitage : Notes d’agrumes, de citron présentant un beau gras et une belle acidité.
2) Marsanne du nord / malo non faite : présence de gaz, note de verveine.

3) Roussanne composant la cuvée Le Clos des Grives : Gras, riche, bel équilibre, bois déjà bien fondu.

Cette dégustation sur fûts laisse augurer un très beau millésime en blanc pour l’année 2007.

Quelques bouteilles pour la mise en bouche (dans l’ordre) :

Crozes Hermitage blanc 2006 cuvée Domaine – mise en bouteille en 04/2007 : Caramel, grillé, gras et rond, long en bouche avec un joli fruité en milieu, finale sur le beurre.

Crozes Hermitage blanc 2006 cuvée Clos des Grives mise en bouteille en 11/2007 : Notes de noisette, encore marqué par le bois.

Crozes Hermitage blanc 2005 cuvée Clos des Grives : Pierre à fusil, minéral voire iodé, note de miel en finale.

Crozes Hermitage blanc 2004 cuvée Domaine 2004 : Fruit de la passion, harmonie, complexité, finesse.

Exclusivité : Trio Infernal - 1000 bouteilles produites vendues seulement en Espagne. Priorat blanc 2005 (50 % de grenache blanc et 50 % de maccabeu) : Vin déroutant, au nez de vin doux, en bouche, richesse.

Fûts rouges 2007

Les cuvées Domaine et Clos des Grives sont élevées en fût seulement.

Fût neuf n°1 /Crozes Hermitage rouge Cuvée Clos des Grives situé Petit Clos au Nord : assez fin, trame serrée. On note de la gourmandise sur ce vin.

Fût neuf n°2 (Marque Rémond) / Crozes Hermitage rouge Cuvée Clos des Grives Grand Clos : fruité très généreux, le potentiel d’un grand vin.

Verticale n°1 - Crozes Hermitage rouge cuvée Domaine :

2006 : Plus profond. Il révèlera sa finesse et son potentiel après quelques années de cave.

2005 : Dominante de cassis, grande concentration, pureté du fruit, le boisé et les tanins sont toutefois présents mais ils ne sont pas asséchants. A garder

2004 : Dominante de mûre et de vanille, en phase d’ouverture, il révèle un réel potentiel.

2003 : Nouvelle note d’un fruit noir : myrtille écrasée auréolée par un côté lardé. Ce vin ne révèle pas les caractéristiques que l’on peut trouver sur des vins de la région pour ce millésime atypique.

2002 : millésime difficile si il en est, manque de matière marquée par une évolution : à boire.

2001 : la garigue domine, note de tapenade, de réglisse. Le fruit est superbe, équilibre parfait, très long…

2000 : Notes animale toujours marqués par ce côté sudiste, olives noires écrasées/garrigue. A boire.

1999 : Dansant dans le même registre que le précédent, marqué par la truffe et le sous – bois, fraîcheur et finesse le caractérise. Absolument grandiose.
Verticale n°2 - Crozes Hermitage rouge cuvée Clos des Grives :

2006 : Encore marqué par le bois, ce vin est généreux comme son bâtisseur, ample et très long, signe distinctif et rare pour cette AOC.

2005 : puissance et richesse, boisé encore intense, tanins soyeux sur l’épice douce.

2004 : Note de cassis, prédominance de poivre, soyeux.

2003 : chaud, compoté, typique du millésime conservant une belle longueur.

Spéciale 2003 – Cuvée Torride Bouteille n° 562 enlevée de la cuvée des Clos des Grives car sur mûrit à 15°C : très chaud, générosité en alcool avec un nez puissant, des notes de fruits ultra – murs, note de porto, certaine lourdeur en bouche.

pas de 2002

2001 : On ouvre sur la finesse, des notes de garrigues légèrement fumé, très net, belle acidité, belle équilibre, très beau vin.

2000 : touches mentholée et épicée, grande finesse en bouche, bel équilibre et très long sur la finale.

1999 : beau millésime qui s’exprime par un superbe fruit, une bouche très fine avec des notes d’épices.

1998 : au caractère évolué que l’on nommerait ventre de lièvre, note d’anchois, vin se finissant sur des notes d’épices.

1997 : Arômes secondaires laissant se dégager des épices, le tout dans un parfait équilibre.

Cuvée 1/3 2005 Priorat Trio Infernal (60 % grenache / 40 % carignan) : pain d'épice, il évoque un vin doux naturel.

Cuvée 2/3 2005 Priorat Trio Infernal (100 % carignan) : Très confituré marié à une belle acidité, bel équilibre.

Cuvée 1/3 2004 Priorat Trio Infernal : Un peu chaud, écrasé par une matière lourde.

Les vins avaient été ouverts à midi pour une dégustation fulgurante par le niveau et l'homogénéité de vins dégustés. Un domaine à suivre de près.

Merci à :

Jean Louis (notre serrurier), Patrice D, Patrice T, François D, Nicolas, Fredix et Pablito, tous trois nouveaux participants au cercle Rhône Vallée.

Merci à Laurent pour sa gentillesse et sa disponibilité

A bien tôt pour le Vème numéro des aventures du CRV.

La certitude tue, le doute te préserve.
15 Fév 2008 10:12 #1

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Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck