Je précise que le contenu de ce qui suivra n'est pas sponsorisé
.
La semaine dernière, dans le cadre d'un cours de dégustation, une fois n’est pas coutume (pas une blague, c’est la première fois en 9 ans), j’organise une dégustation de vins Français à 100%. Pourquoi c’est si rare ? Parce que la sélection du monopole ALKO est catastrophique en dehors des Champagnes et des vins exclusifs (>50€)… Parfait pour déguster Château Latour 1990, livré en 48h,
www.alko.fi/tuotteet... mais morne plaine dès qu’il s’agit des vins qu’on aime, les bonnes petites quilles entre 5 et 15€ (au monopole, ça devrait se trouver entre 12 et 20€). Avec l’aide d’un téméraire Eric B, brave entre les braves armé de son carton neutre, je me suis approvisionné de quelques canons. Les critères : bons, français et inférieurs à 10€. En plus c’était l’occasion de découvrir des choses que je n’avais pas encore goutée, donc parfait !
L’idée est donc de faire un tour de France, en maximisant les mono-cépages et en restant sur des choses assez « connues », Gamay, Pinot Noir, Cabernets, assemblages bordelais ou languedociens… le choix était vaste. Merci
www.vins-etonnants.com :D
Le choix étant fait, nous avons procédé en escargot. Partant du centre pour dérouler la courte spirale jusqu’en Languedoc. Un Pinot Noir était prévu mais fut abandonné car 7 vins étaient clairement excessif en une session (et j’avais très soif en début de semaine).
Dégustation en verre Zalto Universal et Schott Fortissimo. Ouverture 10h avant dégustation. Pas de carafage. Dégusté une première fois et épaulé environ 2h avant dégustation finale.
- Vin&Pic, Caractère 2015 Côtes du Forez
Légère réduction, qui disparait totalement à la deuxième dégustation. Un nez assez nettement dominé par les épices. Fruit assez distant, non pas absent mais dominé pas la densité du vin. Note fumée et épices douces. Poivre, framboise.
En bouche, c’est parfaitement rond, épicé et poivré, avec une touche de rose superbe. Puis le vin développe le fruit et termine sur une finale légèrement mentholée (qui s’estompe nettement en deuxième dégustation mais au contraire le fruit est beaucoup plus puissant alors). La finale est belle est longue. Gouleyant tout en étant structuré. Belle quille qui peut attendre quelque temps.
80
- Domaine de l’R, Le Canal des Grandes Pièces 2016 Vin de France
Un nez délicieux de doux fruit frais et une touche d’herbes (thym?). Mûre, légère et cassis.
La bouche est presque sucrée, douce. Cerise, fraise, framboise explosent en un onde folle et acidulée. C’est juteux, énergique. Franc du collier. Les tannins sont légers mais présents, en mi palais. La longueur est fine, élégante et joyeuse. C’est un vin exemplaire, d’une grande buvabilité. C’est un vrai gâteau de fruits rouges !
85-
Le vin normalement est classé en Chinon mais le gel dévastateur a ravagé à 95% le domaine, qui a donc reconstitué cette cuvée à partir de jus bio et biodynamique d’Anjou et de Bordeaux (d’où la déclaration en VDF).
- Château Beynat 2015, Castillon, Côtes de Bordeaux
Le nez sans doute le plus soutenu du lot au plan de la matière. Celui qui a aussi le plus bénéficié de l’aération puisqu’il avait une note de poireau au départ. Puis il se livre sur l’humus, le tabac et quelque notes d’eucalyptus. Un peu de fruit, sobre.
La bouche est pleine et bien construite, avec un fruit rouge retenu et des notes de caillou mouillé (pour moi typiques). La bouche marque bien le merlot avec des amers assez présent (pour moi, c’est le poireau, mais c’est pas très qualitatif comme description
). Longueur intéressante à mi chemin entre le végétal, le tabac et le cassis.
75/80
Après 48h, le vin est plus Bordeaux au nez et fruité en bouche. C’est un vin qui présente une belle matière. Il est pour moi très typé bordeaux et je dois dire que ce vin a fait l’unanimité contre lui. Au jeu du « quel est votre préféré », les avis se sont partagés mais sur « quel est celui que vous avez le moins aimé », 100% sur Beynat. Moi aussi, d’ailleurs, je dois dire que c’est le cas type de vin qui me font chier. Vraiment mais alors vraiment pas mon truc… d’ailleurs il a fallu pratiquement 4 jours pour terminer le fond de bouteille qu’il restait (et qui a d’ailleurs très bien tenu l’ouverture). Si vous aimez le Bordeaux, c’est un super achat par contre, imbattable !
- Château le Geai, Collection Pure, Cabernet Sauvignon 2012, Bordeaux Supérieur
Et là, je viens de vous dire que j’ai détesté un vin de Bordeaux et ajoute que j’ai adoré le suivant. Bon après, il faut dire que ça ne ressemble pas à un bordeaux. Pas de tabac, pas ce goût de vieille soupe et de poireau (merlot??), pas de vieux bois. Pour tout dire à l’aveugle, j’aurais dit un très beau et très fin Cabernet Sauvignon Chilien… sauf que les tannins léger trahissaient le vieux monde
.
Donc on part sur un nez plus mûr que Beynat, avec du fruit, pour le coup. Cassis évidemment mais pas que, assez profond. Touche d’eucalyptus du plus bel effet. Et des épices aussi. Tout cela évolue à 24h sur des notes un peu balsamique.
La bouche est d’une énergie folle. Ronde et puissante aromatiquement, avec un fruité gigantesque mais aussi une fraîcheur étonnante ! La finale est mâchue avec un retour du fruit noir et des épices. Tanins fins en fin de palais. C’est superbe.
85
- Jeff Carrel, Les Darons 2016, Languedoc
On trouve ici un assemblage classique, GCS, de mémoire (70% Grenache).
Couleur rouge bien sombre. Nez un peu fermé, il lui faudrait quelques mois, je pense. Droit, un peu balsamique, chocolat, un peu de fruit, discret. La bouche est épicée et fruité. La longueur pleine d’énergie sur le poivre. Bonne finale. C’est un joli vin, efficace, hautement buvable.
80.
- Domaine de Malavieille, Rouge Permien 2014, Languedoc
Alors celui-là m’a fait peur à l’ouverture avec une forte odeur acétique. Mais rien de rien, impeccable à la prédégustation comme dégustation.
Le vin est plus clair que Darons, assemblage de CGOM (O pour Cinsaut
). Le nez est expressif, beaucoup plus que Darons (logique aussi, il a eu le temps de se mettre en place). Poivré et très élégant, il a un côté beau cabernet…
Mais on retrouve vite ses marques de vins du sud, avec des traits qui rappellent la garrigue.
La bouche est droite, pure et livre un très beau fruit, complexe, soutenu de note de tapenade d’olive. Thym, garigue plutôt… longueur fraîche et interminable sur une fruit exaltant. Frais, pas confit. C’est splendide, surtout cette finale magnifique, croquante et épicée… et looooonnnguue.
85+ Tous ces vins sont très bien tarifés mais celui-là est carrément sous pricé ! à 10-12€, ça serait toujours un RQP imbattable.
Voilà donc une bien belle dégustation, qui m’a permis de bien illustré ce qui sont pour moi des vins caractéristique de chez nous (et pas JP Chenet). Pas cher, excellent, avec une équilibre impeccable, plutôt frais et des tannins (même si léger, présents). Tannins qui les ont d’ailleurs déroutés, habitués qu’ils sont aux vins lisses comme une peau de bébé. Niveau prix, que je n'ai pas donné, c'est indécent
les vins tournent entre 6 et 9,5€ (Le Geai est le plus "cher")
Si je vous rapporte l’opinion de la dizaine de personne présente, les goûts se sont partagés entre
Caractère 2015 et
Permien 2014, grosso modo appréciés par tout le monde.
Les Darons a aussi tiré son épingle du jeu. Unanimement personne n’a aimé
Beynat, beaucoup trop classique, mais c'était très intéressant de l'avoir dans ce pannel.
Mon opinion en terme de goût personnel, me fait placer très nettement
Permien et
Geai Cabernet Sauvignon devant. Le « Chinon » vient un peu derrière car plus simple en terme de structure et de finale.
Caractères et
les Darons me semblent encore un peu fermés pour être appréciés pleinement. Et
Château Beynat… révèle bien combien j’ai du mal avec Bordeaux, même quand c’est bien fait