Un nouvelle adresse où il n'est pas (trop ou pas toujours) facile de diner car ce n'est pas à proprement parler un restaurant. C'est une table d'hôtes. C’est aussi un lieu où prendre des cours de cuisine pour les petits et les grands.
Pour nous c'est surtout un endroit où l'on déjeune et organise des évènements avec simplicité, proximité et grand plaisir.
J'ai rencontré Georgiana il y a plusieurs années alors que ma femme organisait un festival pour jeune public sur le thème des cinq continents. Georgiana y intervenait pour animer un atelier « cuisine du monde ». J'avais alors passé une partie de la matinée à lui filer un coup de main ou simplement à regarder les gosses découvrir et participer à sa cuisine. C'est un souvenir de francs émerveillements. Ceux de ces gosses pleins d'entrain dans cette patouille, genèse de plats savoureux. Et le mien de voir à l'œuvre cette belle générosité en contact avec cette joie de découvrir.
Aujourd’hui Georgiana est à son compte et a ouvert « l’Atelier de Georgiana » - Marseille.
Ce soir, nous avons décidé avec un petit groupe d'amateurs d'y organiser une dégustation de vins de Loire. Georgiana, pourtant pas plus amatrice de vin que cela, s'est prêtée à l'exercice avec beaucoup d'enthousiasme et nous a offert par la même de grands accords!
Alors que je termine actuellement la lecture "d'Ignorant" la superbe BD de Davodeau, l’entrée nous est servie avec le vin du protagoniste vigneron de ce récit, Richard Leroy.
Vin de France - Chenin - Richard Leroy. Noël de Montbenault - 2009.
L’entrée est un carpaccio de daurade au citron caviar, elle fait mouche. De la cuisine moléculaire au naturel.
Ma première rencontre avec un Noël de Montbenault est une petite déception tant je ne retrouve pas de personnalité dans le verre à la hauteur du personnage qui égaye mes soirées de lecture. Le vin est sur une trame végétale et un peu sur l’élevage. Mais c’est tout de même un bon compagnon de route pour ce plat réjoussissant.
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Le vin suivant est un
Vouvray sec - François Pinon - 2005.
La rencontre est autrement plus excitante. Le vin seul est riche et ample, la beauté du millésime semble lui avoir trop réussi. La Verveine, le thé et le citron sont joliment présents et ciselés, mais le caramel fait partie du cortège sans véritablement y trouver sa place.
Mais quand la rencontre s’effectue avec le plat, c’est une toute autre dimension du vin qui se révèle. L’acidité et le croquant prennent l’ascendant, et la bouche toute de pomme verte et d’arômes citronnés répond à la texture et la force de la daurade, de l’huile d’olive et de ce surprenant et fort ludique citron caviar.
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Le plat principal, un suprême de volaille façon blanquette à la verveine, est accompagné d’un:
Sancerre - Roger Champault - 2009.
Un sauvignon des bords Loire, bien fait, sans artifice, entendez élevage excessif, ni défaut si ce n’est peut être une légère sous maturité qui se ressent par ces légères notes de pipi de chat. En bouche c’est franc et tendu, le bourgeon de cassis et l’agrume dominent.
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L'accord n'est pas transcendant, mais le plat est réjouissant, la carotte glacée un régal, l'espuma à la verveine apporte cette jolie note de vivacité dans un monde de crème. Sans être bouleversant, tout est juste.
C’est avec le dessert que les accords vont toucher au sublime. La nougatine est une merveille de finesse et d’arômes. Le sabayon orchestre un petit ballet de notes exotiques entre mangue, vanille et ananas, et épicées entre le basilic et la menthe.
Fraicheur, puissance, texture, tout va concourir à deux très belles rencontres.
Avec le
Layon Faye d’Anjou - Château Montbenault - 1976,
à la sucrosité en grande partie digérée, et qui avec un nez de cédrat confit et verveine, d’orange amere et de safran va se confondre dans un festival en bouche d’exotisme épicé.
Le Bonnezeau - Domaine des Petits Quarts - 1990,
s’en laissera un peu compter, mais son nez de miel, d’abricot sec, de confiture d’abricot, d’ananas est un vrai plaisir. La bouche est un peu plus opulente et les sucres encore un peu présents, atténueront la bonne impression susmentionnée.
Je suis passé à côté du
Château de Saumur blanc liquoreux - domaine de la Tour Grise - 2003,
il m’est apparu un peu plat voire creux avec sa liquorosité massive et tapissante et surtout suite à ses deux prédécesseurs. Victime vraisemblable d’un effet de séquence.
Un peu avant ce défilé de saveurs, et après que Georgiana ait servi de délicieux beignets de fleurs de courgettes en apéritif, juste égouttés, il fallait un accompagnement pour les rouges ligériens. Une terrine de sanglier que Stephane et moi avions préparée, sort en secours de ma musette.
Saumur Rouge - J N Legrand - Fosses de Chaintres - 1996
Le premier vin rouge nous porte sur la framboise, d’abord framboise sauvage puis l’eau de vie à la framboise. Puis c’est le poivron rouge, signant la présence du cabernet franc, quelques notes terreuses, voire de terre cuite et poivrées.
La bouche est plus rustique, avec des tannins un peu marquants. Les arômes tertiaires d’humus présents en bouche rappellent le coté évolué. La framboise toujours présente avec une acidité franche donne une bouche fraiche mais tendue.
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La seconde bouteille de rouge est aussi la bouteille de la soirée. Sans trop de surprise c’est un vin des frères Foucault,
Saumur Rouge - Clos Rougeard – Les Poyeux - 2002
Un nez de champignon, de fruits noirs entre mûre et cassis, de moka et de tabac blond et un coté jus de viande sur la cochonnaille, légère note de poivron grillé. C’est lumineux d’élégance. C’est brillant. C’est grand.
La bouche est d’une texture qui ne nous laisse pas retomber, c’est tout à la fois tannique et soyeux, juteux, sapide. La finesse souligne des notes tertiaires très réjouissantes avec la terrine. Sublime.
[size=small](glou glou glou)[/size]
Une très belle soirée et surtout la découverte d’un endroit rêvé pour des amateurs en recherche d'un lieu intimiste et d'une cuisine à l'écoute. Quel plaisir d’attaquer la dégust en regardant Georgiana dresser les assiettes sur la même table, les odeurs du plat à venir nous parvenant par effluves, le spectacle captivant des découpes à la mandoline ou des derniers coups de casseroles. Bref, un lieu hautement recommandable pour ce type d’organisation.
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Alex6